Philae : son forage de la comète a échoué, mais il n’a pas dit son dernier mot

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La dernière image de la comète "Tchouri", ce 7 décembre 2014. / Ph. ESA/Rosetta/NAVCAM – CC BY-SA IGO 3.0

La dernière image de la comète « Tchouri », ce 7 décembre 2014. / Ph. ESA/Rosetta/NAVCAM – CC BY-SA IGO 3.0

Un mois après son atterrissage sur la comète « Tchouri », l’atterrisseur Philae fait reparler de lui. Les analyses de son outil de forage indiquent qu’il n’a pas réussi à analyser le sol de la comète sur laquelle la sonde Rosetta l’avait délicatement déposé le 12 novembre. Mais ce n’est pas un raté définitif…

Se poser sur une caillou orbitant à 500 millions de kilomètres de la Terre pour la première fois dans l’histoire a été un exploit indéniable, mais les astrophysiciens en attendent davantage de Philae. Fleuron de l’Agence spatiale européenne, il est équipé de 16 instruments de mesure sophistiqués, qui doivent livrer des données précieuses sur la composition de la comète, afin d’enrichir les connaissances sur la formation du Système solaire.

Ces données voyagent via la connexion radio relayée par Rosetta et atteignent la Terre 28 minutes plus tard, puis suivent des semaines d’analyse par les laboratoires, avant la publication des résultats.

Mais une rumeur a circulé cette semaine avant une vraie annonce par les scientifiques : l’outil de forage n’aurait pas réussi à prélever un échantillon du sol cométaire. Impossible donc d’en analyser le contenu, ce qui était pourtant l’une de ses missions principales.

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Schéma de Philae avec tous ses instruments de mesure. / Ph. ©ESA/ATG medialab.

Le foret (outil SD2, piloté par une équipe du Polytechnique de Milan) devait prélever un échantillon de matière de la comète et le déposer dans un four en forme de godet (outil COSAC, piloté par une équipe de l’Institut Max Planck à Katlenburg-Lindau, en Allemagne). Là, sa composition chimique devait être révélée par un spectromètre de masse couplé à un chromatographe en phase gazeuse.

La tentative d’analyser le sol de Tchouri n’est que reportée pour Philae

Or, dès le 12 novembre, on soupçonnait déjà que cette opération de forage allait être difficile. L’atterrissage sur Tchouri a en effet pris une tournure imprévue, et il semble que le petit engin se soit retrouvé coincé le long d’une paroi rocheuse, avec un pied vers le haut, penché par rapport au sol. Des conditions qui ne lui facilitent pas la tâche.

Philippe Gaudon, chef de projet de la mission Rosetta au CNES, confirme : « soit le foret n’a pas réussi à atteindre le sol, du fait de la position inclinée, soit il a réussi à forer, mais il n’a pas déposé une quantité suffisante de matière dans le four ». Sur la comète règne en effet une gravité très faible (microgravité), et l’échantillon de matière s’est peut-être tout simplement envolé au lieu de tomber à l’endroit prévu.

Mais le dernier mot n’est pas dit : « Philae pourrait très bien réussir un deuxième forage ! » Les responsables de l’opération pourraient ruser en pivotant la plate-forme qui soutient l’outil, afin qu’il surplombe un point où le sol est plus proche. Pour ce faire, ils attendent impatiemment de connaître plus précisément la position de l’engin sur la comète. Une mission qui incombe à OSIRIS, la caméra de la sonde Rosetta, qui survole toujours la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko.

« J’espère tous les jours avoir du nouveau de l’équipe d’OSIRIS« , confie Philippe Gaudon. De la position de Philae dépend aussi la quantité de soleil qu’il reçoit et qui sert à alimenter sa batterie, pour le réveiller de son sommeil : il reste donc à espérer qu’elle sera suffisante pour tenter un deuxième forage dans quelques mois.

Fiorenza Gracci

> Lire aussi dans les Grandes Archives de S&V :

  • Exploit de Rosetta. Et pourtant rien ne s’est passé comme prévu — Les soixante-cinq heures de l’atterrissage sur la comète, racontées comme si vous y étiez — S&V n°1168 (en kiosques le 17 décembre).

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  • Rosetta enfin à l’abordage — Tout sur le parcours de Rosetta, les défis qu’a relevés cette mission, ses objectifs scientifiques, et les réponses qu’on attend des comètes… —S&V n°1164.

S&V 1164 Rosetta

  • Les dix énigmes du Système solaire – Spirit, Opportunity, Solar B, Venus Express… Rosetta est loin d’âtre seule. Les sondes envoyées par l’homme doivent dissiper les derniers mystères de notre système solaire… — S&V n°1066.

