La Nasa demande aux internautes de l’aider « à mettre des noms sur les cartes de Pluton et Charon »

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Vue d’artiste de l’arrivée de la sonde New Horizons à Pluton et Charon. Crédits : NASA/JHU APL/SwRI – Steve Gribben

Les internautes ont jusqu’au 7 avril pour proposer des noms à l’agence spatiale américaine en vue d’établir la première carte détaillée de la surface de la planète naine Pluton et de sa lune Charon. Un appel à contribution planétaire en vue de l’arrivée prochaine de la sonde New Horizons dans l’orbite de ces deux corps extrêmes du Système solaire (accessible sur le site OurPluto.org)

Car Pluton a beau être connue depuis 85 ans, découverte en 1930 par l’astronome américain Clyde Tombaugh, elle est si éloignée (39,5 fois la distance Soleil-Terre) et petite (1150 km de rayon, 1/6 de celui de la Terre) que les seules photos disponibles jusqu’ici sont de très faible résolution, pour ne pas dire totalement floues).

This is the most detailed view to date of the entire surface of the dwarf planet Pluto, as constructed from multiple NASA Hubble Space Telescope photographs taken from 2002 to 2003. The center disk (180 degrees) has a mysterious bright spot that is unusually rich in carbon monoxide frost. Pluto is so small and distant that the task of resolving the surface is as challenging as trying to see the markings on a soccer ball 40 miles away. Credit: NASA, ESA, and M. Buie (Southwest Research Institute). Photo No. STScI-PR10-06a

L’une des vues les mieux détaillées de Pluton, obtenue par le télescope spatial Hubble entre 2002 et 2003. Credit: NASA, ESA, et M. Buie (Southwest Research Institute).

En juillet prochain, New Horizons devrait commencer à transmettre les premières photos haute définition du couple Pluton-Charon, un évènement autant scientifique que symbolique car, à l’instar des clichés de Roald Amundsen du pôle Sud en 1911, le fait marquera la fin de la conquête du Système solaire – du moins de ses mythiques « 9 planètes » (mais il reste encore à explorer la ceinture de Kuiper et le nuage d’Oort).

 

Nommer les monts et vallées de ces deux corps permettra de se les approprier, comme le firent les grands navigateurs du passé, et d’entamer leur description détaillée… Et comme cette conquête revient à toute l’humanité, la Nasa fait appelle à elle via les nouvelles technologies de la communication.

La conquête de Pluton et Charon via l’internet

Il reste donc 3 jours pour apporter sa contribution à la grande histoire des conquêtes spatiales, moyennent quelques règles d’usage détaillées sur la page de vote du site OurPluto.org. Car pour éviter la cacophonie (nous sommes plusieurs milliards à pouvoir voter) et respecter la tradition et les usages astronomiques, les astronomes de la Nasa ont établi quelques contraintes.

De fait, il y a dix thèmes possibles liés aux trois grandes catégories : Histoire de l’exploration, la littérature de l’exploration, la mythologie de l’Outre Monde. A lire donc attentivement avant de se lancer dans cet exercice de style cosmique…

Román Ikonicoff

 

> Lire aussi dans les Grandes Archives de Science &Vie :

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  • Les dix énigmes du Système solaire – S&V n°1066. New Horizons, Spirit, Opportunity, Solar B, Venus Express… Les sondes envoyées par l’homme doivent dissiper les derniers mystères de notre système solaire…

S&V 1066 couv

  • Rosetta enfin à l’abordage - S&V n°1164. La cas Rosetta : tout sur son parcours, les défis qu’a relevés cette mission, ses objectifs scientifiques, et les réponses qu’on attend des comètes…

