Rosetta perdue dans le brouillard de la comète

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L'activité de la comète Churyumov-Gerasimenko augmente de jour en jour. Sur cette image prise en mars 2015, les particules que ses jets de glace et de poussières projettent ressemblent à des étoiles. Ce sont ces poussières qui ont désorienté les capteurs de Rosetta. Photo ESA.

L’activité de la comète Churyumov-Gerasimenko augmente de jour en jour. Sur cette image prise en mars 2015, les particules que ses jets de glace et de poussières projettent ressemblent à des étoiles. Ce sont ces poussières qui ont désorienté les capteurs de Rosetta. Photo ESA.

Il s’en est fallu d’un cheveu que Rosetta ne se perde dans la chevelure de la comète… En s’approchant de Churyumov-Gerasimenko, alors que l’activité de cette comète augmente de jour en jour, au fur et à mesure qu’elle s’approche du Soleil, la sonde européenne a connu quelques heures de dysfonctionnement qui ont beaucoup stressé ses pilotes, à Darmstadt.
C’est le 28 mars que tout a commencé. La sonde, s’approchant à une quinzaine de kilomètres seulement de la comète, s’est perdue en traversant l’un des jets de glaces et de poussières qu’elle émet. Ce sont ses capteurs stellaires qui ont cessé de fonctionner. Ces capteurs, en principe, assurent le bon positionnement de Rosetta par rapport à la Terre et au Soleil, en utilisant le canevas stellaire de la sphère céleste. Mais en traversant la chevelure de Churyumov-Gerasimenko, ce sont des milliers de particules de glace qui se sont invitées dans le champ de ces instruments, qui ne savaient plus discriminer les étoiles dans ce poudroiement cosmique. Une journée durant, les ingénieurs européens ont constaté que la sonde ne s’orientait plus convenablement par rapport à la Terre, et le contact avec Rosetta a été perdu…

Cette image de la comète Churyumov-Gerasimenko a été prise par la sonde européenne Rosetta alors que la comète se trouvait à 320 millions de kilomètres du Soleil. Elle sera à seulement 186 millions de kilomètres en août prochain et recevra près de quatre fois plus de chaleur de notre étoile. Photo ESA.

Cette image de la comète Churyumov-Gerasimenko a été prise par la sonde européenne Rosetta alors que la comète se trouvait à 320 millions de kilomètres du Soleil. Elle sera à seulement 186 millions de kilomètres en août prochain et recevra près de quatre fois plus de chaleur de notre étoile. Photo ESA.

La sonde européenne s’est alors mise automatiquement en mode automatique de sauvegarde et s’est éloignée de Churyumov-Gerasimenko. Une fois atteinte la distance respectable de 75 kilomètres, les deux capteurs se sont remis à fonctionner et tout est rentré dans l’ordre. Apparemment, la sonde n’a pas souffert du sablage de ses panneaux solaires par les poussières de la comète, elle se remet actuellement de ses émotions à 400 kilomètres de distance.
Rosetta va reprendre son étude scientifique de la comète, en redescendant sur une orbite plus raisonnable, à 100 kilomètres de sa surface. Les images que la sonde va prendre de la comète, de plus en plus chaude et active, vont probablement être très impressionnantes dans les mois qui viennent, et Rosetta va sans doute commencer à découvrir des changements dans le paysage de ce petit monde glacé. L’activité de la comète va culminer au cœur de l’été, son passage au plus près du Soleil étant prévu pour le 13 août 2015, à 186 millions de kilomètres seulement, la comète se trouvant encore, au 5 avril 2015, à 290 millions de kilomètres.
Serge Brunier