Pour Isabelle Sauvegrain, «il faut allumer sa télévision intérieure pour bien récupérer»

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Nous arrivons en vacances de plus en plus fatigués. Quels sont les principaux facteurs d’épuisement au quotidien?

 

Les motifs d’épuisement sont franchement différents, selon l’âge ou l’activité professionnelle. Un étudiant qui prépare un concours par exemple, n’est pas fatigué pour les mêmes raisons qu’un agriculteur. Ce qui est sur, c’est que l’épuisement est souvent la somme de plusieurs facteurs, à la fois organisationnels, relationnels et personnels. Il y a deux notions fondamentales, d’une part l’accumulation, qui implique la réalisation d’un grand nombre de tâches différentes et la notion de superposition ou d’empilement, qui correspond à une sollicitation répétée sur la même tâche. Forcément, le temps de récupération dépend de l’intensité de l’atteinte, car ces facteurs d’épuisement peuvent être amplifiés par des situations personnelles difficiles, une maladie ou tout simplement le chagrin.

 

Pour bien récupérer, il faut donc d’abord apprendre à se connaître?

 

La clé est d’arriver à se regarder vivre. C’est la connaissance de soi par la conscience réfléchie, une faculté propre aux êtres humains. Il s’agit de se voir, comme dans une galerie des glaces, retrouver la sensation de son centre. En d’autres termes, se regarder pédaler au lieu d’avoir la tête dans le guidon! Il faut parfois prendre le temps de se rappeler comment un être humain fonctionne. Dans notre société, on passe beaucoup de temps à recevoir des informations, à être distrait. Je conseille d’allumer sa télévision intérieure.

 

Le temps des vacances est idéal pour se recentrer…

 

C’est une véritable opportunité pour gérer son temps différemment. J’utilise souvent l’image du pilote ou du navigateur qui fait le point avant de démarrer. Bien sûr, chacun peut l’envisager à sa façon. On peut récupérer au travers d’activités artistiques ou culturelles telles que le jardinage ou la poterie, ou alors en faisant de l’exercice physique. Regardez les enfants, lorsqu’ils sont turbulents en fin de journée, il suffit d’une balade ou d’une sortie au parc pour qu’ils retrouvent leur calme et soient prêts à aller se coucher. Les moments conviviaux sont tout aussi importants, pour se nourrir soi-même et nourrir les autres.

 

Combien de temps faut-il pour être sur de retrouver toute son énergie?

 

Il ne faut pas nécessairement beaucoup de temps pour récupérer et faire le point. Quand vous n’avez plus de batterie dans votre téléphone, vous le branchez pour le recharger, ce n’est pas compliqué. Paradoxalement, aujourd’hui, on s’occupe mieux des objets que de soi. Les vacances doivent être un entrainement pour prendre du recul, ensuite, quelques minutes par jour peuvent suffir. Il faut insiter sur le fait que faire le point n’est pas une perte de temps ni une démarche égoïste, même si elle est personnelle. Charité bien ordonnée commence par soi-même.

 

Il y a donc une part de responsabilité personnelle, dans l’épuisement autant que dans la récupération?

 

La vie nous apporte la dette, il faut en tenir compte. Aujourd’hui nous sommes assaillis de toutes parts, ne nous étonnons pas d’être devenus des étrangers pour nous mêmes. Cependant, il faut être conscient que la civilisation ne nous oblige pas, elle nous propose. Il faut aussi savoir faire face à la vie que l’on à décidé de se choisir. Pour la récupération, c’est la même chose. Prendre le temps de se reposer ou de réfléchir n’est plus spontané dans notre société même s’il existe encore, dans certaines cultures ou religions, mais il ne tient qu’à nous de le faire. Si on décide, on a une petite chance de mettre en oeuvre.