Le ciel du mois de janvier 2015

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Ciel janvier 2015Elle se cache, extraordinairement difficile à voir, auprès de la plus brillante étoile du ciel… Sirius B, appelée aussi « le compagnon de Sirius » est noyée dans la radiance de Sirius, qui brille dans le ciel d’hiver, plein sud, entre 22 h et 2 h du matin. Sirius et Sirius B se trouvent à 8,6 années-lumière de la Terre. L’éblouissante étoile est, en réalité, vingt cinq fois plus brillante que le Soleil, quant à Sirius B, elle est dix mille fois moins lumineuse ! Pas étonnant, dès lors, que cette discrète compagne de Sirius n’ait été découverte qu’en  1862… Mais surtout, Sirius B est la toute première naine blanche, c’est à dire le vestige d’une étoile morte, refroidissant lentement, à avoir été découverte.

L'étoile naine blanche Sirius B, en bas et à gauche de cette photographie prise par le télescope spatial Hubble, est dix mille fois moins lumineuse que son éclatante voisine, Sirius. Photo Nasa/ESA/STSCI.

L’étoile naine blanche Sirius B, en bas et à gauche de cette photographie prise par le télescope spatial Hubble, est dix mille fois moins lumineuse que son éclatante voisine, Sirius. Photo Nasa/ESA/STSCI.

Extraordinairement dense, dénuée de réactions thermonucléaires, elle a la masse du Soleil, mais comprimée dans le volume de la Terre… Observer Sirius B est très difficile, mais comme son orbite de cinquante ans autour de Sirius est elliptique, elle s’en écarte régulièrement pour devenir visible dans un instrument d’amateur… C’est le cas actuellement. Depuis quelques années, Sirius B s’éloigne progressivement de Sirius, et elle est observable, sous un bon ciel, dénué de turbulence atmosphérique, dans un télescope de 300 mm de diamètre, grossissant 600 x à 800 x. Jusqu’en 2025, l’écart entre les deux étoiles va augmenter encore, la naine blanche devenant chaque hiver de plus en plus facile à voir…

Serge Brunier

Respirer des particules fines pendant la grossesse accroît les risques d’autisme chez le bébé

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La pollution aux particules PM2,5 est due au chauffage, aux industries et aux transports. /  Ph. Eric Huybrechts via Flickr - CC BY SA 2.0

La pollution aux particules PM2,5 est due au chauffage, aux industries et aux transports. / Ph. Eric Huybrechts via Flickr – CC BY SA 2.0

Voilà une raison supplémentaire de s’inquiéter de la pollution aux particules : de nouvelles preuves les mettent en cause dans la survenue de l’autisme, alors qu’elles sont déjà associées à l’asthme, aux maladies cardiovasculaires et à certains cancers.

D’après une étude menée sur l’ensemble du territoire des États-Unis, les femmes enceintes les plus exposées aux particules fines (PM2,5, de taille inférieure à 2,5 microns) ont 2 fois plus de chances d’avoir un enfant qui deviendra autiste par rapport aux femmes les moins exposées.

Les chercheurs ont chiffré ce risque : ils ont calculé que chaque augmentation de 4,4 microgrammes par mètre cube de particules fines dans l’air respiré durant la grossesse entraîne une hausse de 57 % du risque d’autisme chez le fœtus.

Pour ce faire, ils ont comparé l’air respiré avant, pendant, et après la grossesse par deux groupes de mères ayant enfanté entre 1990 et 2002 : 245 d’entre elles ont eu un enfant qui a développé un trouble du spectre autistique par la suite, tandis que 1522 ont eu un enfant sain. Connaissant leur adresse de résidence, les chercheurs ont obtenu la concentration des particules à laquelle elles étaient exposées grâce au système étasunien de monitoring de la pollution de l’air, qui modélise l’ensemble du territoire.

Leurs résultats, publiés dans la revue Environmental Health Perspectives, montrent que la période sensible pour la santé du fœtus est les neuf mois de grossesse, en particulier le troisième trimestre, et non pas la période qui les précède ou qui les suit. A noter que si les particules PM2,5 avaient un effet marqué, les PM10 n’étaient associées qu’à une très faible hausse du risque d’autisme.

En juin dernier, une étude similaire avait, quant à elle, trouvé un lien entre l’exposition à l’épandage de pesticides durant la grossesse et la survenue de l’autisme.

Pourquoi les particules fines sont-elles dangereuses ?

Tout comme de nombreux pesticides, les particules fines renferment de nombreuses substances toxiques, dont des composés carbonés organiques et des hydrocarbures aromatiques polycycliques, qui interfèrent avec le développement du système nerveux. Il existe également des preuves qu’elles perturbent le système immunitaire des nouveaux-nés. Ensemble, ces deux effets agissent sur la survenue de l’autisme, par des mécanismes encore très loin d’être élucidés.

