Faut-il encore un pilote dans les avions ?

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Des drones militaires volent au-dessus de nos têtes depuis quelques années, sans pilote. Mais à quand un avion de ligne commercial commandé par un robot ? Les passagers auront-ils confiance ?


François Lassagne, rédacteur en chef adjoint du magazine Science & Vie nous explique tout, sur le plateau de Jérôme Bonaldi pour “Le Mag de la Science”.

 

 

Pour en savoir plus :

Faut-il encore un pilote dans l’avion ?, à lire dans Science & Vie n°1173, p.88.

Vous pouvez retrouver l’article dans Les Grandes Archives, ou bien acheter le numéro en ligne.

Capture pilote avion S&V

 

Pour découvrir Science & Vie TV : www.science-et-vie.tv

 

 

“Noël au balcon, Pâques au tison” : un dicton valable ?

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Quand il fait chaud l'hiver, va-t-il faire froid au printemps ? - Ph. FGornet / Flickr / CC BY SA 2.0

Quand il fait chaud l’hiver, va-t-il faire froid au printemps ? – Ph. FGornet / Flickr / CC BY SA 2.0

Ce dicton météo est sans doute le plus célèbre en France. Pour autant, il fait partie de ceux qui, essayant de prévoir à long terme, sont pour cette raison même les plus dépourvus de fondement scientifique.

En effet, la prévision déterministe, c’est-à-dire celle qui consiste à prévoir jour par jour un scénario météorologique, est soumise à une limite actuelle qui se situe aujourd’hui autour de 8 à 10 jours.

Les prévisions météo dépasseront difficilement les deux semaines

Grâce à une meilleure représentation des mouvements et transformations dans l’atmosphère et à une augmentation concomitante de la puissance des calculateurs, cette limite progressera vraisemblablement pour atteindre 15 jours, limite indépassable dans les décennies à venir.

Mais en tout état de cause, on ne pourra jamais prévoir le temps qu’il fera à Pâques (qui, en outre, est une date variable) en fonction du temps qu’il fait à Noël. En clair, s’il fait doux fin décembre (Noël au balcon), rien ne dit qu’il fera froid en avril (Pâques aux tisons). N’en déplaise aux almanachs du Moyen-Age, qui tentaient de faire rimer à défaut de savoir.

Le dicton confronté à l’épreuve des faits

Météo-France a tout de même voulu confronter ce dicton à l’épreuve des faits. René Chaboud, ingénieur météo et voix météo de Radio France pendant les années 1980-1990, a analysé une longue série de données climatologiques sur sa ville, Lyon, de 1899 à 1986, et classé toutes les configurations de temps à Noël et à Pâques.

La conclusion, livrée dans son ouvrage La météo – Questions de temps, est sans appel : la formule du dicton se produit logiquement aussi souvent que les autres combinaisons, à savoir “Noël aux tisons, Pâques au balcon”, “Noël aux tisons, Pâques aux tisons” ou encore “Noël au balcon, Pâques au balcon”.

Rigolo : dans les décennies à venir, sous l’effet du changement climatique, c’est cette dernière version qui devrait avoir le plus de probabilité d’être vérifiée…

—P.G.

D’après S&V Questions-Réponses n°14

 

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  • Des prévisions de plus en plus fiables S&V n°1066 (2006). La qualité des prévisions météo fait d’énormes progrès, grâce à de meilleurs modèles et à un maillage plus fin du territoire.

S&V 1139 - previsions meteo

 

Découverte : la plus brillante supernova jamais observée

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A 2,7 milliards d'années-lumière, une galaxie géante comptant plusieurs centaines de milliards d'étoiles brille dans le cosmos, à gauche. Cette image a été prise en 2014. A droite, en juin 2015, une supernova d'une brillance extraordinaire éclipse par son éclat la galaxie entière... Photos ASAS-SN.

A 2,7 milliards d’années-lumière, une galaxie géante comptant plusieurs centaines de milliards d’étoiles brille dans le cosmos, à gauche. Cette image a été prise en 2014. A droite, en juin 2015, une supernova d’une brillance extraordinaire éclipse par son éclat la galaxie entière… Photos ASAS-SN.

