Bonnes nouvelles de Philae : le robot de Rosetta a transmis ses premières images et données depuis la comète Tchouri

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La première photo jamais prise sur une comète : "Tchouri" (67P/CG) photographiée par Philae / Ph. ESA/Rosetta/Philae/CIVA

La première photo jamais prise sur une comète : « Tchouri » (67P/CG) photographiée par Philae / Ph. ESA/Rosetta/Philae/CIVA

Depuis qu’il s’est décroché de la sonde Rosetta hier matin, les regards des astronomes européens sont tous rivés sur le module explorateur Philaé. Au centre de commandement de l’Agence spatiale européenne (ESOC) à Darmstadt (Allemagne), les responsables de la mission scrutent les signaux radio que ce petit robot a commencé à envoyer dès son atterrissage, à 17 heures (heure d’Europe centrale), sur la comète « Tchouri » (67P/CG), en orbite à 500 millions de kilomètres de la Terre. C’est une première dans l’histoire de la conquête spatiale, qui signe un succès phénoménal pour l’ESA.

Mais après les applaudissements et les félicitations pour la réussite de cet exploit inouï, les premières inquiétudes ont commencé à circuler hier soir : bien que Philae se soit posé pile à l’endroit prévu, une zone plane de la comète, il semblerait que les harpons censés l’arrimer à la roche n’aient pas été tirés correctement. Au moment de toucher le sol, le robot aurait ainsi rebondi deux fois, avant de se coincer sur le flanc d’une falaise.

 

La taille de la comète "Tchouri" (67P/CG), comparée à la ville de Paris. / Ph. ESA/Rosetta/Navcam

La taille de la comète « Tchouri » (67P/CG), comparée à la ville de Paris. / Ph. ESA/Rosetta/Navcam

 

Des bonds d’une incroyable lenteur, étant donné la très faible gravité de la comète : le premier a pris près de deux heures, à une vitesse de 38 centimètres/seconde ! Telle est la reconstruction la plus probable de l’atterrissage, qui ressort des analyses du premier paquet de données transmises par Philae, parvenu ce matin à 5 heures. La première photo de la comète confirme cette hypothèse : Philae est adossé à 1 mètre d’une paroi rocheuse, à un endroit qui n’est pas encore bien identifié, à environ 1 kilomètre du lieu d’atterrissage initial. L’engin est aussi penché, au lieu de se tenir droit au-dessus du sol. Ainsi, il n’est pas en mesure d’effectuer les forages prévus dans le sol de Tchouri.

La mission scientifique de Philae promet de donner ses fruits

De quoi compromettre la mission ? Loin de là : ses instruments de mesure sont intacts, sa batterie dispose encore de 50 heures d’autonomie, ses antennes sont bien dégagées et communiquent avec la Terre via une connexion radio relayée par la sonde Rosetta. Celle-ci orbite en effet au-dessus de la comète Tchouri, et à certaines heures de la journée se trouve en position de recevoir les signaux de Philae, qu’elle transmet ensuite au centre de commandement terrestre, où elles arrivent avec 28 minutes de décalage.

 

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Schéma de Philae avec tous ses instruments de mesure. / Ph. ESA/ATG medialab.

« C’est une moisson de données qui est déjà parvenue aux chercheurs », affirme avec enthousiasme Marc Pircher, directeur du centre spatial de Toulouse (CNES) au cours d’une conférence de presse ce matin. Des données, Philae devrait en transmettre des flots au cours des 2 jours à venir, avant que sa batterie ne s’épuise. Ensuite, ses panneaux solaires permettront peut-être de la recharger. Pour l’instant, l’ensoleillement sur la comète ne dure qu’une heure trente par jour (terrestre), mais celle-ci va s’approcher du soleil dans les mois qui suivent.

Truffé d’instruments de mesure destinés à sonder la composition du sol de la comète, son magnétisme et la présence de composés organiques, la mission de ce petit robot est de récolter sur Tchouri un maximum d’informations qui pourraient éclairer sur l’origine à la fois des planètes du système solaire, et de la vie qu’abrite la planète bleue. « Mis à part les forages qui sont suspendus pour le moment, toutes ces mesures sont possibles, et c’est franchement extraordinaire », se félicite Marc Pircher.

