Le ciel du mois de mai 2015

Standard

Ciel de mai 2015Ce mois-ci, trois planètes éclatantes brillent dans le ciel nocturne : Vénus, Jupiter et Saturne. Vénus et Jupiter, après le Soleil et la Lune, bien sûr, sont les astres les plus brillants du ciel. Il est impossible de les manquer, tant leur éclat jaune et fixe est supérieur à celui des étoiles qui les entourent. Saturne, en revanche, est un peu plus discrète. C’est la plus lointaine des planètes visibles à l’œil nu, la dernière planète connue des Anciens, après Mercure, Vénus, Mars et Jupiter.
Saturne, c’est aussi la plus impressionnante, sinon la plus belle, à part la Terre, de toutes les planètes actuellement connues dans l’Univers… Ses spectaculaires anneaux ne sont pas uniques : Jupiter, Uranus, Neptune et l’astéroïde Chariklo en possèdent aussi, comme, probablement, des milliards de planètes dans notre seule galaxie… Mais c’est leur densité exceptionnelle qui les rend si brillants lorsqu’on les observe dans un instrument d’astronomie.
Et ce mois de mai est idéal pour contempler Saturne : la planète se trouve, dans sa course annuelle apparente dans le ciel, au plus près de la Terre le 23 mai : elle sera alors distante de 1,35 milliard de kilomètres. Par ailleurs, cette année, l’inclinaison de l’axe de rotation de la planète géante par rapport à la Terre est presque maximal, les anneaux se montrent donc dans toute leur splendeur. Seul bémol à ces conditions d’observations optimales : Saturne, se trouvant dans les constellations de la Balance et du Scorpion, ne monte pas très haut sur l’horizon, aux latitudes boréales moyennes. C’est donc dans l’hémisphère austral qu’elle passe au zénith et peut être contemplée dans des conditions idéales.

La planète Saturne, telle qu'elle apparaît dans le ciel en mai 2015. Cette image prise par le télescope spatial Hubble montre en détail les anneaux de la planète. Photo Nasa/ESA/STSCI.

Saturne, telle qu’elle apparaît dans le ciel en mai 2015. Cette image prise par le télescope spatial Hubble montre en détail les anneaux de la planète. A gauche, l’anneau A, séparé du brillant anneau B par la division de Cassini. Plus près du globe, pâle et transparent, apparaît l’anneau C. Photo Nasa/ESA/STSCI.

A l’œil nu, Saturne apparaît ce mois-ci d’un éclat comparable aux étoiles voisines, Antarès du Scorpion, l’Epi de la Vierge ou Arcturus du Bouvier. Elle se lève au sud-est vers 21 h et culmine au méridien, plein sud, vers 2 h du matin. Pour apercevoir les anneaux de la planète géante, un très modeste instrument suffit : longues vue, lunettes grossissant 20 x ou 30 x seulement. Saturne apparaît alors comme une minuscule bille jaune, entourée d’un petit cerceau… Une image magique, enchanteresse, pour qui la contemple pour la première fois. Un télescope plus puissant, équipé d’un miroir de 100 à 300 mm de diamètre, grossissant 150 x à 300 x, est nécessaire en revanche pour commencer à percevoir des détails à la surface de la planète et de ses anneaux. Les bandes nuageuses de ce monde gazeux, très léger, sont alors perceptibles, et les nuances de densité dans les anneaux apparaissent : un télescope d’amateur révèle trois grandes zones dans les anneaux de Saturne.

Zoom dans l'anneau B de Saturne. La sonde américaine Cassini a montré que les anneaux de Saturne étaient des structures changeantes, constituées de milliards de particules de glace se déplaçant au gré des vagues gravitationnelles levées par la myriade de satellites tournant autour de la planète géante. Photo Nasa/JPL.

Zoom dans l’anneau B de Saturne. La sonde américaine Cassini a montré que les anneaux de Saturne étaient des structures changeantes, constituées de milliards de particules de glace se déplaçant au gré des vagues gravitationnelles levées par la myriade de satellites tournant autour de la planète géante. Photo Nasa/JPL.

L’anneau C, le plus proche de la planète, est le plus pâle, l’anneau B, au centre, est le plus brillant et il est séparé de l’anneau extérieur A par la célèbre division de Cassini, une zone de moindre densité des anneaux, et qui laisse voir le noir de la nuit à travers elle. Mais les « anneaux de Saturne », en réalité, n’existent pas, comme la sonde américaine Cassini l’a révélé : les anneaux sont des structures apparentes, ils sont en nombre indéfini et changeant, et sont constitués de milliards de particules de glace éloignées de quelques mètres seulement les unes des autres, perpétuellement remodelés par les vagues gravitationnelles levées par la ribambelle de satellites qui entoure la planète Saturne.
Serge Brunier

Les moustiques nous piquent en fonction de notre ADN

Standard

Moustique-tigre de l'espèce Aedes Aegypti, vecteur de la dengue (Ph. James Gathany via Wikicommons)

Moustique-tigre de l’espèce Stegomyia aegypti, vecteur de la dengue (Ph. James Gathany via Wikicommons)

« J’ai une peau qui attire les moustiques ». Combien de fois n’a-t-on pas entendu ce type de propos, voire ne l’a-t-on soi-même prononcé (si l’on fait partie de la malheureuse catégorie des « peaux à moustiques ») ? On se doutait déjà que les humains ne sont pas tous égaux face aux attaques de ces redoutables insectes, mais l’origine de l’inégalité n’était pas claire : est-ce une différence de température entre les individus ? Une différence d’odeur de peau liée à l’ingestion de certains aliments (comme l’ail) ? Une différence d’odeur liée à des caractéristiques métaboliques ou génétiques ?

