Simplifier leur vie, ils l’ont fait

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Gwedolyn et Stéphane Bienvenue, Lyon, deux enfants de 4 et 7 ans :
« On s’est allégés des objets non indispensables »

« Le choix de ne pas avoir de voiture est central. Il est intervenu dans notre choix de résidence : le centre de ville de Lyon.

Le vélo est vraiment mon mode de déplacement quotidien. Je travaille dans une des communes de la banlieue ouest, ce qui représente une dizaine de kilomètres aller-retour. Les gens s’étonnent que je vienne de Lyon. Moi, ça me plaît de déconstruire ces représentations.

C’est économique, écologique, super pratique et rapide. Quand on y goûte, on se dit qu’on se simplifie la vie.

Pour nos vacances, on part en train et vélo. Nous connaissons bien toutes les voies vertes de France ! Le long de la Loire, de l’Atlantique, du canal du Midi… on a ratissé la France, et l’on a découvert de beaux endroits. C’est un fabuleux moyen de voyager en famille. Nous aimons bien l’itinérance, aller à la rencontre des gens. Quand on arrive à vélo, c’est sympathique, ça simplifie les rapports, on a un bon accueil. L’échange fait place à l’étonnement.

Nos deux enfants de 4 et 7 ans aiment ça, d’autant que l’on s’adapte à leur age. La petite est encore en carriole, mais l’aîné a son vélo attelé au mien.

Nos valises se résument à une sacoche chacun et deux sacoches pour l’intendance familiale.

À la maison, on essaie de s’alléger de tous les biens qui ne paraissent pas indispensables. Cela permet de faire de la place pour autre chose. Nous n’avons pas de micro-onde, pas de lave-vaiselle, de sèche-linge, de cafetière électrique… et les gadgets comme des robots de cuisine ou des machines à raclette n’ont pas droit de cité chez nous. Quand des amis dînent à la maison, ils se proposent spontanément pour faire la vaisselle. Cela crée du lien, ce sont des moments d’échange simple. C’est dans cette spontanéité que l’on est le plus proche. La simplicité, ça crée beaucoup de convivialité. Moins de biens, ça crée plus de liens !

Entre voisins, on se prête des pompes à vélo, des échelles, des outils. C’est sympa, on partage tout. Pour moi c’est ça, retrouver de la simplicité. C’est un piège de croire que l’on a pas besoin des autres, c’est enfermant. À acheter beaucoup de choses matérielles, on se sent mal à l’aise à aller taper à la porte des autres. Cela induit du repli sur soi, de l’individualisme. C’est récent, tous ces objets qui sont venus nous envahir et prendre la place de l’essentiel : être relié aux autres, créer de l’entraide, cultiver l’être plutôt que l’avoir.

On a pas de télé. Pour moi ça dégage du temps pour lire, pour raconter des histoires aux enfants. Ce sont des moments intimes qui ritualisent le quotidien. Les soirs d’élection, on fait des soirées chez des amis qui ont la télé. Cela crée des débats et des échanges que l’on aurait pas eu si l’on été restés chez nous.

N’ayant pas de téléphone portable, j’utilise beaucoup le mail, et je ne perds pas de temps à déplacer des rendez-vous. Il y a des situations où le portable est pratique mais l’on peut s’en passer dans 80% des cas. Je revendique fièrement d’avoir une carte téléphonique dans mon portefeuille même si je déplore la disparition des cabines..

Pendant les vacances de Noël, nous avons proposé à une mère d’élève de l’école, sans domicile, de venir habiter chez nous avec ses enfants. Nous aurions davantage hésité si nous avions eu à la maison des choses de valeur. La sobritété nous permet d’investir dans d’autres choses : des liens de solidarité.

La source de cet engagement, je la puise dans ma foi chrétienne, dont les valeurs sont le partage, la solidarité, l’entraide, l’accueil de l’autre. Nous avons un engagement associatif à travers « Chrétiens et pic de pétrole », qui s’interroge sur les convergences entre l’objection de croissance et le message évangélique. Cette recherche de simplicité est convergente avec la figure du Christ. On se met en chemin derrière lui en essayant d’être dans la sobriété. »

Claire de Buttet, Paris :
« J’ai changé de métier pour retrouver du temps »

« J’ai changé de vie il y a huit ans quand je suis devenue artiste et décoratrice d’intérieur à mon compte. Après des études d’arts, j’ai été assistante de direction dans différentes boîtes, dont un gros groupe de presse américain pour qui je travaillais au service publicité. Ce travail répétitif ne me correspondait plus. Cela faisait un moment que je voulais reprendre les pinceaux. Grâce au Fongecif, j’ai fait une formation de peintre décorateur pendant un an, et je me suis mise à mon compte.

