Un demi-siècle d’histoires avec l’École des loisirs

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C’était peut-être le préféré de vos enfants. Ou bien le vôtre. Vous l’avez rapporté un soir de l’école ou de la bibliothèque. Vous l’avez reçu en cadeau pour votre dixième anniversaire ou la naissance de votre premier enfant. Vous l’avez dévoré gamin ou plus grand, dans le silence de votre chambre. Vous l’avez offert à vos petits-enfants. Vous l’avez retrouvé il n’y a pas longtemps, chez vous ou dans votre librairie de quartier. Ce livre, c’est Chien bleu de Nadja, Bon appétit, Monsieur Lapin ! de Claude Boujon, Zou de Michel Gay, Max et les Maximonstres de Maurice Sendak, Loulou de Grégoire Solotareff, C’est moi le plus fort de Mario Ramos. Ce sont les histoires d’Olga de Geneviève Brisac ou le Journal d’un chat assassin d’Anne Fine, le chevalier qui cherchait ses chaussettes de Christian Oster, Trois Amies de Judy Blume, Je ne t’aime pas, Paulus, d’Agnès Desarthe… Peut-être un autre. Beaucoup d’autres même. Car voilà 50 ans que l’École des loisirs met son savoir-faire au service de la littérature et de l’imaginaire, avec aujourd’hui 250 nouveautés par an et un catalogue vivant, et sans cesse enrichi, de 5 000 titres (75 % de l’activité de la maison, qui se définit elle-même comme « éditeur durable », se fait ainsi sur le fonds) !

Aborder tous les thèmes

Quand, en 1965, Jean Delas, Jean Fabre et Arthur Hubschmid créent l’École des loisirs sur les fondations des Éditions de l’École – héritées du grand-père de Jean Delas et consacrées au livre scolaire -, ils imaginent un écrin pour la création, au croisement du divertissement et de la culture. « Arthur Hubschmid, qui était maquettiste, avait dans ses cartons des auteurs révolutionnaires comme Tomi Ungerer (les Trois Brigands) ou Leo Lionni (Petit-Bleu et Petit-Jaune), qui bousculaient les codes très conventionnels de l’album jeunesse. Ce sont aujourd’hui des classiques. Qu’ils aient tenu le renouvellement des générations signifie bien leur modernité pour l’époque ! », note Louis Delas, fils de Jean, codirecteur de la maison avec Jean-Louis Fabre.

Au catalogue, il y a le plaisir de raconter de belles histoires, bien écrites et illustrées, et la liberté d’aborder tous les thèmes, même les plus complexes. Ceux de la vie familiale : l’adoption, le divorce, la puberté… Mais aussi des sujets sociaux exigeants : esclavage, racisme, antisémitisme, histoire des Balkans, conflit israélo-palestinien, toxicomanie, handicap, violence sexuelle, etc. « Il n’y a pas de limite aux sujets traités, explique Geneviève Brisac, éditrice des collections « Mouche », « Neuf » et « Medium ». Pourvu, quand même, que l’on évite le désespoir, le cynisme et que l’on sache transmettre quelque chose de l’ordre de la lumière ! Aharon Appelfeld (Adam et Thomas) dit qu’un livre jeunesse doit à la fois distraire et enseigner. Et j’y souscris pleinement. »

Le lien nourri depuis les débuts de la maison avec l’école et les lieux d’éducation demeure une de ses forces. Aujourd’hui, 69 titres du fonds sont inscrits sur les listes de références de l’Éducation nationale pour la maternelle, 63 pour le CP-CE1-CE2, 59 pour le CM1-CM2 et la sixième et encore 70 pour le collège, l’éditeur mettant à disposition sur un site dédié des ressources pédagogiques (vidéos, questionnements possibles avec les élèves, liens vers des dossiers sur le genre littéraire, etc.). « Le livre est le meilleur moyen d’aider un enfant à forger sa personnalité et son libre arbitre. Et ce sont les enseignants, le personnel des crèches, les bibliothécaires qui peuvent le mettre dans les mains de l’enfant. Surtout lorsque le livre n’est pas présent dans son environnement familial, observe Louis Delas. Entre lecteur et électeur, il n’y a qu’une lettre de différence. Les événements du début de l’année nous renforcent encore dans la conviction que la lecture est une des clés majeures de notre avenir. »

Pour mener à bien sa « mission », l’École des loisirs a réuni, au fil des décennies, plus de 1 500 auteurs – tous siècles confondus ! – dans son catalogue. « Chaque année, nous découvrons et publions une quinzaine de nouveaux auteurs de grande qualité, notre ambition étant que leurs oeuvres deviennent des livres du fonds ! », explique Louis Delas, pour qui l’indépendance de la structure, toujours détenue et dirigée par les familles fondatrices, est la meilleure garantie du travail bien fait.

