Les enfants s’élèvent en colonies de vacances

Standard

En ce matin de vacances scolaires, au patronage du Bon Conseil dans le VIIe arrondissement de Paris, les tâches ménagères de la journée sont réparties entre les six équipes d’enfants. Soudain, un blondinet d’une dizaine d’années défend son groupe qui, depuis la veille, n’a eu… aucune mission ! Une réclamation assez surprenante lorsque l’on connaît la réticence de nos chérubins à ranger leur chambre. À tour de rôle, garçons et filles tentent leur chance auprès des animateur : « Éloi, je n’ai jamais été de vaisselle », « Charlotte, est-ce que je peux être MDM aujourd’hui ? » Entendez maître de maison. Car être MDM, outre la satisfaction de gérer le service à table, donne la possibilité de déjeuner avec le père de Mello, directeur du foyer.

Brassage social

Dans ce centre d’accueil ouvert chaque soir et week-end, ainsi que la moitié des vacances scolaires pour une adhésion de 30 euros à l’année, on cultive chez les jeunes l’envie de rendre service. Une valeur que l’équipe d’animation tient aussi à transmettre durant les séjours d’été, organisés en juillet et accessibles à tous. « Enfants chrétiens ou non, issus de familles pauvres ou aisées, tous ont leur place chez nous. Le brassage social est une marque de fabrique de notre maison qui existe depuis 120 ans », témoigne l’abbé de Mello.

Se déroulant en région Rhône-Alpes, à Saint-Jean-d’Arves (73), les colonies du Bon Conseil sont bien connues des…

Cet article est réservé aux abonnés de La Vie, afin de le lire

ABONNEZ-VOUS

4€/mois SANS ENGAGEMENT

Accédez à des contenus numériques exclusivement réservés aux abonnés ainsi qu’à vos numéros en version PDF sur ordinateur, smartphone et tablette.


A l’école des ateliers parents-enfants

Standard

Apprendre ensemble à sortir un pot du bloc de terre, se couler côte à côte dans la posture du chien, façonner le même gâteau que l’on pourra refaire à la maison… Des associations aux Maisons de la parentalité, des cours privés aux centres sociaux, les ateliers parents-enfants offrent des occasions de rencontre privilégiée entre petits et grands, entre parents et avec des professionnels. Modelage, yoga, cuisine, sans oublier photo, jardinage, gym, danse contemporaine, couture, arts plastiques ou écriture… Une joyeuse soupape chez soi ou à l’école.

Partager un moment choisi

Il y a les parents aux emplois du temps surchargés qui attendent la fin de la semaine pour « se rattraper », les parents solos qui veulent faire de leur week-end de garde un moment de qualité, les familles plus ou moins nombreuses où l’on essaie d’offrir à chacun un moment à soi… Camille a trois enfants. L’aînée avait déjà trois activités extrascolaires et passait pas mal de temps dans les trajets en voiture… La jeune mère explique : « Théodore, le deuxième, avait besoin de son moment, d’une activité pour lui et à laquelle on se donne la peine d’aller avec lui. On l’a inscrit à la baby-gym. Tous les samedis, son père ou moi sommes là pour l’accompagner sur le parcours d’obstacles. Il nous en parle dès le lundi ! »

À Lyon, Adeline Charvet voit les ateliers yoga qu’elle anime à la Maison de la parentalité (association la Cause des parents) comme un « moyen d’entrer en relation ». Parce que les séances donnent un accès mutuel à une part d’intériorité : « Avec les 2-5 ans, chacun commence par dire son nom et comment il se sent : par exemple chaud et doux comme le soleil, léger comme une feuille qui se détache d’un arbre et vole dans l’air, froid comme une petite goutte d’eau. Ce sont des dimensions auxquelles les parents n’ont pas si souvent accès », détaille-t-elle.C’est aussi une invitation au lâcher-prise : « Quand on propose au petit de monter sur le dos d’un de ses parents dans la posture du chat, c’est une part d’abandon qui est en jeu, touchante à vivre et à observer. »

Se faire plaisir sans culpabiliser

Les parents ne s’oublient pas non plus dans le choix de ces activités à partager. Chez Photo Up (Paris XVIIe), Dorothée Bonneault anime des ateliers créatifs de light painting (technique combinant une pose longue et des sources lumineuses mobiles) et de stop motion (réalisation de courts métrages image par image) ainsi que des balades photographiques. Elle voit arriver des adultes passionnés. « Un certain nombre d’entre eux ont des métiers artistiques ou en lien avec l’image et sont heureux d’en partager quelque chose avec leurs enfants »,souligne-t-elle. Ils savent qu’ils vont apprendre aussi, car les formateurs « s’arrangent toujours pour joindre au côté ludique un saupoudrage technique ».