Chaque jour, dans l’ensemble de l’Univers visible, jusqu’à une distance de 13 milliards d’années-lumière, et dans l’une des quelque cent milliards de galaxies contenues dans ce volume spatio-temporel, trois millions d’étoiles disparaissent dans une gigantesque explosion, une supernova…
Ramenée à une échelle cosmique plus humaine, une grande galaxie comme la nôtre, la Voie lactée, connaît une ou deux explosions par siècle. Supernova Derrière ce terme générique se cache deux, au moins, phénomènes stellaires totalement différents.

Les supernovae de type II sont les plus simples à comprendre : les étoiles très massives, une fois l’ensemble de leur combustible nucléaire épuisé, incapables de brûler le fer qu’elles ont créées dans leur forge nucléaire, s’effondrent brutalement sur elles-même, avant d’exploser et d’ensemencer le cosmos des précieux éléments qu’elles ont synthétisées : carbone, oxygène, magnésium, silicium, etc… Sans les supernovae, nous n’existerions pas, ni l’eau de nos rivières, ni l’or de nos bijoux, ni la planète qui nous accueille.
Les supernovae de type I sont différentes : l’explosion a lieu dans un vieux couple d’étoiles. La première est une naine blanche, une ancienne étoile, dénuée de réactions nucléaires, qui s’éteint progressivement. La seconde est une géante rouge, un vieux Soleil sur le point de s’éteindre et de devenir à son tour une naine blanche. Dans ces couples serrés, la naine blanche commence à absorber la matière de sa voisine géante, jusqu’à ce que la naine blanche s’effondre sur elle-même, engendrant une explosion thermonucléaire gigantesque, dans laquelle elle est intégralement détruite.
Ces astres sont assez bien connus : les astronomes amateurs et professionnels en découvrent tous les jours ou presque.
Leur éclat est extraordinaire, puisqu’elles brillent en moyenne comme un milliard de soleils…
Mais la supernova découverte en juin 2015 dans une galaxie lointaine est totalement, radicalement différente… Tellement différente qu’elle déjoue pour l’instant les calculs des spécialistes de l’évolution stellaire. En clair, l’astre, baptisé ASASSN-15lh, est trop, beaucoup trop lumineux…
L’astre a été découvert le 14 juin 2015 à l’observatoire de Cerro Tololo, au Chili, par le réseau de surveillance ASAS-SN. Ce réseau de surveillance du ciel est constitué de simples téléobjectifs de 400 mm de focale équipés de caméras CCD et de systèmes de pointage et de transmission des données automatisés. Un matériel à la portée d’un astronome amateur.
Sauf que… Lorsque l’équipe internationale de Subo Dong a déniché la « nouvelle étoile » dans les données transmises par ASAS-SN, et mesuré sa distance, quelle surprise ! La supernova ASASSN-15lh se trouvait à 2,7 milliards d’années-lumière. Pour être observé avec un petit instrument à une telle distance, l’explosion devait être d’une invraisemblable puissance…
Et effectivement, c’est le cas. ASASSN-15lh, au moment de son maximum d’éclat, brillait plus que 500 milliards de soleils… Un chiffre extraordinaire, jamais vu : cette supernova dépasse en éclat toutes celles qui ont été découvertes jusqu’ici.
Les théoriciens ne savent pas comment expliquer une telle débauche d’énergie, et le mystère risque de demeurer entier, la supernova, trop lointaine, et qui maintenant s’éteint progressivement, étant difficile à étudier et à analyser. L’espoir des chercheurs, désormais, est qu’un tel événement, appelé parfois hypernova, se reproduise plus près de chez nous. Plus près, mais pas trop près quand même…
En effet, essayons d’imaginer un tel astre. Les astronomes disent que sa magnitude absolue – son éclat intrinsèque – était de -23,5. C’est environ mille fois plus que les supernovae « normales ».
Cela signifie que si elle avait explosé dans notre propre galaxie, cette supernova aurait profondément bouleversé l’humanité : à quinze mille années-lumière, une distance énorme, pour notre galaxie, l’astre aurait brillé comme un quartier de Lune… A 5000 années-lumière, éblouissante comme la Pleine Lune, la supernova aurait éclairé les paysages nocturnes… A cent années-lumière, le ciel nocturne aurait été bleu, sans la moindre étoile visible, et l’éclat ponctuel et métallique, de la supernova, aurait été insoutenable. A dix années-lumière, c’est à dire à la distance des plus proches étoiles, c’est un second Soleil, aveuglant, qui aurait brillé dans le ciel et aurait déséquilibré complètement le climat terrestre, mettant en danger la plupart des espèces animales et probablement aussi l’espèce humaine, tant le flux invisible de rayonnement UV, X et gamma aurait été dévastateur.
Un tel risque cosmique plane t-il sur notre planète ? En théorie, oui, c’est possible, en pratique, non. Il n’y aucune étoile supergéante à proximité immédiate de la Terre, et statistiquement, les astronomes estiment que ces « hypernovae » sont très rares : il doit en exploser une dans la Voie lactée tous les millions d’années…
Serge Brunier