Liberté et confiance

Geneviève Brisac mène à l’École des loisirs la double vie d’éditrice et d’auteure. « Il faut du temps et de l’espace pour qu’une oeuvre se déploie. Quand je publie un nouvel auteur, je lui dis toujours : “Ça va compter.” Et même quand les ventes ne décollent pas, je suis comme le jardinier qui sait que la graine va devenir un magnifique rosier. C’est cet esprit de liberté et de confiance, que depuis 50 ans – 25 ans pour moi ! -, nous nous efforçons de perpétuer. »

En un demi-siècle, l’École des loisirs s’est régulièrement enrichie de nouvelles collections. La dernière arrivée, « Rue de Sèvres », a été lancée en 2013 par Louis Delas (passé par les éditions Glénat et la direction de Casterman) pour donner toute sa place à la bande dessinée. « On passe d’une collection à l’autre comme en ski d’une piste à l’autre : en s’entraînant, en pratiquant, observe Geneviève Brisac, qui pilote les collections « Mouche » (dès 7 ans), « Neuf » (dès 9 ans) et « Médium » (12 ans et plus). Mais savoir faire une noire ne gâche pas le plaisir de reprendre une bleue ! » L’éditrice-écrivaine plaide d’ailleurs pour une libre circulation entre les livres. « Je n’aime pas cataloguer trop précisément les livres. L’hypersegmentation crée des interdits inutiles. Le lecteur est quelqu’un de sauvage, qui n’a pas forcément envie de lire ce qui a été prévu pour lui ! Lire un livre seul, c’est posséder quelque chose à soi, évoluer dans un espace où l’on est libre, où l’on n’entend rien, poursuit-elle. Le livre est un lieu de sauvegarde, un abri. »

> Au programme

Pour connaître l’agenda des événements en France et à l’étranger, expositions, rencontres dédicaces, salons du livre, etc. : http://50ans.ecoledesloisirs.fr 

Du 15 au 17 mai : Festival Lire sur la vague à Hossegor. Trente auteurs et illustrateurs en dédicace, des rencontres, des spectacles et des films. 

Jusqu’au 29 août : L’incroyabilicieux anniversaire !, une grande exposition à la bibliothèque de la Part-Dieu à Lyon retrace l’histoire de l’École des loisirs à travers archives, croquis d’auteurs, dessins originaux, etc. 

Du 1er octobre 2015 au 6 février 2016 : exposition de créations originales au musée des Arts décoratifs

inédit : article lu par un robot On va pouvoir ressusciter la voix de Marilyn Monroe

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Nous vous proposons de découvrir dans ce document sonore l’article « Synthèse vocale – On va pouvoir ressusciter la voix de Marilyn Monroe », par Emmanuel Monnier (paru dans Science & Vie n°1173, juin 2015).

La synthèse vocale est en train de franchir un seuil : les voix artificielles se font de plus en plus naturelles. Certaines, même, imitent des voix célèbres à la perfection.

Pour vous en donner un aperçu sonore, nous avons demandé à Voxygen, société spécialisée dans la synthèse vocale, de faire lire cet article à deux de ses nombreuses « voix expressives ».

Bonne écoute !

Voxygen

Les enfants s’élèvent en colonies de vacances

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En ce matin de vacances scolaires, au patronage du Bon Conseil dans le VIIe arrondissement de Paris, les tâches ménagères de la journée sont réparties entre les six équipes d’enfants. Soudain, un blondinet d’une dizaine d’années défend son groupe qui, depuis la veille, n’a eu… aucune mission ! Une réclamation assez surprenante lorsque l’on connaît la réticence de nos chérubins à ranger leur chambre. À tour de rôle, garçons et filles tentent leur chance auprès des animateur : « Éloi, je n’ai jamais été de vaisselle », « Charlotte, est-ce que je peux être MDM aujourd’hui ? » Entendez maître de maison. Car être MDM, outre la satisfaction de gérer le service à table, donne la possibilité de déjeuner avec le père de Mello, directeur du foyer.