Tessa Guilbaud accueille régulièrement des binômes ou des familles dans son…

Cet article est réservé aux abonnés de La Vie, afin de le lire

ABONNEZ-VOUS

4€/mois SANS ENGAGEMENT

Accédez à des contenus numériques exclusivement réservés aux abonnés ainsi qu’à vos numéros en version PDF sur ordinateur, smartphone et tablette.


Un demi-siècle d’histoires avec l’École des loisirs

Standard

C’était peut-être le préféré de vos enfants. Ou bien le vôtre. Vous l’avez rapporté un soir de l’école ou de la bibliothèque. Vous l’avez reçu en cadeau pour votre dixième anniversaire ou la naissance de votre premier enfant. Vous l’avez dévoré gamin ou plus grand, dans le silence de votre chambre. Vous l’avez offert à vos petits-enfants. Vous l’avez retrouvé il n’y a pas longtemps, chez vous ou dans votre librairie de quartier. Ce livre, c’est Chien bleu de Nadja, Bon appétit, Monsieur Lapin ! de Claude Boujon, Zou de Michel Gay, Max et les Maximonstres de Maurice Sendak, Loulou de Grégoire Solotareff, C’est moi le plus fort de Mario Ramos. Ce sont les histoires d’Olga de Geneviève Brisac ou le Journal d’un chat assassin d’Anne Fine, le chevalier qui cherchait ses chaussettes de Christian Oster, Trois Amies de Judy Blume, Je ne t’aime pas, Paulus, d’Agnès Desarthe… Peut-être un autre. Beaucoup d’autres même. Car voilà 50 ans que l’École des loisirs met son savoir-faire au service de la littérature et de l’imaginaire, avec aujourd’hui 250 nouveautés par an et un catalogue vivant, et sans cesse enrichi, de 5 000 titres (75 % de l’activité de la maison, qui se définit elle-même comme « éditeur durable », se fait ainsi sur le fonds) !

Aborder tous les thèmes

Quand, en 1965, Jean Delas, Jean Fabre et Arthur Hubschmid créent l’École des loisirs sur les fondations des Éditions de l’École – héritées du grand-père de Jean Delas et consacrées au livre scolaire -, ils imaginent un écrin pour la création, au croisement du divertissement et de la culture. « Arthur Hubschmid, qui était maquettiste, avait dans ses cartons des auteurs révolutionnaires comme Tomi Ungerer (les Trois Brigands) ou Leo Lionni (Petit-Bleu et Petit-Jaune), qui bousculaient les codes très conventionnels de l’album jeunesse. Ce sont aujourd’hui des classiques. Qu’ils aient tenu le renouvellement des générations signifie bien leur modernité pour l’époque ! », note Louis Delas, fils de Jean, codirecteur de la maison avec Jean-Louis Fabre.

Au catalogue, il y a le plaisir de raconter de belles histoires, bien écrites et illustrées, et la liberté d’aborder tous les thèmes, même les plus complexes. Ceux de la vie familiale : l’adoption, le divorce, la puberté… Mais aussi des sujets sociaux exigeants : esclavage, racisme, antisémitisme, histoire des Balkans, conflit israélo-palestinien, toxicomanie, handicap, violence sexuelle, etc. « Il n’y a pas de limite aux sujets traités, explique Geneviève Brisac, éditrice des collections « Mouche », « Neuf » et « Medium ». Pourvu, quand même, que l’on évite le désespoir, le cynisme et que l’on sache transmettre quelque chose de l’ordre de la lumière ! Aharon Appelfeld (Adam et Thomas) dit qu’un livre jeunesse doit à la fois distraire et enseigner. Et j’y souscris pleinement. »