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Le ciel du mois d’avril

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Ciel Avril 2015Le ciel printanier, sur la planète Terre, s’ouvre sur l’Univers profond. Si, l’été et l’hiver, notre planète fait face, la nuit, à la Voie lactée, notre galaxie et à un ciel saturé d’étoiles, le printemps et l’automne sont les deux saisons des galaxies lointaines… Hors du plan galactique, le nombre d’étoiles est beaucoup plus faible, les nébuleuses et nuages interstellaires absents, et le ciel est littéralement transparent jusqu’à plus de treize milliards d’années-lumière.
Dans des régions situées non loin du pôle galactique, comme la Grande Ourse, par exemple, des centaines de millions de galaxies se cachent, mais les astronomes, avec leurs télescopes géants, ne peuvent en détecter que quelques millions. Mais les sondages profonds, effectués par exemple avec le télescope spatial Hubble dans son fameux Hubble Deep Field, montrent que le ciel est littéralement tapissé de galaxies, à raison d’environ un million de galaxies par degré-carré… Si nos yeux étaient suffisamment sensibles, et si la Voie lactée n’en cachait pas la moitié ou presque, nous pourrions voir cent milliards de galaxies sur l’ensemble de la voûte céleste, un nombre sidéral, sidérant…
Les astronomes amateurs peuvent aussi profiter de l’extraordinaire fenêtre sur l’Univers qu’offre le ciel printanier. Le Lion, la Vierge, la Chevelure de Bérénice, la Grande Ourse montrent des milliers de galaxies aux observateurs. Les trois plus belles d’entre elles, et parmi les plus proches, sont M 51 des Chiens de Chasse et M 81 et M 82 de la Grande Ourse.

La double galaxie des Chiens de Chasse, photographiée par le télescope spatial Hubble. Photo Nasa/ESA/STSCI.

La double galaxie des Chiens de Chasse, photographiée par le télescope spatial Hubble. Photo Nasa/ESA/STSCI.

Distante de 30 millions d’années-lumière, la spirale des Chiens de Chasse, M 51, mesure plus de 60 000 années-lumière de diamètre et compte plus de 200 milliards d’étoiles. L’éclat exceptionnel de cette magnifique galaxie est dû aux intenses marées gravitationnelles levées par sa petite compagne NGC 5195. La rencontre entre les deux galaxies provoque une surpression du gaz interstellaire, qui se condense en nouvelles étoiles. Le disque spirale de M 51 est exceptionnellement riche en nébuleuses. La double galaxies des Chiens de Chasse est perceptible comme une pâle tache cendrée dans une paire de jumelles ou une petite lunette. Il faut un télescope de 300 mm à 600 mm de diamètre pour voir sa structure, et entrevoir ses bras.

La galaxie spirale M 81 de la Grande Ourse, photographiée par le télescope spatial Hubble. Photo Nasa/ESA/STSCI.

La galaxie spirale M 81 de la Grande Ourse, photographiée par le télescope spatial Hubble. Photo Nasa/ESA/STSCI.

M 81 et M 82 de la Grande Ourse sont plus brillantes encore que M 51, elles sont visibles aux jumelles, et certains astronomes amateurs doués d’une vue exceptionnelle les perçoivent à l’œil nu… Situées à une douzaine de millions d’années-lumière, elles forment un couple spectaculaire. Si M 81 est une grande spirale, M 82 est une galaxie irrégulière, qui a été déformée par un passage rapproché avec M 81 il y a quelques centaines de millions d’années. Le fuseau extrêmement contrasté de M 82 est facile à voir dans les petits instruments d’amateurs, de 50 mm à 150 mm de diamètre. Dans un instrument de 300 mm à 600 mm de diamètre, l’image des deux galaxies de la Grande Ourse qui flotte dans l’océan obscur de l’espace est impressionnante…
Serge Brunier

M 82 de la Grande est une galaxie irrégulière, sujette à une flambée de jeunes étoiles. Photo Nasa/ESA/STSCI.

M 82 de la Grande est une galaxie irrégulière, sujette à une flambée de jeunes étoiles. Photo Nasa/ESA/STSCI.

Vous n’êtes pas membre de Facebook ? Le réseau social vous espionne quand même !

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Le bouton "Like" ou "J'aime" de Facebook, placé dans des sites autres, permet au géant du Net d'aspirer les données des internautes, même ceux qui ne sont pas membres du réseau social (Ph. Thomas Angermann via Flikr CC BY 2.0)

Le bouton « Like » ou « J’aime » de Facebook, placé dans des sites autres, permet au géant du Net d’aspirer les données des internautes, même ceux qui ne sont pas membres du réseau social (Ph. Thomas Angermann via Flikr CC BY 2.0)

Il suffirait de se rendre sur un site affichant le bouton « J’aime » aux couleurs de Facebook – il y en a un ici même – pour voir ses données personnelles se faire aspirer par le géant des réseaux sociaux à des fins de ciblage publicitaire. Telle est la principale conclusion du rapport explosif publié il y a quelques jours par l’Interdisciplinary Centre for Law and ICT (ICRI), l’équivalent belge de notre Commission nationale de l’informatique et des libertés ou CNIL.