Existe-t-il des oiseaux qui deviennent blancs l’hiver ?

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Un couple de lagopèdes dans leur plumage blanc d'hiver. - Ph. alaskanps / Flickr / CC BY 2.0

Un couple de lagopèdes alpins dans leur plumage blanc d’hiver. – Ph. alaskanps / Flickr / CC BY 2.0

Parmi les animaux qui muent l’hiver, leur pelage devenant entièrement blanc pour mieux se camoufler dans les neiges, certains mammifères sont bien connus : le renard arctique, le lièvre variable, l’hermine… Mais il existe aussi un genre d’oiseau, seul dans ce cas, qui se comporte ainsi : le lagopède (en photo, un lagopède alpin, Lagopus muta).

L’hiver, ce gallinacé de la famille des faisans et des tétras troque le plumage brun et gris qu’il arbore en été pour un plumage d’un blanc éblouissant. Seules les plumes rectrices de la queue restent noires ainsi que, pour les mâles, une courte ligne reliant le bec à l’œil.

Le plumage gris ou blanc du lagopède le camoufle tout au long de l’année

Cette mue hivernale s’installe progressivement à l’automne. Et lorsque tombent les premières neiges sur les Pyrénées et les Alpes, où il habite, toutes les plumes brunes et grises tombent et sont remplacées par des blanches. Ainsi camouflé, le lagopède alpin échappe à ses prédateurs (l’aigle royal et le renard) et peut se concentrer sur la recherche de bourgeons et de racines issus de la végétation rase dont il se nourrit.

Cet oiseau a fait du camouflage sa première stratégie de survie. A tel point “qu’il mue tout au long de l’année, pour suivre le rythme de la fonte des neiges”, explique Claude Novoa, chargé de recherche à l’Office national de la chasse et de la faune sauvage.

La mue est enclenchée par l’allongement de la durée du jour

Une mue induite par le changement de la durée du jour (photopériode). En avril, lorsque les journées s’allongent, une partie de ses plumes blanches poussent à la place des brunes-grises. Ce plumage bariolé se confond aux roches nues et aux neiges qui persistent. Et lorsque l’été, la neige disparaît, les plumes du lagopède deviennent presque uniformément brunes-grises.

“Son adaptation au milieu alpin est parfaite, poursuit Claude Novoa. Au cours de la dernière ère glaciaire, le lagopède occupait l’ensemble de l’Europe. Lorsque celle-ci a pris fin, il y a 10 000 ans, cet oiseau s’est retiré en Arctique. Mais des populations enclavées persistent en Écosse, en Scandinavie, au Japon, ainsi que dans les Alpes et les Pyrénées.” Un cas exemplaire d’évolution adaptative !

—Fiorenza Gracci

D’après S&V Questions-Réponses n°14

 

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Fin de l’épidémie d’Ebola : peut-elle revenir ?

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Au Libéria, une cérémonie a célébré la fin des 21 jours de quarantaine observés par les 165 personnes de l’entourage du dernier malade d’Ebola, un jeune garçon de 15 ans. – Ph. © OMS

L’épidémie est enfin vaincue. Plus aucun cas d’Ebola n’a été recensé en Afrique de l’ouest depuis 42 jours, annonce aujourd’hui l’OMS. Cela correspond à deux fois la période d’incubation du virus (21 jours), laissant espérer que la chaîne de contamination est interrompue pour de bon.