Le lien nourri depuis les débuts de la maison avec l’école et les lieux d’éducation demeure une de ses forces. Aujourd’hui, 69 titres du fonds sont inscrits sur les listes de références de l’Éducation nationale pour la maternelle, 63 pour le CP-CE1-CE2, 59 pour le CM1-CM2 et la sixième et encore 70 pour le collège, l’éditeur mettant à disposition sur un site dédié des ressources pédagogiques (vidéos, questionnements possibles avec les élèves, liens vers des dossiers sur le genre littéraire, etc.). « Le livre est le meilleur moyen d’aider un enfant à forger sa personnalité et son libre arbitre. Et ce sont les enseignants, le personnel des crèches, les bibliothécaires qui peuvent le mettre dans les mains de l’enfant. Surtout lorsque le livre n’est pas présent dans son environnement familial, observe Louis Delas. Entre lecteur et électeur, il n’y a qu’une lettre de différence. Les événements du début de l’année nous renforcent encore dans la conviction que la lecture est une des clés majeures de notre avenir. »

Pour mener à bien sa « mission », l’École des loisirs a réuni, au fil des décennies, plus de 1 500 auteurs – tous siècles confondus ! – dans son catalogue. « Chaque année, nous découvrons et publions une quinzaine de nouveaux auteurs de grande qualité, notre ambition étant que leurs oeuvres deviennent des livres du fonds ! », explique Louis Delas, pour qui l’indépendance de la structure, toujours détenue et dirigée par les familles fondatrices, est la meilleure garantie du travail bien fait.

Liberté et confiance

Geneviève Brisac mène à l’École des loisirs la double vie d’éditrice et d’auteure. « Il faut du temps et de l’espace pour qu’une oeuvre se déploie. Quand je publie un nouvel auteur, je lui dis toujours : “Ça va compter.” Et même quand les ventes ne décollent pas, je suis comme le jardinier qui sait que la graine va devenir un magnifique rosier. C’est cet esprit de liberté et de confiance, que depuis 50 ans – 25 ans pour moi ! -, nous nous efforçons de perpétuer. »

En un demi-siècle, l’École des loisirs s’est régulièrement enrichie de nouvelles collections. La dernière arrivée, « Rue de Sèvres », a été lancée en 2013 par Louis Delas (passé par les éditions Glénat et la direction de Casterman) pour donner toute sa place à la bande dessinée. « On passe d’une collection à l’autre comme en ski d’une piste à l’autre : en s’entraînant, en pratiquant, observe Geneviève Brisac, qui pilote les collections « Mouche » (dès 7 ans), « Neuf » (dès 9 ans) et « Médium » (12 ans et plus). Mais savoir faire une noire ne gâche pas le plaisir de reprendre une bleue ! » L’éditrice-écrivaine plaide d’ailleurs pour une libre circulation entre les livres. « Je n’aime pas cataloguer trop précisément les livres. L’hypersegmentation crée des interdits inutiles. Le lecteur est quelqu’un de sauvage, qui n’a pas forcément envie de lire ce qui a été prévu pour lui ! Lire un livre seul, c’est posséder quelque chose à soi, évoluer dans un espace où l’on est libre, où l’on n’entend rien, poursuit-elle. Le livre est un lieu de sauvegarde, un abri. »

> Au programme

Pour connaître l’agenda des événements en France et à l’étranger, expositions, rencontres dédicaces, salons du livre, etc. : http://50ans.ecoledesloisirs.fr 

Du 15 au 17 mai : Festival Lire sur la vague à Hossegor. Trente auteurs et illustrateurs en dédicace, des rencontres, des spectacles et des films. 

Jusqu’au 29 août : L’incroyabilicieux anniversaire !, une grande exposition à la bibliothèque de la Part-Dieu à Lyon retrace l’histoire de l’École des loisirs à travers archives, croquis d’auteurs, dessins originaux, etc. 

Du 1er octobre 2015 au 6 février 2016 : exposition de créations originales au musée des Arts décoratifs

Dawn filme les mystérieux spots de Cérès

Standard

La planète naine Cérès, vue par la sonde américaine Dawn le 6 mai 2015. Satellisée à moins de 14 000 kilomètres de la surface du petit astre, Dawn montre ici des détails de l'ordre de 1400 mètres seulement. A gauche de l'image, les spots blancs qui intriguent tant les astronomes. Photo JPL/Nasa.

La planète naine Cérès, vue par la sonde américaine Dawn le 4 mai 2015. Satellisée à moins de 14 000 kilomètres de la surface du petit astre, Dawn montre ici des détails de l’ordre de 1400 mètres seulement. A gauche de l’image, les spots blancs qui intriguent tant les astronomes. Photo JPL/Nasa.

