Une nouvelle comète dans le ciel d’hiver

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La comète Lovejoy dans le ciel d'hiver. La comète est passée près du Soleil voici environ onze mille ans ; son prochain passage aura lieu dans huit mille ans. Photo Damian Peach.

La comète Lovejoy dans le ciel d’hiver. La comète est passée près du Soleil voici environ onze mille ans ; son prochain passage aura lieu dans huit mille ans. Photo Damian Peach.

Elle brille depuis quelques jours dans le ciel d’hiver. La comète Lovejoy, découverte en août 2014, vient de passer au plus près de la Terre, à quelques 70 millions de kilomètres de notre planète, et elle file maintenant vers le Soleil, dont elle s’approchera à moins de 200 millions de kilomètres le 30 janvier.
Ces deux dernières semaines, la Lune, trop brillante dans le ciel, empêchait d’apprécier la comète Lovejoy à sa juste valeur : son activité, supérieure aux prédictions des astronomes, permet désormais de percevoir la comète à l’œil nu et aux jumelles ! Bien sûr, l’astre n’est pas très brillant : les spécialistes le comparent à une étoile de quatrième magnitude. Cela signifie qu’il faut chercher la comète Lovejoy sous un beau ciel de campagne, ou de montagne, éloigné de la lumière des villes. Dans ces conditions, la comète apparaît comme une tache lumineuse, se déplaçant très lentement dans les constellations du Taureau, jusqu’au 16 janvier, du Bélier, jusqu’au 25 janvier et du Triangle, jusqu’au 30 janvier.

Au delà, l’astre s’éloignant de la Terre et du Soleil, se perdra dans les vagues obscures de l’espace. Perceptible à l’œil nu, la comète est bien sûr mieux vue aux jumelles ou dans un petit instrument astronomique. En revanche, détecter son immense queue de gaz et de poussières, qui s’étend sur des millions de kilomètres, exige un bon télescope d’amateur.
Serge Brunier

La comète Lovejoy traverse les constellations du Taureau, du Bélier et du Triangle entre le 15 et le 30 janvier 2015. La comète est perceptible à l'oeil nu sous un bon ciel de campagne et bien visible avec des jumelles.

La comète Lovejoy traverse les constellations du Taureau, du Bélier et du Triangle entre le 15 et le 30 janvier 2015. La comète est perceptible à l’oeil nu sous un bon ciel de campagne et bien visible avec des jumelles.

Désormais, vous pouvez donner un nom à une planète lointaine.

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L'exoplanète Gliese 581g, aussi nommée Zarmina, du nom de la femme du découvreur (vue reconstruite - Crédit: Celestia)

L’exoplanète Gliese 581g située à 20.3 années-lumière, informellement nommée Zarmina, du nom de la femme du découvreur (vue reconstruite – Crédit: Celestia)

C’est mardi 13 janvier que l’Union astronomique internationale (UAI) a lancé la compétition publique mondiale NameExoWorlds, soit « Nommez les exo-mondes ». A condition d’être inscrit dans un club d’astronomie ou une association reconnus par l’Union, vous pouvez désormais tenter votre chance d’être celui qui renommera une vingtaine d’exo-mondes lointains, parmi les quelque 1800 connus à ce jour – dont certains abriteraient peut-être de la vie. Mais si vous n’appartenez à aucun club, vous pourrez tout de même participer au concours dès mars prochain, en votant pour les noms que vous préférez parmi ceux proposés en ce moment par les clubs. Les exoplanètes gagnantes seront officiellement (re)baptisées lors d’une cérémonie publique qui aura lieu au cours de 29e Assemblée générale de l’UAI à Honolulu, entre le 3 et le 14 août prochain.

51 Peg b, GJ 1214 b, Kepler-186 f, CoRoT-7b, OGLE-2005-BLG-390L b… On comprend que l’UAI ait finalement cédé à la pression des clubs d’astronomie pour « humaniser » le nom de ces systèmes lointains (parfois situés à des centaines d’années-lumière voire plus). Une revendication ancienne et persistante contre la froideur technique de noms abscons mais porteurs d’informations – par exemple « 51 Peg b » a été découverte autour de l’étoile « 51 Peg », « OGLE-2005-BLG-390L b » signifie que l’exoplanète a été découverte autour de l’étoile « OGLE-2005-BLG-390″ avec l’Optical Gravitational Lensing Experiment (OGLE) soit à travers une lentille gravitationnelle – phénomène de courbure spatio-temporelle créé par la présence dans l’espace d’une grande densité de matière, et servant de « loupe » aux astronomes.

