Un test sanguin rend plus efficace le sevrage tabagique

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Un simple dosage sanguin donne des indications précieuses sur la meilleure méthode de sevrage tabagique à adopter. / Ph. thirteenofclubs via Flickr CC BY SA 2.0

Un simple dosage sanguin donne des indications précieuses sur la meilleure méthode de sevrage tabagique à adopter. / Ph. thirteenofclubs via Flickr CC BY SA 2.0

Doubler les chances de réussite du sevrage tabagique : une percée qui viendrait d’un simple test sanguin élaboré par des chercheurs de l’université de Pennsylvanie. Il renseigne sur la réaction d’une personne à la nicotine, le principe actif de la fumée de tabac principal responsable de l’addiction.

L’idée des chercheurs est de proposer à chaque personne souhaitant arrêter de fumer la méthode de sevrage qui a le plus de chances de marcher pour elles, en fonction de la manière dont leur organisme réagit à la nicotine. Car certaines personnes (environ 60 %) métabolisent lentement cette molécule, alors que les autres la détruisent plus rapidement.

Or, l’envie de fumer monte lorsque la présence de nicotine dans le sang chute : à la longue, c’est ce qui fait que beaucoup de personnes recommencent à fumer (le taux de réussite n’est que de 4%). Et c’est justement sur ce mécanisme qu’agit un médicament censé apaiser l’envie de fumer, la varénicline (commercialisé par Pfizer sous le nom de Champix). En se liant aux récepteurs de la nicotine présents à la surface des neurones, il soulage la sensation de manque, tout en réduisant les sensations de plaisirs produites par la prise de nicotine. Fumer devient alors moins agréable.

Mais il y a un hic : ce médicament n’est pas toujours efficace et peut produire au niveau psychique des effets indésirables graves, allant de l’agressivité à la dépression. En France, il n’est prescrit qu’en second recours, lorsqu’un patient a déjà essayé d’autres méthodes de sevrage.

Avoir un métabolisme lent de la nicotine favorise l’efficacité du médicament antitabac

Ainsi, la psychiatre Caryn Lerman et son équipe ont voulu cerner quelles personnes ont le plus de chances de bien réagir au traitement. Elles ont recruté 1246 personnes souhaitant arrêter de fumer, et leur ont fait suivre un programme thérapeutique de 11 semaines où elles étaient reçues régulièrement par un psychologue et recevaient un patch et un cachet : dans un tiers de cas, les deux étaient dépourvus de substance active (groupe placebo), dans un autre tiers le patch contenait de la nicotine (groupe patch), enfin dans le derniers tiers c’était le cachet qui contenait la varéniciline.

Avant le traitement, les participants avaient subi une prise de sang afin d’évaluer leur niveaux de métabolisme de la nicotine, donné par le rapport entre les concentrations de deux substances dérivées de la nicotine (l’hydroxycotinine et la cotinine). Verdict : chez les 662 personnes qui la métabolisent lentement, les chances que la pilule antitabac fonctionne étaient 2,17 fois plus élevées par rapport au patch !

Ces chercheurs préconisent donc d’exécuter ce simple test sanguin sur tous les patients qui veulent en finir avec la cigarette afin de les orienter vers la méthode qui convient le mieux à leur métabolisme. Bonus : si le Champix n’était prescrit qu’aux seuls « métaboliseurs lents » de la nicotine, cela permettrait également de réduire ses effets indésirables, qui sont plus fréquents chez les « métaboliseurs rapides ».

Fiorenza Gracci

 

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Pourquoi l’année 2015 durera une seconde de plus que 2014

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Pour définir le temps, l'unité de mesure est la seconde atomique. / Ph. manannan_alias_fanch via Flickr CC BY 2.0

Pour définir le temps, l’unité de mesure est la seconde atomique. / Ph. manannan_alias_fanch via Flickr CC BY 2.0

Le 30 juin prochain, les horloges de la Terre entière tiqueront une fois de plus que d’habitude : à 23 heures 59 minutes et 59 secondes, avant de passer à la minuit du 1er juillet, elles devront marquer la seconde 60 ! Cette seconde « intercalaire »  est ajoutée par convention certaines années au temps universel coordonné (UTC), en raison de l’allongement de la durée du jour terrestre.

Pour compléter son tour annuel autour du Soleil, en effet, notre planète ne met pas exactement 365 jours, mais un peu plus : voilà pourquoi, tous les quatre ans (années bissextiles), on comble ce décalage par l’ajout d’un jour supplémentaire le 29 février. Mais cela ne suffit pas !