La sonde Dawn, satellisée autour de la planète naine Cérès depuis le 23 avril, a terminé sa première phase d’observation, depuis une altitude de 13 500 kilomètres. Une première carte de Cérès a été dressée, qui montre un monde complexe et probablement actif. Car, en plus des cratères d’impacts qui saturent sa surface, la plus petite des planètes naines – anciennement le plus gros des astéroïdes – montre aussi des structures géologiques intrigantes, par exemple ces immenses canyons s’étendant sur des centaines de kilomètres, dans la région même où se trouve le plus mystérieux site de Cérès : un cratère de 80 kilomètres de diamètre, dont l’arène est occupée par des zones extrêmement lumineuses. En s’approchant progressivement de Cérès, Dawn a permis de montrer que ce « spot blanc » découvert voici quelques années avec le télescope spatial Hubble, était en réalité multiple : ce sont, sur les toutes dernières images de Dawn, qui montrent des détails de l’ordre de 1400 mètres, au moins sept points blancs qui sont visibles.

Cette série d'images prises par Dawn montre les mystérieux spots blancs de Cérès, situés au cœur d'un cratère de 80 kilomètres de diamètre. Photo JPL/Nasa.

Cette série d’images prises par Dawn montre les mystérieux spots blancs de Cérès, situés au cœur d’un cratère de 80 kilomètres de diamètre. Photo JPL/Nasa.

Dawn nous offrira bientôt des images encore plus nettes de cet énigmatique cratère : durant tout le mois de juin, la sonde de la Nasa tournera à seulement 4400 kilomètres d’altitude, ce qui permettra à son télescope de prendre des images montrant des détails de l’ordre de 400 mètres. Puis, la sonde descendra plus près encore de Cérès, s’approchant, en août, à seulement 1500 kilomètres, puis, en décembre, à moins de 400 kilomètres. Nous devrions alors voir ces mystérieux spots blancs avec des détails de moins de quarante mètres…
De quoi s’agit-il ? De la glace, probablement. Des traces de vapeur d’eau avaient été détectées à la surface de Cérès, en 2014, par le télescope spatial européen Herschel. La faible densité de l’astre, 2,0, indique aussi qu’il est probablement en partie constitué d’eau, sous forme de glace, ou liquide, en profondeur. L’eau constitue peut-être 25 % de la masse de Cérès, qui approche, pour 950 kilomètres de diamètre, un milliard de milliards de tonnes…

Cérès est couvert de cratères d'impacts, comme la plupart des corps rocheux du système solaire. Mais pas seulement : un réseau de failles se trouve justement dans la région du cratère où se situe les spots blancs. Preuve d'une activité géologique contemporaine ? Photo JPL/Nasa.

Cérès est couvert de cratères d’impacts, comme la plupart des corps rocheux du système solaire. Mais pas seulement : un réseau de failles se trouve justement dans la région du cratère où se situe les spots blancs. Preuve d’une activité géologique contemporaine ? Photo JPL/Nasa.

Si il s’agit bien de glace, celle-ci doit être renouvelée régulièrement, car elle ne peut résister longtemps à la sublimation, à la surface de Cérès, exposée au vide de l’espace et au rayonnement solaire. L’hypothèse la plus vraisemblable est que ces étendues glacées seraient déposées là par des geysers. Dawn, dans quelques semaines ou quelques mois, nous donnera la réponse, c’est sûr.
Serge Brunier

Désactiver certains gènes transforme le bec des oiseaux en museau de reptile

Standard

Des biologistes pensent avoir trouvé les gènes qui donnent leur bec aux oiseaux. Ici, un émeu dans un zoo suisse. - Ph. Tambako via Flickr - CC BY SA

Des biologistes pensent avoir trouvé les gènes qui donnent leur bec aux oiseaux. Ici, un émeu dans un zoo suisse. / Ph. Tambako via Flickr – CC BY ND 2.0

De la cigogne au perroquet, en passant par le pélican, les oiseaux se distinguent par la variété des formes de leur bec. Un attribut apparu chez les ancêtres des actuels reptiles et oiseaux… et que des chercheurs américains ont réussi a faire disparaître chez de jeunes poulets en « éteignant » certains gènes.

Le bec est fort malléable : prenant des formes allongées ou courtes, arquées ou droites, dures ou flexible, il a permis aux oiseaux de s’adapter à toutes sortes d’aliments. Si la poule picore des graines, le pélican avale des poissons et l’ibis aspire mollusques et crustacés enfouis dans la vase.

