“Éclats de vie” de Blanche Streb : Un hymne à la vie

Standard


« La vie ne tient qu’à un fil. Vraiment. » Ainsi commence ce témoignage poignant. De Blanche Streb, on connaissait la pharmacienne et la directrice de formation et de recherche d’Alliance vita. On réagissait à ses interventions sur les plateaux de télévision ou à ses ouvrages engagés. De la femme, en revanche, on ne savait rien. Qui pouvait, derrière ses airs de mère idéale, deviner les sillons creusés par les épreuves sur son âme ? Au fil des mots, c’est une mère meurtrie qui se livre.


Une erreur médicale après la naissance de son premier enfant la condamne à la stérilité. Une injustice impardonnable pour cette mère qui s’espérait comblée par une jolie et nombreuse tribu. Accompagnée par son mari, Arnaud, elle tente tout pour guérir, même si c’est presque scientifiquement impossible. Plus qu’un recours : elle crie vers le ciel son désir d’enfant… et elle est exaucée. Elle attend un deuxième, puis un troisième enfant : Marie et Charles.


Mais Blanche a gardé des séquelles de l’erreur médicale. Les grossesses seront éprouvantes, et rien ne se passera comme prévu. D’une plume vive et sensible, l’auteure livre son récit émaillé de larmes. Page après page, on pleure, on brûle, on palpite avec elle. C’est l’histoire haletante d’une femme, d’un couple, d’une famille. Une déclaration d’amour à la maternité. Le divin s’esquisse derrière ces mots blessés, avec la délicatesse de la poésie et la rudesse du réel. Deuil, révolte… la vie, aussi courte soit-elle, est la vie. Avec cette certitude et cette densité, on ne peut refermer le livre comme on l’a ouvert. D’ailleurs, on ne le fait pas. Magnifique. Bouleversant. Débordant d’espérance.


À lire
Éclats de vie, de Blanche Streb. Éditions Emmanuel, 18€

Mal orientés, les jeunes retardent leur insertion professionnelle

Standard


Après le lycée, tu te dis : “Je verrai plus tard”, mais à 22 ans, tu n’as toujours pas vu… », reconnaît Pierre-Marie. Bon élève au lycée, il a intégré l’école de commerce ESCP Business School après une classe préparatoire, certain à l’époque que, avec cette formation, il aurait plus de possibilités professionnelles. Il juge aujourd’hui avoir été dépossédé de son orientation : « Mon rêve était d’être historien, mais j’ai suivi un cursus professionnalisant plutôt qu’un cursus “plaisir” ». Il prépare aujourd’hui le concours pour entrer au Quai d’Orsay. Même scénario pour Klervie, 25 ans : école d’orthophonie, licence de psychologie, master de neuropsychologie, puis retour à la case départ pour entreprendre des études de médecine. « On m’a demandé trop tôt de faire un choix. À 15 ans, on n’est pas prêt. »


Quelque 49 % des 18-30 ans ont choisi leur métier seulement un an, ou moins, avant de l’exercer (enquête Opinion Way pour My Job Glasses, mars 2017). Et 66 % des jeunes estiment que la formation scolaire les a mal préparés à la réalité de la vie active et à la recherche du premier emploi. Faute d’une bonne orientation, certains empruntent des chemins de traverse, tel le service civique, plébiscité par des jeunes en moyenne âgés de 21 ans, niveau bac ou équivalent pour 43 % d’entre eux et bac +2 ou plus pour 35 %. « Il sert parfois de boussole à des jeunes un peu perdus, confirme Béatrice Angrand, présidente de l’Agence du service civique. Il leur donne surtout une occasion extrêmement concrète de se frotter au terrain. » L’occasion d’infirmer ou de confirmer sa voie, en 6 ou 12 mois.


Une image négative de l’entreprise


Par ailleurs, le monde professionnel ne fait plus rêver, ce qui explique le manque de motivation pour s’y insérer. « Ces jeunes ont observé que leurs parents ont été mis au ban, alors qu’ils s’étaient investis dans leur travail, et que la situation économique est devenue fragile, poursuit-elle. Ils sont moins prompts à s’engager dans un métier pour toute leur vie, dès maintenant. »


L’entreprise apparaît désormais comme un lieu de stress et pose la question de l’épanouissement personnel.


