Le ciel du mois : observez l’éclipse de Soleil du 20 mars

Standard
Durant une éclipse totale de Soleil, notre étoile cachée par la Lune révèle ses immenses extensions de plasmas, la chromosphère et la couronne. Photo Serge Brunier.

Durant une éclipse totale de Soleil, notre étoile cachée par la Lune révèle ses immenses extensions de plasma, la chromosphère et la couronne. Photo S. Brunier.

Ce 20 mars 2015, une éclipse totale de Soleil se déroulera à l’extrême nord de l’hémisphère boréal de notre planète. La Lune masquera le Soleil dans l’Atlantique nord, non loin du Groenland, des eaux de l’océan glacial Arctique et du Pôle Nord… Seules régions habitées concernées par le plus beau spectacle de la nature : l’archipel des Féroé et l’archipel du Svalbard… Ce jour là, un peu plus de deux minutes durant, l’étrange nuit de l’éclipse totale submergera ces îles nordiques. Depuis longtemps, toutes les faibles capacités d’accueil des Féroé et du Svalbard ont été mobilisées par les quelques milliers de chasseurs d’éclipses qui veulent à tout prix contempler l’éclipse totale et sa lumière électrique sur les fjords et les glaciers.
L’ombre de la Lune, mesurant entre 200 et 460 kilomètres environ, peindra d’obscurité la Terre selon une bande de 5850 kilomètres de longueur s’achevant en fin de matinée près du Pôle Nord, le jour même de l’équinoxe de printemps…
Cette éclipse totale de Soleil sera probablement l’une des moins observées de ces dernières décennies. Pas seulement du fait des régions extrêmes, minuscules et très peu peuplées, qu’elle touchera, mais aussi du fait de la météo, fantasque et statistiquement peu favorable en ce début de printemps boréal dans l’Atlantique nord…

Le dernier rayon de Soleil avant la phase totale de l'éclipse... Le fin liseré rose qui entoure notre étoile éclipsée, c'est la chromosphère solaire. Photo Serge Brunier.

Le dernier rayon de Soleil avant la phase totale de l’éclipse… Le fin liseré rose qui entoure notre étoile éclipsée, c’est la chromosphère solaire. Photo S. Brunier.

Pendant une éclipse totale de Soleil, par définition, le disque de la Lune recouvre complètement celui du Soleil, dans la bande dite de centralité, concernée par le phénomène. Mais, dans une région bien plus vaste, le Soleil est vu partiellement éclipsé par la Lune : se sera le cas, ce 20 mars, en Europe. En France, l’éclipse, dit partielle, débutera à 9 h 10 et s’achèvera à 11 h 50. Au maximum de l’éclipse, le disque du Soleil sera recouvert à plus de 60 % dans le sud de la France et à plus de 80 % dans le nord.

Voici l'aspect que prendra l'éclipse du 20 mars 2015 vue dans le nord de la France. Attention, même diminué à plus de 80 % l'éclat du Soleil demeure aveuglant et dangereux.

Voici l’aspect que prendra l’éclipse du 20 mars 2015 vue dans le nord de la France. Attention, même diminué à plus de 80 % l’éclat du Soleil demeure aveuglant et dangereux. Photomontage S.Brunier

Mais attention, ces chiffres ne doivent pas faire illusion : la baisse de lumière durant l’éclipse sera pratiquement insensible, l’éclat de notre étoile demeurera aveuglant durant tout le phénomène. Aveuglant et dangereux : n’essayez surtout pas d’observer l’éclipse à l’œil nu, elle ne peut être vue dans de bonnes conditions de sécurité qu’avec des lunettes spéciales, disponibles auprès des clubs et associations d’astronomie, ou dans les magasins d’optique spécialisés.
A lire dans Science et Vie de mars 2015 « Cinq raisons de ne pas rater l’éclipse du 20 mars »
Serge Brunier

L’éclipse du 20 mars posera des problèmes d’électricité à l’Europe

Standard
ivva

L’éclipse enchantera tout le monde… sauf les producteurs d’énergie solaire. (Ph. Ivva via Flickr CC BY 2.0)

L’énergie solaire, c’est propre et c’est durable… tant que le Soleil ne s’éteint pas. Or justement, l’European Network of Transmission System Operators for Electricity (ENTSOE), ou Union pour la coordination du transport de l’électricité, vient nous rappeler qu’à l’occasion de l’éclipse de Soleil partiel (à 70 %) du 20 mars prochain, le réseau électrique perdra de la puissance et qu’il faut donc préparer un plan B.

L’éclipse doit durer plusieurs heures sur le territoire européen : vers 8 heures du matin, l’ombre de la Lune atteindra les côtes portugaises puis elle balaiera les autre pays de l’UE avant, enfin, de se retirer vers l’est – approximativement vers 11 heures du matin. Trois heures donc où les générateurs à énergie solaire défailliront et se rétabliront progressivement et, surtout, alternativement, d’ouest en est.

Une éclipse d’électricité est peu probable

La moyenne de défaillance est estimée par les experts à 35 000 MW, qui est l’énergie (non) produite par seconde. Pour comparer, ce chiffre équivaut à 1/4 de la puissance produite par EDF (le premier producteur d’électricité au monde) en référence à l’année 2010. Ce n’est pas rien, même à l’échelle européenne !

Mais c’est surtout l’aspect mouvant des défaillances qui constitue le véritable défi pour le réseau européen unifié : les producteurs d’électricité (solaire et autre) devront ainsi compenser les pertes locales en injectant et en faisant circuler intelligemment de l’électricité supplémentaire, pour que l’éclipse ne devienne pas un mauvais souvenir.

Le déroulement de l'éclipse du 20 mars (A. T. Sinclair — NASA)

Le déroulement de l’éclipse du 20 mars (A. T. Sinclair — NASA)

Un test technologique et logistique grandeur nature pour l’ENTSOE, laquelle qui est sur le pied de guerre : la circulation de l’ombre de l’éclipse étant heureusement parfaitement prévisible, l’ENTSOE a déjà préparé le plan d’action et assure que tout se passera bien. Rappelons aussi que ces chiffres gigantesques ne représentent finalement qu’environ 3% de l’électricité circulant dans le réseau. A priori donc, nous ne serons occupé qu’à profiter de ce magnifique spectacle naturel.

Román Ikonicoff

 

> Lire également dans les Grandes Archives de Science & Vie :

  • Eclipse de soleil du 11 août 99 – S&V n°985 – 1999. Revivez en photos l’éclipse totale de Soleil du 11 août 1999 qui avait plongé un grande partie de la France dans une nuit étoilée en plein jour.

985

  • La Terre a deux lunes ! – S&V n°1136 – 2012. Mars à deux lunes, Phobos et Déimos, Jupiter en a au moins 67… Jalouse peut-être de cette inflation, la Terre s’en est découverte une deuxième : un astéroïde géocroiseur qu’elle a capturée dans son champs gravitationnel.

1136

  • On a retrouvé la Lune ! – S&V n°1154 – 2013. Si proche, si loin… La Lune nous accompagne depuis 4,56 milliards d’années, et toutes les civilisations l’ont adorée, craint et étudiée. Mais malgré les moyens techniques dont nous disposons aujourd’hui et les visites in situ, elle conserve des secrets… qu’on perce progressivement.

1154

  • Lune : son cœur a été mis à nu – S&V n°1123 – 2011. Parmi les inconnues entourant la Lune, son noyau : est-il solide et inerte ? Liquide et fluctuant ? Ce n’est qu’en 2011 que le profil en coupe de notre satellite a pu être complété : une graine solide en fer, un noyau externe liquide et une couche de roches fondues…

1123