L’air du métro est-il plus pollué que celui de la rue ?

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Dans le métro parisien. / Ph. MPhotographe CC BY-ND 2.0, via Flickr

Dans le métro parisien. / Ph. MPhotographe CC BY-ND 2.0, via Flickr

La réponse est sans ambiguïté : que ce soit à Paris, Toulouse, Lyon ou Rennes, partout l’air du métro est plus pollué que celui de la rue ! Pour une bonne raison, qui tient en un mot : les particules. Car les mesures sont unanimes : les concentrations de particules en suspension dans l’air (les aérosols) y sont toujours 2 à 10 fois plus fortes qu’à l’extérieur !

Ces concentrations diffèrent d’un réseau à l’autre, mais aussi, pour un même réseau, d’une station à une autre. Elles varient également dans le temps, atteignant des maximums aux heures de pointe. La taille du réseau, le type de matériel roulant, l’efficacité de la ventilation, la fréquentation et la localisation des stations sont autant de paramètres qui influent sur la quantité de particules dans l’air ambiant.

PICS EN HEURE DE POINTE

En clair, il s’agit d’une pollution endémique issue de l’exploitation même du métro : les particules sont produites par le frottement de pièces mécaniques les unes contre les autres, qui use petit à petit les roues, les rails, les patins d’alimentation ou encore, et surtout, les plaquettes de freins.

A ces aérosols fraîchement produits viennent aussi s’ajouter les poussières plus anciennes qui tapissent le métro partout où le personnel de nettoyage ne passe pas le chiffon et qui sont remises en suspension dans l’air par le déplacement des trains ou des usagers. Ainsi, plus la circulation des rames est importante, la fréquentation du métro élevée, et plus les niveaux de pollution enregistrés grimpent.

Conséquence : si l’on devait appliquer à l’air des métros les normes en vigueur pour l’air extérieur, bien peu d’entre eux pourraient se targuer de respecter les seuils réglementaires. Si les réseaux de transport souterrain les moins pollués sont généralement les plus petits et les moins fréquentés, la concentration de particules dépend également de l’âge du matériel roulant.

En effet, les générations de trains les plus récentes sont équipées de systèmes utilisant le moteur électrique pour ralentir les rames en lieu et place du freinage mécanique qui produit un très grand nombre de particules. Dans ces conditions, rien d’étonnant qu’avec ses 16 lignes, ses 213 kilomètres de voies, ses millions de voyageurs par jour et son matériel vieillissant, le métro parisien se voie décerner le titre de métro le plus pollueur et le plus pollué de France.

UNE POLLUTION TENACE

Dans la capitale, les concentrations peuvent dépasser, sur une heure, 1 000 microgrammes/m3 dans les stations de certaines lignes, notamment des lignes RER A et B, alors que dans la rue, même lorsque le trafic routier est à son apogée, ces concentrations atteignent 100 à 200 microgrammes/m3 (le seuil d’alerte en France se situant à 80 microgrammes/m3 pour les PM10).

Une pollution bien difficile à éliminer puisque, jusqu’à aujourd’hui, ni le chaulage, technique qui consiste à badigeonner les voies de chaux pour empêcher, lors du passage des rames, la remise en suspension des particules déposées au sol, ni le dépoussiérage de l’air grâce à un véritable train aspirateur, n’ont permis de venir à bout de toute cette crasse.

Ajoutons, pour compléter ce noir tableau, que la plupart des polluants que l’on trouve dans nos villes (oxydes d’azote et dioxyde de soufre notamment) se retrouvent également dans les tunnels du métro puisque l’air que nous y respirons provient, bien évidemment, de l’extérieur.

 


TOXIQUES POUR NOTRE ADN

Toxiques, les particules du métro ? Oui, répond Hanna Karlsson, épidémiologiste à l’Institut Karolinska (Suède). En 2005, elle a montré que, mises en contact direct avec des cellules pulmonaires humaines, ces particules étaient 8 fois plus génotoxiques (toxiques pour l’ADN) que les particules polluant l’air de nos villes et 4 fois plus susceptibles de causer un stress oxydatif aux cellules du poumon. Des résultats confirmés in vivo par l’étude de Michel Aubier, pneumologue et chef de service à l’hôpital Bichat (Paris).