Pressions, performance, rapports hiérarchiques, compétitivité, absence de créativité… l’entreprise apparaît désormais comme un lieu de stress, voire de souffrance psychique, et pose tôt ou tard la question de l’épanouissement personnel. À la culture familiale des entreprises a succédé une culture du profit, fille du capitalisme qu’ils déplorent. 


Ce fut le cas pour Raphaëlle, 23 ans, qui qualifie « d’expériences épouvantables » ses stages à l’hôpital, en France : « Une infirmière est presque une machine ! On perd du temps dans le protocole, l’administratif, au détriment du malade et de l’intérêt du métier. » Aussitôt diplômée de son école d’infirmière, elle a pris un avion pour l’Inde, avec les Missions étrangères de Paris. Elle y a découvert une manière plus humaine de travailler : « Là-bas, les infirmières n’ont pas la même manière de soigner, elles se laissent beaucoup plus guider par leurs sens et leur capacité d’analyse. » Lors de son dernier mois à Selliampatti, dans le sud du pays, elle était seule responsable de sept patients qu’elle a accompagnés au quotidien. Une situation inimaginable en France, où le milieu hospitalier souffre d’un déficit de moyens budgétaires et humains. Elle a finalement décroché un CDD d’infirmière en France.


Priorité au sens et place au risque


Comme elle, nombre de jeunes préfèrent donc un voyage à l’étranger, un bénévolat, un service civique ou un contrat moins engageant, voire un autre diplôme, retardant ainsi le moment d’entrer dans le monde professionnel. Parfois même lorsqu’ils ont une offre d’emploi ! Ainsi, à l’issue de son stage d’école de commerce, Domitille n’a pas accepté la proposition qui lui a été faite. Elle avait choisi de partir huit mois en Birmanie, en volontariat de solidarité internationale. « J’étais une minuscule fourmi dans une énorme fourmilière. Ça aurait été bien pour le CV, mais pour ce qui est de l’expérience personnelle : zéro », relève-t-elle. 


Les jeunes préfèrent l’insécurité dans un emploi qui a du sens plutôt que la stabilité dans un travail qui n’en a pas.

- Dominique Méda et Patricia Vendramin, sociologues


Pour les sociologues Dominique Méda et Patricia Vendramin, auteurs de Réinventer le travail (Puf), le choix de retarder leur entrée dans le monde du travail correspond à une habitude du risque, liée aux nouvelles contraintes du marché de l’emploi. En quête de sens, les jeunes préfèrent « l’insécurité dans un emploi qui a du sens plutôt que la stabilité dans un travail qui n’en a pas ». Ils semblent encore « envisager la précarité comme un événement “normal”, mais transitoire ». Chloé, 23 ans, dotée d’un master de journalisme et d’un second master spécialisé en journalisme climatique, a aussi été échaudée par les conditions de travail qu’elle a connues en entreprise. Elle vient de décliner une offre de CDI pour lui préférer un statut de journaliste indépendante. « Je refuse d’être une marionnette entre les mains d’un employeur, je préfère privilégier ma santé mentale, mon autonomie, quitte à gagner un peu moins », confie-t-elle, consciente de choisir un avenir plus incertain. 


Comme elle, 61 % des jeunes de la génération Z (nés après 1997) sortis de l’université préfèrent être entrepreneurs plutôt que salariés, selon une étude de Millenial Branding d’avril 2015. La présidente de l’Agence du service civique abonde : « Ils veulent une vie plus équilibrée, entre leur travail, les causes qui leur tiennent à coeur et leur famille. Ils cherchent un sens. » Marine confirme : « Au travail, la qualité de la journée était rapportée à l’argent gagné. Moi, je veux rapporter la qualité de ma journée à la rencontre avec la personne, à l’amour que j’ai donné. » La jeune femme s’apprête à partir également, après l’obtention de son diplôme d’ingénieure, pour une année sabbatique à l’association le Rocher oasis des cités, qui aide à l’insertion des jeunes des quartiers populaires.


