Quatre ans après la tempête Xynthia, le procès des autorités commence

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La tempête Xynthia vue de l'espace le 27 février 2010 / Ph. NASA Goddard Space Flight Center via Flickr - CC BY 2.0

La tempête Xynthia vue de l’espace le 27 février 2010 / Ph. NASA Goddard Space Flight Center via Flickr – CC BY 2.0

Qui est responsable des 29 décès survenus à La Faute-sur-Mer le 28 février 2010 ? C’est ce que devrait déterminer le procès qui s’ouvre aujourd’hui aux Sables-d’Olonne (Vendée). Cette nuit-là, alors que la tempête Xynthia déferlait sur la côte Atlantique, les habitants de La Faute avaient été surpris à 1h du matin par une puissante inondation. En quelques minutes, l’eau était montée à 2,80 mètres.

Déchaînés, vents et marées avaient fait sauter les digues qui protègent la petite ville de la côte vendéenne. Une catastrophe naturelle ? Aujourd’hui, les 122 parties civiles formées par les survivants à l’inondation veulent savoir quelle est la part de responsabilité humaine dans cette tragédie.

Au banc des accusés comparaissent pour homicide involontaire cinq personnes. Au premier chef, René Marratier, le maire de La Faute-sur-Mer, accusé d’avoir fait longtemps obstruction au plan de prévention du risque d’inondation, aurait laissé s’étendre des lotissements dans cette zone qui pourtant aurait dû être inconstructible.

Xynthia a frappé sur des côtes déjà en péril

En cas de tempêtes, les constructions sauvages mettent clairement en péril les populations qui y habitent. Et ce alors que le littoral est déjà menacé par un ensemble de phénomènes dus à l’érosion et à la montée des eaux – en particulier dans une région de marais maritimes comme la Vendée.

Schématiquement, la montée des eaux due à la fonte des glaces ronge les côtes, qui sont aussi de moins en moins alimentées par les sédiments venant des fleuves à cause des barrages. A cela s’ajoute l’extraction abusive de sédiments (sable, galets) utilisés comme matériaux de construction, ainsi que la surexploitation du littoral pour les activités de plaisance.

Paradoxalement, les mesures de protection telles que les digues et les aménagements des côtes peuvent même empirer la situation. Trop souvent conçus à la hâte, ils modifient les forces hydrodynamiques qui s’exercent sur le milieu côtier, et ne font souvent que déplacer, voire renforcer, l’érosion.

Avec le Marais poitevin, Saint-Nazaire et Bordeaux, les marais vendéens figurent parmi les zones les plus vulnérables de l’Hexagone à la montée des eaux.

F.G.

 

> Lire aussi dans les Grandes Archives de S&V :

S&V 945 littoral

S&V 1090 montée eaux

S&V 1159 hiver

 

 

Fukushima : l’audition du directeur de la centrale rendue publique

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Des experts de l'IAEA dans la centrale de Fukushima Daiichi en avril 2013 / Ph. IAEA via Flickr CC BY SA 2.0

Des experts de l’IAEA dans la centrale de Fukushima Daiichi en avril 2013 / Ph. IAEA via Flickr CC BY SA 2.0

Trois ans et demi exactement après l’accident nucléaire de Fukushima, les mots du directeur de la centrale Masao Yoshida ont été divulgués hier par le gouvernement japonais.

Le 11 mars 2011, Masao Yoshida dirigeait les opérations d’urgence engagées dans la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi suite au tsunami qui avait ravagé trois des six réacteurs, entraînant leur fusion. Décédé l’an dernier d’un cancer, il avait été écouté en juillet et en novembre 2011, de même que l’ex-premier ministre Naoto Kan et d’autres membres du gouvernement, afin de clarifier la gestion de la crise.

Lors de la catastrophe, alors que trois des six réacteurs étaient en fusion, M. Yoshida était censé exécuter les ordres du quartier général de la compagnie électrique Tepco à Tokyo en dirigeant les équipes de techniciens sur place.

A Fukushima, des ordres incohérents venant de Tokyo

Cependant, dans les centaines de pages de ses déclarations, M. Yoshida se plaint d’avoir eu à gérer à lui seul de multiples ordres incohérents, lui venant à la fois de Tepco et du gouvernement japonais lui-même, sans intermédiaires. Une situation qu’il a toujours jugée « insensée ».

Face à des injonctions qu’il considérait dangereuses, il ne s’est ainsi pas toujours exécuté : par exemple lorsqu’il a continué de faire verser de l’eau de mer sur les réacteurs alors qu’on lui demandait d’arrêter. Une décision qui a sans doute été la bonne, freinant considérablement la fusion des réacteurs.

Que se passerait-il en cas d’accident nucléaire en France ?

Une telle crise est malheureusement impossible à exclure en France. Les autorités sont d’ailleurs en train de se pencher de plus près sur les différents scénarios d’accidents nucléaires pouvant frapper l’un des 58 réacteurs répartis sur 19 sites dans l’Hexagone.

En théorie, les calculs sont plutôt rassurants : un accident grave ne devrait se produire que tous les 100 000 ans. Sauf que ces évaluations ne tiennent compte que des défaillances internes des réacteurs, et pas des causes externes comme les séismes ou les inondations.

Des mesures de protection spécifiques sont donc en cours de préparation pour parer à ce genre d’évènement.

F.G.

> Lire à ce propos le numéro de S&V actuellement en kiosque :

S&V 1164 couv