Les exoplanètes portant le nom OGLE ont été découvertes par la technique de micro-lentille gravitationnelle (Nasa)

Les exoplanètes portant le nom OGLE ont été découvertes par la technique de micro-lentille gravitationnelle (Nasa)

De fait, les noms des exoplanètes, dont l’UAI détient le droit d’homologation, font référence à de multiples sources : ils peuvent être liés à la constellation d’appartenance du système étoile-planète (Pégase, Cancer, etc.), ou au type de système stellaire (système binaire, pulsar, etc.), au catalogue qui les a référencés en premier (Messier, Gliese, Henry Draper, etc.), au télescope ou sonde qui les a captés ou confirmés (Kepler, CoRoT, OGLE, etc.).

La fin des exoplanètes au noms imprononçables

Souvent des informations complémentaires sont accolés au nom, comme la date de découverte ou de confirmation, la position, etc. Sans oublier les lettres majuscules (A, B) et minuscules (a, b, c, …) qui indiquent respectivement le nombre d’étoiles-soleils gravitant dans le système (systèmes binaires ou multiples) et la position de la planète dans ce système (lorsqu’il contient plusieurs planètes). Certaines exoplanètes ont même l’honneur de porter un nom propre, à l’instar des planètes du Système solaire, comme Osiris, Bellérophon, Zarmina, Mathusalem. Et il n’est pas du tout exceptionnel qu’une même planète soit référencée par plusieurs acronymes et noms.

Après avoir longtemps refusé de partager son autorité en la matière, l’UAI n’est finalement pas restée insensible à sa mission d’être également le porte-voix des milliers de clubs astronomiques amateurs. D’autant que les astrophysiciens pourront continuer d’utiliser le nom technique des astres. Aussi, en juillet 2014 l’Union, qui à mis en jeu 305 exoplanètes confirmées appartenant à 260 systèmes planétaires, avait demandé aux associations et clubs désirant participer de s’inscrire auprès d’elle. Aujourd’hui, ces organisations peuvent commencer à choisir dans la liste une vingtaine de mondes extra-solaires qu’ils désirent renommer, via le site NameExoworlds.org.

Chaque être humain pourra participer au dernier vote fixant le nouveau nom de 20 exo-mondes

Le 15 février prochain, l’UAI rendra publiques les 20 candidats les plus populaires parmi tous ceux proposés : ceux-ci deviendront donc officiellement les exo-systèmes et planètes à renommer. Dès lors, chaque organisation pourra proposer un nom pour un des ces 20 candidats, en justifiant son choix et en respectant quelques règles listées dans la Convention comme : ne pas dépasser plus de 16 lettres, être prononçable, ne pas être choquant ou offensant, etc. Chacun des 20 systèmes aura dès lors sa liste de noms possibles, le choix définitif revenant au public, sans condition d’appartenance à une organisation, qui par vote sur le site NameExoworlds.org fixera définitivement les noms des 20 candidats.

Román Ikonicoff

 

> Lire également dans les Grandes Archives de S&V :

  • Kepler 186f : la terre a une jumelle – S&V n°1161 – 2014 – Depuis la mise en service du télescope spatial Kepler par la Nasa en 2009, les surprises n’ont pas manqué : plusieurs exoplanètes similaires à la Terre ont été détectées, dont l’exoplanète Kepler-186f, découverte en 2013, qui semble réunir les conditions propices à la vie. Sera-t-elle parmi les nouvelles nommées ?

1161

  • Exoplanètes cette fois on les voit vraiment ! – S&V n°1096 – 2009 – L’année 2009 marque un tournant dans la chasse aux planètes extrasolaires : si l’on en avait déjà repéré plus de 300, pour la première fois, les télescopes ont pu capter directement l’image d’une d’entre-elles grâce aux progrès en optique adaptative. Dès lors, l’étude de leur atmosphère et des conditions d’habitabilité était possible.