Libres par rapport au CDI


Aujourd’hui, 58 % des jeunes quittent volontairement leur premier emploi (selon Opinion Way pour My Job Glasses, 2017). Leur facilité à s’affranchir d’un CDI, jusqu’alors perçu comme un Graal, déroute les générations auxquelles fut inculqué très tôt l’impératif de travailler au plus vite. « Le CDI n’a plus la même puissance dans les représentations qu’il y a 10 ans », analyse Sandra Gaviria, professeure de sociologie à l’université du Havre. De plus, « les années de césure sont socialement valorisées et les dispositifs sont décuplés, cela encourage les jeunes à retarder leur insertion professionnelle ».


Le CDI n’a plus la même puissance dans les représentations qu’il y a 10 ans.


La sociologue distingue néanmoins ceux qui se donnent le temps de retarder leur entrée dans le monde professionnel parce qu’ils en ont les moyens – les parents, bien souvent, les aident -, et ceux qui, plus défavorisés socialement et économiquement, ne peuvent pas refuser un emploi. La priorité étant alors de trouver un travail, non pas qui réunisse toutes les conditions pour qu’ils puissent s’y épanouir, mais qui sera leur gagne-pain. Cette génération favorise un modèle de cheminement opportuniste dans le monde professionnel plutôt qu’un enracinement dans le métier. La massification des diplômes rendant plus compétitive l’insertion professionnelle, l’originalité du CV devient nécessaire pour se démarquer auprès du futur employeur. Il y a de quoi vouloir prendre son temps.

Sur les traces du loup 

Standard


Le loup se mérite : près de trois années, des nuits et des nuits de bivouac, été comme hiver, de longues heures de marche à travers le massif du Champsaur, dans les Hautes-Alpes, au-dessus de Gap, et des affûts comme de patientes retraites monastiques, pour enfin enregistrer les images d’une meute, adultes sur le sentier de la chasse, louveteaux s’ébattant dans l’herbe. « Croiser le regard du loup, c’est énorme, c’est accomplir un voyage dans le temps, se dire que d’autres hommes ont ressenti la même émotion, il y a 2 000 ans, au même endroit », s’enthousiasme Jean-Michel Bertrand.


Très loin des idées reçues


Cette quête presque spirituelle, il l’a racontée en 2017 dans la Vallée des loups. Et il la poursuit avec son nouveau film, Marche avec les loups. Un périple qui va des Alpes au Jura sur la trace des « dispersants », ces mâles et femelles qui partent à la recherche d’un nouveau territoire et franchissent parfois des centaines de kilomètres avant de s’établir. 


Une meute, en effet, « compte toujours quatre ou cinq individus, un couple reproducteur, le couple alpha, et des jeunes adultes nés d’une précédente portée », explique notre guide. Quand la femelle met bas, en mai, la meute grossit de quatre à huit louveteaux. Mais, un an plus tard, elle sera revenue à la même taille, à cause d’une forte mortalité et en raison du départ des « dispersants ». 


Adeptes du fusil et bergers ont Jean-Michel Bertrand dans le collimateur.


« Les loups, comme tous les grands prédateurs, s’autorégulent : leur nombre dépend de la disponibilité des proies. Sur un même territoire, grand de 200 à 300 km2, vous ne compterez jamais plus de 15 ou 20 sujets. » De quoi couper court aux coups de gueule des chasseurs qui accusent cet animal de les priver de gibier. Assurément, Jean-Michel Bertrand ne s’est pas fait que des amis en se prenant de passion pour le canidé. Adeptes du fusil et bergers – certains, du moins, pas tous – l’ont dans le collimateur. Le sujet, polémique, fait causer.


En caméra cachée


Pour l’heure, seul se fait entendre le bruit de nos pas sur la neige. Jean-Michel est en alerte. Tout l’émerveille dans cette nature aux couleurs encore relevées par la pluie. L’oeil scrute le chemin et les sous-bois. Il commente les empreintes qui se dessinent sur le sol blanc. Là, un chevreuil, plus loin, « en forme de Y », celles d’un lièvre, « aux pattes comme des raquettes ». Ou encore celles, petites, d’un écureuil, « deux marques parallèles devant et deux derrière ».


