Notre ADN contient des virus néandertaliens !

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Modèle d'homme de néandertal © Mary Harrsch

Modèle d’homme de néandertal © Mary Harrsch

Notre ADN contient des virus qui étaient également présents dans l’ADN de l’homme de Néandertal et celui de l’homme de Denisova, révèle une étude publiée le 18 novembre 2013 dans la revue Current Biology.

Un résutat qui suggère que ces virus proviennent d’un ancêtre commun à Néandertal, Denisova et Sapiens, qui vivait il y a 500 000 ans au moins.

Ces virus partagés en commun par Néandertal, Denisova et Sapiens sont en réalité des rétrovirus endogènes, c’est-à-dire qu’ils sont contenus dans l’ADN, et se transmettent donc de génération en génération.

Pour réaliser cette découverte, le généticien Gkikas Magiorkinis (Université d’Oxford, Grande-Bretagne) et ses collègues ont comparé de l’ADN ancien issu de fossiles néandertaliens et denisoviens à des échantillons d’ADN prélevés sur des patients atteints du cancer.

Résultat ? Les auteurs de l’étude ont découvert que des séquences de rétrovirus endogènes présents dans l’ADN de l’homme de Neandertal et de l’homme de Denisova étaient également présents dans l’ADN prélevé sur les volontaires ayant participé à l’expérience.

Plus précisément, ces rétrovirus endogènes (appartenant à tous une famille de virus appelée HML2, actuellement suspectée de constituer une forme de prédisposition génétique au cancer) ont été retrouvés au sein de la partie non codante de l’ADN des volontaires : cette partie de l’ADN qui ne code pour aucune protéine, parfois appelée ADN poubelle (lire « Des généticiens explorent la « matière sombre » du génome »),  représente 98.5 % environ de notre ADN.

Signalons que la présence de rétrovirus endogènes dans la portion non codante de notre ADN est un fait connu depuis longtemps des généticiens : il est estimé que ces rétrovirus endogènes constituent en moyenne 8 % de la portion non codante de notre ADN. Si, la plupart du temps, la présence de ces virus contenus dans notre ADN n’a aucune conséquence particulière sur la santé, ils pourraient toutefois, lorsqu’ils sont activés par des facteurs externes, être impliqués dans le Sida et le cancer.

Grâce à ces travaux, les auteurs de l’étude espèrent par conséquent pouvoir à l’avenir mieux cerner le véritable impact sur la santé de ces rétrovirus endogènes, et notamment leur possible rôle dans la survenue du cancer et du Sida.

Un superordinateur en quête du sens commun

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Neil : Un superordinateur en quête du sens commun

Analyser des images trouvées sur internet et tenter d’établir des corrélations entre elles. Telle est la mission de NEIL (Never Ending Image Learner), un superordinateur constitué de 200 processeurs, créé par des scientifiques de l’Université de Carnegie Mellon (Pittsburgh, États-Unis). Une activité à laquelle NEIL s’adonne 7 jours sur 7 et 365 jours par an, depuis la fin du mois de juillet 2013.

Le but : observer si NEIL est capable… d’accéder au « sens commun ». Le sens commun ? Il s’agit de ces savoirs qui sont de l’ordre de l’évidence, que l’être humain acquiert au fil de ces interactions avec les autres et avec le monde, et ce sans que ces savoirs soient transmis de façon explicite (savoir qu’on trouve généralement les avions dans le ciel, que les moutons sont de couleur blanche, etc).

Pour bien saisir l’intérêt de cette expérimentation, il faut savoir que la possibilité de créer des ordinateurs capables de raisonner en utilisant une forme de sens commun est aujourd’hui un enjeu majeur de l’intelligence artificielle. En effet, pour décider des actions qu’il doit mener dans son quotidien, l’être humain utilise en permanence les savoirs issus de son sens commun. Par conséquent, créer des machines possédant une base de connaissance de cette nature serait à l’évidence un grand pas en matière d’intelligence artificielle.

En quoi consiste plus précisément l’activité de NEIL ? A explorer les photos qu’il trouve sur le Web, à les classifier et à établir des corrélations entre elles. Par exemple, « savoir » qu’il existe plusieurs catégories de véhicules (les voitures, les motos, les vélos…), ou encore qu’il existe plusieurs marques et modèles de voiture. Mais aussi, repérer que les zébrures présentes sur le pelage d’un zèbre peuvent aussi être présentes sur le pelage d’autres animaux, comme le tigre.

Au-delà de l’intérêt purement scientifique de cette expérience, l’ambition de ce dispositif est de créer la plus grande base internet de données visuelles au monde, dont chaque élément (objet, lieu, personne…) serait défini par des attributs, et relié aux autres éléments de la base avec lesquels il entretient de façon manifeste une relation.

La réussite de cette expérience pourrait déboucher sur des applications très concrètes, notamment dans le domaine du traitement des données de la toile. En effet, le nombre d’images présentes sur Internet est gigantesque (Facebook, à lui seul, abriterait à l’heure actuelle quelques 200 milliards d’images). Par conséquent, disposer de machines capables d’explorer et de gérer sans aide humaine la gigantesque masse d’images présente sur internet serait à l’évidence un atout considérable.

A la lumière de ces dernières informations, l’identité des partenaires financiers qui soutiennent cette ambitieuse expérience scientifique n’est dès lors plus très surprenante. Et pour cause, puisqu’il s’agit du Département de la Défense des États-Unis… et de Google.

Les scientifiques du projet NEIL présenteront les premiers résultats issus de l’expérience NEIL le 4 décembre 2013 lors de la Conférence Internationale IEEE consacrée à la vision par ordinateur, organisée à Sydney (Australie).

Photo :  Carnegie Mellon University