Déconfinement des écoliers : “Le jour d’après se construit dès aujourd’hui”

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En quoi cette pandémie qui contraint en France au confinement est-elle déstabilisante ?


Ce que nous vivons est inédit. Notre quotidien a été bouleversé ; il est aujourd’hui marqué par le télétravail pour beaucoup, par ce qu’on appelle improprement « l’école à la maison » (car l’école, justement, ce n’est pas la maison), des réunions par visioconférence, vidéos en tout genre, coaching sportif… Nous sommes presque trop sollicités ! Il s’agit là d’une façon de gérer l’anxiété, de nous sentir utile, existant, en lien. Les conflits sont tout à fait normaux, les tensions étant accentuées par la promiscuité. Après presque deux mois de confinement, la difficulté réside dans l’incertitude quant à l’avenir. C’est ce qu’il y a de plus compliqué à gérer pour l’être humain ! Il doit alors mobiliser des ressources nouvelles pour durer, renouveler ses propositions et habiter l’attente.


Justement, en tant que parents, comment accompagner au mieux les enfants ?


L’essentiel est de garantir une sécurité psycho-affective à l’enfant. À nous, adultes, de garder à l’esprit que ce confinement n’est que transitoire : nous allons tous sortir de nos maisons, revivre, reprendre une vie normale. Il faut avant tout cultiver la capacité à s’évader, à rêver, à imaginer : regarder par la fenêtre, inventer des histoires… Le dessin est très apaisant, tout comme les activités manuelles avec de la pâte à modeler ou de la pâte à sel. Quant au jeu, qui est une forme d’échappatoire à la réalité, il est aussi fondamental. L’air de rien, toutes ces activités aident à évacuer les tensions. Ce temps offre l’occasion de se redécouvrir en famille, alors que les liens sont parfois distendus. Bien vécu, il peut être un renforcement positif.


Et face aux inéluctables tensions ?


Lorsque le ton monte, mieux vaut s’arrêter plutôt que de risquer l’escalade. Chacun prendra une pause pour souffler, se ressourcer. Il s’agit d’habiter différemment l’espace, ménager des moments d’intimité, organiser des sorties à tour de rôle, sans que tous les enfants soient ensemble par exemple, prévoir que le couple sorte seul aussi. Les règles habituelles seront assouplies. Les enfants seront probablement davantage derrière les écrans. L’adolescent, pour qui les amitiés sont très importantes à son âge, sera autorisé à porter un casque et à s’isoler parfois pour entretenir des conversations. Enfin, un « coup de mou » est normal. Il s’agit alors d’écouter l’enfant, de normaliser son ressenti, d’exprimer le sien aussi.


Il nous incombe d’inventer une autre manière de faire notre deuil, d’imaginer poser un acte symbolique…


Certains évoquent un risque de syndrome post-traumatique. Faut-il le redouter pour nos enfants ?


Toute histoire est singulière. Certains vivent très bien cette situation, d’autres très mal, tout dépend du contexte,…

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