Il est plus sûr d’être salarié, mais aujourd’hui je suis mieux alignée par rapport à ce que je voulais développer comme talent dans mon métier. J’avais l’impression que je passais à côté de ma vie si je ne reprenais pas les pinceaux et si je n’avais pas d’influence positive sur la vie des autres avec mon travail artistique. Ca simplifie la vie de trouver ce pour quoi on est fait.

Je fais un métier qui me permet d’avoir du temps pour mes enfants, et ce temps est un de mes biens les plus précieux. Il est important pour mon équilibre et pour le leur. Je gère mes horaires pour aller les chercher à l’école à 4 heures. Je vois tellement de mamans se plaindre de ne pas avoir de temps.

L’année dernière nous avons décidé de faire une chambre d’hôte à la maison, pour arrondir les fins de mois. Ainsi, si nous n’avons pas les moyens de voyager, le monde vient à nous ! Nous avons hébergé des Autraliens, des Japonais, des Norvégiens…C’est une ouverture sur le monde pour les enfants, et une belle expérience de partage et de simplicité. Deux Japonaises, qui s’étaient fait un programme très chargé de visite de tous les lieux touristiques, boutiques et musées parisiens, nous ont dit à la fin du séjour que le meilleur moment avait été le petit déjeuner que nous avons partagé en famille.

L’année dernière, je me suis lancée dans le blogging. J’ai créé Gratitude et Compagnie il y a six mois, pour partager des bonnes nouvelles, et tout ce qui donne du sens à la vie. J’ai plein de choses à donner, à partager sur la vie : des joies toutes simples, ce qui fait qu’une vie quotidienne est belle et bien remplie. C’est mon témoignage en tant que chrétienne. »

Donner ses cadeaux de Noël plutôt que les revendre

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C’est déjà devenu une habitude de Noël : chaque année, à peine la course aux cadeaux terminée, le 25 décembre ouvre de nouvelles hostilités : celles de la revente des cadeaux. Faut-il y voir un effet de la crise économique ? les Français sont de moins en moins choqués par cette pratique (qui reste néanmoins plutôt mal perçue) et de plus en plus nombreux à se débarrasser de leurs paquets encombrants dès le lendemain de la fête. Les sites eBay et PriceMinister enregistrent ainsi des pics d’activités dans les jours qui suivent la fête.

Selon un sondage OpinionWay, réalisé pour PriceMinister, ils seraient 52% des Français (63% chez les moins de 24 ans) à ne plus hésiter à revendre leurs cadeaux, surtout quand ils leur ont été offerts par des parents éloignés. Pour justifier leur geste, les revendeurs invoquent d’abord le fait d’avoir reçu un objet en double, mais aussi, dans une moindre mesure, que leur cadeau ne leur plaît pas ou leur paraît inutile.

Retrouver le sens du don

Et si, au lieu de céder à cette tendance peu glorieuse (71% de ceux qui revendent leurs cadeaux se garderont bien de s’en vanter), on retrouvait un peu de l’esprit de Noël en choisissant de partager le pull dont la couleur ne nous va pas, le livre qu’on n’a pas l’intention de lire ou le DVD reçu en double ? Il existe des sites spécialisés dans le don d’objets, comme donnons.org, qui permettent de joindre la bonne conscience à l’agréable en permettant à d’autres de bénéficier de ces cadeaux qui n’ont pas trouvé grâce à nos yeux, mais dont ils ont peut-être rêvé…

Quant à ceux qui souhaiteraient  se tourner vers une association caritative pour offrir leurs “superflu” de Noël, voici une brève liste de quelques unes qui accueilleront avec plaisir ces dons, pour mieux les redistribuer à ceux qui sont habituellement oubliés sous le sapin :

> Emmaüs,

> L’Armée du Salut,

> Les Restos du coeur,

> Le Secours populaire,

> Oxfam France.

Les astronomes ont-ils découvert la première Lune extrasolaire ?

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Une planète géante et sa lune flottent, peut-être, perdues dans l'obscurité de l'espace, parmi les étoiles de la Voie lactée, aux confins des constellations du Sagittaire et du Scorpion. Photo S.Brunier.

