Fumer fait perdre des chromosomes Y

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La cigarette provoque une mutation génétique chez les hommes qui s'attaque au chromosome Y. / Ph. mamengomez via Flickr - CC BY 2.0

La cigarette provoque une mutation génétique chez les hommes, qui s’attaque au chromosome Y. / Ph. mamengomez via Flickr – CC BY 2.0

Les hommes qui fument ont trois fois plus de chances de voir leur chromosome Y disparaître de leurs cellules sanguines. Et cette disparition n’entraîne rien de bon : elle serait le signe que le cancer guette.

C’est la conclusion surprenante d’une vaste analyse menée sur 6000 hommes par des chercheurs suédois, épaulés par des britanniques et des américains et publiée dans la revue Science. Dans les cellules sanguines de ces hommes, l’équipe, dirigée par Jan Dumanski (université d’Uppsala), a recherché la présence du chromosome Y, cette portion d’ADN présente uniquement chez le sexe masculin (les mâles des mammifères ont un X et un Y, tandis que les femelles ont deux chromosomes X). Résultat : les fumeurs ont trois fois plus de cellules sanguines sans plus aucun chromosome Y que les non fumeurs !

Pourquoi le chromosome Y, le plus petit de tout le patrimoine génétique de notre espèce – avec quelques dizaines de gènes seulement – intéresse-t-il particulièrement les généticiens ? C’est qu’il ne sert pas seulement à déterminer le sexe et à réguler la production de sperme : il jouerait aussi un rôle dans la survenue de certains cancers. Un rôle qui reste encore mal compris. Ces dernières années, il a été découvert que le Y a tendance à disparaître chez certains hommes au cours de leur vie, sans que l’on sache comment ni pourquoi.

La perte du chromosome Y est associée à un risque accru de développer un cancer

Ce que l’on sait, c’est que cette mutation génétique acquise est parmi les plus communes chez les hommes. Et les preuves s’accumulent pour la mettre en lien avec la tendance accrue des hommes (par rapport aux femmes) à développer un cancer et à en mourir. En particulier, la disparition du Y est associée à un risque plus élevé de développer des cancers non hématologiques, autrement dit tous les cancers sauf les leucémies (cancers des cellules sanguines) et les lymphomes (cancers des cellules immunitaires).

A présent, cette nouvelle étude suédoise fait ressortir un lien entre la fumée de tabac, un cancérigène notoire, et le rétrécissement du chromosome Y, et ce avec un effet dose-réponse : à savoir que plus la personne fume, plus le chromosome Y a des chances de rétrécir. Mais le plus étonnant est peut-être que les chercheurs ont observé le retour des chromosomes Y chez des hommes ayant arrêté la cigarette !

Pour l’instant, impossible de dire si c’est la perte des gènes du chromosome Y qui favorise directement le développement des cancers, ou si la disparition de cette portion d’ADN n’est autre qu’un marqueur des dégâts procurés aux gènes par le tabac. Il reste que c’est la première fois que la disparition du chromosome Y est mise en relation avec un facteur de risque évitable tel que le tabagisme.

Fiorenza Gracci

 

> Lire aussi dans les Grandes Archives de S&V :

S&V1163

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S&V 1076 dépendance

 

 

Le géant de la vente en ligne Amazon fait appel à 15 000 robots pour affronter le « rush » de Noël

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Les immenses entrepôts de la firme Amazon font appel a une armada de robots (Ph. Scott Lewis via Flikr CC BY 2.0)

Les immenses entrepôts de la firme Amazon font appel a une armada de robots (Ph. Scott Lewis via Flikr CC BY 2.0)

Le géant du Web commercial Amazon a annoncé avoir mis en service 15 000 robots dans ses entrepôts afin de pouvoir honorer les 426 commandes par seconde passées durant la période de Noël et Nouvel an (chiffres de 2013). Ces robots sont répartis sur 10 de ses 50 sites aux États-Unis, et ne concernent pas a priori ses nombreux entrepôts en Europe (dont plusieurs en France). En proportion, cela représente plus de 10% de son effectif total (132 600 employés humains).

