Un « escape game » biblique pour vivre l’Évangile de manière ludique

Standard


An 33, lendemain de la mort de Jésus. Un sage de la communauté juive vient annoncer que son fils, un disciple du Christ, a disparu. À vous de retrouver sa trace ! Le décor est planté pour prendre part à ce jeu immersif inédit : un escape game biblique intitulé la Dernière Nuit… Le but ? À l’instar d’autres escape games classiques, il s’agit de déchiffrer en équipes plusieurs énigmes en un temps imparti. À ceci près qu’ici le chant du coq et l’arrivée des soldats romains remplacent le traditionnel gong final.


Vulgariser les écritures


Porté par la Ligue pour la lecture de la Bible (LLB), un mouvement oecuménique promouvant la vulgarisation des Écritures, ce projet a été imaginé par un collectif de cinq jeunes de 24 à 30 ans. « Nous souhaitons faire découvrir la Bible de manière ludique, sans le côté moralisateur qu’on lui reproche parfois », explique Amélie Franco, animatrice biblique à la LLB et coconceptrice de l’escape game. « Il y a une analogie forte entre ce jeu et la lecture de la Bible, poursuit-elle. Dans les deux cas, il y a une notion de quête, on tombe sur des obstacles et on a besoin des autres pour s’en sortir. » Forts d’un premier escape game mis sur pied en deux mois à l’occasion du festival de musique et de spiritualité Heaven’s Door en 2018, les membres de la LLB ne souhaitaient pas s’arrêter là. L’envie d’un jeu plus abouti a très vite émergé. Éline Ouvry, responsable du projet et membre de la paroisse protestante du Saint-Esprit, à Paris (VIIIe), a identifié les caves du temple comme « un lieu propice à cette plongée dans le récit biblique ».


Déco maison à base de récup


Depuis l’été 2018, le groupe s’est donné du mal pour concocter plusieurs pistes à proposer aux participants, en sollicitant différentes logiques. Et pour résoudre les énigmes, pas besoin d’être un expert des Écritures saintes : « Ce n’est pas un quiz de connaissances. Il s’agit de percevoir différemment la Bible grâce à l’expérience physique », souligne Amélie. Ses quatre camarades et elle ont également fabriqué les éléments de décor des salles où se déroule le jeu, principalement à base de matériaux de récupération. « Nous voulions un thème mobilisateur, et l’espérance nous est vite apparue comme une évidence », indique Éline. « Cela fait fortement écho au désespoir ressenti par notre génération », renchérit Amélie. « En tant que chrétiens, nous avions à coeur de montrer que cela a aussi été vécu par les disciples mais qu’ils ont fini par accueillir une espérance donnée, déraisonnée et vivifiante », commente l’animatrice biblique.


Un tremplin vers Dieu


Accessible à partir de 12 ans, la Dernière Nuit terminera son aventure en s’exportant au Grand Kiff, un rassemblement protestant de jeunes à l’été 2020. D’ici là, l’escape game biblique est ouvert tous les week-ends jusqu’en juin. Sur le site internet dédié, des outils complémentaires viennent prolonger l’aventure sur le thème de l’espérance. « Nous ne cherchons en aucun cas à évangéliser, se défend Amélie, notre ambition est plutôt de créer un tremplin pour l’appropriation et des circonstances propices à la rencontre de chacun avec Dieu.”


La Dernière Nuit, accessible dès 12 ans, jusqu’en juin, dans les caves du temple du Saint-Esprit, 5 rue Roquépine, Paris (VIIIe). https://laligue.net/escape-game-biblique


Soutenez l’initiative en allant sur notre site : prixesperance.lavie.fr



Un « escape game » biblique pour vivre l’Évangile de manière ludique

Standard


An 33, lendemain de la mort de Jésus. Un sage de la communauté juive vient annoncer que son fils, un disciple du Christ, a disparu. À vous de retrouver sa trace ! Le décor est planté pour prendre part à ce jeu immersif inédit : un escape game biblique intitulé la Dernière Nuit… Le but ? À l’instar d’autres escape games classiques, il s’agit de déchiffrer en équipes plusieurs énigmes en un temps imparti. À ceci près qu’ici le chant du coq et l’arrivée des soldats romains remplacent le traditionnel gong final.