Mais l’Organisation mondiale de la santé met tout de même en garde : la vigilance est de mise car le virus pourrait ressurgir.

Ebola n’infecte plus de nouveaux malades…

Il l’a d’ailleurs déjà fait à deux reprises au Libéria, après une première annonce de la fin de l’épidémie dans le pays en mai 2015. Aujourd’hui, celle-ci semble néanmoins stoppée pour de bon, le dernier malade libérien ayant été testé négatif au virus deux fois de suite.

C’était aussi le dernier malade de toute l’Afrique de l’ouest. Les deux autres pays ravagés par l’épidémie, le Sierra Leone et la Guinée, sont officiellement libérés d’Ebola depuis novembre et décembre derniers, respectivement.

Vaincre l’épidémie, rappelle l’OMS, a demandé un travail monumental impliquant les autorités sanitaires des pays touchés, des soignants parfois héroïques, de nombreuses organisations locales et internationales, ainsi que la générosité des donateurs.

Au total, depuis le premier cas dans un village de Guinée fin 2013, ce sont 28 500 personnes que le virus de la terrible fièvre hémorragique aura touchées dans 10 pays différents : 11 300 d’entre elles ont trouvé la mort.

…mais le virus circule encore chez d’anciens patients

Pour autant, l’Afrique de l’ouest n’est pas encore totalement débarrassée du virus. De nouveaux petits foyers d’Ebola risquent de se manifester dans les mois à venir, qu’il faudra rapidement étouffer afin d’empêcher leur expansion.

Leur origine ? Le virus encore actif chez certains anciens malades. Alors qu’il tend à disparaître rapidement de l’organisme une fois qu’un patient est guéri (le laissant néanmoins avec de lourdes séquelles touchant les yeux, les oreilles et les os), il persiste dans de rares cas dans le sperme, et ce pour de nombreux mois.

Par voie de contamination sexuelle, il pourrait à nouveau se répandre la population. Les systèmes sanitaires locaux restent donc mobilisés afin de réagir le plus rapidement possible.

Ebola procède par flambées

À un horizon plus lointain, d’autres épidémies d’Ebola pourraient éclater dans les prochaines années, dans cette même région, ou ailleurs en Afrique.

La maladie, dont le réservoir naturel est constitué par des animaux sauvages comme le gorille ou la chauve-souris, procède en effet par flambées : le virus sommeille chez les animaux pendant quelques temps (généralement plusieurs années), jusqu’à ce qu’il soit transmis à une population humaine, notamment après consommation de viande de brousse mal cuite.

Seule consolation dans l’océan de destruction causé par cette dernière épidémie, la plus meurtrière de l’histoire : la recherche médicale a pu faire de grands pas en avant. Puisque le virus ne touche l’homme que lors des flambées, les laboratoires ne peuvent tester de nouveaux médicaments ou vaccins que pendant les épidémies.

Ainsi, entre 2014 et 2015, au moins 13 candidats vaccins (Janssen, GlaxoSmithKline, Merk…) étaient en phase d’essai clinique, de même que 15 thérapies médicamenteuses et 13 tests diagnostiques, résume un rapport de l’OMS. Les résultats finaux devraient arriver bientôt.

—Fiorenza Gracci

 

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Coworking : travailler où je veux, avec qui je veux

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De l’extérieur, pas de signe distinctif apparent. Ni pancarte ni logo. « Nous ne sommes installés ici que depuis le mois de mai 2015 », plaide Ludovic Arnold, le concierge de La Matrice, un espace de coworking, ou travail collaboratif, géré par l’association Kreizenn Dafar à Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor). On y accède par l’entrée de service du quotidien régional Le Télégramme, situé rue Saint-Guillaume, en plein centre-ville. En haut de l’escalier qui mène au premier étage s’ouvre un plateau d’une centaine de mètres carrés. Le premier coup d’oeil est engageant. À gauche, un petit coin cuisine avec micro-ondes, frigo, cafetière et bouilloire. À droite, un carré de fausse pelouse avec un canapé, une console en bois et une table basse colorée. « Le projet a commencé à germer…