Par ailleurs, son entrepôt de Californie s’est doté d’un gigantesque bras robotisé nommé Robo-Stow (Robo-déchargeur), le plus grand jamais construit, capable de déplacer sur plusieurs niveaux des palettes entières d’un poids inférieur à 1,2 tonnes – ce qui fait beaucoup de livres, CD, peluches et autres commandes au Père Noël. Grâce à tous ces robots et à des systèmes de reconnaissance d’image, il ne faut pas plus de 30 minutes, selon Amazon, pour décharger chaque palette arrivant à l’entrepôt…

Des robots dont l’intelligence collective dépasse de loin celle des humains

Cette suite superlative de chiffres donne une idée de la robotisation en cours du secteur tertiaire (produits et services), liée à l’exigence de diminution des coûts de logistique. Car contrairement aux robots industriels « classiques », déjà présents dans les grandes industries, le système de robots d’Amazon – nommé Kiva – est pour ainsi dire le maître des lieux : dans ses énormes hangars d’une surface équivalente à plusieurs stades de football (par exemple, celui du Nord-Pas-de-Calais fait 100 000 m²), c’est ce système issu de l’Intelligence artificielle, champion de l’optimisation logistique, qui gère en temps réel les flux et le stockage-destockage de plusieurs millions d’objets entreposés… par-delà toute compréhension humaine.

De fait aucune intelligence autre que l’artificielle n’est capable d’optimiser ni même d’appréhender un système à plusieurs millions de variables (les objets) et de paramètres (la position dans l’entrepôt, les délais de la commande, le processus de « packaging », etc.) se modifiant chaque seconde. Si bien que les employés humains se retrouvent à exécuter des taches ponctuelles sans aucune vision globale ni compréhension du sens de leur acte .

Un « éloignement cognitif » entre acte et sens – bien supérieur à ce que le travail à la chaîne classique pouvait provoquer – que de nombreux psychologues et spécialistes du travail (cogniticiens et ergonomes) pointent comme un facteur jusque-là méconnu de malaise. L’emprise progressive des technologies numériques et de l’Intelligence artificielle dans le monde du travail étant incontestable, ces spécialistes s’interrogent aujourd’hui sur la manière de garder l’homme « dans la boucle » non pas au sens physique mais cognitif et psychologique.

Román Ikonicoff

 

> Lire également dans le site des Grandes Archives de Science & Vie :

  • Robots : leur intelligence dépasse déjà la nôtre – S&V n°1166 – 2014 – Peu à peu et sans grandes vagues, l’intelligence artificielle et la robotique sont sorties de l’échec relatif des années 1980 pour finir par devenir des acteurs essentiels dans nos activités. Ils nous dépassent déjà.

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  • Bourse : les ordinateurs ont pris le pouvoir – S&V n°1149 – 2013 – Les programmes issus de l’Intelligence artificielle font mieux et plus vite que nous, parfois jusqu’à l’absurde, comme le montre l’exemple des programmes-trader qui ont fait plonger la Bourse.

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  • Robot : tu ne tueras point ! – S&V n°1133 – 2012 – Les robots font ce qu’on leur dit de faire. Mais ils n’ont aucune éthique ! Dans la perspective d’une arrivée massive de ces machines dans l’espace public et privé, les chercheurs tentent de les doter d’une morale, à l’aide de programmes inspirés par des principes philosophiques.

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Science&Vie présente sa nouvelle croisière lecteurs « L’Islande : terre de feu et de glace »

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Science & Vie a le plaisir de vous présenter sa nouvelle croisière lecteurs « l’Islande : Terre de feu & de glace » qui se déroulera en Méditerranée du 20 juin au 4 juillet 2015.