Vulgariser les écritures


Porté par la Ligue pour la lecture de la Bible (LLB), un mouvement oecuménique promouvant la vulgarisation des Écritures, ce projet a été imaginé par un collectif de cinq jeunes de 24 à 30 ans. « Nous souhaitons faire découvrir la Bible de manière ludique, sans le côté moralisateur qu’on lui reproche parfois », explique Amélie Franco, animatrice biblique à la LLB et coconceptrice de l’escape game. « Il y a une analogie forte entre ce jeu et la lecture de la Bible, poursuit-elle. Dans les deux cas, il y a une notion de quête, on tombe sur des obstacles et on a besoin des autres pour s’en sortir. » Forts d’un premier escape game mis sur pied en deux mois à l’occasion du festival de musique et de spiritualité Heaven’s Door en 2018, les membres de la LLB ne souhaitaient pas s’arrêter là. L’envie d’un jeu plus abouti a très vite émergé. Éline Ouvry, responsable du projet et membre de la paroisse protestante du Saint-Esprit, à Paris (VIIIe), a identifié les caves du temple comme « un lieu propice à cette plongée dans le récit biblique ».


Déco maison à base de récup


Depuis l’été 2018, le groupe s’est donné du mal pour concocter plusieurs pistes à proposer aux participants, en sollicitant différentes logiques. Et pour résoudre les énigmes, pas besoin d’être un expert des Écritures saintes : « Ce n’est pas un quiz de connaissances. Il s’agit de percevoir différemment la Bible grâce à l’expérience physique », souligne Amélie. Ses quatre camarades et elle ont également fabriqué les éléments de décor des salles où se déroule le jeu, principalement à base de matériaux de récupération. « Nous voulions un thème mobilisateur, et l’espérance nous est vite apparue comme une évidence », indique Éline. « Cela fait fortement écho au désespoir ressenti par notre génération », renchérit Amélie. « En tant que chrétiens, nous avions à coeur de montrer que cela a aussi été vécu par les disciples mais qu’ils ont fini par accueillir une espérance donnée, déraisonnée et vivifiante », commente l’animatrice biblique.


Un tremplin vers Dieu


Accessible à partir de 12 ans, la Dernière Nuit terminera son aventure en s’exportant au Grand Kiff, un rassemblement protestant de jeunes à l’été 2020. D’ici là, l’escape game biblique est ouvert tous les week-ends jusqu’en juin. Sur le site internet dédié, des outils complémentaires viennent prolonger l’aventure sur le thème de l’espérance. « Nous ne cherchons en aucun cas à évangéliser, se défend Amélie, notre ambition est plutôt de créer un tremplin pour l’appropriation et des circonstances propices à la rencontre de chacun avec Dieu.”


La Dernière Nuit, accessible dès 12 ans, jusqu’en juin, dans les caves du temple du Saint-Esprit, 5 rue Roquépine, Paris (VIIIe). https://laligue.net/escape-game-biblique


Soutenez l’initiative en allant sur notre site : prixesperance.lavie.fr



Comment faire son pain soi-même ?

Standard


Une délicieuse odeur embaume la cuisine des Martin (prénoms et nom ont été changés). Maël, 4 ans, observe avec attention le pain en train de gonfler dans le four. Alors que l’air du temps est au produit maison, à la quête de sobriété et au contact avec la nature, mettre la main à la pâte prend tout son sens. Retrouver le plaisir de cuisiner, choisir ses ingrédients… : autant de motivations pour se lancer. Les Martin voulaient d’abord mieux contrôler ce qu’ils mangent. Quatre ans plus tard, ils ajoutent l’argument pédagogique : « Maël sait dire si un pain est assez gonflé ou s’il est raté », se réjouissent-ils. Un éveil sensoriel pour le petit garçon, qui n’hésite pas à mettre ses menottes dans la préparation. Mais comment s’y prendre ?