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Partager les graines, une idée qui germe

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Vous les avez peut-être déjà aperçues au rayon jardinage d’une bibliothèque : de petites boîtes en carton nommées grainothèques dans lesquelles se trouvent des sachets de graines. Le concept est né en 2013 à l’initiative de Sébastien Wittevert, fondateur de l’association Graines de troc. Proche du mouvement Incroyables Comestibles (voir La Vie n° 3530 du 25 avril 2013), il a eu l’idée de transposer le concept aux semences. « Nous souhaitons sensibiliser les gens au retour à la terre et défendre la…

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Portables, tablettes… prenez vos distances

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Le téléphone portable dans la poche ou à la main et la tablette connectée en Wi-Fi sur les genoux, nous évoluons dans un bain de radiofréquences. Si la proximité immédiate de ces outils de communication peut sauver des vies, la liste de leurs effets sur la santé est impressionnante : impact sur le sommeil, sur la fertilité de l’homme, sur les performances cognitives… Et ce n’est pas tout. En 2011, le Centre international de recherche sur le cancer a classé les champs magnétiques de radiofréquences comme potentiellement cancérigènes chez l’humain. « Des études montreraient une corrélation entre l’usage du mobile tenu à hauteur de l’oreille et l’augmentation des tumeurs du cerveau (les gliomes) chez les gros utilisateurs », explique Olivier Merckel, chercheur, chef de l’unité d’évaluation du risque lié aux agents…

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Gravity : le Very Large Telescope passe au format XXL

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Le Very Large Telescope européen, au sommet du Cerro Paranal, est devenu une véritable icône de l'astronomie contemporaine. Il n'existe pas d'autre instrument équivalent dans le monde : quatre télescopes géants de 8,2 m de diamètre, plus quatre petits télescopes mobiles de 1,8 m de diamètre. Sous la plate forme de ce réseau se trouve le laboratoire interférométrique et l'instrument Gravity, capable d'associer les quatre petits télescopes, ou les quatre géants, pour synthétiser un immense télescope virtuel. Photo S.Brunier.

Le Very Large Telescope européen, au sommet du Cerro Paranal, est devenu une véritable icône de l’astronomie contemporaine. Il n’existe pas d’autre instrument équivalent dans le monde : quatre télescopes géants de 8,2 m de diamètre, plus quatre petits télescopes mobiles de 1,8 m de diamètre. Sous la plate forme de ce réseau se trouve le laboratoire interférométrique et l’instrument Gravity, capable d’associer les quatre petits télescopes, ou les quatre géants, pour synthétiser un immense télescope virtuel. Photo S.Brunier.

Au sommet du Cerro Paranal, en plein désert d’Atacama, le Very Large Telescope européen (VLT) observe les étoiles depuis le début du XXI e siècle : la photo est connue : sur l’immense plate forme qui a été aménagée au sommet de cette montagne de 2550 m d’altitude, quatre bâtiments presque cubiques, hauts comme des immeubles de 12 étages, abritent quatre des plus puissants télescopes du monde, chacun d’entre eux étant équipé d’un miroir de 8,2 m de diamètre. Et devant ces bâtiments impressionnants, surtout quand ils se mettent à tourner sans crier gare, quatre petites coupoles mobiles sur des rails, abritant des télescopes de 1,8 m de diamètre.
Si les quatre grands télescopes sont généralement utilisés indépendamment pour observer les astres, les quatre petits forment le VLTI : Very Large Telescope Interferometer, un interféromètre, comme son nom l’indique, c’est à dire un télescope virtuel, dessiné par les quatre petits télescopes qui le constituent et observent la même cible céleste. Le VLTI est donc un télescope géant, équipé d’un miroir virtuel dont le diamètre équivaut à la distance séparant les télescopes entre eux. Comme les petits télescopes sont mobiles, ils peuvent synthétiser, selon les besoins, un télescope de 20, 50, 100, 200 mètres de diamètre. Seul inconvénient par rapport à un miroir réel, la luminosité de l’interféromètre est limitée par la surface de ses miroirs, bien sûr, et ne peut donc pas observer des astres très faibles.
Enfin, l’interférométrie est une technique très complexe et précise, difficile et longue à mettre en œuvre…

