Ebola : un vaccin expérimental a réussi une première phase de tests

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Un vaccin préventif contre Ebola dès 2015 ? (Ph.  Daniel Paquet via Flickr CC BY 2.0)

Un vaccin préventif contre Ebola dès 2015 ? (Ph. Daniel Paquet via Flickr CC BY 2.0)

 

Un vaccin expérimental vient d’être testé aux États-Unis sur des humains, 20 adultes volontaires sains, avec des résultats très encourageants : tous ont produit des anticorps, ce qui pourrait les immuniser contre le virus. Mais il reste encore à valider deux phases de tests à plus grande échelle dans les pays infectés avant de pouvoir déclarer vaincue la maladie.

Dans cette phase I, il s’agissait de contrôler la réaction du système immunitaire de personnes saines et de vérifier l’absence d’effets secondaires néfastes. Et les résultats, publiés le 26 novembre dans le New England Journal of Medicine (NEJM), sont plus qu’encourageants : sur les 20 volontaires sains, dont la moitié a reçu une faible dose du vaccin et l’autre une forte dose, tous ont produit des anticorps au virus dans les 4 semaines suivant l’injection, et seuls deux patients ont déclaré une fièvre légère et passagère au lendemain de la vaccination.

Le système immunitaire réagit très bien à la présence des protéines du virus Ebola

Le vaccin testé, nommé cAd3-EBO et conçu en août par la firme internationale GlaxoSmithKline (GSK), contient deux protéines des virus Ebola-Zaïre (souche de l’épidémie actuelle) et Ebola-Soudan,  soit 2 souches sur les 5 qui existent, greffés sur un virus du rhume des chimpanzés (adénovirus de type 3 ou cAd3) rendu inoffensif pour l’homme par manipulation génétique. Ces protéines d’Ebola sont responsables de la pénétration du virus dans les cellules humaines, aussi le système immunitaire réagit de sorte à entraver cette pénétration : d’une part, ses lymphocytes B fabriquent des anticorps (protéines) qui détectent les protéines d’Ebola dans le sang et les neutralisent (ils s’agglomèrent autour), d’autre part des lymphocytes T sont lâchés dans le sang afin de s’attaquer spécifiquement au virus porteur de ces protéines ou aux cellules infectées (ils les « digèrent »). Les analyses ont montré que le deuxième mécanisme s’était également déclenché chez les volontaires ayant reçu la plus forte dose.

Avec plus de 5600 morts et environ 16 000 personnes infectées en Afrique de l’Ouest, la méthode scientifique habituelle de conception d’un vaccin a été largement raccourcie : après cette phase I en laboratoire aux Etats-Unis, les phases suivantes devraient démarrer en 2015, selon l’Institut des allergies et des maladies infectieuses américain (Niaid) qui a pris part à l’étude. Le vaccin sera alors administré à des personnes saines mais exposées au virus qui circule en ce moment en Afrique de l’Ouest. Cette phase permettra d’évaluer le dosage optimal du vaccin, et d’estimer la durée de protection obtenue (s’il est efficace, faudra-t-il des rappels à plus ou moins court terme ?). C’est seulement alors que l’on pourra le cas échéant crier victoire. En attendant, d’autres vaccins sont également en test au Mali, en Suisse et en Grande-Bretagne.

Román Ikonicoff

 

Articles sur la progression de l’épidémie d’Ebola :

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  • Virus : la fin de l’homme ? – S&V n°934. Le « péril viral » est annoncé pour le troisième millénaire. Aux nombreux virus déjà connus s’ajoute en effet la menace d’une multitude d’autres…

S&V 934 virus

Voyage spatial : un « digesteur » transforme les déchets humains en carburant

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Vue d'artiste d'une unité de vie auto-suffisante sur Mars (crédit : NASA)

Vue d’artiste d’une unité de vie auto-suffisante sur Mars (crédit : NASA)

Aux Etats-Unis, deux chercheurs ont conçu un système transformant les déchets solides et liquides humains en méthane à raison de 290 litres par jour pour un équipage de 4 personnes. De quoi accumuler, en un an, assez de combustible pour effectuer le trajet de retour de la Lune vers la Terre… Ce « digesteur anaérobie« , dont la description a été publiée dans Advances in Space Research, est une réponse au défi lancé par la NASA sur le traitement des déchets d’un équipage lors d’une mission habitée vers la Lune – dont l’échéance se situe vers 2025.

D’autres systèmes à recycler les déchets existent déjà, comme MELiSSA de l’Agence spatiale européenne, car l’enjeu est réel : un équipage en mission sur la Lune ou sur Mars devra obligatoirement ramener tous ses déchets sur Terre et ne rien laisser sur place. Il faudra donc les traiter et les recycler. Or, le système proposé par les chercheurs est à ce jour le plus efficace jamais présenté, qui peut transformer en méthane un mix de déchets humains (urine et selles), de nourriture non consommée, de papier, de plastique, de tissus…

L’équivalent en énergie de 3 tonnes de TNT produite en un an

Le prototype présenté par Pratap Pullammanappallil et son doctorant Abhishek Dhoble, du département d’ingénierie agricole et biologique de l’université de Floride,  ressemble à un montage d’étudiant en chimie.

Le système de méthanisation dans sa version labo

Le système de méthanisation dans sa version labo

Concrètement, il s’agit d’un « digesteur » dit anaérobie, c’est-à-dire où les transformations chimiques se font en l’absence d’oxygène – ce qui est adapté au cas du vide cosmique. Le processus se fait en deux étapes, en séparant initialement la matière sèche de la matière humide dans deux volumes distincts mais connectés et en transférant le liquide produit de l’un à l’autre. Durant le processus de méthanisation, les bactéries et agents pathogènes sont éliminés naturellement, et l’on recueil principalement du biogaz, soit un mélange de méthane (CH4) et de dioxyde de carbone (CO2) – également de l’eau (non potable) et d’autres sous-produits. Une eau qui pourra à son tour être décomposée avec de l’électricité (électrolyse) en oxygène et hydrogène…

Selon les calculs des chercheurs, la production annuelle pour un équipage lunaire de 4 personnes générant chacun environ 1,1 kg de déchets par jour – mesure standard établie par la NASA pour ses astronautes – est de 3332 kWh, soit environ l’énergie produite par 350 litres d’essence ou encore 3 tonnes de TNT. Même si la production de cette énergie requière elle-même un apport d’énergie (sous forme de chaleur, d’électricité, etc.), cela suffit néanmoins à assurer le décollage du module lunaire avec son équipage et son retour sur Terre.

Román Ikonicoff

 

> Lire également dans les Grandes Archives de Science & Vie :

  • La NASA met le cap sur Mars – S&V n°1113 – 2010 – Même s’il n’y a pas d’agenda officiel, les États-Unis visent une mission habitée vers Mars, peut-être vers la fin de la décennie 2030. L’Europe aussi, tout comme la Chine, l’Inde et le Japon.

1113

  • Mission vers Mars – S&V n°1088 – 2008 – En vue d’un voyage vers Mars, les agences spatiales mènent des expériences de confinement d’êtres humains dans un espace réduit durant plusieurs mois. Depuis 2007 (jusqu’en 2011) la mission Mars-500 a été la première du genre.

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  • Retour sur la Lune : mission impossible  – S&V n°1102 – 2009 – Durant la décennie 2000, les États-Unis visaient un retour humain sur la Lune. Mais le projet a été officiellement suspendu. Mais la NASA y pense toujours…

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