Une farine de qualité


Mieux que la farine « spécial pain » de supermarché, dont les apports nutritionnels sont faibles, ou même que celle de beaucoup de boulangers, qui contiennent des additifs, optez pour l’achat direct aux meuniers, dans les commerces biologiques ou sur Internet (entre 2€ et 5€ le kilo). Pour juger de la qualité, il faut prêter attention au T (de T45 à T150) présent sur chaque paquet. Plus son degré est élevé, plus la farine est riche en fibres, minéraux et vitamines. En effet, une farine intégrale contient la totalité du grain (l’amande, le germe et le son). Meilleure que la farine blanche pour la digestion et la nutrition, elle est toutefois plus forte, voire âpre en bouche. L’estomac habitué au pain blanc devra s’y adapter progressivement. 


Il y a autant de pain que de boulangers.

-
 Géraldine Catta, auteure de Soigner son alimentation


Les Martin, après de multiples essais en cuisine, ont opté pour un mélange de farines : une T65 ou une T80, dite bise, avec environ 20% de T110 ou de T150. Quant au choix entre farine de seigle, de maïs, de châtaigne ou d’épeautre, tout dépend de vos envies, puisqu’il y a « autant de pain que de boulangers », selon Géraldine Catta, auteure de Soigner son alimentation. Au jour le jour avec sainte Hildegarde (Quasar).Veillez cependant à mettre au moins 50 % de farines de blé ou d’épeautre, qui lèvent plus facilement. Ingrédient naturel, le levain est plus digeste que la levure, car il casse les éléments peu assimilables, tandis que la levure ne fait qu’aérer la pâte et accélérer la levée. Anne Martin a opté pour le levain, « un vrai animal domestique », qu’elle « nourrit » tous les matins, en ajoutant farine et eau à quantité égale dans le mélange fermenté. Il est conservé sous un torchon dans la cuisine. Pour chaque pain, Anne en prélève une portion. Ceux qui préfèrent la levure la trouvent sous forme déshydratée ou bien fraîche, en cube.


L’art du pétrissage


Machine à pain, batteur électrique ou pétrissage à la main, pour Éric Kayser, la qualité n’en est pas altérée. « Pour certains, le pétrissage à la main est meilleur car le boulanger transmet son énergie à la pâte, raconte le célèbre boulanger, mais d’autres avancent que la machine pétrit plus efficacement. » Avec l’habitude, faire son pain peut prendre cinq minutes, selon les recettes. Plus que du temps, il faut surtout une bonne organisation pour jongler entre le pétrissage et les levées. Côté budget, les boulangers amateurs sont unanimes : faire son pain est économique. Pour un pain à l’épeautre fait maison de 125g, Géraldine Catta compte 0,50€. Quand on sait qu’une baguette boulangère du même poids coûte en moyenne 0,88€, le calcul est vite fait. D’autant plus avec le pain bio, qui coûte plus cher.


Recette pour un pain de 500g

140 g d’eau tiède

100 g de levain

1/2 c à s d’huile d’olive

250 g de farine

5 g de sel

50 g de céréales (sésame, graines de lin, de courge…)


Dans une jatte, mélangez l’eau tiède, le levain et l’huile d’olive. Ajoutez la farine et le sel, impérativement en dernier. Vous pouvez compléter avec des céréales. Mélangez la pâte jusqu’à ce qu’elle se décolle des bords et soit homogène (15 min à la main ou 5 min au batteur). Laissez poser sous un torchon pendant 1 heure. Mettez en forme votre pain, puis laissez poser entre 6 et 12 heures. Plus la température ambiante est élevée (25 °C au maximum), plus vite le pain lève. Humidifiez vos pâtons et dessinez des stries avec une lame. Enfournez à 200 °C pendant 30 à 40 min, avec un récipient d’eau dans le four.

Matthieu Thabard, poète du levain

Standard


Les rayons du soleil jettent leurs derniers feux sur la cour déserte et bien ordonnée de la ferme de l’Anfrenière, près de Nantes, une ancienne seigneurie du XIe siècle. Il faut s’engouffrer dans le garage sombre pour pénétrer dans le fournil, où règne une douce quiétude. Il y fait chaud, mais sans excès. Une bonne odeur flotte dans la pièce d’une dizaine de mètres carrés. 