La neige fondue élargit les traces et complique parfois l’identification. Jean-Michel s’arrête. Et lance des sifflements stridents. Nous sommes près du repaire d’une chouette chevêchette. Répondra-t-elle ? Nous scrutons la cime des épicéas. Un concert monte : mésanges huppées et roitelets sonnent l’alarme, inquiets d’entendre leur prédateur. Mais l’intéressée ne se dévoile pas. Nous continuons jusqu’à une clairière. Jean-Michel me lance un défi : trouver la caméra planquée au milieu des conifères. Pas facile ! Bien camouflée, couverte de lichen, elle se confond avec le tronc des arbres. Ces caméras au déclenchement automatique, savamment disposées à des endroits stratégiques, permettent de renseigner sur l’éventuelle présence du loup. Sera-t-il passé par là ? Seul un renard et une promeneuse se sont fait régulièrement tirer le portrait.


« La résilience de la nature »


Jean-Michel vérifie la batterie de la caméra, et nous rebroussons chemin. Le vent du nord chasse par intermittence les nuages, et les crêtes enneigées se découpent autour de nous. « Si on regarde les photos du début du siècle dernier, le versant de cette montagne était entièrement pelé, occupé par l’agriculture, commente le cinéaste. L’exode rural, la reforestation et des mesures de protection ont permis le retour du loup. » Les premiers individus ont quitté d’eux-mêmes les Abruzzes pour s’aventurer dans le Mercantour au début des années 1990 et repeupler peu à peu les Alpes. 


Notre guide y voit un témoignage de « la résilience de la nature », non sans se montrer inquiet concernant le réchauffement climatique, particulièrement notable en cette fin décembre : la neige tombée en force au début du mois a été balayée par un coup de chaud. Au détour de la route forestière qui redescend vers la vallée, Jean-Michel pointe un piton. C’est là qu’il a filmé Tanguy, un aiglon ainsi baptisé car « il est resté sur ce rocher trois semaines, n’osant s’envoler, ravitaillé par ses parents ». L’aigle fut comme un catalyseur pour le cinéaste. « Quand j’étais enfant, si tu voyais un aigle tu avais tout vu ! Hier on comptait une trentaine de couples dans les Alpes, désormais ils sont une cinquantaine seulement dans le massif des Écrins. »


De l’Irlande à la Mongolie


Lui qui a grandi à Saint-Bonnet-en-Champsaur, avant de bourlinguer à travers le monde, filmant les enfants des rues de Belfast et leurs chevaux comme les nomades de Mongolie, a décidé, la quarantaine venue, de se poser dans les montagnes de son enfance. Las de « parler à la place des autres » et désireux de raconter cette nature qui l’environnait. « Gamin, je fantasmais sur ce qui se cachait au-delà des cimes, j’imaginais des elfes, des créatures fantastiques. »


Mais la réalité s’est révélée encore plus merveilleuse. Et Jean-Michel Bertrand a voulu en témoigner, filmant d’abord l’aigle royal dans Vertige d’une rencontre (2010). Le loup est venu ensuite, d’abord sous forme d’une intuition : cette nature préservée du Champsaur, riche en chevreuils, cerfs, bouquetins ou encore sangliers, ne cacherait-elle pas aussi des loups ? La réponse tenait presque de l’enquête policière. Il lui a fallu apprendre à lire les « hiéroglyphes » laissés par l’animal : une crotte, un jet d’urine délibérément versé pour marquer son territoire, une carcasse animale déchiquetée… 


C’est ce savoir accumulé sur le terrain qu’il partage aujourd’hui. Et, miracle ou coup de chance, au fond d’un vallon déjà déserté par le soleil en ce début d’après-midi, Jean-Michel me signale avec excitation des marques sur la neige, une longue trace qui s’éloigne du chemin et part vers un torrent. Pas de doute, c’est le loup ! Économe dans ses déplacements, l’animal, à la différence du chien, ne vagabonde pas, mais file droit, les empreintes postérieures recouvrant les antérieures, au point qu’il est parfois difficile de savoir si un seul individu est passé par là ou plusieurs. Jean-Michel pose une caméra sur un arbre. Encore un coin du Champsaur à explorer. Sa quête du loup continue. Magique et infinie.