S&V 1066 couv

  • Rosetta part se poser sur une comète – La mission Rosetta se prépare. A l’époque, la sonde visait la comète Wirtanen, mais le lancement a été repoussé, et la comète Tchoury chosie à la place. — S&V n°1024.

S&V 1024 Rosetta

 

 

 

 

 

Depuis 2000, le paludisme est deux fois moins meurtrier

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Distribution de moustiquaires imprégnées d'insecticides en république démocratique du Congo. Elles sont fondamentales pour protéger des piqûres. / Ph. ixtla via Flickr - CC BY SA 2.0

Distribution de moustiquaires imprégnées d’insecticides en république démocratique du Congo. Elles sont fondamentales pour protéger des piqûres. / Ph. ixtla via Flickr – CC BY SA 2.0

Bonne nouvelle pour les pays du Sud : le paludisme est en recul. Depuis l’an 2000, le nombre de décès dans le monde a chuté de 48 % et les infections de 26 %, annonce l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans son rapport annuel sur cette maladie. Extrêmement meurtrière, elle est répandue dans les zones tropicales de la planète entière, exposant 3,2 milliards de personnes à un risque de contamination.

On doit ces avancées aux mesures de prévention, de dépistage et de traitement mises en place dans toutes les zones touchées, grâce à une hausse des financements publics et privés. Ainsi, la lutte au paludisme a brassé 2,7 milliards de dollars en 2013 (2,2 milliards d’euros), trois fois plus qu’en 2005 !

Ces fonds on permis aux pays touchés par la maladie de distribuer des centaines de millions de moustiquaires imprégnées d’insecticides, de tests de diagnostic rapide, et des traitements médicamenteux ACT (combinaison thérapeutiques à base d’arthémisine) capables de soigner le paludisme.

Encore 200 millions de nouveaux malades de paludisme l’année dernière

En 2013, on estime que 200 millions de personnes sont tombées malades (les estimations vont de 124 à 283 millions), contaminées par une piqûre de moustique du genre Anophele porteur du parasite Plasmodium. Une fois dans le sang, ce protozoaire infecte le foie, provoquant de très fortes fièvres et des maux de tête, souvent fatals pour les enfants et les femmes enceintes.

Résultat : l’année dernière, le « palu » a emporté 584 000 vies (de 367 000 à 755 000). Parmi elles, 78 % étaient des enfants de moins de 5 ans, et 90 % vivaient en Afrique. Fait positif cependant, la lutte contre la maladie a permis d’éviter 4,1 millions de décès depuis 2001, d’après l’OMS.

L’objectif des Nations unies, fixé à l’orée du nouveau millénaire, était de maîtriser l’épidémie à l’horizon 2015. Sommes-nous en passe d’y arriver ? Pas tout à fait, affirme la directrice générale de l’OMS Margareth Chan, malgré des avancées considérables.

Un accès aux moustiquaires et aux soins encore très inégal

En effet, malgré les progrès, l’accès au soin est encore très disparate selon les régions, surtout parmi les populations à faibles revenus. 278 millions de personnes à risque vivent encore sans moustiquaire imprégnée capable de les protéger des piqûres, 15 millions de femmes enceintes ne reçoivent pas de médicament capable de prévenir l’infection, et quelque 60 millions d’enfants malades ne sont pas soignés à l’aide des médicaments ACT.

Autre inquiétude majeure : en Asie du sud-est, les parasites deviennent de plus en plus résistants aux médicaments antipaludéens.

Pour maîtriser la maladie, l’OMS estime qu’il faudrait encore doubler les fonds consacrés à la lutte : soit un total de 5,1 milliards de dollars (4,1 milliards d’euros) par an.

Fiorenza Gracci

> Lire aussi dans les Grandes Archives de S&V :

  • Trouver le vaccin contre le paludisme – Grand espoir de la recherche médicale depuis toujours, la recherche d’un vaccin immunisant contre le plasmodium a pris un tournant majeur en 2012. – S&V n°1132.

S&V 1132 vaccin palu

  • Les moustiques enfin inoffensifs ? – Paludisme, dengue, chikungunya… en dehors des vaccins et des traitements, une parade originale à ces fléaux consiste à stériliser leurs vecteurs : les moustiques. – S&V n°1124

S&V 1124 dengue

  • Moustiques : la grande menaceAedes albopictus, Anophele gambiae, Culex quinquefasciatus… Pourquoi et comment ces créatures se répandent, semant des virus mortels à des endroits autrefois épargnés. – S&V n°1065

S&V 1065 moustiques