Le rapport, commandé par l’ICRI à des chercheurs de l’université de Leuven et de la Vrije Universiteit Brussel (VUB), affirme ainsi que la seule visite d’un site quelconque dont la page contient le bouton « J’aime » (« Like » en anglais) permet à Facebook d’installer dans l’ordinateur de l’internaute un « cookie » (petit fichier) qui enregistrera puis enverra vers les serveurs de la firme certaines données de profil et d’activité, que l’internaute soit ou non connecté à Facebook et – pire – qu’il soit ou non membre inscrit du réseau social. Ce, dans le but d’affiner le ciblage publicitaire.

Facebook épinglé par les « CNIL européennes »

Selon le Groupe de travail « Article 29 » qui réunit les 27 « CNIL » européennes, la pratique porte atteinte à la législation européenne laquelle exige le consentement explicite de l’internaute à l’installation de cookies à but publicitaire (article 5(3) de la Directive relative à la vie privée).

Facebook avait lui-même annoncé, dans ses nouvelles Règles sur le respect de la vie privée de ses membres (2015), qu’il recueillait « des informations lorsque vous visitez ou utilisez des sites web et des applications de tiers qui ont recours à nos services (par exemple, lorsqu’ils incluent nos boutons J’aime ou Se connecter avec Facebook« ).  Ainsi, non seulement les membres de Facebook (ayant donc adhéré aux Règles) sont espionnés même quand ils ne sont pas connectés au réseau social, mais également les non-membres du réseau, lesquels n’ont aucune raison de lire ni d’adhérer à ces règles !

En 2012, le précédant « Google +1″

Ainsi, à la page 52 du rapport de l’ICRI, les chercheurs écrivent : « 1 – Facebook suit ses utilisateurs à travers les sites, même s’ils ne font pas usage du bouton [J’aime], et même s’ils ne sont pas connectés [à Facebook] ; 2 – Le suivi par Facebook n’est pas limité aux utilisateurs de Facebook. Le « bouton J’aime », le plus populaire des plugins sociaux de Facebook est actuellement présent sur plus de 13 millions de sites couvrant presque toutes les catégories du Web dont des sites gouvernementaux et de santé.« 

Bien sûr, Facebook se défend de contrevenir aux lois européennes, et ce débat a de bonnes chances d’aboutir devant la justice. Néanmoins, si l’on ne peut que s’émouvoir de ce type d’agissement de la part d’un géant du Web, il convient de rappeler que ce n’est pas la première fois qu’il se produit : en octobre 2012, Google avait déjà été épinglé par la CNIL pour les mêmes faits : la traque des internautes visitant un site où se trouve le bouton « +1″ (également présent sur notre page).

Des solutions pour se protéger

En attendant que la justice européenne se prononce , il existe quelques solutions domestiques permettant de limiter l’hémorragie de données provoquées par ces pratiques : le téléchargement de plugins (petits programmes) gratuits sur vos navigateurs qui surveillent et bloquent ces usages. Parmi eux, Privacy Badger, Ghostery ou Disconnect, en libre accès.

Román Ikonicoff

 

 > Lire également dans les Grandes Archives de Science & Vie :

  • Web : bien protéger sa vie privée - S&V 1126, juillet 2011 – Comment rester maître de ses données personnelles, si prisées par les firmes du Net ? Un petit guide pour améliorer sa sécurité quand on surfe sur le Web.

S&V 1126 - piratage

  • Les virus ont-ils gagné ? – S&V n°1141 – 2012 – Tout a commencé en 1982, quand un informaticien a conçu un programme se propageant tout seul aux ordinateurs connectés au sien, pour impressionner ses amis… Quel est l’état du monde des virus et autres « malwares » 30 ans plus tard ?S&V1141
  • L’heure du cryptage quantique a sonné – S&V n°1155 – 2013 – L’affaire Snowden a ébranlé le monde du renseignement, et la confiance entre de supposés pays alliés qui, finalement, n’ont pas cessé de s’espionner comme dans les pires cauchemars paranoïaques de la guerre froide… La recherche de nouvelles solutions techniques, comme la cryptographie quantique, vise à résoudre ce problème.

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