La France risque de manquer d’électricité après 2015

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Ph. faceme via Flickr - CC BY 2.0

Ph. faceme via Flickr – CC BY 2.0

La sécurité électrique de la France risque d’être menacée à partir de l’hiver 2015. L’alerte vient du Réseau de transport d’électricité (RTE, la filiale d’EDF chargée des réseaux de très haute tension) qui se charge chaque année de surveiller l’équilibre entre production et consommation d’électricité. Et prévient, depuis plusieurs années, que l’Hexagone n’est pas à l’abri de pannes hivernales.

Comme l’affirme Dominique Maillard, patron de RTE :

« Il existe un risque d’une production insuffisante pour faire face à la demande dans les hivers à venir. La différence entre consommation et production pourrait atteindre 2000 MW pendant l’hiver 2016-2017. Soit un manque équivalent à deux réacteurs nucléaires ! »

L’hiver, chaque degré de température de moins entraîne une consommation de 2400 MW supplémentaires par les ménages français, largement dépendants du chauffage électrique. Et comme l’énergie électrique ne se stocke pas, le réseau doit être alimenté en permanence pour éviter la panne. Or, un black-out entraîne également des conséquences sur tous les équipements dépendant de l’électricité !

La fermeture de centrales à charbon et à fioul à l’origine du manque d’électricité

De fait, RTE a fréquemment signalé, ces dernières années, que l’hiver serait peut-être difficile à passer sans pannes. Cependant, cette fois l’alerte est justifiée par des changements à venir qui modifieront le panorama de la production électrique française.

Fin 2015, EDF devra fermer certaines centrales à charbon et à fioul, qui ne sont plus conformes aux nouvelles normes antipollution européennes. Perte de production calculée : 8 600 MW.

De plus, certaines centrales à gaz, pourtant toutes neuves, ont été mises « sous cocon » à cause du coût trop élevé du gaz en Europe. A cela s’ajoute le probable démantèlement de la centrale de Fessenheim, prévu pour fin 2016 par le gouvernement, qui entraînera une perte de 1 800 MW.

Comment colmater ces manques ? Pour l’instant, les énergies renouvelables ne sont pas encore à même d’y parvenir seules, d’autant que l’hiver l’ensoleillement est au minimum. Mettre aux normes les centrales à fioul et inciter les usagers à se déconnecter du réseau lors des pics de consommation figurent parmi les pistes explorées.

F.G.

> Lire dans les Grandes Archives de S&V :

S&V 1132 black-out

S&V 1126 réseaux

S&V 1145 démantèlement

S&V 1158 nucléeaire énergie

 

 

 

Autoportrait d’une sonde spatiale en mission

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En orbite autour de la comète Churyumov-Gerasimenko, la sonde européenne Rosetta a réalisé ce spectaculaire autoportrait. Photo ESA.

En orbite autour de la comète Churyumov-Gerasimenko, la sonde européenne Rosetta a réalisé ce spectaculaire autoportrait. Photo ESA.

En approche de la comète Churyumov-Gerasimenko, la sonde européenne Rosetta a pris ce magnifique autoportrait. Plus exactement, c’est la caméra embarquée par le module Philaé qui a pris cette image. Une pratique qui n’a pas attendu l’apparition du mot « selfie » : depuis l’origine de la conquête spatiale ou presque, les sondes prennent des images de leur environnement, où elles se représentent avec plus ou moins de discrétion et de modestie… Ces images prises par des robots, paradoxalement, « humanisent » les paysages qu’elles nous font découvrir. Rosetta, aujourd’hui, s’approche de la comète. Les scientifiques européens vont annoncer dans quelques jours où et quand se posera à sa surface le module Philaé… Serge Brunier

En 2007, la sonde Rosetta avait frôlé la planète Mars, réalisant ce vertigineux autoportrait à quelques centaines de kilomètres seulement au dessus de sa surface. Photo ESA.

En 2007, la sonde Rosetta avait frôlé la planète Mars, réalisant ce vertigineux autoportrait à quelques centaines de kilomètres seulement au dessus de sa surface. Photo ESA.

Fière de ses prestations sur la planète Mars, l'an dernier, Curiosity s'est photographié en majesté. Photo NASA.

Fière de ses prestations sur la planète Mars, l’an dernier, Curiosity s’est photographié en majesté. Photo NASA.

C'est l'une des plus belles photographies de toute la conquête spatiale. En 2005, la sonde japonaise Hayabusa s'approche de l'astéroïde Itokawa, et photographie son ombre projetée sur l'astéroïde. Photo JAXA.

C’est l’une des plus belles photographies de toute la conquête spatiale. En 2005, la sonde japonaise Hayabusa s’approche de l’astéroïde Itokawa, et photographie son ombre projetée sur l’astéroïde. Photo JAXA.

Sur la planète Mars, encore, c'est le robot Opportunity, qui arpente Mars depuis plus de dix ans, qui s'offre un selfie bien mérité... Photo Nasa.

Sur la planète Mars, encore, c’est le robot Opportunity, qui arpente Mars depuis plus de dix ans, qui s’offre un selfie bien mérité… Photo Nasa.

L'un des premiers, et les plus impressionnants autoportraits de toute la conquête spatiale : il a été réalisé en 1982 par la sonde soviétique Venera 13 dans les conditions infernales de la planète Vénus. Deux heures après s'être posée,  Venera 13 a succombé à la température de +450 °C...

L’un des premiers, et les plus impressionnants autoportraits de toute la conquête spatiale : il a été réalisé en 1982 par la sonde soviétique Venera 13 dans les conditions infernales de la planète Vénus. Deux heures après s’être posée, Venera 13 a succombé à la température de +450 °C…

Cette photographie, réalisée par la sonde américaine Viking 2 en 1976, est une icône de la conquête spatiale. Photo Nasa.

