Un plan de wwoof pour les vacances

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Les fermes sont la nouvelle destination tendance des vacances. Ici on se pique d’apiculture, là on apprend à baratter, ailleurs on participe à la cueillette. Et à table, où hôtes et fermiers partagent aussi du bon temps, on pousse sa feuille de salade avec du pain de campagne. Tel est l’esprit du « wwoofing », mot issu de Wwoof, acronyme de WorldWide Opportunities on Organic Farms (« possibilités mondiales dans des fermes biologiques »). Ce réseau international, créé dans les années 1970 en Angleterre, permet à des citadins de partager le quotidien des paysans qui pratiquent et défendent l’agriculture biologique, et de les aider. 


« C’est juste extraordinaire », raconte Marie, 19 ans, partie « wwoofer » au Pays de Galles. « Je récoltais des myrtilles et faisais de la confiture, je désherbais et j’arrosais, je nourrissais les poules et j’aidais à la cuisine », raconte-t-elle en faisant défiler avec fierté les photos de ses exploits…

Décès d’Evaëlle : “Les encadrants scouts doivent repérer les signes de harcèlement”

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Victime de harcèlement dans son ancien collège, Evaëlle, une jeune-fille de onze ans, a mis fin à ses jours vendredi 21 juin. Guide au sein des Scouts et guides de France, son décès a bouleversé toute la communauté du scoutisme. Pour Marie Mullet-Abrassart, présidente des Scouts et guides de France, il est évident que les encadrants ont un rôle très important à jouer dans la lutte contre les situations d’isolement.


Des outils pour lutter contre le harcèlement sont-ils mis en place aux Scouts et guides de France ?


Bien sûr. Déjà dans la formation pour les chefs et cheftaines, il y a tout un module autour de la bientraitance, que ce soit des adultes envers les enfants, mais aussi qui apprend à déceler des comportements compliqués dans le groupe. Dans la méthode scoute, nous apprenons le vivre ensemble et la tolérance, notamment avec des personnes différentes : des gros et des moins gros, des couleurs de peau et des origines différentes, des enfants à la pointe de la mode, et d’autres moins. On met un point d’honneur à leur apprendre à ne pas adopter des comportements d’exclusion.


Nous avons également créé le réseau Santé qui a beaucoup travaillé sur la protection des mineurs. Depuis un an, le thème prioritaire est le harcèlement, et on va travailler de plus en plus sur le sujet ; notamment pour faire prendre conscience aux adultes que le gouvernement a mis en place de nombreux outils pour lutter contre le harcèlement et les inciter à y avoir recours avant qu’il ne soit trop tard.


Le décès d’Evaëlle a-t-il renforcé votre volonté de lutter contre la malveillance ?


Pour Evaëlle, nous ressentons un immense tristesse de ne pas avoir réussi à contrebalancer sa souffrance. Ça nous bouleverse et nous interroge : tout être humain confronté au suicide par pendaison d’une enfant de 11 ans se demande forcément ce qu’il aurait pu faire de plus pour éviter un tel drame. On sait aujourd’hui qu’il y a des choses à améliorer et ça nous questionne sur notre rôle d’éducateur. Si la question de la bientraitance est déjà au coeur de notre réflexion et de nos formations, il est certain que nous allons de plus en plus insister dessus. Nous allons par exemple rapidement parler du harcèlement et de ses solutions sur notre site Internet et dans nos newsletters afin que les encadrants et les parents s’imprègnent de cette problématique à la veille des camps d’été.


Y a-t-il de plus en plus de cas de harcèlement ?


Le phénomène n’est pas nouveau mais il est difficile de voir s’il est plus important qu’avant. Ce qu’on peut dire en revanche, c’est qu’on en parle plus. Et il est clair qu’avec l’introduction des réseaux sociaux, il y a un amplification du phénomène, d’autant plus lorsqu’il y a un effet de groupe. Dans le cas d’Evaëlle, l’ultra-connectivité a joué un rôle destructeur, c’est évident. Elle a été changée de collège une première fois, mais Internet permet aux harceleurs de poursuivre leur victime partout et tout le temps.


Comment déceler et gérer des situations de harcèlement chez des enfants ?


J’ai la perception que le harcèlement dans un groupe se repère assez facilement. Il y a des signes qui ne trompent pas : quand un enfant est sujet à des blagues à répétition, quand il est toujours isolé ou choisi en dernier lors des créations des équipes pour les jeux… Certes, la situation ne dégénère pas systématiquement, et heureusement, mais il faut que cela engendre une vigilance accrue de la part des adultes. Chez les Scouts et guides de France, si l’on repère de telles situations, nous cherchons des solutions. Elles ne sont pas évidentes à trouver car les parents ne sont pas toujours très réceptifs tant leur affect rentre en jeu. Nous tentons donc de leur expliquer que nous ne cherchons pas à condamner, mais à réparer. Cela peut passer par le changement de groupe pour l’enfant en souffrance, ou l’exclusion du groupe pour les enfants malveillants afin de les amener à réfléchir sur la notion de scoutisme.