Brassage social

Dans ce centre d’accueil ouvert chaque soir et week-end, ainsi que la moitié des vacances scolaires pour une adhésion de 30 euros à l’année, on cultive chez les jeunes l’envie de rendre service. Une valeur que l’équipe d’animation tient aussi à transmettre durant les séjours d’été, organisés en juillet et accessibles à tous. « Enfants chrétiens ou non, issus de familles pauvres ou aisées, tous ont leur place chez nous. Le brassage social est une marque de fabrique de notre maison qui existe depuis 120 ans », témoigne l’abbé de Mello.

Se déroulant en région Rhône-Alpes, à Saint-Jean-d’Arves (73), les colonies du Bon Conseil sont bien connues des…

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A l’école des ateliers parents-enfants

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Apprendre ensemble à sortir un pot du bloc de terre, se couler côte à côte dans la posture du chien, façonner le même gâteau que l’on pourra refaire à la maison… Des associations aux Maisons de la parentalité, des cours privés aux centres sociaux, les ateliers parents-enfants offrent des occasions de rencontre privilégiée entre petits et grands, entre parents et avec des professionnels. Modelage, yoga, cuisine, sans oublier photo, jardinage, gym, danse contemporaine, couture, arts plastiques ou écriture… Une joyeuse soupape chez soi ou à l’école.

Partager un moment choisi

Il y a les parents aux emplois du temps surchargés qui attendent la fin de la semaine pour « se rattraper », les parents solos qui veulent faire de leur week-end de garde un moment de qualité, les familles plus ou moins nombreuses où l’on essaie d’offrir à chacun un moment à soi… Camille a trois enfants. L’aînée avait déjà trois activités extrascolaires et passait pas mal de temps dans les trajets en voiture… La jeune mère explique : « Théodore, le deuxième, avait besoin de son moment, d’une activité pour lui et à laquelle on se donne la peine d’aller avec lui. On l’a inscrit à la baby-gym. Tous les samedis, son père ou moi sommes là pour l’accompagner sur le parcours d’obstacles. Il nous en parle dès le lundi ! »

À Lyon, Adeline Charvet voit les ateliers yoga qu’elle anime à la Maison de la parentalité (association la Cause des parents) comme un « moyen d’entrer en relation ». Parce que les séances donnent un accès mutuel à une part d’intériorité : « Avec les 2-5 ans, chacun commence par dire son nom et comment il se sent : par exemple chaud et doux comme le soleil, léger comme une feuille qui se détache d’un arbre et vole dans l’air, froid comme une petite goutte d’eau. Ce sont des dimensions auxquelles les parents n’ont pas si souvent accès », détaille-t-elle.C’est aussi une invitation au lâcher-prise : « Quand on propose au petit de monter sur le dos d’un de ses parents dans la posture du chat, c’est une part d’abandon qui est en jeu, touchante à vivre et à observer. »

Se faire plaisir sans culpabiliser

Les parents ne s’oublient pas non plus dans le choix de ces activités à partager. Chez Photo Up (Paris XVIIe), Dorothée Bonneault anime des ateliers créatifs de light painting (technique combinant une pose longue et des sources lumineuses mobiles) et de stop motion (réalisation de courts métrages image par image) ainsi que des balades photographiques. Elle voit arriver des adultes passionnés. « Un certain nombre d’entre eux ont des métiers artistiques ou en lien avec l’image et sont heureux d’en partager quelque chose avec leurs enfants »,souligne-t-elle. Ils savent qu’ils vont apprendre aussi, car les formateurs « s’arrangent toujours pour joindre au côté ludique un saupoudrage technique ».