En 2007, il a fait respirer à des rats et des souris l’air provenant du métro parisien. Résultat : le même effet génotoxique et inflammatoire que lors des tests in vitro d’Hanna Karlsson. Cependant, l’unique test sur l’homme réalisé en 2008 à l’Institut Karolinska n’a rien montré  d’inquiétant. Les études épidémiologiques sur les personnels de la RATP sont encore en cours. A suivre…


 

"Les cures de détox et de revitalisation sont la base de la naturopathie"

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Qu’est-ce que la naturopathie et quelle place y occupe l’alimentation ?

La naturopathie est la troisième médecine traditionnelle dans le monde selon l’OMS et parmi  les 10 techniques qu’elle utilise (exercices physiques, plantes, hydrologie, respirations…), l’alimentation y occupe la première place ! Le grand principe de la naturopathie est d’aider l’organisme à conserver et retrouver son équilibre par lui-même et le premier soutien à lui apporter est une alimentation de vie. Nos sols appauvris et les aliments industriels avec leurs cortèges de pesticides, additifs conservateurs et cuissons à haute température, font qu’il n’a jamais été aussi important de faire attention à son alimentation pour notre santé physique et psychique.

Si vous deviez donner un seul conseil à nos lecteurs sur leur alimentation…

Je conseille d’augmenter largement la part d’aliments végétaux et crus – pour les vitamines, minéraux, enzymes et phytonutriments qu’ils renferment – mais le plus important reste de manger de vrais aliments, non modifiés, non traités et non transformés. Ainsi un végétarien qui se nourrit d’aliments industriels aura un régime moins sain et vitalisant qu’un non végétarien qui mange frais et bio. Enfin, l’idéal serait pour chacun une approche individualisée : un excès de fruits apportera trop de sucre et d’acidité à certains, d’autres devront éviter les algues ou les choux selon leur état thyroïdien ou certains les laitages pour soulager leurs articulations…

En quoi consistent les cures de détoxication en naturopathie ?

Elles aident l’organisme à retrouver son équilibre et ses forces de réparation et sont réservées aux personnes avec suffisamment de vitalité pour se débarrasser des toxines accumulées. Lors de ces cures, c’est essentiellement la mise au repos digestive qui prime même si on peut également la compléter par certains exercices physiques, ou des techniques de respiration, de la réflexologie ou encore certaines plantes drainantes. A l’issue d’une cure détox, tout l’organisme est relancé et les nutriments sont mieux assimilés par les cellules. On en ressort avec une nouvelle vitalité physique et psychique et une bien meilleure résistance aux stress. On retrouve cette notion de nettoyage dans de nombreuses traditions comme dans la religion catholique avec le carême ou le jeûne du vendredi. Après l’hiver, le corps a tout simplement besoin de s’alléger et suivre ce besoin naturel c’est aussi s’accorder avec la saison.

Quelles sont les cures de printemps que vous conseillez ?

Tout d’abord, le premier principe est de consommer des aliments de saison. On ne fait pas une cure de raisins au printemps par exemple. Si les aliments arrivent à une certaine saison, c’est pour une raison particulière ! Au printemps, les cures de jus de légumes sont particulièrement adaptées et combinent l’avantage d’apporter beaucoup de vitamines et nutriments, donc de l’énergie, tout en mettant l’organisme au repos. Cette cure est proche d’un jeûne en ce qui concerne le repos digestif tout en rechargeant et reminéralisant l’organisme. De plus, les légumes sous forme de jus sont plus assimilables et conviennent à tout le monde, car les fibres sont éliminées et n’irritent alors pas les intestins sensibles. Ils ont également très alcalinisants et permettent de réduire l’excès d’acidité de notre corps, sources d’inflammation, de déminéralisation et indirectement de nervosité.

Vous évoquez également les cures de cerises …

A la fin du printemps, une cure de cerises sur un repas voire une journée de temps en temps est tout à fait salutaire. Diurétique, désacidifiante, elle permet de drainer tous les émonctoires (les organes chargés d’éliminer nos toxines). En revanche, je ne la conseillerai pas aux personnes ayant les intestins sensibles, pas plus qu’à un diabétique ou à quelqu’un qui souffre du cancer ou d’une candidose car elle est ultra sucrée. De plus il ne faut pas la suivre trop longtemps. Une journée est suffisante ou encore quelques demi-cures (une partie de la journée).