Cette photographie, réalisée par la sonde américaine Viking 2 en 1976, est une icône de la conquête spatiale. Photo Nasa.

Concentrations record de gaz à effet de serre en 2013

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Ph. Crowbared via Flickr - CC BY 2.0

Ph. Crowbared via Flickr – CC BY 2.0

Nouvelle donnée inquiétante pour le climat planétaire : en 2013, la teneur en gaz à effet de serre dans l’atmosphère terrestre n’a jamais été aussi élevée. C’est ce que révèle l’Organisation météorologique mondiale (OMM) dans son bulletin annuel, publié mardi.

CO2, méthane, protoxyde d’azote… par le mécanisme bien connu de l’effet de serre, ces gaz produits en grande partie par les activités humaines sont capables d’amplifier la quantité de radiations solaires qui reste piégée dans l’atmosphère terrestre, contribuant à la réchauffer. On sait que depuis 1990, ce « forçage radiatif » a crû de 34 %, principalement à cause de la hausse du CO2 (dioxyde de carbone) atmosphérique.

Or, la concentration de ces gaz est au plus haut : les données recueillies par l’OMM montrent qu’en 2013 elles ont connu la plus forte hausse annuelle depuis 1984. On compte désormais 396 parties par million (ppm) de dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Par rapport à l’époque préindustrielle (l’année 1750), c’est 142 % de plus.

Les taux atmosphérique de dioxyde de carbone (CO2), de méthane (CH4) et de protoxyde d'azote (N2O) dans l'atmosphère terrestre entre 1984 et 2013. /  DR OMM

Les taux atmosphérique de dioxyde de carbone (CO2), de méthane (CH4) et de protoxyde d’azote (N2O) dans l’atmosphère terrestre entre 1984 et 2013. / DR OMM

La biosphère n’aurait pas absorbé autant de gaz à effet de serre qu’auparavant

Pourquoi une telle hausse ? Le plus inquiétant est que l’OMM redoute qu’elle ne s’explique pas tant par une hausse des émissions anthropiques (d’origine humaine), mais plutôt par le fait que la biosphère terrestre absorbe de moins en mois les gaz à effet de serre. Les forêts et les océans, les principaux puits de carbone, ne seraient plus à même de prélever ces gaz dans l’atmosphère au même rythme qu’auparavant.

Clé du système climatique mondial, l’océan, qui absorbe un quart des émissions de CO2 produites par l’homme, en prélève chaque jour 4 kg par habitant de la planète. Avec pour conséquence de s’en retrouver acidifié : car, dissous dans l’eau, le CO2 génère un milieu acide, qui provoque des dégâts aux coraux, aux coquillages et aux organismes marins en général. Cette acidification a atteint son plus haut niveau depuis 300 millions d’années, estime l’OMM, qui prévoit qu’elle accélèrera encore jusqu’au milieu du siècle.

Comment enrayer l’asphyxie de l’atmosphère et des océans ? Il a été envisagé un temps de stocker le CO2 atmosphérique, en l’enfouissant sous la terre, afin de retirer de l’air les quantités émises. Mais cette solution était trop facile pour fonctionner. Non seulement il est impossible de stocker l’ensemble des quantités émises, mais le stockage à grande échelle demeure cher et prendrait trop de temps à mettre en place.

Réduire les émission à la source

Ce qui est plutôt préconisé par les experts mondiaux, c’est de mettre en œuvre des mesures profondes pour réduire à la source les émissions anthropiques de gaz :  celles-ci sont principalement dues aux activités industrielles, à l’élevage intensif (qui génère 18 % d’entre elles, surtout du méthane), et à la déforestation.

Réduire la dépendance des combustibles fossiles pour le transport et la production de d’énergie (charbon, pétrole, gaz naturel), combattre la déforestation, construire des systèmes de production agricole plus écologiques… Inverser la courbe du réchauffement demande des engagements à tous les niveaux.

Des dégâts sanitaires sont aussi à prévoir

Selon les projections des climatologues, la hausse globale des températures pourrait aller de 1 à 6 °C d’ici à la fin du siècle. Hormis les conséquences sur la hausse niveau de la mer et l’intensification des phénomènes météorologiques extrêmes, le réchauffement entraînera également des risques sanitaires.

Ils vont de la hausse des maladies cardiovasculaires et respiratoires liées aux vagues de chaleur, à l’implantation dans les régions tempérées de maladies tropicales comme la dengue ou le chikungunya, aux intoxications alimentaires plus fréquentes du fait de la chaleur.

Pour ralentir cette course, d’ici à 2020, il faudrait réussir à faire décroître les émissions de gaz à effet de serre. Comme beaucoup d’institutions scientifiques avant elle, l’OMM exhorte la communauté internationale à agir de toute urgence, « face à l’accélération des changements climatiques dont les effets pourraient s’avérer dévastateurs ».

F.G.

> Lire aussi dans les Grandes Archives de S&V :

S&V 1098 CO2

S&V 1128 océans

  • GRAND DOSSIER Réchauffement climatique Le climat de la planète peut se définir, tout comme le climat d’un lieu quelconque, par l’ensemble des conditions atmosphériques moyennes qui règnent à la surface du globe, ainsi que leurs variations et leurs extrêmes. Ces valeurs sont calculées d’après les observations sur au moins 30 ans. Le climat résulte des interactions complexes entre l’atmosphère, la croûte terrestre (la lithosphère), les océans, lacs et cours d’eau (l’hydrosphère), les glaces (cryosphère) et les êtres vivants (biosphère). - Découvrez les articles sélectionnés pour vous par la rédaction de S&V.