Au programme de cette croisière exceptionnelle :

DES CONFÉRENCES PASSIONNANTES :

  • Hervé Leyrit*, vulcanologue et docteur en géologie vous dévoilera « La vie d’un volcan, entre construction et destruction » ainsi que « La Terre active : que risquons nous ? » séisme, éruption volcanique, tsunami, peut-on
    prévoir ces phénomènes et leurs conséquences ?
  • Michel Tognini*, astronaute, nous contera l’historique des vols habités et la gestion des missions spatiales.
  • Yves Lancelot*, océanographe, abordera la naissance de l’Atlantique et la circulation océanique.
  • Et d’autres conférences et moments d’échanges en compagnie de Michel Chevalet, votre maître de cérémonie et de Matthieu Villiers, directeur de la rédaction de Science & Vie, à découvrir dans la brochure.

UN ITINÉRAIRE SPECTACULAIRE : Magie de l’Islande, secrètes Îles Féroé et les fougueuses Îles Shetland !

DES EXCURSIONS SPÉCIALES Science & Vie conçues sur mesure vous seront également proposées !

Vous souhaitez en savoir plus ?

Vous pouvez découvrir tout le programme en exclusivité en cliquant ICI

Pour réserver ou pour toutes questions complémentaires : 01 41 33 57 57* (Du lundi au vendredi de 8h à 19h et le samedi de 9h à 19h (prix d’un appel local). L’équipe de Science & Vie Croisières est également à votre disposition à l’adresse : voyages@mondadori.fr pour tout complément d’informations.

En espérant vous retrouver à bord.

L’équipe de Science & Vie Voyages

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    prévoir ces phénomènes et leurs conséquences ?
  • Michel Tognini*, astronaute, nous contera l’historique des vols habités et la gestion des missions spatiales.
  • Yves Lancelot*, océanographe, abordera la naissance de l’Atlantique et la circulation océanique.
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La sonde Hayabusa-2 est partie vers l’astéroïde 1999 JU3

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Vue d'artiste du rendez-vous entre Hayabusa-2 et 1999 JU3

Vue d’artiste du rendez-vous entre Hayabusa-2 et 1999 JU3 (JAXA)

Après plusieurs reports, c’est finalement aujourd’hui à 13H22 (heure locale, soit 05H22 en France) que le Japon a mis en orbite sa nouvelle sonde Hayabusa-2 en vue de l’exploration de l’astéroïde (162173) 1999 JU3. La rencontre est prévue aux alentours de juillet 2018, puis la sonde devrait rentrer sur Terre avec des échantillons en décembre 2020. Elle reprend donc le défi déjà remporté par sa sœur ainée, Hayabusa, entre 2003 et 2010.

Décollage du lanceur avec Hayabusa-2 depuis le Tanegashima Space Center

Hayabusa avait réussi, après moult péripéties et plus de deux ans de retard, à prélever des échantillons de l’astéroïde Itokawa et à les ramener sur Terre. C’était la première fois qu’un vaisseau humain se posait sur un astéroïde et y redécollait pour revenir sur Terre. Et puisque la mission a été finalement un succès, le Japon a décidé de recommencer, mais avec une réplique grandement améliorée de l’ancienne sonde et sur un astéroïde de nature un peu différente que la première.

Hayabusa-2 part en quête des origines du Système solaire

De fait Hayabusa-2, 600 kg dont 100 d’ergols, embarque avec elle plusieurs joyaux de technologie : 1) trois petits rovers Minerva (A, 1B et 2) de 1,5 kg chacun et munis de caméras et de thermomètres ; 2) un atterrisseur de 10 kg nommé MASCOT (Mobile Asteroid surface SCOuT) de facture Franco-Allemande, et 3) un impacteur de 18 kg, SCI (Small Carry-on Impactor) muni d’un projectile de 2 kg. La sonde elle-même est riche en appareillages, dont un imageur multibande (caméra et capteur), un spectromètre proche-infrarouge, un imageur thermique infrarouge et un altimètre laser LIDAR. Elle est propulsée par 4 moteurs ioniques au xénon et 12 propulseurs chimiques brûlant de l’hydrazine pour les corrections de trajectoire.