Marche avec les loups, de Jean-Michel Bertrand et Bertrand Bodin, Salamandre.

Sur les traces du loup 

Standard

Quelque part dans cette montagne noyée sous les nuages et une fine pluie. Il est là. Invisible, mais si présent dans les esprits : le loup. Aura-t-on la chance d’entrapercevoir sa silhouette aujourd’hui ? Fort de cet espoir, on avance sur une sente forestière aux côtés de Jean-Michel Bertrand, l’homme qui a filmé, en pleine nature, cet animal mythique. 

Le loup se mérite : près de trois années, des nuits et des nuits de bivouac, été comme hiver, de longues heures de marche à travers le massif du Champsaur, dans les Hautes-Alpes, au-dessus de Gap, et des affûts comme de patientes retraites monastiques, pour enfin enregistrer les images d’une meute, adultes sur le sentier de la chasse, louveteaux s’ébattant dans l’herbe. « Croiser le regard du loup, c’est énorme, c’est accomplir un voyage dans le temps, se dire que d’autres hommes ont ressenti la même émotion, il y a 2 000 ans, au même endroit », s’enthousiasme Jean-Michel Bertrand.

Très loin des idées reçues

Cette quête presque spirituelle, il l’a racontée en 2017 dans la Vallée des loups. Et il la poursuit avec son nouveau film, Marche avec les loups. Un périple qui va des Alpes au Jura sur la trace des « dispersants », ces mâles et femelles qui partent à la recherche d’un nouveau territoire et franchissent parfois des centaines de kilomètres avant de s’établir. 

Une meute, en effet, « compte toujours quatre ou cinq individus, un couple reproducteur, le couple alpha, et des jeunes adultes nés d’une précédente portée », explique notre guide. Quand la femelle met bas, en mai, la meute grossit de quatre à huit louveteaux. Mais, un an plus tard, elle sera revenue à la même taille, à cause d’une forte mortalité et en raison du départ des « dispersants ». 

Adeptes du fusil et bergers ont Jean-Michel Bertrand dans le collimateur.

« Les loups, comme tous les grands prédateurs, s’autorégulent : leur nombre dépend de la disponibilité des proies. Sur un même territoire, grand de 200 à 300 km2, vous ne compterez jamais plus de 15 ou 20 sujets. » De quoi couper court aux coups de gueule des chasseurs qui accusent cet animal de les priver de gibier. Assurément, Jean-Michel Bertrand ne s’est pas fait que des amis en se prenant de passion pour le canidé. Adeptes du fusil et bergers – certains, du moins, pas tous – l’ont dans le collimateur. Le sujet, polémique, fait causer.

En caméra cachée

Pour l’heure, seul se fait entendre le bruit de nos pas sur la neige. Jean-Michel est en alerte. Tout l’émerveille dans cette nature aux couleurs encore relevées par la pluie. L’oeil scrute le chemin et les sous-bois. Il commente les empreintes qui se dessinent sur le sol blanc. Là, un chevreuil, plus loin, « en forme de Y », celles d’un lièvre, « aux pattes comme des raquettes ». Ou encore celles, petites, d’un écureuil, « deux marques parallèles devant et deux derrière ».

La neige fondue élargit les traces et complique parfois l’identification. Jean-Michel s’arrête. Et lance des sifflements stridents. Nous sommes près du repaire d’une chouette chevêchette. Répondra-t-elle ? Nous scrutons la cime des épicéas. Un concert monte : mésanges huppées et roitelets sonnent l’alarme, inquiets d’entendre leur prédateur. Mais l’intéressée ne se dévoile pas. Nous continuons jusqu’à une clairière. Jean-Michel me lance un défi : trouver la caméra planquée au milieu des conifères. Pas facile ! Bien camouflée, couverte de lichen, elle se confond avec le tronc des arbres. Ces caméras au déclenchement automatique, savamment disposées à des endroits stratégiques, permettent de renseigner sur l’éventuelle présence du loup. Sera-t-il passé par là ? Seul un renard et une promeneuse se sont fait régulièrement tirer le portrait.