Une planète géante et sa lune flottent, peut-être, perdues dans l’obscurité de l’espace, parmi les étoiles de la Voie lactée, aux confins des constellations du Sagittaire et du Scorpion. Photo S.Brunier.

Si elle était validée, cette découverte passée inaperçue serait l’une des plus belles de l’année 2013 écoulée. Malheureusement, la nature est indifférente aux desiderata des savants, et cette fascinante observation risque fort… de n’être jamais confirmée.
Voici plusieurs années que le bruit court, puis s’estompe, puis son écho grossit de nouveau, dans les couloirs des observatoires et des instituts de recherche astronomique : « on » aurait découvert la première exolune. Exolune ? Oui : le satellite d’une exoplanète. Ce serait une formidable première. A ce jour, environ mille exoplanètes ont été trouvées dans la Galaxie, et autour d’elles, aucune lune. C’est normal, puisque les satellites des planètes, beaucoup plus petits et légers que les corps autour desquels ils tournent, sont extrêmement difficiles à détecter, avec les moyens d’observation – essentiellement indirects – actuels.
Alors les spécialistes spéculaient : a priori, le seul instrument capable de détecter le satellite d’une exoplanète, se devait être Kepler, le télescope spatial américain, qui a découvert des centaines d’exoplanètes en observant leurs transits devant leurs étoiles, transits provoquant de mini éclipses. A chaque transit de l’exoplanète, une éclipse secondaire, due à sa lune, aurait été détectée, décalée légèrement à chaque tour du fait de sa rotation autour de la planète. Imparable. Étrangement, à ce jour, ni Kepler, ni Corot, le télescope spatial franco-européen, ni les télescopes terrestres qui observent des transits, n’ont réussi à dénicher dans l’espace une exolune…
Non, la découverte – si il y a découverte – vient d’où on ne l’attendait pas, d’un réseau de surveillance terrestre, appelé MOA (Microlensing Observations in Astrophysics). Cette équipe internationale surveille, pratiquement 24 h/24, le bulbe galactique et ses milliards d’étoiles dans le but de détecter non pas des transits d’exoplanètes, donc l’affaiblissement cyclique d’étoiles, mais au contraire l’accroissement brutal de luminosité d’étoiles, provoqué par le passage devant elle d’exoplanètes.
Paradoxe, alors que les transits provoquent évidemment une baisse d’éclat des étoiles ? C’est que la technique d’observation du groupe MOA est basée sur un principe profondément différent de celui des transits, celui de l’optique gravitationnelle. On sait depuis la publication de la théorie de la relativité générale par Albert Einstein, voici bientôt un siècle, que l’espace se courbe en présence de masse. Cette déformation de l’espace – vérifiée en 1919 lors d’une éclipse totale de Soleil – contraint les rayons lumineux à suivre un chemin particulier autour des corps célestes – étoiles, galaxies, trous noirs, pour les cas concrets – qui agissent alors comme « lentilles gravitationnelles », capables, comme les lentilles optiques traditionnelles, d’amplifier la lumière des étoiles… Les astronomes utilisent cette étrange propriété de l’espace pour chercher des galaxies derrière les amas de galaxies et des planètes autour des étoiles lointaines.
Pour cela, il faut une configuration géométrique très particulière et extraordinairement précise : l’exoplanète, tournant autour d’une étoile dite « lentille », doit passer exactement devant une étoile très distante, dite « source ». Durant cet alignement, qui n’arrive qu’une seule fois, et qui est du au déplacement des étoiles autour du centre galactique, l’étoile source voit son éclat augmenter progressivement durant le passage devant elle de la lentille, puis diminuer de façon symétrique. Puis, si une planète se trouve à côté de l’étoile lentille, l’amplification reprend, et diminue de nouveau… L’optique gravitationnelle, fille de la relativité générale, étant précisément codifiée, il est possible aux chercheurs, à partir de l’amplification de lumière et de sa durée, et des caractéristiques de l’étoile source, de définir assez précisément la carte d’identité de la planète « lentille »…
