Dawn filme les mystérieux spots de Cérès

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La planète naine Cérès, vue par la sonde américaine Dawn le 6 mai 2015. Satellisée à moins de 14 000 kilomètres de la surface du petit astre, Dawn montre ici des détails de l'ordre de 1400 mètres seulement. A gauche de l'image, les spots blancs qui intriguent tant les astronomes. Photo JPL/Nasa.

La planète naine Cérès, vue par la sonde américaine Dawn le 4 mai 2015. Satellisée à moins de 14 000 kilomètres de la surface du petit astre, Dawn montre ici des détails de l’ordre de 1400 mètres seulement. A gauche de l’image, les spots blancs qui intriguent tant les astronomes. Photo JPL/Nasa.

La sonde Dawn, satellisée autour de la planète naine Cérès depuis le 23 avril, a terminé sa première phase d’observation, depuis une altitude de 13 500 kilomètres. Une première carte de Cérès a été dressée, qui montre un monde complexe et probablement actif. Car, en plus des cratères d’impacts qui saturent sa surface, la plus petite des planètes naines – anciennement le plus gros des astéroïdes – montre aussi des structures géologiques intrigantes, par exemple ces immenses canyons s’étendant sur des centaines de kilomètres, dans la région même où se trouve le plus mystérieux site de Cérès : un cratère de 80 kilomètres de diamètre, dont l’arène est occupée par des zones extrêmement lumineuses. En s’approchant progressivement de Cérès, Dawn a permis de montrer que ce « spot blanc » découvert voici quelques années avec le télescope spatial Hubble, était en réalité multiple : ce sont, sur les toutes dernières images de Dawn, qui montrent des détails de l’ordre de 1400 mètres, au moins sept points blancs qui sont visibles.

Cette série d'images prises par Dawn montre les mystérieux spots blancs de Cérès, situés au cœur d'un cratère de 80 kilomètres de diamètre. Photo JPL/Nasa.

Cette série d’images prises par Dawn montre les mystérieux spots blancs de Cérès, situés au cœur d’un cratère de 80 kilomètres de diamètre. Photo JPL/Nasa.

Dawn nous offrira bientôt des images encore plus nettes de cet énigmatique cratère : durant tout le mois de juin, la sonde de la Nasa tournera à seulement 4400 kilomètres d’altitude, ce qui permettra à son télescope de prendre des images montrant des détails de l’ordre de 400 mètres. Puis, la sonde descendra plus près encore de Cérès, s’approchant, en août, à seulement 1500 kilomètres, puis, en décembre, à moins de 400 kilomètres. Nous devrions alors voir ces mystérieux spots blancs avec des détails de moins de quarante mètres…
De quoi s’agit-il ? De la glace, probablement. Des traces de vapeur d’eau avaient été détectées à la surface de Cérès, en 2014, par le télescope spatial européen Herschel. La faible densité de l’astre, 2,0, indique aussi qu’il est probablement en partie constitué d’eau, sous forme de glace, ou liquide, en profondeur. L’eau constitue peut-être 25 % de la masse de Cérès, qui approche, pour 950 kilomètres de diamètre, un milliard de milliards de tonnes…

Cérès est couvert de cratères d'impacts, comme la plupart des corps rocheux du système solaire. Mais pas seulement : un réseau de failles se trouve justement dans la région du cratère où se situe les spots blancs. Preuve d'une activité géologique contemporaine ? Photo JPL/Nasa.

Cérès est couvert de cratères d’impacts, comme la plupart des corps rocheux du système solaire. Mais pas seulement : un réseau de failles se trouve justement dans la région du cratère où se situe les spots blancs. Preuve d’une activité géologique contemporaine ? Photo JPL/Nasa.

Si il s’agit bien de glace, celle-ci doit être renouvelée régulièrement, car elle ne peut résister longtemps à la sublimation, à la surface de Cérès, exposée au vide de l’espace et au rayonnement solaire. L’hypothèse la plus vraisemblable est que ces étendues glacées seraient déposées là par des geysers. Dawn, dans quelques semaines ou quelques mois, nous donnera la réponse, c’est sûr.
Serge Brunier

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