Tessa Guilbaud accueille régulièrement des binômes ou des familles dans son…

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Un demi-siècle d’histoires avec l’École des loisirs

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C’était peut-être le préféré de vos enfants. Ou bien le vôtre. Vous l’avez rapporté un soir de l’école ou de la bibliothèque. Vous l’avez reçu en cadeau pour votre dixième anniversaire ou la naissance de votre premier enfant. Vous l’avez dévoré gamin ou plus grand, dans le silence de votre chambre. Vous l’avez offert à vos petits-enfants. Vous l’avez retrouvé il n’y a pas longtemps, chez vous ou dans votre librairie de quartier. Ce livre, c’est Chien bleu de Nadja, Bon appétit, Monsieur Lapin ! de Claude Boujon, Zou de Michel Gay, Max et les Maximonstres de Maurice Sendak, Loulou de Grégoire Solotareff, C’est moi le plus fort de Mario Ramos. Ce sont les histoires d’Olga de Geneviève Brisac ou le Journal d’un chat assassin d’Anne Fine, le chevalier qui cherchait ses chaussettes de Christian Oster, Trois Amies de Judy Blume, Je ne t’aime pas, Paulus, d’Agnès Desarthe… Peut-être un autre. Beaucoup d’autres même. Car voilà 50 ans que l’École des loisirs met son savoir-faire au service de la littérature et de l’imaginaire, avec aujourd’hui 250 nouveautés par an et un catalogue vivant, et sans cesse enrichi, de 5 000 titres (75 % de l’activité de la maison, qui se définit elle-même comme « éditeur durable », se fait ainsi sur le fonds) !

Aborder tous les thèmes

Quand, en 1965, Jean Delas, Jean Fabre et Arthur Hubschmid créent l’École des loisirs sur les fondations des Éditions de l’École – héritées du grand-père de Jean Delas et consacrées au livre scolaire -, ils imaginent un écrin pour la création, au croisement du divertissement et de la culture. « Arthur Hubschmid, qui était maquettiste, avait dans ses cartons des auteurs révolutionnaires comme Tomi Ungerer (les Trois Brigands) ou Leo Lionni (Petit-Bleu et Petit-Jaune), qui bousculaient les codes très conventionnels de l’album jeunesse. Ce sont aujourd’hui des classiques. Qu’ils aient tenu le renouvellement des générations signifie bien leur modernité pour l’époque ! », note Louis Delas, fils de Jean, codirecteur de la maison avec Jean-Louis Fabre.

Au catalogue, il y a le plaisir de raconter de belles histoires, bien écrites et illustrées, et la liberté d’aborder tous les thèmes, même les plus complexes. Ceux de la vie familiale : l’adoption, le divorce, la puberté… Mais aussi des sujets sociaux exigeants : esclavage, racisme, antisémitisme, histoire des Balkans, conflit israélo-palestinien, toxicomanie, handicap, violence sexuelle, etc. « Il n’y a pas de limite aux sujets traités, explique Geneviève Brisac, éditrice des collections « Mouche », « Neuf » et « Medium ». Pourvu, quand même, que l’on évite le désespoir, le cynisme et que l’on sache transmettre quelque chose de l’ordre de la lumière ! Aharon Appelfeld (Adam et Thomas) dit qu’un livre jeunesse doit à la fois distraire et enseigner. Et j’y souscris pleinement. »

Le lien nourri depuis les débuts de la maison avec l’école et les lieux d’éducation demeure une de ses forces. Aujourd’hui, 69 titres du fonds sont inscrits sur les listes de références de l’Éducation nationale pour la maternelle, 63 pour le CP-CE1-CE2, 59 pour le CM1-CM2 et la sixième et encore 70 pour le collège, l’éditeur mettant à disposition sur un site dédié des ressources pédagogiques (vidéos, questionnements possibles avec les élèves, liens vers des dossiers sur le genre littéraire, etc.). « Le livre est le meilleur moyen d’aider un enfant à forger sa personnalité et son libre arbitre. Et ce sont les enseignants, le personnel des crèches, les bibliothécaires qui peuvent le mettre dans les mains de l’enfant. Surtout lorsque le livre n’est pas présent dans son environnement familial, observe Louis Delas. Entre lecteur et électeur, il n’y a qu’une lettre de différence. Les événements du début de l’année nous renforcent encore dans la conviction que la lecture est une des clés majeures de notre avenir. »

Pour mener à bien sa « mission », l’École des loisirs a réuni, au fil des décennies, plus de 1 500 auteurs – tous siècles confondus ! – dans son catalogue. « Chaque année, nous découvrons et publions une quinzaine de nouveaux auteurs de grande qualité, notre ambition étant que leurs oeuvres deviennent des livres du fonds ! », explique Louis Delas, pour qui l’indépendance de la structure, toujours détenue et dirigée par les familles fondatrices, est la meilleure garantie du travail bien fait.

