Le centre des Scouts et Guides de France de Jambville ouvre ses portes à des jeunes en difficulté

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Quand les mesures de confinement ont été annoncées mi-mars, le château de Jambville (Yvelines) et ses 52 ha se sont vidés : les groupes de scouts ne pouvaient plus venir camper, les formations au Brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur (Bafa), classes découvertes et journées d’entreprise ont dû être annulées. Au même moment, à l’Aide sociale à l’enfance (Ase) des Yvelines, on craignait que les foyers accueillant des jeunes aux parcours de vie compliqués ne deviennent « des Cocottes-Minute » : sa directrice, Sandra Lavantureux, explique : « Face à la crise sanitaire et l’enfermement dû au confinement, il nous fallait trouver un espace d’aération. »


Un programme très complet


« Quand l’Ase nous a contactés, nous nous sommes mis au travail pour construire une proposition adaptée à ces jeunes et à la situation exceptionnelle », se souvient Martin Viennot, directeur du Centre d’activités de Jambville. Selon lui, l’initiative s’inscrit « entièrement dans les valeurs » de sa structure créée par les Scouts et Guides de France : « Nous sommes ravis d’être au service de jeunes qui ont un besoin auquel nous pouvons répondre. » 


À partir du 6 avril, un premier groupe de huit jeunes est venu passer cinq jours à Jambville. La semaine suivante, un autre a pris sa place. Ainsi, devraient-ils se succéder chaque semaine, avec des publics d’âges différents – autant des adolescents que des plus petits. Quatre bâtiments entiers leur sont dédiés, avec chambres et salles de bains ainsi que des salles pour partager les repas mais aussi pour se reposer et jouer. Les journées sont rythmées par le programme d’activités de leurs éducateurs, qui viennent eux aussi. « Nous avons pris toutes les mesures pour qu’ils soient autonomes, avec le moins de contacts possibles pour ne mettre personne en danger, souligne Martin Viennot. Ce sont toujours les mêmes de notre équipe qui leur livrent les repas avec masques, gants et protections. »


Chrétiens en confinement : Scouts… toujours ! 


Mais il a quand même ajouté aux séjours une coloration scoute : « Nous proposons un après-midi et une soirée “nature” avec eux, avec construction en bois, soirée au coin du feu et repas préparé sous les arbres », détaille Martin Viennot, un sourire dans la voix. Et les jeunes, qu’en pensent-ils ? Oumaima, 14 ans, et Kellia, 13 ans, le reconnaissent : quand elles sont arrivées, elles n’étaient pas convaincues. « On n’aime pas trop la nature », confient les deux adolescentes logées au foyer de Mantes-la-Jolie. Mais il n’a pas fallu longtemps pour qu’elles se laissent séduire par les lieux. « On a fait du sport et des batailles d’eau. On a bronzé sur l’herbe et on a fait un feu. On a même appris à faire des tables ! », racontent-elles enthousiastes. À tel point qu’à la fin du séjour, elles ont insisté pour pouvoir revenir. « À terme, une centaine d’enfants de l’Ase bénéficieront de cette proposition », souligne Sandra Lavantureux, pour qui ce séjour est « une vraie bulle d’air dans un contexte inédit ».


Un avenir incertain


Jambville restera ouvert pour ces jeunes – grâce à un arrêté préfectoral qui autorise cette activité très spécifiquement – « tant qu’on nous le demandera », conclut Martin Viennot. Mais l’avenir est très incertain pour son centre : « On ne sait pas quand on pourra rouvrir… mais on espère qu’on pourra au moins accueillir des scouts dans le parc cet été. »


Centre d’activités, château de Jambville, 78440 Jambville. https://jambville.sgdf.fr



Des étudiants contre le décrochage scolaire des lycéens

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Avec la fermeture des établissements scolaires, les inégalités dans l’accès à l’éducation ont explosé », affirme Boris Walbaum, président d’Article 1. Créée en 2018, cette association aide les jeunes de 15 à 23 ans issus de milieux défavorisés à réussir leurs études et à trouver un équilibre personnel, notamment par un engagement social (par exemple, auprès d’une association caritative). Afin de mener à bien cette mission et de la faire connaître, 17 000 étudiants « éclaireurs » issus de différents milieux viennent parler de leur expérience à des lycéens lors d’ateliers spécifiques (plus de 100 000 bénéficiaires en 2019-2020). 