Ces nouveaux résultats s’ajoutent au sombre tableau des effets négatifs des particules : asthme, maladies cardiovasculaires, cancer du poumon et autres… Note positive : en conclusion de leur article, les chercheurs soulignent que ce facteur de risque pour l’autisme est évitable. Ainsi, prendre des mesures pour éviter aux femmes enceintes de respirer des particules fines pourrait servir à lutter contre l’autisme, une pathologie en forte progression.

Les PM2,5 proviennent principalement des chaudières (44 %), suivies par les industries et les transports (moteurs à diesel catalysés) presque à égalité (8,9 % et 8,1 % respectivement).

Fiorenza Gracci.

> Lire aussi dans les Grandes Archives de S&V :

Pourquoi la toxicité des substances chimiques nous échappe - S&V 1140

S&V1135

S&V 1124 particules fines

 

 

 

Comment les perroquets s’y prennent-ils pour parler ?

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Alex, l'as du langage humain, pouvait dire plus de 100 mots (Ph. The Alex Foundation).

Alex, l’as du langage humain, a été étudié pendant plus de 30 ans (Ph. The Alex Foundation).

Il était capable de dire plus de cent mots en anglais, d’identifier des objets, de reconnaître les couleurs, les formes, les matières… Alex, un perroquet gris du Gabon, étudié trente et un ans durant (jusqu’à sa mort en 2007) par l’éthologue américaine Irene Pepperberg, était un as du langage humain. Mais il n’est pas le seul : d’autres perroquets “stars”, élevés en laboratoire et habitués très jeunes à côtoyer les humains, continuent d’épater les spécialistes du langage animal. Plus généralement, tous les perroquets (plus de 300 espèces) peuvent imiter notre langage.

Comment des volatiles sont-ils capables d’une telle prouesse, alors que les grands singes, pourtant plus proches de nous dans l’arbre de l’évolution, ne le peuvent pas ? En étudiant les plus loquaces d’entre eux, les chercheurs ont fini par découvrir leur secret : c’est l’association exceptionnelle d’une anatomie singulière et d’une organisation cérébrale unique en son genre qui les a dotés de la parole. Ou, plus exactement, d’un saisissant talent d’imitation de la voix humaine. Chez eux, c’est l’équivalent de notre larynx, la “syrinx”, située au fond de la trachée, à l’endroit où elle se divise en deux pour alimenter en air les poumons, qui permet de “pousser la chansonnette”. Elle comporte trois paires de muscles et une membrane en forme de tympan, qui vibre et produit du son au passage de l’air expiré. Les muscles, en faisant varier l’étranglement de la syrinx, mettent la membrane en tension, ce qui module la fréquence et l’amplitude des sons émis. Mais ce n’est pas tout.

Langue souple et larynx de gourmet

Les perroquets possèdent aussi une langue souple, épaisse et molle, dont la morphologie rappelle celle des humains. Elle se meut horizontalement, verticalement et d’avant en arrière, ce qui lui permet de modifier finement l’amplitude des sons. L’ouverture du bec, enfin, indépendante de la position de la langue, intervient également. Avant de leur offrir la parole, cette anatomie subtile leur sert surtout à se nourrir en “gourmets”.

Car ces oiseaux parleurs ingèrent de petites portions, en utilisant avec habilité bec, langue et larynx (situé, celui-ci, en haut de la trachée) pour faire passer leurs mets dans l’œsophage. Selon certains scientifiques, cette dextérité acquise pour avaler pourrait ensuite s’être muée en capacité à moduler les sons. En effet, “cette suite d’attributs particuliers permet aux perroquets de produire une grande variété de vocalises”, confie Dalila Bovet, au laboratoire d’Ethologie et cognition comparées de l’université Paris-Ouest Nanterre La Défense. Une variété qui dépasse le registre inné : si de très nombreux oiseaux savent produire des chants d’une grande complexité, ils ne peuvent élaborer des sons n’appartenant pas à leur espèce. Les perroquets savent, eux, s’approprier toutes sortes de sons… dont ceux du langage humain.

Un talent d’imitation qui passe, outre une anatomie adaptée, par sept noyaux cérébraux, présents chez les passereaux et les colibris, mais connectés d’une manière spécifique chez les perroquets. C’est grâce à ces structures cérébrales que ces volatiles apprennent à reconnaître puis imiter un son ou un mot, et à l’associer à une action. Un perroquet peut ainsi dire “bonjour” quand quelqu’un entre dans la pièce où il se trouve. Ou, comme Alex, répondre à des questions simples, d’un ou plusieurs mots choisis, de façon pertinente, parmi plusieurs dizaines dans son lexique. Voire exprimer ses préférences. Quand on présentait au célèbre perroquet une noix alors qu’il venait de dire “Wanna banana” (“je veux une banane”), il s’en saisissait… et la jetait aux chercheurs !

M. S.