Son objectif : étudier l’astéroïde 1999 JU3, un géocroiseur (son orbite croise celle de la Terre) comme Itokawa, sous toutes les coutures, de loin, de près et de l’intérieur, avec le défi de ramener sur Terre des poussières de son sous-sol. Car l’astéroïde n’est pas vraiment comme Itokawa : ce dernier est un agglomérat rocheux dit « lâche » de 500 mètres de diamètre composé principalement de fer, magnésium et silicates (SiO2).  1999 JU3 est approximativement deux fois plus grand (1 km de diamètre), plus massif, et il est du type chondrite carbonée : il contient des composés organiques (chaines carbonées) et sa composition est proche, pense-t-on, de celle du nuage proto-solaire ayant conduit à la formation du Système solaire. Si la mission réussit, les astronomes auront entre les mains des poussières de cet antique nuage, qui leur permettra d’affiner le modèle de la formation du Système solaire. Mais l’aspect scientifique de la mission passe derrière le défi technique d’une complexité inédite.

Scénario de la mission de la sonde (en anglais) selon l'Agence spatiale japonaise (JAXA)

Scénario de la mission de la sonde (en anglais) selon l’Agence spatiale japonaise (JAXA)

Car le programme de la sonde est très chargé : il s’agit de se mettre en orbite autour de l’astéroïde pour observer et sonder optiquement sa surface, puis de lâcher le rover Minerva2 et l’atterrisseur MASCOT pour inspecter et analyser sa surface (MASCOT est semblable à l’atterrisseur Philae). Ces derniers détermineront le meilleur point d’impact pour l’impacteur SCI (muni d’une masse de 2 kg qui sera accélérée à 2 km/s grâce à une charge explosive). C’est alors que la sonde en orbite tentera une approche pour récolter les poussières éjectées lors de l’impact. Puis Hayabusa-2 quittera l’orbite de l’astéroïde fin 2019 et larguera sa capsule, avec les précieux échantillons, aux abords de la Terre en décembre 2020.

Quand l'impacteur aura projeté son xxxxx, Hayabusa tentera de glaner quelques poussières éjectées (JAXA)

Quand le projectile de l’impacteur aura percé le sol de 1999 JU3, Hayabusa tentera de glaner quelques poussières éjectées (JAXA)

Román Ikonicoff

 

> Lire également dans les Grandes Archives de Science & Vie :

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Le satellite Planck commence à dévoiler les origines de l’Univers

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Une portion du cel de la Voie Lactée cartographiée par Planck à l'aide la lumière polarisée. Les couleurs tracent l’émission thermique de la poussière alors que les reliefs dessinent le champ magnétique galactique. / Ph. © ESA- collaboration Planck, mise en relief par Marc-Antoine Miville-Deschenes.

Une portion du cel de la Voie Lactée cartographiée par Planck à l’aide la lumière polarisée. Les couleurs tracent l’émission thermique de la poussière alors que les reliefs dessinent le champ magnétique galactique. / Ph. © ESA- collaboration Planck, mise en relief par Marc-Antoine Miville-Deschenes.

Les résultats du satellite européen Planck vont être dévoilés dans les jours qui viennent. C’est la dernière étape d’une quête qui dure depuis vingt-cinq ans. La recherche des origines de l’Univers, qui forme tout un domaine de la physique appelé Cosmologie, a mobilisé des générations d’engins spatiaux : le satellite COBE (1989), les ballons-sonde BOOMERanG (1997) et Archeops (2001), la sonde WMAP (2001) et plus récemment le télescope Bicep2 (mis en oeuvre en 2010). Le satellite Planck (lancé en 2009), qui embarque un télescope spatial, est le plus précis d’entre eux.

Tous ont été braqués sur le ciel, à la recherche d’indices provenant d’un moment clé de l’histoire de l’Univers, environ 380 000 ans après le big bang, ce moment où l’Univers s’est refroidi à moins de 3000 degrés. Il est alors devenu transparent : le bouillon opaque de particules qui le formaient s’est un peu calmé, les premiers atomes se sont formés, et les photons (particules de lumière) ont été libérés dans toutes les directions.

