Observez la planète Mars au plus près de la Terre

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Le télescope spatial, équipé d'un miroir de 2,4 mètres de diamètre, a été orienté vers la planète Mars le 12 mai. Des nuages voilent par endroits le grand désert martien. Photo Nasa/ESA/STSCI.

Le télescope spatial, équipé d’un miroir de 2,4 mètres de diamètre, a été orienté vers la planète Mars le 12 mai. Des nuages voilent par endroits le grand désert martien. Photo Nasa/ESA/STSCI.

Cette nuit, ou, si la météo n’est pas clémente, dans les dernières nuits de mai et les premières nuits de juin, dès la nuit tombée, cherchez, au dessus de l’horizon sud est, une étoile très brillante et orangée, à l’éclat fixe… C’est la planète rouge, au plus près de la Terre pour quelques semaines, que le ciel nous offre de contempler.
La planète bleue et la planète rouge dansent un lent et régulier ballet autour de leur étoile, au fil de leurs orbites respectives : la Terre, qui tourne en un an autour du Soleil, sur une orbite presque circulaire, Mars, qui tourne en 688 jours sur une orbite légèrement elliptique. La première est distante de 147 à 152 millions de kilomètres du Soleil, la seconde, de 206 à 249 millions de kilomètres. Au rythme de cette ronde céleste, les deux planètes se rapprochent l’une de l’autre, jusqu’à s’aligner exactement avec le Soleil, tous les 26 mois environ.
En 2016, c’est ce dimanche 22 mai que les deux astres sont en « opposition » comme disent les astronomes, à une distance de 75,2 millions de kilomètres l’un de l’autre.

La distance entre la Terre et Mars varie de 55 millions de kilomètres, lors des oppositions les plus favorables, à un peu plus de 400 millions de kilomètres, lorsque les deux planètes sont en conjonction, de part et d'autre du Soleil. Vue depuis la Terre, la planète rouge présente donc un diamètre apparent qui varie de façon spectaculaire au fil des mois. Photos Nasa/ESA/STSCI.

La distance entre la Terre et Mars varie de 55 millions de kilomètres, lors des oppositions les plus favorables, à un peu plus de 400 millions de kilomètres, lorsque les deux planètes sont en conjonction, de part et d’autre du Soleil. Vue depuis la Terre, la planète rouge présente donc un diamètre apparent qui varie de façon spectaculaire au fil des mois. Photos Nasa/ESA/STSCI.

La planète rouge se trouve actuellement dans la constellation du Scorpion, ou elle éclipse de son éclat l’étoile supergéante rouge Antarès. Antarès, la « rivale de Arès » le nom du dieu de la guerre des Grecs, le Mars des Romains, donc. Le spectacle de ce rubis dans le ciel, en pleine Voie lactée, est rehaussé par la présence, à sa gauche, de la planète Saturne, à la luminosité plus faible.
A l’œil nu, bien sûr, Mars se présente sous l’aspect d’une étoile, mais d’une étoile bien particulière : son éclat est bien supérieur à celui des plus brillantes étoiles, et surtout, il est fixe. En effet, Mars et les autres planètes visibles à l’œil nu ne scintillent pas, ou en tout cas bien moins que les véritables étoiles. La scintillation des étoiles est due à la turbulence atmosphérique, qui les fait bouger de façon erratique dans le ciel. Les planètes sont bien sûr elles aussi sujettes à la turbulence, mais, contrairement aux étoiles, elles ne sont pas ponctuelles, mais présentent un diamètre apparent. Celui-ci est toujours supérieur aux effets de la turbulence ; à l’œil nu, leur éclat demeure fixe, quand les étoiles, ponctuelles, s’agitent et scintillent…

La planète Mars photographiée le 16 mai, avec un télescope d'amateur de 250 mm de diamètre. Les principales formations martiennes apparaissent sur cette image remarquable de netteté, ainsi que des voiles de brouillard, au limbe de la planète, où se lève le Soleil. Photo Stéphane Gonzales.

La planète Mars photographiée le 16 mai, avec un télescope d’amateur de 250 mm de diamètre. Les principales formations martiennes apparaissent sur cette image remarquable de netteté, ainsi que des voiles de brouillard, au limbe de la planète, où se lève le Soleil. Photo Stéphane Gonzales.

Il faut un instrument astronomique pour percevoir quelque chose à la surface de la petite planète rouge. Une lunette grossissant 50 fois montrera bien le disque orangé de la planète, et quelques très vagues taches, mais des télescopes de 100 mm à 400 mm de diamètre, grossissant 200 x à 500 x, révéleront les principales formations martiennes, ainsi que ses nuages. La rotation de la planète sur elle-même, qui s’effectue en 24 h 37 min, peut même être suivie en l’observant pendant une heure ou deux…
Le rapprochement entre la Terre et Mars de 2016 n’est pas exceptionnel. Au fil des décennies et au rythme de l’orbite elliptique de Mars, les oppositions martiennes sont plus ou moins rapprochées.

La planète rouge, vue en région parisienne avec un télescope de 260 mm de diamètre. Les meilleurs astronomes amateurs réalisent désormais des images planétaires d'une qualité stupéfiante, comparable à celle des télescopes géants professionnels dans les années 1980, grâce à de nouvelles techniques de prise de vues. Ici, Mars est filmée à grande vitesse par une caméra spécialisée. Puis un logiciel sélectionne automatiquement les meilleures images du film et les composite. Cette technique permet de corriger les effets de la turbulence atmosphérique. Photo Gérard Thérin.