 

> Cures détox, mode d’emploi :

Tout d’abord partez du principe qu’un petit peu est toujours mieux que rien ! Une journée ou un ou deux soirs par semaine suffit : plus longtemps, il faut être suivi car les effets secondaires doivent être encadrés (migraines, fatigue…). Une pratique régulière (le même jour durant plusieurs semaines) est bien plus efficace et permets au corps de s’habituer à faire le ménage. L’avantage de ces monodiètes est que l’on peut manger à volonté et autant de fois que l’on veut (cinq ou six repas par jour). Au printemps, la cure de jus de légumes est la plus adaptée et convient à tout le monde. Idéalement on peut investir dans un extracteur à jus et sinon s’orienter vers les jus de légumes bio du commerce, bien qu’un peu trop sucrés (betteraves, carottes…). On peut aussi opter pour des soupes de légumes crues ou cuites assaisonnés avec de l’ail, du tamari, des épices et des herbes et liées avec de l’avocat par exemple.

Exemple de jus Détox (avec un extracteur à jus) : 2 à 3 carottes, 1 petite betterave, 1 fenouil, 2 branches de céleri, 1 pomme et 1 morceau de gingembre frais.

 

> Retrouvez notre dossier “La santé dans votre assiette” dans le numéro 3583 de La Vie, disponible dès mercredi 30 avril en version numérique et en kiosque.

 

 

Elisabeth Marshall, rédactrice en chef de La Vie, est l’invitée expert de La Quotidienne de France 5, le mercredi 30 avril à 11h45. Le dossier du jour est consacré à « La santé dans mon assiette » dans une émission spéciale en partenariat avec La Vie.

Retrouvez
La Quotidienne sur France 5, du lundi au vendredi à 12h »

"L’alimentation est notre première médecine"

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Maladie d’Alzheimer, cancer, diabète, problèmes cardiovasculaires… Ces maladies de civilisation pourraient être largement évitées en changeant notre alimentation explique le Dr Béliveau, rappelant le célèbre adage d’Hippocrate, il y a près de 2500 ans : « Que ton aliment soit ta seule médecine. » Au sein du laboratoire de médecine moléculaire qu’il dirige, le professeur canadien explore avec son équipe depuis plus de 30 ans les molécules des aliments et leurs vertus anticancer.

Les recherches sur les aliments santé proviennent en grande partie des États-Unis ou du Canada. Comment expliquez-vous cela ?

L’épidémie de l’obésité et la crise de la malbouffe nous ont touchés bien avant vous et les coûts et impacts sont si conséquents sur notre société qu’ils obligent les politiques à réagir, à l’exemple de Mme Obama qui en a fait un enjeu majeur de sa communication de première dame. Dans des régions comme le Mississippi, on compte jusqu’à 88% d’obésité ! Au Canada, c’est désormais la moitié du budget de l’État qui doit être consacré à la santé. On assiste à une rupture de la transmission des connaissances culinaires entre mères et filles. Aujourd’hui, la ménagère américaine connaît moins de huit recettes de cuisine. Ce désert culinaire a été comblé par l’industrie agroalimentaire et la vague d’épidémies de santé dues à la malbouffe rejoint l’Europe et même la France. Des bastions comme la Crète ou l’île d’Okinawa, des modèles de l’alimentation saine, sont désormais touchés : la culture des pizzas et des crackers a ainsi envahi l’île japonaise des centenaires au contact des bases américaines qui y sont installées.

Peut-on se soigner avec l’alimentation ?