Cheveux châtains, regard angélique, vêtu d’une veste blanche de cuisinier ornée d’un épi de blé et d’une croix, Matthieu Thabard pétrit presque avec tendresse des miches de pâte avant de les ranger dans des caissons et de les laisser reposer pendant neuf heures. Passées au four, elles deviendront des pains à la croûte dorée et aux rondeurs presque parfaites. De vraies oeuvres d’art gourmandes. La mie, irrégulière et dense, mêle des goûts de châtaigne et des notes acidulées. On se prend à penser aux phrases du poème le Pain, de Francis Ponge : « La surface du pain est merveilleuse d’abord à cause de cette impression quasi panoramique qu’elle donne : comme si l’on avait à sa disposition sous la main les Alpes, le Taurus ou la cordillère des Andes. » Les gestes du boulanger sont méthodiques, précis, jamais brusques. On sent un goût du travail bien fait, presque une grâce dans le toucher. Comme si le jeune homme de 28 ans maîtrisait cet art depuis la nuit des temps. 


« Pourtant, ce n’était pas dans le programme », ironise cet ingénieur agricole de formation. Il y a trois ans, Matthieu Thabard décide de reprendre la ferme familiale, transmise depuis huit générations. Comme bon nombre de ses contemporains, il veut retourner à la terre, se reconnecter au réel. Son père a dû renoncer à son exploitation de 80 vaches laitières pour des raisons financières. Il l’aide à exploiter 160 ha de cultures bio – blé tendre, seigle, grand épeautre, pois ou féveroles, trèfle violet ou blé poulard dans les rotations. Depuis qu’il a soufflé ses 25 bougies, il y a adjoint l’activité du pain, mitonné à partir d’une dizaine de variétés anciennes produites dans ses champs. Certaines datent d’avant 1880.


Le blé de ses ancêtres


Cette passion du pain, il la découvre par la voie du sensible. Alors qu’il se trouve en Norvège afin de poursuivre ses études d’agroécologie, un de ses amis l’initie à la pratique boulangère : « Il m’a parlé de la poésie du levain, le fait que cette matière soit le fruit d’un simple mélange d’eau et de farine dans des conditions choisies ou non, et qui permet à la vie de surgir spontanément. » À son tour, il se met à mélanger ces ingrédients basiques pour cuisiner sa première boule. Un séjour de deux mois dans les favelas de São Paulo au Brésil apporte à cet enfant d’un couple divorcé une révélation : grâce à des prêtres et des religieuses, ce baptisé, qui depuis s’est fait tatouer une croix de Jérusalem sur l’avant-bras, redécouvre la foi. « J’ai vu la lumière au milieu de la misère », confie-t-il. La parabole du levain dans la pâte de l’Évangile selon Matthieu prend alors sens. « La foi peut resurgir à partir de peu », dit-il. 


De retour en France, il n’a qu’un seul projet en tête : fabriquer son pain à partir du blé de la ferme de ses ancêtres. Pour parfaire ses connaissances, il effectue plusieurs stages en boulangerie à Bourg-en-Bresse, Angers, et un séjour à Lyon, où il étudie l’impact sur les cycles de production. Pendant ces années, il fréquente une boulangerie paysanne à Saint-Julien-en-Genevois (74), qui choisit son blé en fonction de l’écosystème et non pas dans le catalogue des grands groupes agro-industriels. Puis il rejoint la ferme familiale. 


Utilisée sous les Romains, cette matière vivante, mélange de farine et d’eau avait progressivement disparu des fournils au profit de la levure de bière.


Matthieu Thabard commence sa panification modestement. De son petit four, il extrait d’abord 50 à 70 kg par semaine. Deux ans plus tard, la production monte à 400 kg hebdomadaires. Pains de campagne, complet, d’épeautre et un pain spécial qui change chaque saison… Tous sont fermentés avec du levain naturel. Un choix réfléchi qui marque un retour aux méthodes originelles. Utilisée sous les Romains, cette matière vivante, mélange de farine et d’eau, ayant fermenté grâce à l’air et aux bacilles présents dans la farine, avait progressivement disparu des fournils au profit de la levure de bière. Celle-ci fait pourtant perdre la moitié des nutriments du blé et crée des allergies au gluten. Et assure une moins bonne conservation du pain. 