1096

  • Planètes extrasolaires : nouvelles découvertes – S&V n°940 – 1996 – La fin de l’année 1995 restera dans les Annales de l’astronomie : une équipe de l’observatoire de Genève et de l’observatoire de Haute-Provence dirigée par Michel Major et Didier Queloz a découvert la première planète extrasolaire : 51 Pegasi b – informellement nommée Bellérophon.

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Grâce à un test sanguin, le sevrage tabagique peut devenir deux fois plus efficace

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Un simple dosage sanguin donne des indications précieuses sur la meilleure méthode de sevrage tabagique à adopter. / Ph. thirteenofclubs via Flickr CC BY SA 2.0

Un simple dosage sanguin donne des indications précieuses sur la meilleure méthode de sevrage tabagique à adopter. / Ph. thirteenofclubs via Flickr CC BY SA 2.0

Doubler les chances de réussite du sevrage tabagique : une percée qui viendrait d’un simple test sanguin élaboré par des chercheurs de l’université de Pennsylvanie. Il renseigne sur la réaction d’une personne à la nicotine, la molécule contenue dans la fumée de tabac qui est la principale responsable de l’addiction.

L’idée des chercheurs est de proposer à chaque personne souhaitant arrêter de fumer la méthode de sevrage qui a le plus de chances de marcher pour elles, en fonction de la manière dont leur organisme réagit à la nicotine. Car certaines personnes (environ 60 %) métabolisent lentement cette molécule, alors que les autres la détruisent plus rapidement.

Or, l’envie de fumer monte lorsque la présence de nicotine dans le sang chute : à la longue, c’est ce qui fait que beaucoup de personnes recommencent à fumer (le taux de réussite n’est que de 4%). Et c’est justement sur ce mécanisme qu’agit un médicament censé apaiser l’envie de fumer, la varénicline (commercialisé par Pfizer sous le nom de Champix). En se liant aux récepteurs de la nicotine présents à la surface des neurones, il soulage la sensation de manque, tout en réduisant les sensations de plaisirs produites par la prise de nicotine. Fumer devient alors moins agréable.

Mais il y a un hic : ce médicament n’est pas toujours efficace et peut produire au niveau psychique des effets indésirables graves, allant de l’agressivité à la dépression. En France, il n’est prescrit qu’en second recours, lorsqu’un patient a déjà essayé d’autres méthodes de sevrage.

Avoir un métabolisme lent de la nicotine favorise l’efficacité du médicament antitabac

Ainsi, la psychiatre Caryn Lerman et son équipe ont voulu cerner quelles personnes ont le plus de chances de bien réagir au traitement. Elles ont recruté 1246 personnes souhaitant arrêter de fumer, et leur ont fait suivre un programme thérapeutique de 11 semaines où elles étaient reçues régulièrement par un psychologue et recevaient un patch et un cachet : dans un tiers de cas, les deux étaient dépourvus de substance active (groupe placebo), dans un autre tiers le patch contenait de la nicotine (groupe patch), enfin dans le derniers tiers c’était le cachet qui contenait la varéniciline.

Avant le traitement, les participants avaient subi une prise de sang afin d’évaluer leur niveaux de métabolisme de la nicotine, donné par le rapport entre les concentrations de deux substances dérivées de la nicotine (l’hydroxycotinine et la cotinine). Verdict : chez les 662 personnes qui la métabolisent lentement, les chances que la pilule antitabac fonctionne étaient 2,17 fois plus élevées par rapport au patch !

Ces chercheurs préconisent donc d’exécuter ce simple test sanguin sur tous les patients qui veulent en finir avec la cigarette afin de les orienter vers la méthode qui convient le mieux à leur métabolisme. Bonus : si le Champix n’était prescrit qu’aux seuls « métaboliseurs lents » de la nicotine, cela permettrait également de réduire ses effets indésirables, qui sont plus fréquents chez les « métaboliseurs rapides ».

Fiorenza Gracci

 

> Lire aussi dans les Grandes Archives de S&V :

S&V 1166 vapoter fumer

Les avantages de la cigarette électronique - S&V n°1153

  • Arrêter de fumer — Pourquoi est-il si difficile d’arrêter ? Que valent les méthodes existantes ? Il ne s’agit pas d’une simple affaire de volonté — S&V n°1040.

Méthode pour arrêter de fumerS&V n°1040