Voilà pour le principe. C’est ainsi que le 26 juin 2011, l’un des télescopes de MOA, situé à l’observatoire du mont John, en Nouvelle-Zélande, a détecté le début d’une amplification de lumière d’un astre, baptisé MOA-2011-BLG-262, aux confins des constellations du Sagittaire et du Scorpion, non loin du Centre galactique. Aussitôt, l’événement – qui a duré près d’une centaine d’heures – a été suivi par les télescopes d’autres équipes (PLANET, MicroFun), depuis l’observatoire Canopus, en Tasmanie et l’observatoire de Siding Spring, en Australie. Mais quand une deuxième amplification a commencé à être détectée, le branle bas général a été décrété et la grosse artillerie astronomique mise à contribution : les observatoires de Cerro Tololo et Las Campanas, au Chili et l’observatoire Faulkes en Afrique du Sud. Enfin, plus tard, depuis le sommet du volcan Mauna Kea, à Hawaii, l’un des plus puissants télescopes du monde, le Keck Telescope, s’est joint aux observations…
L’analyse des données enregistrées par cette collaboration internationale, puis les observations de l’étoile source, MOA-2011-BLG-262, a pris près de deux ans, à l’issue desquels l’équipe de D.P Bennett, V. Batista, I.A Bond, C.S. Bennett, D. Suzuki, J.P. Beaulieu, A. Udalski, J. Donatowics – et plusieurs dizaines de leurs collaborateurs ! – a finalement publié sur ArXiv sa conclusion : l’événement MOA-2011-BLG-262 est peut-être du au passage devant l’étoile source d’une planète et de sa lune…
Une première « exolune », donc, aux caractéristiques très étranges, complètement inattendues. D’abord, ce satellite serait énorme, de la taille de la planète Mars, disons, et tournerait autour d’une planète géante, un peu plus grosse et trois fois plus massive que Jupiter. Un couple d’astres géants, donc, dont il n’existe pas d’exemple dans notre système solaire. Mais il y a plus : cette planète et sa lune ne tourneraient autour d’aucune étoile ! Elles flotteraient librement, dans le noir de l’espace, à 2000 années-lumière d’ici… On sait que des planètes sans étoile existent dans la Voie lactée, de tels astres ont pu être éjectés de leur système planétaire par un jeu de billard cosmique entre planètes ou entre étoiles et planètes. L’ennui, pour David Bennett et ses nombreux collègues, c’est que cette découverte n’est pas certifiée, car il existe, avec les données enregistrées, une autre possibilité d’explication à l’événement MOA-2011-BLG-262. Pire encore, elle ne sera peut-être jamais confirmée…
Les astronomes, en effet, ont calculé une seconde solution optique pour l’amplification de la source MOA-2011-BLG-262 par sa lentille. Il pourrait s’agir, non plus d’une planète et sa lune, mais d’une étoile dix fois plus petite que le Soleil, et de sa planète, à peu près grosse comme Neptune. Dans ce cas, le couple serait situé à 22 000 années-lumière environ.
Comment pourrait-on résoudre cette équation à deux inconnues ? C’est impossible aujourd’hui, la lentille et sa source sont, pour les télescopes actuels, presque confondues. Si il s’agit bien d’une planète et sa Lune, elles demeureront probablement à jamais invisibles, obscures sur le fond noir de l’espace. Si il s’agit d’une planète et de son étoile, cette dernière sera peut-être un jour détectée par un puissant télescope.
La possible première découverte d’une lune extrasolaire est à la fois fascinante et frustrante. Mais, même si elle demeure éternellement en suspend, elle montre que les astronomes sont désormais capables de trouver dans le cosmos des planètes et leurs satellites. On peut s’attendre à ce que, cette année peut-être, l’équipe de Kepler annonce à son tour la possible découverte d’une exolune.
Une Lune extrasolaire, un monde lointain, tournant dans l’orbe d’un monde lointain… Comment toucher plus l’imaginaire humain, bercé depuis la nuit des temps par l’étrange luminaire blafard qui traverse le ciel de la Terre en un cycle éternellement recommencé ? Et qu’écrirait aujourd’hui, à l’annonce qu’il existe dans le ciel d’autres lunes, aux paysages éclairés par d’autres soleils, ou par les myriades d’étoiles de la Galaxie, l’auteur de ces vers ?

Tout reposait dans Ur et dans Jérimadeth ;
Les astres émaillaient le ciel profond et sombre ;
Le croissant fin et clair parmi ces fleurs de l’ombre
Brillait à l’occident, et Ruth se demandait,
Immobile, ouvrant l’œil à moitié sous ses voiles,
Quel dieu, quel moissonneur de l’éternel été,
Avait, en s’en allant, négligemment jeté
Cette faucille d’or dans le champ des étoiles.