Liberté et confiance

Geneviève Brisac mène à l’École des loisirs la double vie d’éditrice et d’auteure. « Il faut du temps et de l’espace pour qu’une oeuvre se déploie. Quand je publie un nouvel auteur, je lui dis toujours : “Ça va compter.” Et même quand les ventes ne décollent pas, je suis comme le jardinier qui sait que la graine va devenir un magnifique rosier. C’est cet esprit de liberté et de confiance, que depuis 50 ans – 25 ans pour moi ! -, nous nous efforçons de perpétuer. »

En un demi-siècle, l’École des loisirs s’est régulièrement enrichie de nouvelles collections. La dernière arrivée, « Rue de Sèvres », a été lancée en 2013 par Louis Delas (passé par les éditions Glénat et la direction de Casterman) pour donner toute sa place à la bande dessinée. « On passe d’une collection à l’autre comme en ski d’une piste à l’autre : en s’entraînant, en pratiquant, observe Geneviève Brisac, qui pilote les collections « Mouche » (dès 7 ans), « Neuf » (dès 9 ans) et « Médium » (12 ans et plus). Mais savoir faire une noire ne gâche pas le plaisir de reprendre une bleue ! » L’éditrice-écrivaine plaide d’ailleurs pour une libre circulation entre les livres. « Je n’aime pas cataloguer trop précisément les livres. L’hypersegmentation crée des interdits inutiles. Le lecteur est quelqu’un de sauvage, qui n’a pas forcément envie de lire ce qui a été prévu pour lui ! Lire un livre seul, c’est posséder quelque chose à soi, évoluer dans un espace où l’on est libre, où l’on n’entend rien, poursuit-elle. Le livre est un lieu de sauvegarde, un abri. »

> Au programme

Pour connaître l’agenda des événements en France et à l’étranger, expositions, rencontres dédicaces, salons du livre, etc. : http://50ans.ecoledesloisirs.fr 

Du 15 au 17 mai : Festival Lire sur la vague à Hossegor. Trente auteurs et illustrateurs en dédicace, des rencontres, des spectacles et des films. 

Jusqu’au 29 août : L’incroyabilicieux anniversaire !, une grande exposition à la bibliothèque de la Part-Dieu à Lyon retrace l’histoire de l’École des loisirs à travers archives, croquis d’auteurs, dessins originaux, etc. 

Du 1er octobre 2015 au 6 février 2016 : exposition de créations originales au musée des Arts décoratifs

Les enfants s’élèvent en colonies de vacances

Standard

En ce matin de vacances scolaires, au patronage du Bon Conseil dans le VIIe arrondissement de Paris, les tâches ménagères de la journée sont réparties entre les six équipes d’enfants. Soudain, un blondinet d’une dizaine d’années défend son groupe qui, depuis la veille, n’a eu… aucune mission ! Une réclamation assez surprenante lorsque l’on connaît la réticence de nos chérubins à ranger leur chambre. À tour de rôle, garçons et filles tentent leur chance auprès des animateur : « Éloi, je n’ai jamais été de vaisselle », « Charlotte, est-ce que je peux être MDM aujourd’hui ? » Entendez maître de maison. Car être MDM, outre la satisfaction de gérer le service à table, donne la possibilité de déjeuner avec le père de Mello, directeur du foyer.

Brassage social

Dans ce centre d’accueil ouvert chaque soir et week-end, ainsi que la moitié des vacances scolaires pour une adhésion de 30 euros à l’année, on cultive chez les jeunes l’envie de rendre service. Une valeur que l’équipe d’animation tient aussi à transmettre durant les séjours d’été, organisés en juillet et accessibles à tous. « Enfants chrétiens ou non, issus de familles pauvres ou aisées, tous ont leur place chez nous. Le brassage social est une marque de fabrique de notre maison qui existe depuis 120 ans », témoigne l’abbé de Mello.