Fiorenza Gracci

> Pour en savoir plus :

 

> Lire aussi dans les Grandes Archives de S&V :

  • Rosetta enfin à l’abordage - S&V n°1164. Tout sur le parcours de Rosetta, les défis qu’a relevés cette mission, ses objectifs scientifiques, et les réponses qu’on attend des comètes…

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  • Les dix énigmes du Système solaire – S&V n°1066. Spirit, Opportunity, Solar B, Venus Express… Rosetta est loin d’âtre seule. Les sondes envoyées par l’homme doivent dissiper les derniers mystères de notre système solaire…

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  • Rosetta part se poser sur une comète – S&V n°1024. La mission Rosetta se prépare. A l’époque, la sonde visait la comète Wirtanen, mais le lancement a été repoussé, et la comète Tchoury chosie à la place.

S&V 1024 Rosetta

 

 

 

 

Rosetta, jour J : le robot Philae va se poser sur la comète « Tchouri »

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Vue d'artiste de l'atterrisseur Philae se posant sur la comète Tchoury - Ph. © ESA/ATG medialab

L’atterrisseur Philae se posant sur la comète Tchouri (vue d’artiste) – Ph. © ESA/ATG medialab

Une opération jamais réalisée auparavant a lieu aujourd’hui à 500 millions de kilomètres de la Terre. Après dix ans de voyage, quatre tours autour du Soleil et 6 milliards et demi de kilomètres parcourus, la sonde spatiale Rosetta est en passe de compléter sa mission aujourd’hui : déposer un robot sur la comète « Tchouri ». Baptisée d’après ses découvreurs ukrainiens en 1969, la comète 67P/Tchourioumov-Guérassimenko est un bolide de roche et de glace de 4 kilomètres de long tournant à 55 000 kilomètres/heure autour du soleil, entre les orbites de Mars et Jupiter.

D’après les astronomes, les comètes comme Tchouri, âgées de 4,6 milliards d’années, recèlent des secrets sur la formation du Système solaire et sur l’origine de la vie sur Terre. Depuis leur naissance, bien avant celle des planètes, elles orbitent immuablement dans la ceinture de Kuiper, à 30 fois la distance Terre-Soleil, sans que rien n’y personne ne les ait contaminées. C’est ainsi que dans les années Quatre-vingt, l’Agence spatiale européenne (ESA) s’est lancée dans la mission Rosetta, d’un coût de 1,3 milliard d’euros. Le 2 mars 2004, la sonde décollait de Guyane à bord d’une fusée Ariane 5.

Rosetta a transmis sur Terre les premiers signaux de son atterrisseur Philae

Dix ans plus tard, c’est un petit robot d’un mètre cube, Philae, qui aura la charge d’explorer la comète Tchouri à l’aide d’une panoplie d’instruments de mesure. Ce matin à 10 heures (heure d’Europe centrale), Philae s’est décroché avec succès de Rosetta, qui plane à 30 km au-dessus de la comète depuis l’été dernier, entamant sa lente descente. L’atterrissage est prévu pour 7 heures plus tard (17 heures en Europe centrale).

Sa vitesse en ce moment ne dépasse pas le 1 mètre/seconde, car la comète possède une gravité de cent mille fois inférieure à celle de notre planète ! Cette opération est d’une délicatesse inouïe vu la forme très accidentée de la comète, sur laquelle les scientifiques ont choisi un site approximativement plat baptisé Agilkia. Aussitôt posé, Philae devrait s’y harponner pour éviter d’être emporté dans l’espace.

Une fois au sol, Philae disposera de 50 heures pour recueillir un maximum d’informations et de données, à l’aide de ses 10 instruments scientifiques. Il réalisera des forages du sol de Tchouri, mesurera son champ magnétique, analysera les composés chimiques présents sur place à l’aide rayons X, identifiera les composés organiques susceptibles d’être à l’origine de la vie sur Terre… Toutes ces informations seront relayées par Rosetta et transmises sur Terre, avec 28 minutes de délai. A midi, sous un tonnerre d’applaudissements, l’ESA a confirmé avoir commencé à recevoir les premiers signaux en provenance de Philae, alors qu’il s’approche du sol de sa comète.

Fiorenza Gracci

> Pour en savoir plus :

 

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