« La résilience de la nature »

Jean-Michel vérifie la batterie de la caméra, et nous rebroussons chemin. Le vent du nord chasse par intermittence les nuages, et les crêtes enneigées se découpent autour de nous. « Si on regarde les photos du début du siècle dernier, le versant de cette montagne était entièrement pelé, occupé par l’agriculture, commente le cinéaste. L’exode rural, la reforestation et des mesures de protection ont permis le retour du loup. » Les premiers individus ont quitté d’eux-mêmes les Abruzzes pour s’aventurer dans le Mercantour au début des années 1990 et repeupler peu à peu les Alpes. 

Notre guide y voit un témoignage de « la résilience de la nature », non sans se montrer inquiet concernant le réchauffement climatique, particulièrement notable en cette fin décembre : la neige tombée en force au début du mois a été balayée par un coup de chaud. Au détour de la route forestière qui redescend vers la vallée, Jean-Michel pointe un piton. C’est là qu’il a filmé Tanguy, un aiglon ainsi baptisé car « il est resté sur ce rocher trois semaines, n’osant s’envoler, ravitaillé par ses parents ». L’aigle fut comme un catalyseur pour le cinéaste. « Quand j’étais enfant, si tu voyais un aigle tu avais tout vu ! Hier on comptait une trentaine de couples dans les Alpes, désormais ils sont une cinquantaine seulement dans le massif des Écrins. »

De l’Irlande à la Mongolie

Lui qui a grandi à Saint-Bonnet-en-Champsaur, avant de bourlinguer à travers le monde, filmant les enfants des rues de Belfast et leurs chevaux comme les nomades de Mongolie, a décidé, la quarantaine venue, de se poser dans les montagnes de son enfance. Las de « parler à la place des autres » et désireux de raconter cette nature qui l’environnait. « Gamin, je fantasmais sur ce qui se cachait au-delà des cimes, j’imaginais des elfes, des créatures fantastiques. »

Mais la réalité s’est révélée encore plus merveilleuse. Et Jean-Michel Bertrand a voulu en témoigner, filmant d’abord l’aigle royal dans Vertige d’une rencontre (2010). Le loup est venu ensuite, d’abord sous forme d’une intuition : cette nature préservée du Champsaur, riche en chevreuils, cerfs, bouquetins ou encore sangliers, ne cacherait-elle pas aussi des loups ? La réponse tenait presque de l’enquête policière. Il lui a fallu apprendre à lire les « hiéroglyphes » laissés par l’animal : une crotte, un jet d’urine délibérément versé pour marquer son territoire, une carcasse animale déchiquetée… 

C’est ce savoir accumulé sur le terrain qu’il partage aujourd’hui. Et, miracle ou coup de chance, au fond d’un vallon déjà déserté par le soleil en ce début d’après-midi, Jean-Michel me signale avec excitation des marques sur la neige, une longue trace qui s’éloigne du chemin et part vers un torrent. Pas de doute, c’est le loup ! Économe dans ses déplacements, l’animal, à la différence du chien, ne vagabonde pas, mais file droit, les empreintes postérieures recouvrant les antérieures, au point qu’il est parfois difficile de savoir si un seul individu est passé par là ou plusieurs. Jean-Michel pose une caméra sur un arbre. Encore un coin du Champsaur à explorer. Sa quête du loup continue. Magique et infinie.

Photos Bertrand Bodin

Marche avec les loups, de Jean-Michel Bertrand et Bertrand Bodin, Salamandre.

L’art chinois de vivre longtemps

Standard

L’être humain serait-il programmé pour devenir centenaire ? C’est en tout cas ce que prétendent les grands maîtres de la médecine traditionnelle chinoise depuis près de cinq millénaires. « À la naissance, nous recevons toutes et tous un potentiel vital nous conférant une espérance de vie limitée… Une flamme que les Chinois appellent “le feu de la vie” et qui s’épuiserait au bout d’une période préétablie. Visualisez une lampe à huile contenant une certaine quantité d’huile énergétique et une mèche qui la consume au fur et à mesure des années… Selon les sages chinois, l’être humain devrait en principe recevoir à la naissance assez d’huile énergétique pour nourrir sa flamme vitale durant 100 ans et même plus », explique Jean Pélissier, praticien en médecine traditionnelle chinoise depuis plus de 30 ans.