La planète rouge, vue en région parisienne avec un télescope de 260 mm de diamètre. Les meilleurs astronomes amateurs réalisent désormais des images planétaires d’une qualité stupéfiante, comparable à celles des télescopes géants professionnels dans les années 1980, grâce à de nouvelles techniques de prise de vues. Ici, Mars est filmée à grande vitesse par une caméra spécialisée. Puis un logiciel sélectionne automatiquement les meilleures images du film et les composite. Cette technique permet de corriger les effets de la turbulence atmosphérique. Photo Gérard Thérin.

En 2016, donc, Mars se trouve à 75,2 millions de kilomètres de la Terre, quelques jours durant. C’est moins que le rapprochement qui aura lieu le 27 juillet 2018, à seulement 57,7 millions de kilomètres, et qui verra l’éclat de la planète rouge surpasser celui de Jupiter, la plus grande des planètes…
Serge Brunier

Deux firmes lancent un vêtement-interface de nouvelle génération

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La veste connectée de Google et Levi's contient des fibres conductrices amalgamées aux fibres textiles. Capture d'écran (Google).

La veste connectée de Google et Levi’s contient des fibres conductrices amalgamées aux fibres textiles. Capture d’écran (Google).

Le projet avait été annoncé par Google il y a environ un an, aujourd’hui il est arrivé au stade de la commercialisation : une veste en jean de la marque Levi’s pouvant servir d’interface entre vous et votre smartphone. Il ne s’agit pas d’électrodes en métal plaquées quelque part sur la veste,  c’est un véritable tissu communicant dont les fibres, amalgamées à ceux de la célèbre toile denim (“de Nîmes”), sont tissées en même temps que les fibres de coton.

Les deux firmes lancent ainsi un galop d’essai, dont la sortie commerciale est prévue en 2017 (prix non communiqué), qui devrait servir de test pour de futures interfaces vestimentaires plus complexes…

Une interface encore assez modeste

La veste-interface, premier avatar du Project Jacquard de Google, est somme toute assez modeste : la manche gauche de celle-ci permet, moyennant un balayage vers le haut, vers le bas ou un tapotage, d’interagir avec l’app de navigation, celui de musique ou les fonctions essentielles du téléphone (appel, raccrochage).

Le bouton de manchette, lumineux, sert de signal visuel, et la connexion avec le portable se fait sans fil – les petits composants électroniques assurant cette connexion étant dissimulés dans une des doublures de la veste.

Derrière la veste-interface d’autres projets attendent

Trois gestes donc, les mêmes que ceux utilisés sur les écrans tactiles, qui ne sauraient suffire à exploiter toute la complexité du pilotage d’un smartphone, surtout quand celui-ci se fait sans voir l’écran. Mais ce n’est qu’un test grandeur nature pour savoir si “ça prend” ou pas. Après le flop des Google Glass, dont l’aspect intrusif et risqué pour la vie privée n’avaient pas été véritablement anticipés, le géant du Net avance désormais à petits pas.

Il n’empêche, Google mise assurément sur les interfaces gestuelles, au-delà du seul Project Jacquard. Il y a par exemple Soli, une puce extra-plate de quelques millimètres carrés, pouvant être insérée dans n’importe quel support numérique ou objet connecté. Elle est capable de détecter jusqu’à un mètre de distance les gestes des doigts et des mains en trois dimensions, grâce à un radar, qu’elle traduit aussitôt en commandes (déplacer le curseur, cliquer, monter le son, faire bouger un objet virtuel).

Cela prendra-t-il ?

Mais les utilisateurs sont-ils prêts à apprendre une nouvelle manière de communiquer avec les objets par des gestes, nécessairement plus complexes et variés que ceux pour les écrans tactiles et le système clavier-souri ? Une acceptation difficile à anticiper : les interfaces vocales, pourtant assez efficaces et naturelles, n’ont jamais dépassé le stade d’une utilisation “de niche”.

Surtout, ces nouvelles interfaces posent quelques problèmes : comment réagira votre smartphone lorsqu’un ami vous tapotera ou saisira par la manche de votre veste-interface pour vous parler ? Cela déclenchera-t-il un appel aussi impromptu qu’inutile ?

Écran tactile et système souri-clavier : indépassables ?

Et dans une foule (le métro, le bus, un bar, la queue d’un cinéma, etc.) : qu’arrivera-t-il à votre pauvre smartphone quand des personnes frôleront involontairement vos bras ? Appels, déclenchement d’apps, etc.

Bref, Google – et d’autres firmes plus petites travaillant sur les mêmes technologies – attend de voir si le public se saisit à pleines mains des interfaces gestuelles. L’écran tactile et le vieux système souri-clavier pourraient bien finalement représenter un optimum technologique indépassable…

–Román Ikonicoff

 

Lire également :

 

> Voir aussi dans les Grandes Archives de Science & Vie :

“Objets connectés – Vers les interfaces gestuelles ?” – S&V n°1177 – 2015 – Achetez ce numéro en ligne. Les grandes firmes de la Toile, en particulier Google, se sont lancées dans les interfaces gestuelles, afin de dépasser le stade de l’écran tactile et de la souri-clavier. Ces technologies sont séduisantes, mais seront-elles adoptées par les utilisateurs ?

Capture interfaces

S&V 1157 - impression 3D