Quel est le rôle et la responsabilité des adultes lorsqu’ils sont confronté à de la malveillance entre enfants ?


Les adultes ont un rôle très important à jouer. Les enfants de 8 à 14 ans reproduisent énormément ce qu’ils voient. Ainsi, leurs éducateurs doivent avoir un comportement exemplaire. Ils ne doivent surtout pas minimiser les actes malveillants, et ne pas laisser faire. Ils doivent être très attentifs pour repérer les signes et ouvrir des espaces de parole avec leurs enfants ou les jeunes qu’ils encadrent.


Il est difficile de trouver des solutions qui ne font pas empirer la situation. D’autant qu’il est rare qu’un parent dise à son enfant que ce qu’il fait s’appelle du harcèlement et que c’est mal. Nous devons, en tant que tiers, faire preuve d’une grande lucidité pour faire en sorte que toute la communauté éducative agisse et vienne en aide à l’enfant harcelé.

Au rythme du Tire-Bouchon

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À la terrasse du buffet de la gare d’Auray, dans le Morbihan, il flotte déjà un air de vacances. Sacs à dos à terre, vélos garés le long de la barrière, des étudiants et des couples de retraités commandent qui une bavette, qui une andouillette-frites. Le temps de casser tranquillement la croûte au soleil, en attendant le Tire-Bouchon : non pas pour siffler un verre de muscadet, mais pour se rendre à Quiberon… « Le nom populaire et singulier du petit train qui relie Auray au bout de la presqu’île a deux origines possibles : ce TER fait l’aller-retour sur une seule voie, comme dans le goulot d’une bouteille. Et il tire aussi les estivants des gigantesques bouchons qui encombrent la presqu’île de Quiberon en juillet-août ! », explique Juliette Labaronne, qui a travaillé un temps pour le journal interne de la SNCF et publie aujourd’hui une bible des échappées ferroviaires tranquilles, loin de la cadence infernale des TGV.


Une france d’avant le stress

Handiplage nous met tous à l’eau

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Entre les rochers et l’étendue de sable, dessinant une virgule de gravier bitumé, la rampe glisse en pente douce jusqu’à la plage. Une voie directe pour les rivages de l’océan Atlantique et les vagues de la Côte d’Argent. C’est grâce à cette bretelle d’accès, bordée de balustrades en bois, que Ramón Espi peut rejoindre la plage de la Petite Chambre d’Amour, à Anglet (Pyrénées-Atlantiques). Un havre estival surplombé par la falaise du cap Saint-Martin, creusée de grottes, et l’étincelant phare de Biarritz. « J’aime me retrouver dans l’eau, me plonger dans cette lessiveuse ! Je prends des bains de mer tout l’été, mais aussi en hiver, avec une combinaison. » Handicapé, Ramón Espi, 57 ans, vit en fauteuil roulant depuis un accident de moto, à l’âge de 27 ans. « Avant ces aménagements sur le littoral, j’étais obligé de rouler sur le sable, le fauteuil s’enlisait… Rien n’était prévu pour les personnes handicapées. Elles pouvaient utiliser les rampes de mise à l’eau des bateaux, mais ce n’était pas pratique ».


Vingt ans de combat, 150 plages accessibles


Avec sa compagne, Brigitte Berckmans, infirme moteur cérébral, cet ancien dessinateur en construction mécanique, tout juste retraité, est à l’origine de l’association Handiplage. Cette structure, qui compte une centaine d’adhérents, agit pour favoriser l’accès des personnes à mobilité réduite aux loisirs et à la plage. Le combat fut long pour inciter les communes à aménager les sites. Tout a commencé il y a plus de 20 ans, en 1995, lorsque le couple basque a découvert, à la lecture d’un article de presse, que l’Hôpital Marin d’Hendaye, spécialisé dans la prise en charge d’adultes lourdement handicapés, faisait bénéficier ses patients de bains de mer. « Les pensionnaires étaient transportés sur des brancards. Au culot, nous nous sommes rendus à Hendaye, mais à la fin de l’été l’établissement nous a dit qu’il ne pouvait pas continuer à nous accueillir en plus de ses pensionnaires. Nous étions une bande de copains à aller dans l’eau, à jouer au basket et nous avons songé à nous regrouper ! » Au fil des rencontres, et avec le soutien du médecin Brigitte Soudrie, chef de service à l’Hôpital Marin d’Hendaye, le projet a mûri. Et l’association Handiplage est née deux ans plus tard, en 1997.