Mais la pâte faite à base de levain naturel colle aux ustensiles. Elle n’est pas adaptée à la boulangerie industrielle. C’est justement avec ce modèle de fabrication que le jeune homme veut rompre. Soucieux de la préservation de la planète et craignant les méfaits de la technique de masse, il se sent appartenir à la génération Laudato si’. « Tout est lié, l’homme et son rapport à la nature », souligne-t-il. Procédant de la même logique, la dimension sociale fait partie de ses préoccupations. « L’humain et la fraternité sont au coeur de mon travail », insiste-t-il. 


Depuis peu, François-Régis, paysagiste, l’aide à mettre la main à la pâte. Bientôt, une autre personne va les rejoindre. « Chacun a son cycle de production, ses acheteurs privilégiés », détaille-t-il. La relation avec le client est d’ailleurs pour la petite équipe de mitrons déterminante. Le jeune boulanger commercialise son pain au marché de producteurs de Saint-Mars-de-Coutais et de villes voisines, par le biais d’associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (Amap) locales et chez lui, dans sa ferme. Dans la salle attenante au fournil, sous l’arbre généalogique des Thabard remontant au Moyen Âge, des casiers individuels sont prévus à cet effet. Pour cultiver sa foi dans sa vie agricole et de boulanger, Matthieu Thabard se ressource dans son groupe de réflexion de jeunes professionnels croyants et lors des Journées paysannes, un rassemblement annuel d’agriculteurs chrétiens : « On y parle doctrine sociale de l’Église, de rapport au progrès, à l’environnement… » Outre la viabilité économique de son activité, Matthieu Thabard a un projet qui lui tient à coeur : il aimerait relancer dans sa commune la fête de Saint-Honoré, le patron des boulangers. En attendant, il peut déjà se targuer d’être celui de Saint-Mars-de-Coutais, son village de Loire-Atlantique.

Steven L. Kaplan: “Il faut sauver la culture du pain”

Standard


Qu’est-ce que la « culture du pain » dont vous parlez dans votre livre ?


La culture du pain correspond à des valeurs, des émotions, un répertoire de pratiques, de discours, de rituels, de symboliques qui organisent la vie en société. Elle a profondément marqué l’histoire de la France, et lui est même consubstantielle jusqu’à la moitié du XXe siècle. Pour les Français, le pain est un héritage, une part de leur identité. Pendant des centaines d’années, il a imprégné leur vie, jusqu’à leur langage, qui comprend de nombreuses métaphores autour du pain – « gagne-pain », « bon comme du bon pain », etc. Il a bien sûr longtemps été leur ration de survie : 95 % de la population se souciait de la quête quotidienne du pain, qui apportait la grande partie des calories et des protéines. Le pain a également fait vivre les Français en étant la principale source de richesse économique. Les grains de blé étaient le pétrole de l’époque.


On communie…

Giono sous le soleil d’hiver

Standard


La route qui monte vers Manosque est balayée, ce matin-là, par des trombes d’eau. On trouve refuge au Buffet de la gare, où les quelques clients qui sirotent leur petit noir ne parlent que de la crue de la Durance – une jeune femme dans sa voiture a été emportée par le courant… La Haute-Provence à la morte-saison est bien loin du cliché des cigales et des lavandes. Un pays âpre et violent, traversé par le troupeau des nuages qui s’étirent, laissant poindre bientôt « le petit soleil gris d’hiver », ainsi que l’affectionnait Jean Giono. Sur les collines secouées par un vent de gueux, le feuillage des oliviers est soudain éclaboussé de lumière. Ce grand théâtre tourmenté de la nature, l’auteur du Chant du monde le préférait à tout autre. Et, pour approcher son oeuvre, rien de mieux que cette météo capricieuse et glaciale, selon l’écrivaine Emmanuelle Lambert : « La Provence de Giono est grise et rude, pas nécessairement aimable. La toundra, ou presque. »