Au cours de l’évolution, le bec est apparu chez les oiseaux en même temps que leurs ailes, et a ainsi contribué en grande partie à leur succès. Si bien que 10 000 espèces différentes de la classe des oiseaux peuplent aujourd’hui la planète, leur habitat s’étendant des Pôles aux tropiques.

Oiseaux et reptiles, de proches cousins

Mais par quel mécanisme le bec, cette structure si unique, s’est-il développé ? C’est la question que se sont posée les biologistes Bhart-Anjan Bhullar et Arhat Abzhanov, de l’université Harvard (Etats-Unis) avec leurs coéquipiers.

Tout d’abord, il faut savoir qu’un seul et même groupe, les Archosaures, regroupe les reptiles et les oiseaux actuels, mais aussi les ptérosaures et les dinosaures sans ailes (éteints il y a 66 millions d’années). Car les paléontologues pensent que les oiseaux que nous voyons autour de nous sont les seuls survivants du groupe des dinosaures !

C'est à leurs ailes et à leur bec que les oiseaux doivent leur succès évolutif. Ici, un ibis écarlate au Vénézuela / Ph. Ferjflores via Flickr - CC BY SA 2.0

C’est à leurs ailes et à leur bec que les oiseaux doivent leur succès évolutif. Ici, un ibis écarlate au Vénézuela / Ph. Ferjflores via Flickr – CC BY SA 2.0

Des gènes qu’il est possible de désactiver donnent leur bec aux oiseaux

Ainsi, les chercheurs ont essayé de retracer quels groupes de gènes expliquent la présence d’un bec chez certains de ces Archosaures (les oiseaux) et pas chez les autres (les reptiles). Comme ils l’expliquent dans la revue Evolution, ils ont commencé par identifier les différences entre les os des reptiles et ceux des oiseaux au niveau de la pointe du rostre – l’extrémité avant de la tête – celle qui porte un bec chez les oiseaux.

En analysant des ossements de dinosaures et reptiles fossiles, d’oiseaux actuels et de crocodiliens (alligators, crocodiles…), ils ont établi que la différence se situe dans la conformation des os prémaxillaires. Il s’agit des os les plus en avant de la mâchoire supérieure, ceux qui portent les dents incisives. Et bien, alors que chez les reptiles, ces os sont allongés mais séparés en un gauche et un droit, ils fusionnent chez les oiseaux et s’allongent encore davantage, formant le bec.

Ensuite, les chercheurs ont recherché parmi les groupes de gènes régissant le développement du crâne et de la face. En comparant l’expression de ces gènes dans le développement embryonnaire de la tortue, de l’alligator, du lézard (des reptiles) avec celui de l’émeu (un oiseau australien), ils ont identifié des gènes appelés Fgf8 et Lef1, qui étaient exprimés différemment chez ce dernier. De quoi laisser penser qu’ils régissent la formation du bec chez les oiseaux.

L'arbre phylogénétique des reptiles et des oiseaux. En bleu, l'expression du gène Fgf8, en turquoise le gène Lef1. - Ph. © Bhart-Anjan Bhullar.

L’arbre phylogénétique des reptiles et des oiseaux. En bleu, l’expression du gène Fgf8, en turquoise le gène Lef1. – Ph. © Bhart-Anjan Bhullar.

Pour conclure leur recherche, les biologistes ont testé leur hypothèse sur le poulet. Ils ont inhibé l’expression des deux gènes qu’ils avaient identifiés en implantant à l’extrémité de la tête des embryons une bille imbibée d’une substance inhibitrice. Résultat : peu avant l’éclosion, les poussins présentaient un museau très ressemblant à la fois à celui du petit alligator et aux fossiles d’Archosaures : avec les os prémaxillaires plus courts et séparés, ainsi qu’un palais plus primitif.

Le crâne avant éclosion d'un poulet normal (à g.), génétiquement modifié pour inhiber les gènes Fgf8 et Lef1 (au centre) et d'un alligator (à d.) - Ph. © Bhart-Anjan Bhullar.

Le crâne avant éclosion d’un poulet normal (à g.), génétiquement modifié pour inhiber les gènes Fgf8 et Lef1 (au centre) et d’un alligator (à d.) – Ph. © Bhart-Anjan Bhullar.

Voilà donc trouvées pour la première fois les bases de la morphologie typique du crâne des oiseaux.