Le nouvel instrument Gravity, installé dans le réseau sous terrain se trouvant sous les huit télescopes du système VLT. Des dizaines de miroirs et de fibres optiques amènent la lumière des étoiles, via quatre télescopes, vers Gravity, qui fusionne les quatre faisceaux lumineux. Gravity, associé au réseau VLT, peut synthétiser un télescope de 100 à 200 mètres de diamètre, capable d'offrir des images 25 fois plus précises que celles offertes par le télescope spatial Hubble. Photo ESO.

Le nouvel instrument Gravity, installé dans le réseau sous terrain se trouvant sous les huit télescopes du système VLT. Des dizaines de miroirs et de fibres optiques amènent la lumière des étoiles, via quatre télescopes, vers Gravity, qui fusionne les quatre faisceaux lumineux. Gravity, associé au réseau VLT, peut synthétiser un télescope de 100 à 200 mètres de diamètre, capable d’offrir des images 20 fois plus précises que celles offertes par le télescope spatial Hubble. Photo ESO.

Mais avec le nouvel instrument Gravity, que l’Observatoire européen austral (ESO) est en train de tester, nous allons sans doute entrer dans une nouvelle ère de l’observation astronomique. En effet, pour la première fois, en plus des quatre petits télescopes du VLTI, les astronomes vont pouvoir coupler les quatre télescopes géants ensemble !
Gravity va permettre d’observer, avec une précision jamais vue – celle offerte par un télescope de 100 à 200 mètres de diamètre ! – la surface de certaines étoiles, les jets de matière qui jaillissent des étoiles naissantes ou de certaines galaxies, et surtout, c’est sa vocation première, mesurer avec une extraordinaire précision le mouvement des astres : mouvement des étoiles au sein des couples stellaires, mouvements de certaines exoplanètes, et enfin, et surtout, mouvement des étoiles… autour du trou noir qui trône au cœur de la Voie lactée… Pour les spécialistes, la résolution du VLTI équipé de Gravity avoisinera 0.004 seconde d’arc,  soit un détail de 15 mètres à la surface de la Lune !

Première cible pour Gravity : l'étoile Théta Orionis F, située dans le Trapèze d'Orion, un célèbre groupe d'étoiles supergéantes qui illuminent la grande nébuleuse d'Orion. L'image prise par Gravity – un simple test – a permis de découvrir que l'étoile supergéante était en réalité double. La résolution, c'est à dire la capacité à discerner des détails, du Very Large Telescope équipé de Gravity est environ 25 fois meilleure que celle du télescope spatial Hubble. L'image du Trapèze d'Orion, noyé dans la nébuleuse, a été prise par le télescope Hubble. Le zoom montre l'image de l'étoile double Théta Orionis F. Photos ESO/ESA/Nasa.

Première cible pour Gravity : l’étoile Théta Orionis F, située dans le Trapèze d’Orion, un célèbre groupe d’étoiles supergéantes qui illuminent la grande nébuleuse d’Orion. L’image prise par Gravity – un simple test – a permis de découvrir que l’étoile supergéante était en réalité double. La résolution, c’est à dire la capacité à discerner des détails, du Very Large Telescope équipé de Gravity est environ 20 fois meilleure que celle du télescope spatial Hubble. L’image du Trapèze d’Orion, noyé dans la nébuleuse, a été prise par le télescope Hubble. Le zoom montre l’image de l’étoile double Théta Orionis F. Photos ESO/ESA/Nasa.