La jeune auteure vient d’obtenir le prix Femina essai pour Giono, furioso, dans lequel elle raconte sa redécouverte des écrits du maître pendant les trois années de préparation de l’exposition qui a lieu actuellement au Mucem, à Marseille. Commissaire de cette grande rétrospective, elle raille l’image simplificatrice de l’écrivain provençal, du pâtre de Manosque, ce monsieur à la pipe et au veston de velours, escorté du bêlement des moutons et de ses adorateurs. L’oeuvre de l’écrivain populaire – qui savait, certes, faire vibrer dans ses interviews la corde sensible du pays natal – est hantée par la noirceur et la présence du mal.


Au milieu des chevauchées, des plongeons et des folles aventures, il y a, dans ses romans, les épidémies et les souffrances qui s’abattent, les inondations et les incendies. On y éventre et on y égorge les bêtes, on y assassine les humains, on séquestre, on violente, on empoisonne, on se pend ou on se tire une balle dans la tête – ainsi la jeune amoureuse de Que ma joie demeure et le policier d’Un roi sans divertissement.


À jamais marqué par la guerre


Vous avez dit solaire, Giono ? S’il chante si bien la lumière, c’est au sortir de l’ombre. (…)

Je m’habille à la mode éthique

Standard


Depuis le drame du Rana Plaza en 2013, qui a fait plus de 1100 victimes, les conditions de fabrication sociales et environnementales de nos vêtements sont régulièrement questionnées. Rien qu’en termes d’émissions de dioxyde de carbone (CO2), la fabrication lointaine des habits, selon des procédés énergivores, a un impact lourd. Comme le rappelle l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) dans son guide pratique le Revers de mon look, la mode émet chaque année 1,2 milliard de tonnes de gaz à effet de serre, soit un impact « plus important que les vols internationaux et le trafic maritime réunis ».


Seconde main et labels 


Pour contrecarrer ces effets à votre échelle, le plus simple – et le moins onéreux – est de recourir aux vêtements de seconde main. Déjà fabriqués, ils ne nécessitent pas de nouvelles matières pour compléter votre garde-robe. De plus en plus de friperies et de recycleries, dont les adresses dans votre ville peuvent être dénichées sur Internet, ouvrent dans l’Hexagone. Certes, vous n’y trouverez pas toute la mode dernier cri ni plusieurs tailles du même modèle, mais tout le nécessaire vestimentaire y est généralement proposé, pour toutes les saisons et tous les âges, sans être vieillot pour autant. Si vous tenez à avoir du neuf, vous pouvez privilégier certains labels comme Oeko-Tex, Gots (pour Global Organic Textile Standard), ou l’Écolabel européen. Ils portent sur les procédés de fabrication, tant en termes d’agriculture que d’intrants chimiques pendant la transformation des matières. À savoir, dans son guide pratique, l’Ademe indique que le label Better Cotton Initiative, « très utilisé par les industriels », est aussi plus simple à obtenir que les autres, car moins exigeant.


Coton, lin et chanvre 


De manière générale, privilégier le coton biologique favorise une fibre moins gourmande en eau pendant sa culture, tout comme le lin et le chanvre. Attention cependant à la provenance des vêtements, indiquée sur l’étiquette : si la France est le premier producteur mondial de lin, un vêtement de cette matière fabriqué en Asie aura demandé beaucoup de carburant pour être transformé puis rapporté en France. Plus généralement, vérifier le pays de provenance des habits permet d’en choisir qui sont conçus moins loin, avec toutefois un bémol : l’indication de pays peut ne concerner que la dernière étape de fabrication… Pour ce qui est des fibres synthétiques, enfin, elles proviennent le plus souvent du pétrole. Favoriser celles qui sont recyclées permet d’éviter de puiser de nouvelles ressources.


À savoir

Des collectifs comme Éthique sur l’étiquette travaillent sur ces questions et peuvent fournir des renseignements sur les pratiques des grandes marques : https://ethique-suretiquette.org