En France, l’espérance de vie s’élève à 79,4 ans pour les hommes et à 85,3 ans pour les femmes. Quant à l’espérance de vie dite « sans incapacité » – communément appelée espérance de vie « en bonne santé » -, elle se limite à 63,4 ans pour les hommes et 64,5 ans pour les femmes. « En médecine chinoise, on dit que ce sont les successions de petits écarts de comportements et de mauvaises habitudes qui finissent par engendrer un vieillissement précoce et générer les maladies », souligne Jean Pélissier. Pour trouver la voie de la longévité, le praticien en médecine traditionnelle chinoise nous invite à mettre en oeuvre toute une série de méthodes de prévention. Des exercices d’hygiène physique et mentale à adopter au quotidien et de manière assidue, s’agissant aussi bien des heures de coucher, de lever que de repas.

Le bien manger

Autre point nécessaire à connaître en diététique chinoise : il ne faudrait pas manger au-delà de 4/5 de sa faim. Autrement dit, ne sortez pas de table le ventre plein ! Pour y parvenir… optez pour une « assiette unique » dans laquelle vous disposerez l’ensemble des aliments composant votre repas. Mâchez bien chaque bouchée, jusqu’à 20 à 25 fois si possible. Et laissez passer trois heures entre le dîner et le coucher pour permettre à la digestion de se terminer. La régularité est le maître mot pour garantir des résultats visibles. Au travail !

Un peu de méthode !

Respirez par le ventre et en pleine conscience. Un exercice à pratiquer en positionallongée, le matin avant le lever et le soir au coucher, pendant au moins 3 à 4 minutes.Inspirez lentement par le nez en visualisant le circuit emprunté par l’air… Sentez vos poumonsse remplir d’air, votre diaphragme descendre et votre ventre s’extérioriser vers l’avant.Ensuite rentrez le ventre… Sentez le diaphragme qui remonte vers le haut dans la cavitéthoracique et vos deux poumons qui se vident, provoquant l’expiration par le nez. 

Le midi après déjeuner, relaxez-vous allongé sur un tapis de sol durant 10 à20 minutes. Fermez les yeux, concentrez-vous sur votre respiration puis sentez les musclesde tout votre corps se détendre les uns après les autres. Ensuite rasseyez-vous lentementet étirez-vous longuement afin de faire circuler le sang et l’énergie dans tout le corps. 

Pratiquez la marche qi gong. Prévoyez une marche d’une demie-heure et divisez-la en troistemps. Lors de la première phase, concentrez-vous sur votre respiration : inspirez sur trois paset expirez sur les cinq pas suivants. Durant la deuxième phase, concentrez-vous sur vosmuscles qui travaillent : au niveau des cuisses, des fessiers, des genoux, des mollets, du dos…Enfin, durant la dernière phase de la marche, observez votre environnement et focalisezvotre attention sur une odeur, un son ou une couleur par exemple. 

Optez pour une gymnastique quotidienne et non violente afin de mobiliser vosarticulations en douceur. 

Secrets de centenaires, de Jean Pélissier, Albin Michel, 2019. Alimentation, exercice physique, sommeil, sexualité, bien-être… Pour bien vieillir, découvrez les principes de la médecine traditionnelle chinoise.

Génération Laudato si’

Standard


Orvault, commune située dans la banlieue de Nantes (Loire-Atlantique). Le jardin de la Maison Claire et François est adossé à l’église Sainte-Bernadette. Dans l’herbe coupée ras, une statue de Marie, enceinte et écrasant un serpent, s’élève près d’une rangée de composteurs. Rappelant la Vierge dans l’Apocalypse, elle a été baptisée Notre-Dame-de-la-Révélation. « Cette œuvre d’art marque notre engagement écologique et spirituel dans la lignée de l’encyclique Laudato si’ », explique Édouard. Installé en colocation fraternelle avec trois autres jeunes professionnels, cet ex-banquier de 34 ans a décidé de vivre selon les préceptes de l’écologie intégrale prônée par le pape François. Son quotidien est rythmé par la culture de potimarrons et de betteraves bio, les prières dans le petit oratoire installé à l’étage et des temps de réflexion sur sa conversion écologique. « Nous avons moins de biens, mais plus de liens », résume le jeune homme.