–Fiorenza Gracci

 

> Lire aussi dans les Grandes Archives de S&V :

S&V 1142 - oiseaux dinosaures

  • Archaeopteryx, il n’est plus l’ancêtre des oiseaux – S&V n°1129, 2011. Considéré de longue date comme la charnière entre dinosaures et oiseaux, cet animal connu par d’emblématiques fossiles n’est en fait qu’un dinosaure comme les autres. Ce n’est que plus tard que l’on comprendra que tous les dinosaures sont des oiseaux.

S&V 1129 - oiseaux Archaeopteryx

  •  Ils peuvent revivre ! – S&V n°1131, 2011. Dinosaures, Néandertal et mammouths pourraient être ressuscités grâce ò la génétique. Techniquement, c’est désormais possible !

S&V 1131 - dinosaures revivre

 

Les enfants s’élèvent en colonies de vacances

Standard

En ce matin de vacances scolaires, au patronage du Bon Conseil dans le VIIe arrondissement de Paris, les tâches ménagères de la journée sont réparties entre les six équipes d’enfants. Soudain, un blondinet d’une dizaine d’années défend son groupe qui, depuis la veille, n’a eu… aucune mission ! Une réclamation assez surprenante lorsque l’on connaît la réticence de nos chérubins à ranger leur chambre. À tour de rôle, garçons et filles tentent leur chance auprès des animateur : « Éloi, je n’ai jamais été de vaisselle », « Charlotte, est-ce que je peux être MDM aujourd’hui ? » Entendez maître de maison. Car être MDM, outre la satisfaction de gérer le service à table, donne la possibilité de déjeuner avec le père de Mello, directeur du foyer.

Brassage social

Dans ce centre d’accueil ouvert chaque soir et week-end, ainsi que la moitié des vacances scolaires pour une adhésion de 30 euros à l’année, on cultive chez les jeunes l’envie de rendre service. Une valeur que l’équipe d’animation tient aussi à transmettre durant les séjours d’été, organisés en juillet et accessibles à tous. « Enfants chrétiens ou non, issus de familles pauvres ou aisées, tous ont leur place chez nous. Le brassage social est une marque de fabrique de notre maison qui existe depuis 120 ans », témoigne l’abbé de Mello.

Se déroulant en région Rhône-Alpes, à Saint-Jean-d’Arves (73), les colonies du Bon Conseil sont bien connues des…

Cet article est réservé aux abonnés de La Vie, afin de le lire

ABONNEZ-VOUS

4€/mois SANS ENGAGEMENT

Accédez à des contenus numériques exclusivement réservés aux abonnés ainsi qu’à vos numéros en version PDF sur ordinateur, smartphone et tablette.


A l’école des ateliers parents-enfants

Standard

Apprendre ensemble à sortir un pot du bloc de terre, se couler côte à côte dans la posture du chien, façonner le même gâteau que l’on pourra refaire à la maison… Des associations aux Maisons de la parentalité, des cours privés aux centres sociaux, les ateliers parents-enfants offrent des occasions de rencontre privilégiée entre petits et grands, entre parents et avec des professionnels. Modelage, yoga, cuisine, sans oublier photo, jardinage, gym, danse contemporaine, couture, arts plastiques ou écriture… Une joyeuse soupape chez soi ou à l’école.

Partager un moment choisi

Il y a les parents aux emplois du temps surchargés qui attendent la fin de la semaine pour « se rattraper », les parents solos qui veulent faire de leur week-end de garde un moment de qualité, les familles plus ou moins nombreuses où l’on essaie d’offrir à chacun un moment à soi… Camille a trois enfants. L’aînée avait déjà trois activités extrascolaires et passait pas mal de temps dans les trajets en voiture… La jeune mère explique : « Théodore, le deuxième, avait besoin de son moment, d’une activité pour lui et à laquelle on se donne la peine d’aller avec lui. On l’a inscrit à la baby-gym. Tous les samedis, son père ou moi sommes là pour l’accompagner sur le parcours d’obstacles. Il nous en parle dès le lundi ! »