Une nouvelle étude prouve que la tendance à attirer les moustiques est bien une affaire d’odeur corporelle, qui plus est, liée aux particularités du patrimoine génétique – une manière de dire que certains sont prédéterminés à sa faire dévorer par eux… Ce résultat donnerait de nouvelles pistes dans la lutte contre la propagation de maladies comme la dengue, le chikungunya ou la malaria.

20 moustiques femelles assoiffées de sang

L’étude, réalisée à la London School of Hygiene and Tropical Medicine en Angleterre, a consisté à mettre des moustiques-tigre de l’espèce Stegomyia aegypti, vecteurs de transmission de la dengue, en présence des odeurs corporelles de vrais et faux jumeaux, plus précisément 18 paires de jumeaux partageant exactement le même patrimoine génétique (monozygotes), le groupe A, et 19 paires n’en partageant qu’une partie (hétérozygotes), le groupe B.

Pour contrôler le choix des moustiques, 20 femelles de Stegomyia aegypti cherchant du  sang pour fournir des protéines à leurs oeufs, les chercheurs ont utilisé un olfactomètre en forme de Y, soit un tube avec une entrée commune puis une bifurcation vers deux sources d’odeurs différentes : attirés par un léger souffle exhalant les odeurs, les moustiques pouvaient pénétrer par l’entrée commune puis choisir la voie qu’ils préféraient. A l’extrémité de chacune de ces deux voies, la main d’un individu.

L'olfactomètre en "Y" : les moustiques entrent par l'extrémité qui exhale une odeur mélangée (en haut à gauche) puis ils choisissent le tube de gauche ou de droite par où circulent les odeurs des mains de deux individus différents (Crédit : Plos ONE)

L’olfactomètre en « Y » : les moustiques entrent par l’extrémité qui exhale une odeur mélangée (en haut à gauche) puis ils choisissent le tube de gauche ou de droite par où circulent les odeurs des mains de deux individus différents (en bas à droite). Crédit : Plos ONE.

A chaque test, les chercheurs offraient à 20 moustiques un choix entre deux menus : par exemple, la main d’un individu du groupe A (vrais jumeaux) et la main d’un individu du groupe B (faux jumeaux), ou bien la main d’un individu du groupe A ou B et pas de main (air pur), ou encore aucune main (air pur dans les deux extrémités). En réalisant toutes les combinaisons possibles pour tous les individus des groupes A et B, les chercheurs ont noté à chaque test les choix des moustiques.

Rendre les humains répulsifs aux yeux des moustiques ?

Les statistiques ont alors montré que l’attraction exercée par les odeurs des vrais jumeaux (testés séparément) était semblable, alors qu’elle ne l’étaient pas pour les faux jumeaux. Conclusion : l’odeur dégagée par le corps (main) est un facteur prépondérant dans le choix des moustiques et ceux-ci réagissent statistiquement de la même manière aux odeurs d’individus ayant le même patrimoine génétique.

La tendance à s’attirer les faveurs des moustiques femelles assoiffées de sang via son odeur corporelle prend donc sa racine dans les gènes qui régulent les sécrétions de la peau, plutôt que dans des facteurs alimentaires ou autres. Une découverte importante car elle permet de penser à de nouvelles stratégies de défense contre les moustiques porteurs de maladies graves, en particulier la possibilité de traitements génétiques pour rendre les individus répulsifs… du moins aux yeux des moustiques.

Román Ikonicoff

 

> Lire également :

 

> Lire aussi dans les Grandes Archives de Science & Vie :

  • Trouver le vaccin contre le paludisme – Grand espoir de la recherche médicale depuis toujours, la recherche d’un vaccin immunisant contre le plasmodium a pris un tournant majeur en 2012. – S&V n°1132.

S&V 1132 vaccin palu

  • Les moustiques enfin inoffensifs ? – Paludisme, dengue, chikungunya… en dehors des vaccins et des traitements, une parade originale à ces fléaux consiste à stériliser leurs vecteurs : les moustiques. – S&V n°1124

S&V 1124 dengue

  • Moustiques : la grande menaceAedes albopictus, Anophele gambiae, Culex quinquefasciatus… Pourquoi et comment ces créatures se répandent, semant des virus mortels à des endroits autrefois épargnés. – S&V n°1065

S&V 1065 moustiques