Le but de ce label, c’est que la personne handicapée soit le plus autonome possible sur la plage


Basée à Bayonne, l’association délivre un label « Handiplage » – de quatre niveaux de qualité, symbolisés par des bouées marines -, attribué en fonction de l’accessibilité (stationnement, roulement aménagé du parking à la baignade) et des équipements spécifiques du site : douches, sanitaires, vestiaires… « Le but de ce label, c’est que la personne handicapée soit le plus autonome possible sur la plage ».  Cet été 2019, en France, 85 plages sont labellisées Handiplage. Si l’on ajoute celles qui bénéficient de la marque nationale de l’association Tourisme & Handicaps, créée en 2001, ce sont plus de 150 plages qui sont accessibles aux personnes en situation de handicap. L’une des dernières labellisées est la plage de l’anse du Stole, située près d’un centre de rééducation fonctionnelle, à Ploemeur, dans le Morbihan. Certaines plages (niveau 4), comme à Saint-Jean-de-Luz, sont dotées d’un dispositif Audioplage pour les déficients visuels : des bouées sonores permettent aux personnes non voyantes ou malvoyantes de connaître leur position lors d’une baignade et de se diriger en toute autonomie dans l’eau.


Un nouveau métier : « handiplagiste »


Gratifiée de trois bouées, la plage de la Petite Chambre d’Amour, à Anglet, dispose d’un poste de secours, d’une rampe d’accès, mais aussi d’une aire de repos et d’abri contre le soleil, et de la présence en période estivale d’une « handiplagiste ». « Nous avons créé ce nouveau métier ! », explique Ramón Espi, dont l’association est à l’initiative de cette formation diplômante d’accompagnement à la baignade des personnes handicapées et en situation de dépendance.


Apprentissage des règles de sécurité, des gestes et des postures, sensibilisation au handicap… Quelque 160 handiplagistes, en France, ont déjà bénéficié de cette formation. L’une des missions de ces accompagnateurs est de manœuvrer le Tiralo, un fauteuil roulant amphibie. La plage d’Anglet en possède deux. Cet équipement a été conçu, après trois ans de mise au point, par Robert Guiglion, à l’époque directeur du Centre d’Aide par le Travail L’Ensoleillade, installé à Jurançon. « Il est parti d’un brancard, auquel il a fixé des roues, puis des flotteurs. Un filet de protection a ensuite été ajouté, pour protéger les jambes dans les vagues. Le Tiralo, c’est le chaînon manquant pour pouvoir aller à l’eau ! Avant, nous devions prendre de vieux fauteuils qui étaient rapidement rouillés », rappelle Ramón Espi. Un autre engin existe, baptisé l’Hippocampe : il s’agit d’un fauteuil aquatique, mais qui ne flotte pas. Il permet à la personne handicapée d’entrer dans l’eau, avant de nager.


Une prise de conscience croissante


Grâce à ces aménagements et à ces équipements ingénieux, les personnes handicapées peuvent goûter aux plaisirs balnéaires. « C’est notre fierté d’avoir mené à bout tous ces projets, d’avoir suscité une prise de conscience : les personnes valides ne nous regardent plus de la même façon. Nous faisons partie du paysage ! », se réjouit Ramón Espi, avant de tempérer : « Bien sûr, je connais encore des personnes handicapées qui n’osent pas se retrouver sur une plage…. » Son handicap n’a jamais empêché ce sportif, guitariste amateur, de pratiquer de nombreuses activités physiques, du ski au surf. « Les mentalités ont changé. Il y a 20 ans, lorsque nous nous adressions aux villes, elles étaient réticentes, comme si elles ne comprenaient pas notre envie de nous baigner ! S’il est vrai que la loi de 2005 sur le handicap n’évoque pas les plages, des améliorations sont cependant entreprises à l’occasion des travaux d’aménagement du littoral liés à l’érosion. Cela dit, j’ai peur que cela ne dure pas. Les villes se contentent parfois du minimum ».


Des propos que comprend Joëlle Turcat, adjointe au maire d’Anglet, déléguée à l’emploi, à l’insertion professionnelle et au handicap : « Il ne s’agit pas seulement de créer une rampe d’accès inclinée et de laisser péricliter le site, il faut que les collectivités accompagnent les associations, engagent une réelle réflexion sur le handicap ». Sur le front de mer, le combat pour la baignade pour tous n’est pas terminé.


À savoir : Association Handiplage

39, rue des Faures 64100 Bayonne.

Tél. : 05 59 50 08 38. www.handiplage.fr

Martine Balençon, une pédiatre aux petits soins

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Ici, le visage souriant d’une fillette sous un rocher. Là, l’air étonné d’un blondinet en polo rouge et jaune. Sur le mur opposé, la photo d’un autre garçon dans un petit pull marine, le regard rivé sur le canard en plastique qu’il essaie de pêcher. Et, juste au-dessus, en plan rapproché, un bébé suçant son pouce qui a glissé sa main droite dans la bouche de sa maman, les yeux plongés dans les siens. Martine Balençon, pédiatre et médecin légiste, a accroché les portraits de ses quatre enfants dans son bureau de la Cased (Cellule d’accueil et de soins de l’enfance en danger), au CHU de Rennes (Ille-et-Vilaine). Mais à peine a-t-on mis un pied dans son « antre » qu’elle désigne le cliché d’une femme d’un certain âge, posant devant les tours de La Rochelle. Sa mère, décédée l’an dernier : « Elle aurait aujourd’hui 93 ans. C’était une anesthésiste de province, pionnière dans son domaine, très humble, qui s’était formée en Angleterre. Dans les années 1960, elle allait…