À Lyon, Adeline Charvet voit les ateliers yoga qu’elle anime à la Maison de la parentalité (association la Cause des parents) comme un « moyen d’entrer en relation ». Parce que les séances donnent un accès mutuel à une part d’intériorité : « Avec les 2-5 ans, chacun commence par dire son nom et comment il se sent : par exemple chaud et doux comme le soleil, léger comme une feuille qui se détache d’un arbre et vole dans l’air, froid comme une petite goutte d’eau. Ce sont des dimensions auxquelles les parents n’ont pas si souvent accès », détaille-t-elle.C’est aussi une invitation au lâcher-prise : « Quand on propose au petit de monter sur le dos d’un de ses parents dans la posture du chat, c’est une part d’abandon qui est en jeu, touchante à vivre et à observer. »

Se faire plaisir sans culpabiliser

Les parents ne s’oublient pas non plus dans le choix de ces activités à partager. Chez Photo Up (Paris XVIIe), Dorothée Bonneault anime des ateliers créatifs de light painting (technique combinant une pose longue et des sources lumineuses mobiles) et de stop motion (réalisation de courts métrages image par image) ainsi que des balades photographiques. Elle voit arriver des adultes passionnés. « Un certain nombre d’entre eux ont des métiers artistiques ou en lien avec l’image et sont heureux d’en partager quelque chose avec leurs enfants »,souligne-t-elle. Ils savent qu’ils vont apprendre aussi, car les formateurs « s’arrangent toujours pour joindre au côté ludique un saupoudrage technique ».

Tessa Guilbaud accueille régulièrement des binômes ou des familles dans son…

Cet article est réservé aux abonnés de La Vie, afin de le lire

ABONNEZ-VOUS

4€/mois SANS ENGAGEMENT

Accédez à des contenus numériques exclusivement réservés aux abonnés ainsi qu’à vos numéros en version PDF sur ordinateur, smartphone et tablette.


Un demi-siècle d’histoires avec l’École des loisirs

Standard

C’était peut-être le préféré de vos enfants. Ou bien le vôtre. Vous l’avez rapporté un soir de l’école ou de la bibliothèque. Vous l’avez reçu en cadeau pour votre dixième anniversaire ou la naissance de votre premier enfant. Vous l’avez dévoré gamin ou plus grand, dans le silence de votre chambre. Vous l’avez offert à vos petits-enfants. Vous l’avez retrouvé il n’y a pas longtemps, chez vous ou dans votre librairie de quartier. Ce livre, c’est Chien bleu de Nadja, Bon appétit, Monsieur Lapin ! de Claude Boujon, Zou de Michel Gay, Max et les Maximonstres de Maurice Sendak, Loulou de Grégoire Solotareff, C’est moi le plus fort de Mario Ramos. Ce sont les histoires d’Olga de Geneviève Brisac ou le Journal d’un chat assassin d’Anne Fine, le chevalier qui cherchait ses chaussettes de Christian Oster, Trois Amies de Judy Blume, Je ne t’aime pas, Paulus, d’Agnès Desarthe… Peut-être un autre. Beaucoup d’autres même. Car voilà 50 ans que l’École des loisirs met son savoir-faire au service de la littérature et de l’imaginaire, avec aujourd’hui 250 nouveautés par an et un catalogue vivant, et sans cesse enrichi, de 5 000 titres (75 % de l’activité de la maison, qui se définit elle-même comme « éditeur durable », se fait ainsi sur le fonds) !

Aborder tous les thèmes

Quand, en 1965, Jean Delas, Jean Fabre et Arthur Hubschmid créent l’École des loisirs sur les fondations des Éditions de l’École – héritées du grand-père de Jean Delas et consacrées au livre scolaire -, ils imaginent un écrin pour la création, au croisement du divertissement et de la culture. « Arthur Hubschmid, qui était maquettiste, avait dans ses cartons des auteurs révolutionnaires comme Tomi Ungerer (les Trois Brigands) ou Leo Lionni (Petit-Bleu et Petit-Jaune), qui bousculaient les codes très conventionnels de l’album jeunesse. Ce sont aujourd’hui des classiques. Qu’ils aient tenu le renouvellement des générations signifie bien leur modernité pour l’époque ! », note Louis Delas, fils de Jean, codirecteur de la maison avec Jean-Louis Fabre.

