Ecole : le redoublement devrait devenir l’exception

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Des élèves de CM2 lisent devant une classe de CP / Ph. Jyaire via Flickr - CC BY 2.0

Des élèves de CM2 lisent devant une classe de CP / Ph. Jyaire via Flickr – CC BY 2.0

Inefficace, démotivant, et qui plus est coûteux d’après la ministre de l’Education nationale Najat Vallaud-Belkacem, le redoublement d’un élève ne devrait plus servir que d’extrême recours à partir de l’automne prochain. Tel est le sens d’un décret examiné en ce moment par le Conseil d’Etat, qui s’inscrit dans la loi de refondation de l’Ecole de la République (8 juillet 2013).

Car redoubler permet certes à un élève de récupérer un peu son retard par rapport aux autres élèves, mais les études montrent qu’à long terme les redoublants progressent globalement moins bien que leurs camarades de même niveau passés à la classe supérieure.

Or, au cours de leur scolarité obligatoire, 28 % des élèves français actuels on déjà passé deux ans dans une même classe : c’est plus du double que la moyenne des 35 pays de l’OCDE (PDF). A l’entrée au collège, un enfant sur dix a un an de retard, et les redoublements dits « stratégiques » sont fréquents en troisième et en seconde.

Désormais, d’autres pistes de soutien aux élèves en difficulté devront être recherchées, d’après les souhaits de la ministre, tandis que le redoublement ne sera admis que lorsqu’il se justifie. Soit lors d’une « rupture importante de l’apprentissage » - notamment en cas d’absences prolongées d’un élève au cours de l’année, soit lorsque le niveau à redoubler constitue un « palier d’orientation » qui barre l’accès à la filière choisie par l’élève.

Limiter le redoublement est un objectif recherché depuis longtemps

Cela fait plusieurs années que les législateurs français souhaitent encadrer davantage les redoublements. Tel était l’un des objectifs de la loi d’orientation de Lionel Jospin qui en 1989 introduisit l’enseignement par cycles. Mais la mauvaise habitude de faire tout de même redoubler les élèves en retard est restée, souvent voulue par le corps enseignant, voire par les familles elles-mêmes.

Le débat sur le redoublement intervient dans une remise en question plus large, ces dernières années, de divers aspects de l’enseignement en France, comme l’opportunité de noter les élèves de primaire, les rythmes scolaires, ainsi que la surcharge des classes. Sur toutes ces questions, la science a apporté des réponses étayées, en convoquant la psychologie et les neurosciences.

C’est ainsi que les études de chronobiologie ont montré que la semaine de 5 jours est bénéfique pour l’apprentissage des enfants, une pause de deux jours pendant le weekend perturbant leurs capacités de concentration. Et concernant la taille des classes, une étude menée en France en 2006 a prouvé que réduire le nombre d’élèves permettrait clairement d’améliorer leurs résultats scolaires.

Quant à l’opportunité de noter les élèves, la réponse de la science est… tout dépend de l’esprit dans lequel la notation est attribuée ! Afin que l’élève qui apprend en tire bénéfice, il faut que les notes lui soient attribuées pour repérer ses erreurs, lui permettre de les corriger et souligner ses progrès. En décembre 2014, ce sujet sera sur la table des législateurs.

F.G.

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S&V 1164 notes élèves

S&V 1147 école neurosciences

S&V 1140 rythme scolaire

S&V 1128 nombre élèves

 

 

 

Les paquets de cigarettes seront tous identiques

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Finis les paquets de cigarettes aux couleurs vives (Ph. 09claude via Flickr CC by 2.0)

Finis les paquets de cigarettes aux couleurs vives (Ph. 09claude via Flickr CC by 2.0)

C’est aujourd’hui en Conseil des ministres que la mesure sur la neutralité de tous les paquets de cigarettes devrait être adoptée. Sauf revirement de dernière minute, la mesure-phare du plan national de réduction du tabagisme, présenté par la ministre de la Santé Marisol Touraine avec l’appui de François Hollande, imposera ainsi à tous les fabricants de cigarettes une standardisation des paquets vendus en France : une taille unique, aucun signe distinctif ni couleur, une typographie standard pour toutes les marques… Le stand des buralistes deviendra bien monochrome et monotone, que seuls le nom ou marque de la cigarette et les messages sanitaires (« Fumer tue ») avec leurs photos viendront « égayer ».

Une révolution donc dans un secteur où le « packaging » (emballage) est devenu l’élément clé de toutes les stratégies marketing pour séduire le chaland, surtout les jeunes, depuis que la publicité pour les cigarettes a été interdite en France en 1991 (loi « Evin »). Autant dire que cette mesure, inscrite plus largement dans le plan de lutte contre le cancer, est un coup rude porté aux cigarettiers. Lesquels bien sûr comptent se défendre par voie légale en invoquant l’atteinte au droit des marques, inscrit dans le droit fondamental de la propriété. Du moins, tel a été leur réaction quand l’Australie a adopté cette mesure fin 2012. Ils argumentent également qu’en Australie, la neutralité des paquets n’a pas modifié les ventes en 2013.