Gravity a été conçu pour cela. A 26 000 années-lumière d’ici, au cœur de notre galaxie, un trou noir géant, d’une masse égale à environ quatre millions de masses solaires, imprime par sa masse et sa densité énormes, un mouvement ultra rapide aux étoiles qui l’entourent… L’espace-temps est tellement courbé par la masse du trou noir galactique que la théorie de la relativité générale d’Einstein peut être testée directement et précisément en observant le mouvement des étoiles qui tournent follement autour de lui. L’étoile S2, par exemple, tourne en quinze ans autour du trou noir, et, lorsque son orbite elliptique approche l’astre au plus près de l’abîme, sa vitesse atteint 3000 kilomètres par seconde, soit 1 % environ de la vitesse de la lumière !
Tester la validité de la relativité générale, observer les effets de cet astre aux propriétés encore inconnues, mesurer ses caractéristiques exactes, tel est le défi de Gravity…
Gravity devrait entrer en service cette année, les premiers essais de l’instrument sont prometteurs : ils ont permis, en observant les étoiles supergéantes qui illuminent la nébuleuse d’Orion, de découvrir que l’une d’entre elles est double…

Serge Brunier

Une météorite plus âgée que la Terre récupérée en Australie

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Cette pierre de 1,7 kg, récupérée dans la vase d’un lac salé du désert australien, est une météorite aussi ancienne que le Système solaire. – Ph. Curtin University

Quatre milliards d’années et demi, voilà un âge qui impose le respect. C’est environ l’âge de la Terre, mais le géologue planétaire australien Phil Bland et ses collègues pensent avoir entre les mains un objet encore plus vieux ! Il s’agit d’un fragment d’une météorite tombée le 27 novembre dernier dans l’intérieur désertique de l’Australie, que l’équipe a récupérée le 31 décembre.

En apparence, il n’a rien de spécial. Pesant 1,7 kilogramme, c’est une chondrite, soit une météorite composée principalement de pierre (le métal ne comptant que pour moins de 35 % de son poids).

La particularité de ce caillou est ailleurs : d’après la trajectoire que le bolide a empruntée lorsqu’il a traversé l’atmosphère terrestre, et que les chercheurs ont pu suivre, ils en déduisent qu’il date rien de moins que de l’époque de la formation du Système solaire lui-même ! Soit plus de 4,5 milliards d’années avant nos jours.

Un réseau de caméras placées dans le désert a permis de retrouver la météorite

L’autre particularité de ce morceau de météorite, c’est la manière à la fois scientifique et rocambolesque dont il a été retrouvé.

Dans le désert du sud australien, un réseau de 32 caméras-observatoires a été installé par le Desert Fireball Network (DFN), une collaboration réunissant l’université Curtin, les musées d’Australie du Sud et de l’Ouest. Grâce à ce quadrillage, les “chasseurs de bolides” espèrent traquer les objets tombant du ciel afin de repérer leur point de chute et ainsi pouvoir les récupérer : la météorite du 27 novembre est leur première prise.

Lorsque le bolide a traversé le ciel du sud de l’Australie fin novembre, il a été détecté par quatre stations d’observation du DFN, tandis que les habitants de William Creek et de Marree ont pu admirer sa chute à l’œil nu.

La spectaculaire chute de la météorite telle que filmée par une caméra d'observation sur le sol australien - Ph. Curtin University / Desert Fireball Network.

La spectaculaire chute de la météorite telle que filmée par une caméra d’observation sur le sol australien – Ph. Curtin University / Desert Fireball Network.

Après maints analyses d’images, triangulations et calculs, l’équipe du Desert Fireball Network a pu localiser le point d’impact dans le lac salé Kati Thanda – Lake Eyre, le point le plus bas de l’Australie.

Le repérage sur le terrain pouvait commencer : à l’aide de survols par drone et par avion, l’équipe de Phil Bland et Robert Howie a exploré cette zone reculée, à 6 kilomètres du bord du lac. Une tâche compliquée par les pluies, tombées depuis, qui avaient déjà commencé à recouvrir le site d’une boue épaisse, rendant le terrain meuble et encore plus difficile d’accès.

Elle a été extraite de la boue à la main

C’est finalement en creusant à la main, au point d’impact calculé, un trou de 42 centimètres que Phil Bland a extrait la précieuse météorite. De justesse : de lourdes pluies allaient tomber le jour suivant, qui auraient fait échouer tout espoir de la retrouver !

A présent, l’examen de la chondrite et de sa trajectoire devraient fournir des informations importantes aux géologues planétaires, qui tentent de mieux cerner comment les planètes orbitant autour du Soleil, la Terre et ses voisines, ont vu le jour.

—Fiorenza Gracci

 

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