Au catalogue, il y a le plaisir de raconter de belles histoires, bien écrites et illustrées, et la liberté d’aborder tous les thèmes, même les plus complexes. Ceux de la vie familiale : l’adoption, le divorce, la puberté… Mais aussi des sujets sociaux exigeants : esclavage, racisme, antisémitisme, histoire des Balkans, conflit israélo-palestinien, toxicomanie, handicap, violence sexuelle, etc. « Il n’y a pas de limite aux sujets traités, explique Geneviève Brisac, éditrice des collections « Mouche », « Neuf » et « Medium ». Pourvu, quand même, que l’on évite le désespoir, le cynisme et que l’on sache transmettre quelque chose de l’ordre de la lumière ! Aharon Appelfeld (Adam et Thomas) dit qu’un livre jeunesse doit à la fois distraire et enseigner. Et j’y souscris pleinement. »

Le lien nourri depuis les débuts de la maison avec l’école et les lieux d’éducation demeure une de ses forces. Aujourd’hui, 69 titres du fonds sont inscrits sur les listes de références de l’Éducation nationale pour la maternelle, 63 pour le CP-CE1-CE2, 59 pour le CM1-CM2 et la sixième et encore 70 pour le collège, l’éditeur mettant à disposition sur un site dédié des ressources pédagogiques (vidéos, questionnements possibles avec les élèves, liens vers des dossiers sur le genre littéraire, etc.). « Le livre est le meilleur moyen d’aider un enfant à forger sa personnalité et son libre arbitre. Et ce sont les enseignants, le personnel des crèches, les bibliothécaires qui peuvent le mettre dans les mains de l’enfant. Surtout lorsque le livre n’est pas présent dans son environnement familial, observe Louis Delas. Entre lecteur et électeur, il n’y a qu’une lettre de différence. Les événements du début de l’année nous renforcent encore dans la conviction que la lecture est une des clés majeures de notre avenir. »

Pour mener à bien sa « mission », l’École des loisirs a réuni, au fil des décennies, plus de 1 500 auteurs – tous siècles confondus ! – dans son catalogue. « Chaque année, nous découvrons et publions une quinzaine de nouveaux auteurs de grande qualité, notre ambition étant que leurs oeuvres deviennent des livres du fonds ! », explique Louis Delas, pour qui l’indépendance de la structure, toujours détenue et dirigée par les familles fondatrices, est la meilleure garantie du travail bien fait.

Liberté et confiance

Geneviève Brisac mène à l’École des loisirs la double vie d’éditrice et d’auteure. « Il faut du temps et de l’espace pour qu’une oeuvre se déploie. Quand je publie un nouvel auteur, je lui dis toujours : “Ça va compter.” Et même quand les ventes ne décollent pas, je suis comme le jardinier qui sait que la graine va devenir un magnifique rosier. C’est cet esprit de liberté et de confiance, que depuis 50 ans – 25 ans pour moi ! -, nous nous efforçons de perpétuer. »

En un demi-siècle, l’École des loisirs s’est régulièrement enrichie de nouvelles collections. La dernière arrivée, « Rue de Sèvres », a été lancée en 2013 par Louis Delas (passé par les éditions Glénat et la direction de Casterman) pour donner toute sa place à la bande dessinée. « On passe d’une collection à l’autre comme en ski d’une piste à l’autre : en s’entraînant, en pratiquant, observe Geneviève Brisac, qui pilote les collections « Mouche » (dès 7 ans), « Neuf » (dès 9 ans) et « Médium » (12 ans et plus). Mais savoir faire une noire ne gâche pas le plaisir de reprendre une bleue ! » L’éditrice-écrivaine plaide d’ailleurs pour une libre circulation entre les livres. « Je n’aime pas cataloguer trop précisément les livres. L’hypersegmentation crée des interdits inutiles. Le lecteur est quelqu’un de sauvage, qui n’a pas forcément envie de lire ce qui a été prévu pour lui ! Lire un livre seul, c’est posséder quelque chose à soi, évoluer dans un espace où l’on est libre, où l’on n’entend rien, poursuit-elle. Le livre est un lieu de sauvegarde, un abri. »

> Au programme

Pour connaître l’agenda des événements en France et à l’étranger, expositions, rencontres dédicaces, salons du livre, etc. : http://50ans.ecoledesloisirs.fr 

Du 15 au 17 mai : Festival Lire sur la vague à Hossegor. Trente auteurs et illustrateurs en dédicace, des rencontres, des spectacles et des films. 

Jusqu’au 29 août : L’incroyabilicieux anniversaire !, une grande exposition à la bibliothèque de la Part-Dieu à Lyon retrace l’histoire de l’École des loisirs à travers archives, croquis d’auteurs, dessins originaux, etc. 

Du 1er octobre 2015 au 6 février 2016 : exposition de créations originales au musée des Arts décoratifs