Avec le confinement, l’association a tout de suite identifié un fort risque de décrochage pour les élèves vivant dans des quartiers populaires. « La continuité pédagogique est extrêmement dépendante de l’environnement familial », souligne Boris Walbaum. En partenariat avec la Fage (Fédération des associations générales étudiantes), un tutorat d’urgence a ainsi été mis en place via une plateforme internet : #Réussitevirale. Les lycéens peuvent y signaler une demande de soutien et les étudiants bénévoles renseignent les matières dans lesquelles ils peuvent les accompagner. « Les maths, c’est plus compliqué à suivre à distance », explique Imane, élève de terminale ES dans un établissement situé en zone prioritaire à Lodève (Hérault). « Je sentais que j’avais besoin d’aide », confie la lycéenne. Elle a été mise en contact avec Maïmouna, étudiante en prépa d’éco-gestion à Paris-XIII. 


La continuité pédagogique est extrêmement dépendante de l’environnement familial.

- Boris Walbaum, président d’Article 1


« Ça a très vite accroché, comme deux copines », raconte Imane, qui a aussi trouvé dans cette aînée un soutien moral et une aide précieuse pour son orientation. « J’essaie de la rassurer au maximum sur la prépa, témoigne Maïmouna. Je lui pose des questions sur son ressenti, ses besoins, et je m’adapte. » L’étudiante a elle-même bénéficié d’un mentorat avec Article 1 qui l’a aidée pour son orientation post-bac et pour dénicher un job d’été et bénéficier d’une bourse afin de parfaire son anglais à Londres. « Ça m’a donné envie de rendre service à mon tour, déclare-t-elle, et d’aider des jeunes qui n’ont pas les mêmes chances que les autres. »




Pour participer à l’initiative d’Article 1 : https://article-1.eu/actualites/reussitevirale



Déconfinement des écoliers : “Le jour d’après se construit dès aujourd’hui”

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En quoi cette pandémie qui contraint en France au confinement est-elle déstabilisante ?


Ce que nous vivons est inédit. Notre quotidien a été bouleversé ; il est aujourd’hui marqué par le télétravail pour beaucoup, par ce qu’on appelle improprement « l’école à la maison » (car l’école, justement, ce n’est pas la maison), des réunions par visioconférence, vidéos en tout genre, coaching sportif… Nous sommes presque trop sollicités ! Il s’agit là d’une façon de gérer l’anxiété, de nous sentir utile, existant, en lien. Les conflits sont tout à fait normaux, les tensions étant accentuées par la promiscuité. Après presque deux mois de confinement, la difficulté réside dans l’incertitude quant à l’avenir. C’est ce qu’il y a de plus compliqué à gérer pour l’être humain ! Il doit alors mobiliser des ressources nouvelles pour durer, renouveler ses propositions et habiter l’attente.


Justement, en tant que parents, comment accompagner au mieux les enfants ?


L’essentiel est de garantir une sécurité psycho-affective à l’enfant. À nous, adultes, de garder à l’esprit que ce confinement n’est que transitoire : nous allons tous sortir de nos maisons, revivre, reprendre une vie normale. Il faut avant tout cultiver la capacité à s’évader, à rêver, à imaginer : regarder par la fenêtre, inventer des histoires… Le dessin est très apaisant, tout comme les activités manuelles avec de la pâte à modeler ou de la pâte à sel. Quant au jeu, qui est une forme d’échappatoire à la réalité, il est aussi fondamental. L’air de rien, toutes ces activités aident à évacuer les tensions. Ce temps offre l’occasion de se redécouvrir en famille, alors que les liens sont parfois distendus. Bien vécu, il peut être un renforcement positif.


Et face aux inéluctables tensions ?


Lorsque le ton monte, mieux vaut s’arrêter plutôt que de risquer l’escalade. Chacun prendra une pause pour souffler, se ressourcer. Il s’agit d’habiter différemment l’espace, ménager des moments d’intimité, organiser des sorties à tour de rôle, sans que tous les enfants soient ensemble par exemple, prévoir que le couple sorte seul aussi. Les règles habituelles seront assouplies. Les enfants seront probablement davantage derrière les écrans. L’adolescent, pour qui les amitiés sont très importantes à son âge, sera autorisé à porter un casque et à s’isoler parfois pour entretenir des conversations. Enfin, un « coup de mou » est normal. Il s’agit alors d’écouter l’enfant, de normaliser son ressenti, d’exprimer le sien aussi.


Il nous incombe d’inventer une autre manière de faire notre deuil, d’imaginer poser un acte symbolique…


Certains évoquent un risque de syndrome post-traumatique. Faut-il le redouter pour nos enfants ?


Toute histoire est singulière. Certains vivent très bien cette situation, d’autres très mal, tout dépend du contexte,…