On n’a pas testé à ce jour d’aliments au cours de maladies comme on le ferait avec des médicaments. Il faudrait avoir recours aux mêmes méthodes d’évaluation avec le même ordre de coûts (300 à 400 millions d’euros pour la mise sur le marché d’un médicament). Il y a peu de chance qu’un producteur de brocolis rentabilise son investissement… En revanche, dans le domaine de la prévention, on sait, grâce à des cohortes d’études populationnelles menées sur des dizaines de milliers de personnes que certains aliments réduisent les risques de maladies ou augmentent la survie suite à une maladie grave. En cardiologie, par exemple, un centre à Montréal suit les patients victimes d’infarctus : on les fait bouger et on les oriente vers le régime méditerranéen, réduisant ainsi leur risque de mortalité de 30%. Idéalement, suite à un cancer, on devrait se voir « prescrire » un régime anticancer… On sait, par exemple, que trois portions hebdomadaires de choux et de brocolis augmentent la survie de 60% chez les personnes ayant été touchées par un cancer de la vessie.

Vous dites qu’il n’est jamais trop tard pour changer son alimentation…

Tout à fait. De nombreuses études l’ont montré : même après 65 ans si l’on introduit du thé vert ou des polyphénols alimentaires (fruits rouges, chocolat, agrumes, vin rouge, pommes, oignons…), on constate un effet de protection et de réduction du déclin cognitif notamment. Un seul aliment peut à lui seul inverser très positivement les paramètres de santé. Ainsi, une cuillère à soupe par jour de graines de lin moulues permet de baisser de 50 % les marqueurs moléculaires de l’inflammation, ceci en seulement un à deux mois.

Maladies cardiovasculaires, cancer, diabète de type 2, maladie d’Alzheimer : en quoi ces maladies seraient causées par l’alimentation ?

Elles ont comme dénominateur commun l’inflammation chronique qui crée un environnement propice à leur développement. Notre alimentation est devenue pro-inflammatoire en modifiant les équilibres entre oméga 6 et oméga 3 : aujourd’hui, on compte six fois plus d’oméga 6 dans nos assiettes que d’oméga 3 alors que leurs apports devraient être équivalents. Le sirop de maïs et l’huile de maïs largement utilisés par les industriels contribuent à cette prévalence des oméga 6 pro-inflammatoires. Pour comprendre l’impact sur le cancer, je donne souvent l’image d’une graine : conservée au frigo, elle ne pousse pas, mise en terre à la lumière avec de l’eau, elle grandit. C’est pareil pour les gènes du cancer : l’inflammation leur permet de s’exprimer. De manière simpliste il faut comprendre que lorsqu’on est gras, on est « inflammé » via les adipocytes notamment. Or, l’obésité, l’hypertension et le cholestérol – des maladies liées à l’excès de mauvaises graisses – augmentent de 600 % le risque de maladie d’Alzheimer et de déclin cognitif.

Vous appelez finalement chacun à prendre en main sa santé…

Chacun d’entre nous est responsable de sa santé et de celle de ses enfants. Arrêtons de penser que nos maux ne sont dus qu’à la malchance, à la pollution ou à la génétique ! C’est notre alimentation et notre façon de vivre qui modulent nos prédispositions et la majorité des centenaires doivent leur longévité à leur mode de vie plus qu’à la chance ou à l’hérédité. Pour preuve, les enfants adoptés ont les mêmes taux de cancer que leurs parents adoptifs ! Enfin, bien ou mal manger n’est pas qu’une question de revenus mais surtout le fait de la désinformation et des campagnes de publicité massives des industriels qui dépensent chaque année des milliards en publicité et lobbying.

 

> Retrouvez notre dossier “La santé dans votre assiette” dans le numéro 3583 de La Vie, disponible dès mercredi 30 avril en version numérique et en kiosque.

 

 

Elisabeth Marshall, rédactrice en chef de La Vie, est l’invitée expert de La Quotidienne de France 5, le mercredi 30 avril à 11h45. Le dossier du jour est consacré à « La santé dans mon assiette » dans une émission spéciale en partenariat avec La Vie.

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A quoi tient la grosseur d’une goutte de pluie ?