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Il y a les parents aux emplois du temps surchargés qui attendent la fin de la semaine pour « se rattraper », les parents solos qui veulent faire de leur week-end de garde un moment de qualité, les familles plus ou moins nombreuses où l’on essaie d’offrir à chacun un moment à soi… Camille a trois enfants. L’aînée avait déjà trois activités extrascolaires et passait pas mal de temps dans les trajets en voiture… La jeune mère explique : « Théodore, le deuxième, avait besoin de son moment, d’une activité pour lui et à laquelle on se donne la peine d’aller avec lui. On l’a inscrit à la baby-gym. Tous les samedis, son père ou moi sommes là pour l’accompagner sur le parcours d’obstacles. Il nous en parle dès le lundi ! »

À Lyon, Adeline Charvet voit les ateliers yoga qu’elle anime à la Maison de la parentalité (association la Cause des parents) comme un « moyen d’entrer en relation ». Parce que les séances donnent un accès mutuel à une part d’intériorité : « Avec les 2-5 ans, chacun commence par dire son nom et comment il se sent : par exemple chaud et doux comme le soleil, léger comme une feuille qui se détache d’un arbre et vole dans l’air, froid comme une petite goutte d’eau. Ce sont des dimensions auxquelles les parents n’ont pas si souvent accès », détaille-t-elle.C’est aussi une invitation au lâcher-prise : « Quand on propose au petit de monter sur le dos d’un de ses parents dans la posture du chat, c’est une part d’abandon qui est en jeu, touchante à vivre et à observer. »

Se faire plaisir sans culpabiliser

Les parents ne s’oublient pas non plus dans le choix de ces activités à partager. Chez Photo Up (Paris XVIIe), Dorothée Bonneault anime des ateliers créatifs de light painting (technique combinant une pose longue et des sources lumineuses mobiles) et de stop motion (réalisation de courts métrages image par image) ainsi que des balades photographiques. Elle voit arriver des adultes passionnés. « Un certain nombre d’entre eux ont des métiers artistiques ou en lien avec l’image et sont heureux d’en partager quelque chose avec leurs enfants »,souligne-t-elle. Ils savent qu’ils vont apprendre aussi, car les formateurs « s’arrangent toujours pour joindre au côté ludique un saupoudrage technique ».

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Un demi-siècle d’histoires avec l’École des loisirs

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Aborder tous les thèmes

Quand, en 1965, Jean Delas, Jean Fabre et Arthur Hubschmid créent l’École des loisirs sur les fondations des Éditions de l’École – héritées du grand-père de Jean Delas et consacrées au livre scolaire -, ils imaginent un écrin pour la création, au croisement du divertissement et de la culture. « Arthur Hubschmid, qui était maquettiste, avait dans ses cartons des auteurs révolutionnaires comme Tomi Ungerer (les Trois Brigands) ou Leo Lionni (Petit-Bleu et Petit-Jaune), qui bousculaient les codes très conventionnels de l’album jeunesse. Ce sont aujourd’hui des classiques. Qu’ils aient tenu le renouvellement des générations signifie bien leur modernité pour l’époque ! », note Louis Delas, fils de Jean, codirecteur de la maison avec Jean-Louis Fabre.

Au catalogue, il y a le plaisir de raconter de belles histoires, bien écrites et illustrées, et la liberté d’aborder tous les thèmes, même les plus complexes. Ceux de la vie familiale : l’adoption, le divorce, la puberté… Mais aussi des sujets sociaux exigeants : esclavage, racisme, antisémitisme, histoire des Balkans, conflit israélo-palestinien, toxicomanie, handicap, violence sexuelle, etc. « Il n’y a pas de limite aux sujets traités, explique Geneviève Brisac, éditrice des collections « Mouche », « Neuf » et « Medium ». Pourvu, quand même, que l’on évite le désespoir, le cynisme et que l’on sache transmettre quelque chose de l’ordre de la lumière ! Aharon Appelfeld (Adam et Thomas) dit qu’un livre jeunesse doit à la fois distraire et enseigner. Et j’y souscris pleinement. »