Génération Laudato si’

Standard


Orvault, commune située dans la banlieue de Nantes (Loire-Atlantique). Le jardin de la Maison Claire et François est adossé à l’église Sainte-Bernadette. Dans l’herbe coupée ras, une statue de Marie, enceinte et écrasant un serpent, s’élève près d’une rangée de composteurs. Rappelant la Vierge dans l’Apocalypse, elle a été baptisée Notre-Dame-de-la-Révélation. « Cette œuvre d’art marque notre engagement écologique et spirituel dans la lignée de l’encyclique Laudato si’ », explique Édouard. Installé en colocation fraternelle avec trois autres jeunes professionnels, cet ex-banquier de 34 ans a décidé de vivre selon les préceptes de l’écologie intégrale prônée par le pape François. Son quotidien est rythmé par la culture de potimarrons et de betteraves bio, les prières dans le petit oratoire installé à l’étage et des temps de réflexion sur sa conversion écologique. « Nous avons moins de biens, mais plus de liens », résume le jeune homme.

Génération Laudato si’

Standard


Orvault, commune située dans la banlieue de Nantes (Loire-Atlantique). Le jardin de la Maison Claire et François est adossé à l’église Sainte-Bernadette. Dans l’herbe coupée ras, une statue de Marie, enceinte et écrasant un serpent, s’élève près d’une rangée de composteurs. Rappelant la Vierge dans l’Apocalypse, elle a été baptisée Notre-Dame-de-la-Révélation. « Cette œuvre d’art marque notre engagement écologique et spirituel dans la lignée de l’encyclique Laudato si’ », explique Édouard. Installé en colocation fraternelle avec trois autres jeunes professionnels, cet ex-banquier de 34 ans a décidé de vivre selon les préceptes de l’écologie intégrale prônée par le pape François. Son quotidien est rythmé par la culture de potimarrons et de betteraves bio, les prières dans le petit oratoire installé à l’étage et des temps de réflexion sur sa conversion écologique. « Nous avons moins de biens, mais plus de liens », résume le jeune homme.

Génération Laudato si’

Standard


Orvault, commune située dans la banlieue de Nantes (Loire-Atlantique). Le jardin de la Maison Claire et François est adossé à l’église Sainte-Bernadette. Dans l’herbe coupée ras, une statue de Marie, enceinte et écrasant un serpent, s’élève près d’une rangée de composteurs. Rappelant la Vierge dans l’Apocalypse, elle a été baptisée Notre-Dame-de-la-Révélation. « Cette œuvre d’art marque notre engagement écologique et spirituel dans la lignée de l’encyclique Laudato si’ », explique Édouard. Installé en colocation fraternelle avec trois autres jeunes professionnels, cet ex-banquier de 34 ans a décidé de vivre selon les préceptes de l’écologie intégrale prônée par le pape François. Son quotidien est rythmé par la culture de potimarrons et de betteraves bio, les prières dans le petit oratoire installé à l’étage et des temps de réflexion sur sa conversion écologique. « Nous avons moins de biens, mais plus de liens », résume le jeune homme.

Génération Laudato si’

Standard


Orvault, commune située dans la banlieue de Nantes (Loire-Atlantique). Le jardin de la Maison Claire et François est adossé à l’église Sainte-Bernadette. Dans l’herbe coupée ras, une statue de Marie, enceinte et écrasant un serpent, s’élève près d’une rangée de composteurs. Rappelant la Vierge dans l’Apocalypse, elle a été baptisée Notre-Dame-de-la-Révélation. « Cette œuvre d’art marque notre engagement écologique et spirituel dans la lignée de l’encyclique Laudato si’ », explique Édouard. Installé en colocation fraternelle avec trois autres jeunes professionnels, cet ex-banquier de 34 ans a décidé de vivre selon les préceptes de l’écologie intégrale prônée par le pape François. Son quotidien est rythmé par la culture de potimarrons et de betteraves bio, les prières dans le petit oratoire installé à l’étage et des temps de réflexion sur sa conversion écologique. « Nous avons moins de biens, mais plus de liens », résume le jeune homme.