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La taille de la goutte d'eau est limitée par sa propre force de cohésion. A l’intérieur de la goutte, des molécules d’eau s’attirent entre elles, créant la force de cohésion de la goutte d'eau. Mais cette force est plus faible que la gravité ou la friction que la goutte peut subir : sa cohésion ne sera plus suffisante à la maintenir unie au-delà d’une taille de 6 mm. / Image : S&V

La taille de la goutte d’eau est limitée par sa propre force de cohésion. A l’intérieur de la goutte, des molécules d’eau s’attirent entre elles, créant la force de cohésion de la goutte d’eau. Mais cette force est plus faible que la gravité ou la friction que la goutte peut subir : sa cohésion ne sera plus suffisante à la maintenir unie au-delà d’une taille de 6 mm. / Image : S&V

La taille d’une goutte d’eau dépend de la façon dont elle est formée et des différentes forces physiques qui vont s’appliquer sur elle. En altitude, les gouttes d’eau apparaissent après condensation de la vapeur d’eau au sein des nuages. Elles grossissent par coalescence, un phénomène physique au cours duquel les gouttes, entraînées par les mouvements verticaux de l’air, se percutent et s’agglomèrent les unes aux autres.

Dans les nuages de faible altitude (jusqu’à 2 000 m), comme les stratus bas qui engendrent de la bruine, les turbulences atmosphériques restent faibles, ce qui limite la coalescence. Résultat, les gouttes de pluie sont très petites, avec un diamètre de 0,2 à 0,5 millimètre.

En revanche, dans les nuages d’altitude moyenne (entre 2 000 et 5 000 m), générateurs de véritable pluie, où les turbulences sont plus amples, les gouttes ont un diamètre de 1 à 3 mm… et peuvent atteindre 6 mm, la taille maximale des gouttes dans les nuages !

Au-delà de 6 mm, elles explosent

Cette taille est aussi la plus grande que puisse avoir durablement une goutte au moment de sa chute. “Et pour cause, explique Anne-Laure Biance, du Laboratoire de physique de la matière condensée et nanostructures de Lyon, lorsqu’elle tombe, la goutte, sphérique au départ grâce à la force de tension superficielle qui s’applique sur elle, est soumise à une autre puissance : la force ‘de friction’, due aux frottements avec l’air, qui la déforme.

Si une goutte dépasse 6 mm de diamètre, après agglomération par exemple de deux grosses gouttes, la force de friction devient rapidement supérieure à la force de tension superficielle. Conséquence, l’air aplatit la base de la goutte, s’y engouffre, la gonfle comme une bulle, et celle-ci explose en petits fragments de différentes tailles. S’ils sont encore trop gros, ces derniers subissent le même sort jusqu’à atteindre 6 mm.

Sur Terre aussi, les gouttes ne peuvent pas dépasser 6 mm de diamètre : au-delà, elles sont aplaties par la gravité et deviennent une flaque. Mais dans l’espace, où il n’existe pas de gravité, les chercheurs ont pu observer des gouttes géantes… de plusieurs dizaines de centimètres !

Quant aux gouttes formées à partir d’une seringue ou d’une pipette, leur taille dépend notamment du diamètre de l’orifice de la seringue ou de la pipette. Elles peuvent alors atteindre 9 mm (c’est aussi la taille d’une goutte qui tombe d’un plafond !). Cependant, lors de leur chute, ces grosses gouttes seront déformées par le frottement de l’air, et elles aussi se fragmenteront en gouttes plus petites.

"L’alimentation est notre première médecine"

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Maladie d’Alzheimer, cancer, diabète, problèmes cardiovasculaires… Ces maladies de civilisation pourraient être largement évitées en changeant notre alimentation explique le Dr Béliveau, rappelant le célèbre adage d’Hippocrate, il y a près de 2500 ans : « Que ton aliment soit ta seule médecine. » Au sein du laboratoire de médecine moléculaire qu’il dirige, le professeur canadien explore avec son équipe depuis plus de 30 ans les molécules des aliments et leurs vertus anticancer.

Les recherches sur les aliments santé proviennent en grande partie des États-Unis ou du Canada. Comment expliquez-vous cela ?

L’épidémie de l’obésité et la crise de la malbouffe nous ont touchés bien avant vous et les coûts et impacts sont si conséquents sur notre société qu’ils obligent les politiques à réagir, à l’exemple de Mme Obama qui en a fait un enjeu majeur de sa communication de première dame. Dans des régions comme le Mississippi, on compte jusqu’à 88% d’obésité ! Au Canada, c’est désormais la moitié du budget de l’État qui doit être consacré à la santé. On assiste à une rupture de la transmission des connaissances culinaires entre mères et filles. Aujourd’hui, la ménagère américaine connaît moins de huit recettes de cuisine. Ce désert culinaire a été comblé par l’industrie agroalimentaire et la vague d’épidémies de santé dues à la malbouffe rejoint l’Europe et même la France. Des bastions comme la Crète ou l’île d’Okinawa, des modèles de l’alimentation saine, sont désormais touchés : la culture des pizzas et des crackers a ainsi envahi l’île japonaise des centenaires au contact des bases américaines qui y sont installées.