Le lien nourri depuis les débuts de la maison avec l’école et les lieux d’éducation demeure une de ses forces. Aujourd’hui, 69 titres du fonds sont inscrits sur les listes de références de l’Éducation nationale pour la maternelle, 63 pour le CP-CE1-CE2, 59 pour le CM1-CM2 et la sixième et encore 70 pour le collège, l’éditeur mettant à disposition sur un site dédié des ressources pédagogiques (vidéos, questionnements possibles avec les élèves, liens vers des dossiers sur le genre littéraire, etc.). « Le livre est le meilleur moyen d’aider un enfant à forger sa personnalité et son libre arbitre. Et ce sont les enseignants, le personnel des crèches, les bibliothécaires qui peuvent le mettre dans les mains de l’enfant. Surtout lorsque le livre n’est pas présent dans son environnement familial, observe Louis Delas. Entre lecteur et électeur, il n’y a qu’une lettre de différence. Les événements du début de l’année nous renforcent encore dans la conviction que la lecture est une des clés majeures de notre avenir. »

Pour mener à bien sa « mission », l’École des loisirs a réuni, au fil des décennies, plus de 1 500 auteurs – tous siècles confondus ! – dans son catalogue. « Chaque année, nous découvrons et publions une quinzaine de nouveaux auteurs de grande qualité, notre ambition étant que leurs oeuvres deviennent des livres du fonds ! », explique Louis Delas, pour qui l’indépendance de la structure, toujours détenue et dirigée par les familles fondatrices, est la meilleure garantie du travail bien fait.

Liberté et confiance

Geneviève Brisac mène à l’École des loisirs la double vie d’éditrice et d’auteure. « Il faut du temps et de l’espace pour qu’une oeuvre se déploie. Quand je publie un nouvel auteur, je lui dis toujours : “Ça va compter.” Et même quand les ventes ne décollent pas, je suis comme le jardinier qui sait que la graine va devenir un magnifique rosier. C’est cet esprit de liberté et de confiance, que depuis 50 ans – 25 ans pour moi ! -, nous nous efforçons de perpétuer. »

En un demi-siècle, l’École des loisirs s’est régulièrement enrichie de nouvelles collections. La dernière arrivée, « Rue de Sèvres », a été lancée en 2013 par Louis Delas (passé par les éditions Glénat et la direction de Casterman) pour donner toute sa place à la bande dessinée. « On passe d’une collection à l’autre comme en ski d’une piste à l’autre : en s’entraînant, en pratiquant, observe Geneviève Brisac, qui pilote les collections « Mouche » (dès 7 ans), « Neuf » (dès 9 ans) et « Médium » (12 ans et plus). Mais savoir faire une noire ne gâche pas le plaisir de reprendre une bleue ! » L’éditrice-écrivaine plaide d’ailleurs pour une libre circulation entre les livres. « Je n’aime pas cataloguer trop précisément les livres. L’hypersegmentation crée des interdits inutiles. Le lecteur est quelqu’un de sauvage, qui n’a pas forcément envie de lire ce qui a été prévu pour lui ! Lire un livre seul, c’est posséder quelque chose à soi, évoluer dans un espace où l’on est libre, où l’on n’entend rien, poursuit-elle. Le livre est un lieu de sauvegarde, un abri. »

> Au programme

Pour connaître l’agenda des événements en France et à l’étranger, expositions, rencontres dédicaces, salons du livre, etc. : http://50ans.ecoledesloisirs.fr 

Du 15 au 17 mai : Festival Lire sur la vague à Hossegor. Trente auteurs et illustrateurs en dédicace, des rencontres, des spectacles et des films. 

Jusqu’au 29 août : L’incroyabilicieux anniversaire !, une grande exposition à la bibliothèque de la Part-Dieu à Lyon retrace l’histoire de l’École des loisirs à travers archives, croquis d’auteurs, dessins originaux, etc. 

Du 1er octobre 2015 au 6 février 2016 : exposition de créations originales au musée des Arts décoratifs

**************** inédit : article lu par un robot ! ****************** On va pouvoir ressusciter la voix de Marilyn Monroe

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La synthèse vocale est en train de franchir un seuil : les voix artificielles se font de plus en plus naturelles. Certaines, même, imitent des voix célèbres à la perfection.