Tous les trois ans environ depuis 1972, une seconde intercalaire est introduite soit le 31 décembre, soit le 30 juin. C’est l’autorité compétente en matière de temps universel, le Service international de la rotation terrestre et des systèmes de référence, basé à l’Observatoire de Paris, qui en ordonne l’ajout six mois à l’avance, pour permettre à chaque pays de s’adapter… en temps et en heure.

Le temps conventionnel n’est pas identique au temps universel…

Qu’est-ce qui justifie cet ajout ? Il sert en fait à rapprocher le temps conventionnel du temps universel. Pour comprendre, il faut savoir que le temps de référence utilisé sur la planète Terre, le temps conventionnel (UTC) n’est pas identique au temps universel (appelé UT1) : le premier est le système de référence artificiel utilisé par les hommes pour se synchroniser ; le deuxième est donné par la rotation réelle de la Terre autour du Soleil.

Or, ce mouvement de rotation terrestre est perturbé par un ensemble de phénomènes naturels, qui vont du régime des vents soufflant autour du globe, aux courants de matière circulant à l’intérieur du noyau terrestre, en passant par l’effet de gravité exercé par la Lune et par le Soleil lui-même sur notre planète. Alors que la rotation de la Terre ralentit progressivement à cause de cette gravité, elle s’accélère par moments sous l’effet des fluctuations dans les vents et le noyau terrestre.

Conséquence : le temps universel est fort peu régulier, et même si ce n’est que de manière imperceptible, la durée du jour n’est pas constante tout au long de l’année. En février, la Terre tourne sur elle-même plus lentement qu’en août, ce qui donne des journées… d’une à deux millisecondes plus longues.

…il est en fait basé sur le temps atomique.

Il a donc fallu prendre pour référence une mesure invariable et plus fiable. Laquelle ? Celle des horloges atomiques, développées à partir des années 50. Elles permettent de mesurer le temps avec une précision un million de fois plus grande que les horloges astronomiques !

Ainsi, alors qu’une seconde valait (1/86 400)ème de la durée du jour solaire (une mesure astronomique), depuis 1967 la convention a changé en faveur de l’atome : la seconde se définit à l’aide d’une onde électromagnétique absorbée par un atome de césium 133, dont la fréquence est de 9 192 631 770 hertz. Dans le temps atomique, une seconde vaut ainsi 9 192 631 770 périodes de cette onde.

Puis, en 1972, le temps atomique est devenu l’étalon de base pour établir le temps conventionnel (UTC). A l’aide d’un réseau de centaines d’horloges atomiques, les gardiens du temps donnent l’heure à la planète entière depuis leurs quartiers généraux au Bureau International des Poids et Mesures (BIPM), à Sèvres.

Cependant, pour ne pas trop s’écarter du temps universel, qui rythme les journées sur Terre, la convention stipule que l’écart entre UTC et UT1 ne doit pas dépasser 0,9 seconde. Ainsi, tous les trois ans environ, il faut ajouter une seconde à l’UTC.

Mais cette seconde de plus ne passe pas partout comme une lettre à la poste. « Elle est compliquée à mettre en oeuvre dans les appareils de navigation spatiale et les grands réseaux informatiques, explique Daniel Gamblis, responsable du Service international de la rotation de la Terre, à l’observatoire de Paris. Ils risquent des dysfonctionnements importants lors de ce changement ou en cas d’oubli, parce que la synchronisation est pour eux extrêmement importante ».

C’est pourquoi, certains préconisent d’abandonner le système de la seconde intercalaire. L’alternative ? « Laisser progressivement le temps conventionnel s’écarter du temps universel. Dans ce cas, le siècle prochain, nous aurons peut-être une minute d’écart entre les deux », précise Daniel Gamblis. Mais à long terme, midi pourrait sonner à 14 heures ! Verdict au mois de novembre, lors d’une convention qui se tiendra à Genève.

Fiorenza Gracci

 

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S&V 1154 planète jour année

  • Cette horloge va redéfinir la seconde — S&V n°1152. A l’aide d’atomes de strontium, des chercheurs de l’observatoire de Paris ont obtenu des horloges atomiques 20 fois plus précises !

S&V 1152 horloge seconde

 

  • Notions de physique. Temps, matière, énergie : voici comment on les mesure au Troisième millénaire. — S&V n°1031

S&V 1031 temps notions