Peut-il exister sur Terre un silence absolu ?

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Le design particulier des chambres anéchoïques leur permet d'absorber les sons (ph. Paul Robinson

Le design particulier des chambres anéchoïques leur permet d’absorber les sons (ph. Paul Robinson via Flickr CC BY 2.0)

Il y a deux endroits sur Terre où le silence est maximal : ce sont les chambres anéchoïques, ou “sourdes”, des laboratoires de recherche en acoustique américains de la Nasa et d’Orfield Labs, cette dernière détenant le record du monde du silence homologué par le Livre Guinness des records depuis 2005.

Concrètement, le niveau de son résiduel (quand la chambre est vide) atteint - 9,4 décibels, soit 300 fois moins qu’une chambre normale. Tapissées de matériaux poreux absorbants, de mousses de polymère et de fibres de verre, ces chambres absorbent 99,99 % des sons émis par la source sans quasiment aucun écho. Elles sont utilisées pour tester la résistance au silence des astronautes ou le niveau sonore de certains appareils.

Une isolation sonore qui n’est pas sans risque pour la santé

Selon Steven Orfield, le record de résistance d’une personne dans sa chambre est de 45 min avant les hallucinations et l’évanouissement : “ Vous n’avez plus de repères, il vous manque les indices perceptifs qui vous permettent de vous équilibrer et de manœuvrer. Si vous restez une demi-heure, vous devez être dans un fauteuil. 

R. I.

 

Ils veulent créer une Intelligence artificielle qui recouvre toute la Toile

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Représentation "géographique" d'une immense collection de données (Ph. Marius B via Flickr CC BY 2.0)

Traitement « géographique » d’une immense collection de données (Ph. Marius B via Flickr CC BY 2.0)

Une startup de San Francisco vient de lever 143 millions de dollars pour son projet de créer un unique système d’Intelligence artificielle réparti sur les grandes bases de données et microprocesseurs de la Toile, qui gérerait les données enregistrées et celles qui s’y emmagasinent constamment. Une sorte de gigantesque SIRI (le système d’aide vocal de l’iPhone) pouvant aider tous les secteurs professionnels à résoudre, en temps réel, des problèmes concrets en proposant des solutions pertinentes.

Concrètement, il s’agit de développer un système basé sur deux technologies IA bien connues : celle du réseau de neurones profonds, soit des petits programmes interconnectés capable d’apprendre à repérer des structures invariantes dans un flux de données désorganises, et celle des algorithmes évolutionnistes, des programmes qui appliquent quelques règles inspirées par la théorie de l’évolution et le principe de sélection naturelle pour optimiser leurs calculs (lire le S&V n°1159).

Une IA qui gère des zettaoctets (10^21) d’informations passées et présentes stockées sur la Toile

L’idée centrale de la startup Sentient Technologies est d’adjoindre à ces technologies le principe de « distribution massive ». D’une part, il s’agit d’injecter des programmes de réseaux de neurones dans les millions de microprocesseurs des grands centres de stockage et traitement des données de la Toile – les « fermes » de serveurs de Google, Amazone, Tata communications, Facebook, etc. – pour que ceux-ci filtrent les informations pertinentes liés à une requête. D’autre part, de disposer d’un algorithme évolutionniste centralisé qui recueille les réponses des millions de programmes distribués, et en extrait les plus pertinentes à l’aide d’un processus de « sélection » qui confronte ces réponses entre elles comme s’il s’agissait d’une concurrence entre individus.

Si tout ceci se base sur des technologies connues, l’ampleur et l’objectif du projet, qui allie IA et « Big Data », est inédit. Il serait d’une grande utilité dans les domaines de la santé, la finance, la sécurité, la médecine, la recherche scientifique, l’énergie, etc. (lire le S&V n°1138). De fait, une  expérimentation à petite échelle est menée par la startup avec l’aide de chercheurs du Laboratoire d’informatique et intelligence artificielle du célèbre M.I.T. consistant à anticiper le risque de septicémie (ou sepsis) chez 6000 patients hospitalisés, en analysant en temps réel leur pression artérielle (marqueur possible d’un début de sepsis).

Certains, comme le physicien Stephen Hawking, craignent un scénario à la Terminator.

Le projet est à la mesure de la montagne d’informations déjà emmagasinées dans les serveurs de la Toile : quelque 10 zettaoctets, soit 10^22 octets ou encore 10 trilliards d’octets, répartis entre serveurs publics et ouverts et serveurs privés (avec lesquels la startup négocie au cas par cas). Le financement déjà obtenu par Sentient révèle le sérieux de l’affaire. Mais c’est un projet qui pourrait aussi choquer certains, comme le cosmologiste Stephen Hawking, lequel depuis quelques mois tire la sonnette d’alarme sur le risque d’une prise de pouvoir des machines intelligentes sur l’humanité – hypothèse mise en scène dans la saga Terminator. Cela aggravé peut-être par les déclarations des fondateurs de Sentient affirmant que leur travail vise à terme à donner une conscience à leur système… dans un avenir indéterminé.

Remarquons tout de même que pour l’heure aucun de ces systèmes, qui procèdent surtout à des calculs statistiques, ne donne le moindre signe d’appréhender le sens des données qu’il manipule. A moins d’inventer un nouveau type d’IA, la conscience, la volonté et l’intention (de nuire, notamment) reste le monopole des humains. Et selon les spécialistes du domaine, le seul risque réel aujourd’hui est de se faire embarquer dans des décisions absurdes aux conséquences dramatiques par ces systèmes aveugles au sens de ce qu’ils manient (Lire le S&V n°1149).

Román Ikonicoff

 

 > Lire également dans les Grandes Archives de Science & Vie :

  • Google, le nouvel Einstein – S&V n°1138 – 2012 – Depuis une dizaine d’années, la plupart des données qui circulent dans la Toile sont conservées dans les serveurs des grandes firmes d’internet. Grâce à cela, nous possédons une mémoire détaillée des activités humaines et des évènements passés et présents… que les scientifiques exploitent pour pister des épidémies, découvrir de nouvelles lois, soigner des maladies. La science des Big Data est en route. 1138
  • Robots : leur intelligence dépasse déjà la nôtre – S&V n°1166 – 2014 – Peu à peu et sans grandes vagues, l’intelligence artificielle et la robotique sont sorties de l’échec relatif des années 1980 pour finir par devenir des acteurs essentiels dans nos activités. Ils nous dépassent déjà.

1166

  • Bourse : les ordinateurs ont pris le pouvoir – S&V n°1149 – 2013 – Les programmes issus de l’Intelligence artificielle font mieux et plus vite que nous, parfois jusqu’à l’absurde, comme le montre l’exemple des programmes-trader qui ont fait plonger la Bourse.

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  • Robot : tu ne tueras point ! – S&V n°1133 – 2012 – Les robots font ce qu’on leur dit de faire. Mais ils n’ont aucune éthique ! Dans la perspective d’une arrivée massive de ces machines dans l’espace public et privé, les chercheurs tentent de les doter d’une morale, à l’aide de programmes inspirés par des principes philosophiques.

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