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Manger moins de viande est-il vraiment bon pour la planète ?

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La filière de la viande est une grande productrice de pollution (Ph. @debjam via Flickr CC BY 2.0)

La filière de la viande est une grande productrice de pollution (Ph. @debjam via Flickr CC BY 2.0)

Hélas pour les amateurs, la réponse est oui. Non seulement l’industrie de l’élevage est extrêmement gourmande en eau et en ressources agricoles, mais en plus elle pollue. Et cette réalité est de mieux en mieux évaluée. “En 2006, un rapport de la FAO a fait l’effet d’une bombe”, relate Hayo van der Werf, à l’Inra. Pour la première fois, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture décrit, chiffres à l’appui, en quoi “l’élevage contribue aux problèmes environnementaux les plus pressants, notamment le réchauffement climatique, la dégradation des terres, la pollution de l’air et de l’eau, et la perte de biodiversité”.

En clair, le bétail joue un rôle essentiel dans le changement climatique. Et même un double rôle : le premier concerne la déforestation qui prive la planète d’un régulateur climatique important. En Amazonie par exemple, les pâturages sont à l’origine de 70 % des déboisements. Deuxièmement : les ruminants émettent, en digérant, de grandes quantités de méthane, un gaz à effet de serre plus puissant que le dioxyde de carbone. Ils sont ainsi responsables de 18 % des émissions de gaz à effet de serre (en comptant le transport) de la planète : plus que les transports eux-mêmes.

De la viande pour 9 milliards d’humains ?

Le bétail contribue également à la pollution des eaux par ses déjections riches en nitrates, en hormones perturbatrices des systèmes endocriniens, en antibiotiques utilisés massivement dans l’élevage et en pesticides issus des céréales alimentaires. Pour ne citer que la France, 6e producteur de viande de bœuf et de porc, elle produit chaque année quelque 280 millions de tonnes de déjections.

Et la situation ne s’améliore pas puisque la consommation mondiale de viande ne cesse d’augmenter. Elle n’est encore que de 100 g par jour en moyenne dans le monde, mais plafonne à 200 g dans les pays développés. Dans ces conditions, les spécialistes s’accordent sur la nécessité de réduire les impacts environnementaux de l’élevage. Avec une priorité : “Se mettre dans la perspective de 2050, quand il y aura 9 milliards de personnes sur Terre”, souligne Hayo van der Werf.

Un kilo de bœuf = 100 000 litres d’eau

Une première approche consisterait à changer les pratiques d’élevage, par exemple, en alimentant le bétail avec l’herbe locale plutôt qu’avec du soja importé d’Amérique du Sud. Mais aussi en remplaçant, dans nos assiettes, les protéines animales (viande, œufs, laitages) par des protéines végétales (légumineuses, notamment). Selon la FAO, une alimentation à base de produits animaux exige 4,5 fois plus de surfaces agricoles qu’une alimentation à base de végétaux : la production d’un kilo de protéines animales consomme 13 fois plus d’eau que celle d’un kilo de protéines végétales.

Selon l’Américain David Pimentel, de l’université Cornell (Ithaca, Etat de New York), chaque kilo de protéine animale nécessite de fournir au bétail environ 6 kg de protéines végétales. Un kilo de bœuf exige 100 000 litres d’eau, alors que les pommes de terre se contentent de 500 litres par kilogramme. Les calculs de Elke Stehfest, de l’agence environnementale des Pays-Bas, montrent que si la population mondiale passait à un régime pauvre en viande (70 g de bœuf et 325 g de poulet et d’œufs par semaine), les émissions de gaz à effet de serre chuteraient de 10 %.

A.D.

D’après S&V n°1122

 

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S&V 1095 émissions méthane bétail

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S&V 907 vaches Rifkin

  • Effet de serre : les vaches plus que l’industrie – S&V n°876. L’effet de serre est un phénomène tout ce qu’il y a de plus naturel. Mais dans la part des activités humaines, l’accent est mis sur l’industrie, et on fait l’impasse sur l’agriculture… Or, on commence à se rendre compte que les élevages tout comme les rizières sont fortement émettrices de GES, surtout s’ils sont intensifs.

S&V 876 effet de serre vaches