Ces photons flottent encore dans l’Univers tout entier, formant ce qu’on appelle le rayonnement cosmologique « fossile », des ondes qui recèlent des informations fondamentales sur l’état de la matière à son origine. Pour les capter, il faut cependant des instruments ultrasensibles.

Le satellite Planck, de l’Agence spatiale européenne (ESA), est l’outil le plus performant jamais conçu pour cette tâche. Lancé en 2009 par une fusée Ariane, il a passé quatre ans à recueillir des données sur le fonds cosmologique. Il avait livré en 2013 une première carte du rayonnement de fond de l’Univers, permettant de donner un âge précis à notre cosmos : 13 milliards et 819 millions d’années.

Planck pourrait dissiper les doutes des astrophysiciens

Mais on en attend beaucoup plus de lui. Des éclairages sur les neutrinos, sur la matière noire, sur la composition de l’Univers… Et plus que tout, qu’il dissipe les doutes sur une question qui a agité les astrophysiciens en 2014 : les ondes gravitationnelles primordiales. Un tollé s’était déclenché en mars dernier, lorsque les chercheurs travaillant sur le télescope terrestre Bicep2 avaient annoncé avoir vu pour la première fois ces ondes et à travers elles l’état du cosmos une fraction de seconde (10 puissance -38 seconde) après le big bang.

Or, quelques semaines plus tard, on a appris que cette observation pourrait être une fausse alerte : une partie au moins du signal capté par Bicep2 provient non pas du big bang… mais de poussières de notre galaxie ! Planck sera-t-il assez performant pour écarter le signal de ces poussières et mesurer le vrai signal émis par les ondes gravitationnelles ? Et, graal des graal, pourra-t-il donner quelques indices – si minimes soient-ils – sur « l’avant-big bang », comme nous le suggérions à la Une de Science&Vie en mars 2012 ?

Depuis l’an dernier, un escadron de physiciens répartis sur toute l’Europe analyse les données recueillies par les instruments de Planck. Les résultats seront dévoilés durant tout le mois de décembre. Science &Vie les décryptera pour vous dans ses numéros à venir.

Fiorenza Gracci

> Lire aussi dans les Grandes Archives de S&V :

S&V 1160 - On a vu le big bang

S&V 1134 Les premiers signes de l'au-delà

  • Qu’y avait-il avant le Big Bang ? – S&V n°1054. Remonter le temps avant le big bang : ce rêve d’astrophysicien n’est plus impossible grâce aux fabuleux télescopes spatiaux tels WMAP.

S&V 1054 Avant le Big Bang

  • Où sont les limites de l’Univers ? – S&V n°1009. Le tout dernier outil d’observation spatiale, Archeops, est français. Les astronomes repoussent de plus en plus le limites des connaissances sur l’Univers, une quête datant de l’origine de l’Homme lui-même.

S&V 1009 limites de l'univers

  • La carte des origines – S&V n°993. Une carte partielle des origines de l’Univers a été livrée par le ballon-sonde Boomerang en 2000.

S&V 993 La carte des origines

 

 

 

Pourquoi les cheminées à foyer ouvert vont être interdites à Paris

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Les cheminées à foyer ouvert, fortement émetteuses de particules fines, seront interdites en agglomération parisienne à partir du 1er janvier 2015. / Ph. Alkarex via Flickr CC BY SA 2.0

Les cheminées à foyer ouvert, fortement émetteuses de particules fines, seront interdites en agglomération parisienne à partir du 1er janvier 2015. / Ph. Alkarex via Flickr CC BY SA 2.0

Les habitants de l’agglomération parisienne n’ont plus qu’un mois pour finir de brûler leur réserve de bûches. A partir du 1er janvier 2015 en effet, les cheminées à foyer ouvert seront interdites dans 435 communes (voir ici la liste complète) entourant la capitale, suite à un arrêté préfectoral approuvé en mars 2013 qui vise à lutter contre la pollution de l’air aux particules fines.

