Découverte de 2MASS J2126 : exoplanète ou étoile naine brune ?

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A environ mille milliards de kilomètres de l'étoile TYC 9486-927-1 tourne un astre bien moins brillant, 2MASS J2126-8140 : il s'agit peut-être d'une jeune exoplanète géante, une douzaine de fois plus massive que Jupiter. Photo 2MASS.

A environ mille milliards de kilomètres de l’étoile TYC 9486-927-1 tourne un astre bien moins brillant, 2MASS J2126-8140 : il s’agit peut-être d’une jeune exoplanète géante, une douzaine de fois plus massive que Jupiter. Photo 2MASS.

Il y a 20 ans, en 1995, juste avant que Michel Mayor et Didier Queloz ne découvrent la première exoplanète tournant autour d’un autre soleil, les astronomes n’imaginaient pas l’incroyable diversité des mondes que la Galaxie leur promettait. Le Soleil et son sage et en apparence logique cortège de planètes, les quatre petites rocheuses près de lui, les quatre grandes gazeuses plus loin, semblait un parangon astronomique : les autres systèmes, si il y en avait, devaient peu ou prou ressembler au nôtre…
On le sait aujourd’hui, il n’en est rien, le système solaire ne doit son architecture actuelle qu’au titanesque jeu de billard cosmique des origines et, partout dans le ciel, de nouveaux systèmes aux propriétés plus étranges les unes que les autres émergent de la nuit.
A ce titre,TYC 9486-927-1 et 2MASS J2 126-8140, le couple découvert par Niall Deacon, Joshua Schlieder et Simon Murphy est l’un des plus étranges de ce nouveau bestiaire astronomique…TYC 9486-927-1 est une jeune étoile naine rouge, environ deux fois moins massive et dix fois moins brillante que le Soleil, et située à environ 80 années-lumière de la Terre, dans la constellation de l’Octant. En observant cet astre, l’équipe internationale a fait une étonnante trouvaille : non loin de l’étoile, un second astre semble l’accompagner : situé à la même distance et se déplaçant dans la même direction, 2MASS J2 126-8140 est beaucoup plus petit : la masse de cet astre, comprise entre 10 et 15 masses joviennes, le place à la limite théorique (13 masses joviennes) entre planètes géantes, comme Jupiter, et naines brunes, c’est à dire étoiles dénuées de réactions nucléaires.
Ce couple céleste est étonnant, qu’il s’agisse d’un couple stellaire ou d’un couple mixte, car la distance entre les deux petits astres est gigantesque : mille milliards de kilomètres environ, soit 0,1 année-lumière ! A une telle distance, l’exoplanète, ou la naine brune, tourne en un million d’années environ autour de son étoile…

Un couple assez semblable, GU Psc A et b, avait été découvert en 2014, mais la distance de l’étoile à son exoplanète n’était, dans ce cas,”que” de trois cents milliards de kilomètres…
Dans les années à venir, les astronomes vont tenter de mesurer la masse exacte de 2MASS J2 126-8140 et déterminer précisément son orbite. Ils vont s’interroger, aussi sur le mode de formation d’un couple aussi étrange et chercher, enfin, à déterminer sa nature, étoile naine brune ou exoplanète. Question toute académique, car si il s’agit bien d’une planète, elle a tout d’une étoile, avec sa surface rougeoyante portée à 1500 °C…
Serge Brunier

Pourquoi est-on souvent déprimé en hiver ?

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Le "blues hivernal" s'explique largement par un manque de luminosité. - Ph. Carlo Scherer / Flickr / CC BY ND 2.0

Le “blues hivernal” s’explique largement par un manque de luminosité. – Ph. Carlo Scherer / Flickr / CC BY ND 2.0

“Il fait moche, j’ai pas le moral, je me sens fatigué…” Voilà ce que Maxime Bubrovszky, psychiatre, entend dans son cabinet dès qu’arrivent les mois en “bre”. De fait, un Français sur cinq – soit entre 10 et 15 millions de personnes ! – se sent “à plat” dès l’automne, et parfois jusqu’à la fin de l’hiver.

Tout dépend ici du temps d’adaptation de chacun au nouveau mode de vie qu’induisent ces deux saisons, où les températures chutent et le soleil se couche tôt. Résultat : le tonus est en berne et la fatigue gagne. Et pour 1 à 2 % de Français, cette légère déprime dégénère même en trou­ble affec­tif saisonnier (ou TAS). Les symptômes ? Grosse fatigue, durées de sommeil anormales, perte de motivation, appétence pour le sucre, anxiété… Il est alors conseillé de consulter un spécialiste.

Pas de cause précise

“L’origine de ce trouble de l’humeur reste inconnue”, reconnaît Marie-Pier Lavoie, psychologue clinicienne. Mais la baisse drastique de luminosité en hiver – 10 000 lux pour un jour gris contre 50 000 lux pour une belle journée d’été – semble jouer un rôle déterminant. En effet, la lumière naturelle intervient dans la synchronisation des rythmes biologiques, notamment circadien (alternance veille/sommeil). Plus précisément, la diminution d’intensité lumineuse, perçue par des cellules particulières de la rétine, agit sur la glande pinéale, située à la base du cerveau, et induit la sécrétion de mélatonine, qui est l’hormone de l’endormissement.

En hiver, cette sécrétion commence donc plus tôt, au crépuscule, avec un pic entre 1 h et 5 h du matin, pour être stoppée au réveil, via notamment la stimulation rétinienne par la lumière du jour. Résultat : le taux de mélatonine reste plus élevé durant la journée, ce qui perturbe le sommeil et induit une fatigue permanente.

Notre horloge interne souffre des jours courts

Mais un autre facteur semble aussi impliqué : la sensibilité à la durée de la journée. Si nul n’ignore que les jours raccourcissent en hiver, on sait moins que ce passage naturel à l’heure d’hiver est brutal. Loin d’être uniforme toute l’année, la durée du jour connaît en effet des pics aux périodes d’équinoxe. Ainsi, cette année, entre le 21 septembre et le 7 octobre, le jour a perdu 58 minutes de soleil. Un défi pour notre “horloge interne”, sommée de s’adapter.

Se sentir déprimé en hiver n’a donc rien d’aberrant, ni de psychologique. D’ailleurs, “il existe un traitement efficace : la luminothérapie”, tranche Marie-Pier Lavoie. Une exposition à une lumière de 2 500 lux fournie par des lampes sans UV (sans danger pour les yeux et la peau) pendant une à deux heures au réveil, et ce durant deux semaines, entraîne une amélioration clinique chez plus de deux tiers des patients traités. Peu coûteuse (environ 15 euros la séance) et sans effet secondaire, elle constitue actuellement le seul traitement.

—K.J.

D’après S&V Questions-Réponses n°14

 

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