Un paquet de cigarettes neutre pour atténuer l’attrait du produit surtout auprès des jeunes

Néanmoins, des études dont celles de l’Université d’Anvers (Belgique) et de l’Université de Londres (Angleterre) ont prouvé l’intérêt de cette neutralisation marketing des cigarettes en particulier auprès des jeunes, cible privilégiée des cigarettiers car ces derniers assurent la pérennité à long terme de leurs ventes. Ainsi, si aucune statistique ne permet encore de mesurer la portée réelle d’une telle mesure, les expérimentations étant encore trop récentes, les institutions de santé publique, comme la Fondation contre le cancer, et les organismes internationaux comme l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Union européenne préconisent ce type de mesure. La France, où le tabagisme touche 30% des personnes en âge de fumer et coûte 18 milliards d’euros par an à la Sécurité sociale, serait le premier pays européen à appliquer une telle règle – suivie de près par la Grande-Bretagne.

Mais le paquet de cigarettes neutre n’est pas la seule mesure de lutte contre le tabagisme présentée par la ministre Touraine (et qui doit recevoir l’aval du Parlement) : la cigarette électronique devrait, elle aussi, recevoir sa part. En particulier, sa publicité devrait être mieux encadrée et son usage pourrait être interdit dans certains lieux publics (elle est déjà interdite de vente aux mineurs). Car si les spécialistes s’accordent généralement sur l’idée qu’elle est bien moins nocive que la cigarette traditionnelle – elle contiendrait de 9 à 450 fois moins d’agents nocifs – et sur son utilité pour le sevrage des fumeurs, son innocuité absolue n’a pas été prouvée, faute d’expérimentation à long terme. Mais surtout, comme l’a signalé notamment Bertrand Dautzenberg, président de l’Office français de prévention du tabagisme, elle pourrait constituer pour les jeunes une porte d’entrée vers le tabagisme.

R.I.

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Les avantages de la cigarette électronique - S&V n°1153

Les risques de la cigarette électronique - S&V n°1149

Méthode pour arrêter de fumerS&V n°1040

Mars : l’Inde réussit le placement en orbite du satellite Mangalyaan

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Vue d'artiste du satellite indien Mangalyaan ou Mars Orbiter Mission. / Nesnad via Wikipedia - CC BY SA 3.0

Vue d’artiste du satellite indien Mangalyaan ou Mars Orbiter Mission. / Nesnad via Wikipedia – CC BY SA 3.0

Il s’appelle MOM en anglais, acronyme de Mars Orbiter Mission, mais aussi Mangalyaan en indien (« vaisseau martien »). Ce petit satellite de 1,5 mètre et 500 kg est entré en orbite martienne aujourd’hui au petit matin, après un voyage qui a duré 300 jours. Il rejoint ainsi MAVEN, le satellite de la NASA arrivé deux jours plus tôt à proximité de la planète rouge.

Sur le plan stratégique, c’est un énorme succès pour l’Agence spatiale indienne, l’ISRO, qui par ce premier lancement interplanétaire fait son entrée dans la cour des grands acteurs de la conquête spatiale. Car l’entièreté de la mission MOM est Made in India, de la conception à la fabrication. Plus important encore, le lancement : il a eu lieu le 5 novembre 2013 depuis le centre spatial Satish Dhawan sur l’île de Sriharikota (Golfe du Bengale).

Sur le plan scientifique, la mission du MOM sera de mesurer le taux de méthane dans l’atmosphère et sur le sol martiens, un indicateur de vie microbienne. L’existence de microbes sur Mars est déjà prouvée, mais il s’agit de bactéries terrestres emportées sur place par les divers rovers qui s’y sont posés (ou crashés) : Viking, PathfinderSpirit... et même Curiosity, qui promettait pourtant d’être l’engin le plus stérile à toucher le sol martien…

Les 15 instruments dont est pourvu Mangalyaan récolteront des données durant 6 à 10 mois, tandis que ses caméras couleur promettent de fournir des images épatantes des lunes de Mars, Phobos et Déimos (signifiant « peur » et « terreur » en grec), qui portent le nom des jumeaux engendrés par le dieu Mars et la déesse Vénus dans la mythologie gréco-romaine.

Mangalyaan est une mission spatiale « low cost »

Mais pour ses homologues internationaux, le plus surprenant chez Mangalyaan est son coût : seulement 25 millions de dollars, d’après l’ISRO. L’Inde souhaite ainsi prouver qu’elle pourrait jouer le rôle de puissance spatiale « low cost », à l’heure où la NASA tente d’abattre les coûts de ses missions, notamment en sous-traitant à des prestataires privés ses vols habités. De quoi concurrencer son gran rival, la Chine.

F.G.

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