Une mesure controversée, l’impact des cheminées de bois sur la qualité de l’air n’étant pas admis comme significatif par les associations de consommateurs.

Quelles cheminées seront interdites exactement ?

Dans la ville de Paris, toutes les cheminées à bois seront interdites, alors que dans les autres communes concernées, elles pourront être dotées d’un insert. Il s’agit d’une vitre encadrée placée devant le foyer qui rend bien plus performante la combustion du bois et limite du même coup la production de particules fines. Celles-ci sont 8 fois moins nombreuses en présence d’un insert performant, pour une même quantité d’énergie produite.

Il est également recommandé de remplacer les vieux équipements par des neufs, qu’il s’agisse de cheminées ou de poêles, et de choisir ceux dotés du label Flamme vert 5 étoiles, car il garantit le maximum de performance environnementale.

Dans les autres communes d’Île-de-France, point d’interdiction : seules les recommandations s’appliquent. A noter cependant : les cheminées de bois n’étaient déjà plus autorisées depuis 2007 qu’à des fins d’agrément (pour le plaisir) ou pour le chauffage d’appoint, et ce dans toute l’Île-de-France.

Quel sera l’impact d’une telle mesure ?

Tout d’abord, il faut savoir que le chauffage au bois ne couvre que 4 % des besoins de chauffage des logements d’Île-de-France, mais il émet 90 % du total de particules fines ! C’est donc clairement un mode de production d’énergie très polluant pour l’air.

Ainsi, l’interdiction, qui concernera 87 % de la population francilienne (concentrée sur 24 % du territoire), devrait avoir un impact bénéfique immédiat sur l’air qu’elle respire.

Mais combien exactement ? Une polémique s’est déclenchée ces derniers mois entre la Direction régionale et interdépartementale de l’environnement et de l’énergie d’Île-de-France (Diree-IF) et l’UFC-Que choisir : l’organisation de défense des consommateurs accuse la première de présenter de faux chiffres pour justifier l’interdiction des cheminées de bois.

En effet, la Diree-IF affirme dans son document d’information du public (PDF) justifiant l’interdiction des cheminées que le chauffage au bois représente 23 % des émissions de particules fines PM10 en Île-de-France, autant que le trafic routier.

Quelle est la part du chauffage au bois dans les émissions de particules ?

Or, ces chiffres sont à remettre en perspective. En effet, l’étude qui fait autorité dans ce cas est celle d’Airparif, l’agence francilienne de surveillance de la qualité de l’air. Menée entre 2009 et 2011, elle a permis de quantifier avec précision l’origine des particules fines présentes en région parisienne.

Il en ressort que 68 % des particules polluant l’air ne sont pas produites localement, mais proviennent, selon la direction des vents, soit du nord-est de l’Europe (Belgique et Allemagne), soit du sud-ouest de l’Hexagone.

L'origine des particules en Île-de-France selon l'étude d'Airparif. / Ph.  © Airparif

L’origine des particules en Île-de-France selon l’étude d’Airparif. / Ph. © Airparif

Au sein de la fraction de particules émise localement (32 % du total), le chauffage au bois produit presque autant de particule fines que le trafic : 7 % et 8 % du total respectivement. Ainsi, le trafic et le chauffage au bois sont chacun responsables d’un quart environ des émissions de particules produites sur place, en Île-de-France.

La situation change le long des axes routiers : là, 44 % des particules présentes dans l’air proviennent des véhicules (dont 90 % des moteurs à diesel), et la part produite par le chauffage au bois n’est plus que de 4 %.

Pour rappel, les particules fines abrègent en moyenne l’espérance de vie d’un francilien de 6 mois. Elles sont responsables de maladies pulmonaires comme l’asthme et sont classées comme cancérigènes certains. Pas étonnant lorsque l’on sait qu’elles se faufilent entre les parois des cellules pulmonaires et circulent dans le sang de ceux qui les respirent.

Fiorenza Gracci

 

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S&V1135

S&V 1124 particules fines