Peut-on se soigner avec l’alimentation ?

On n’a pas testé à ce jour d’aliments au cours de maladies comme on le ferait avec des médicaments. Il faudrait avoir recours aux mêmes méthodes d’évaluation avec le même ordre de coûts (300 à 400 millions d’euros pour la mise sur le marché d’un médicament). Il y a peu de chance qu’un producteur de brocolis rentabilise son investissement… En revanche, dans le domaine de la prévention, on sait, grâce à des cohortes d’études populationnelles menées sur des dizaines de milliers de personnes que certains aliments réduisent les risques de maladies ou augmentent la survie suite à une maladie grave. En cardiologie, par exemple, un centre à Montréal suit les patients victimes d’infarctus : on les fait bouger et on les oriente vers le régime méditerranéen, réduisant ainsi leur risque de mortalité de 30%. Idéalement, suite à un cancer, on devrait se voir « prescrire » un régime anticancer… On sait, par exemple, que trois portions hebdomadaires de choux et de brocolis augmentent la survie de 60% chez les personnes ayant été touchées par un cancer de la vessie.

Vous dites qu’il n’est jamais trop tard pour changer son alimentation…

Tout à fait. De nombreuses études l’ont montré : même après 65 ans si l’on introduit du thé vert ou des polyphénols alimentaires (fruits rouges, chocolat, agrumes, vin rouge, pommes, oignons…), on constate un effet de protection et de réduction du déclin cognitif notamment. Un seul aliment peut à lui seul inverser très positivement les paramètres de santé. Ainsi, une cuillère à soupe par jour de graines de lin moulues permet de baisser de 50 % les marqueurs moléculaires de l’inflammation, ceci en seulement un à deux mois.

Maladies cardiovasculaires, cancer, diabète de type 2, maladie d’Alzheimer : en quoi ces maladies seraient causées par l’alimentation ?

Elles ont comme dénominateur commun l’inflammation chronique qui crée un environnement propice à leur développement. Notre alimentation est devenue pro-inflammatoire en modifiant les équilibres entre oméga 6 et oméga 3 : aujourd’hui, on compte six fois plus d’oméga 6 dans nos assiettes que d’oméga 3 alors que leurs apports devraient être équivalents. Le sirop de maïs et l’huile de maïs largement utilisés par les industriels contribuent à cette prévalence des oméga 6 pro-inflammatoires. Pour comprendre l’impact sur le cancer, je donne souvent l’image d’une graine : conservée au frigo, elle ne pousse pas, mise en terre à la lumière avec de l’eau, elle grandit. C’est pareil pour les gènes du cancer : l’inflammation leur permet de s’exprimer. De manière simpliste il faut comprendre que lorsqu’on est gras, on est « inflammé » via les adipocytes notamment. Or, l’obésité, l’hypertension et le cholestérol – des maladies liées à l’excès de mauvaises graisses – augmentent de 600 % le risque de maladie d’Alzheimer et de déclin cognitif.

Vous appelez finalement chacun à prendre en main sa santé…

Chacun d’entre nous est responsable de sa santé et de celle de ses enfants. Arrêtons de penser que nos maux ne sont dus qu’à la malchance, à la pollution ou à la génétique ! C’est notre alimentation et notre façon de vivre qui modulent nos prédispositions et la majorité des centenaires doivent leur longévité à leur mode de vie plus qu’à la chance ou à l’hérédité. Pour preuve, les enfants adoptés ont les mêmes taux de cancer que leurs parents adoptifs ! Enfin, bien ou mal manger n’est pas qu’une question de revenus mais surtout le fait de la désinformation et des campagnes de publicité massives des industriels qui dépensent chaque année des milliards en publicité et lobbying.

 

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