Avec les enfants, “il y a plein de façons de parler de Dieu”

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« J‘ai posé la question :”Où se trouve le paradis ?” », déclare fièrement Raphaël, 10 ans, qui a suivi le programme #taslaParole. Bien que réservé, ce garçon accepte de témoigner. « Un copain a répondu : “À la droite du Père”, ça m’a assez convaincu », enchaîne avec sérieux le jeune Marseillais qui porte un K-way noir. Le ciel est menaçant au-dessus de la basilique Notre-Dame-de-La-Garde, à Marseille, en ce 8 mai. Mais dans l’enceinte de l’école Lacordaire, dans le XIIIe arrondissement de la cité phocéenne, l’heure est à la joie. Plusieurs centaines d’enfants, de parents et de catéchistes sont venus assister à la Fête du caté, point culminant d’un programme de catéchèse novateur démarré en septembre 2018 et qui court jusqu’à fin juin, intitulé #taslaParole.


Centrales, les questions de l’enfant


Sous cette appellation inspirée des réseaux sociaux, le projet a voulu mettre l’accent sur le questionnement de l’enfant plutôt que sur une transmission verticale du message chrétien. Lors de chaque cours de catéchèse, les élèves marseillais de 7 à 11 ans ont donc été invités à poser des questions à Dieu : « Pourquoi es-tu au ciel ? », « Pourquoi quand on prend l’avion, on ne te voit pas ? », « Comment fais-tu pour nous aimer chacun à la fois ? »… Plus d’une centaine de questions ont circulé dans des boîtes dédiées au sein de jumelages mêlant écoles catholiques et paroisses des quartiers nord et sud de la ville, dans un objectif affiché de mixité sociale et culturelle.


La diversité, un atout clé


« La foi, c’est des questions », argumente soeur Marie-Anne Bourgois, responsable de la catéchèse au sein du diocèse marseillais et instigatrice du projet #taslaParole. « C’est parce que l’enfant se questionne qu’il sera réceptif. L’essentiel n’est pas de donner une réponse, mais d’avancer ensemble, d’écouter l’autre et d’apprendre à respecter les différences », précise la religieuse. La proposition a rapidement fait des émules : une quarantaine de groupes de catéchisme se sont engagés dans l’aventure, chacun recevant les messages des uns et des autres au long des semaines. 


« Le fait que d’autres enfants se posent les mêmes questions qu’eux, ça les marque. Et comme c’est anonyme, il y a moins d’a priori », analyse Gratienne Disdier, enseignante et catéchiste dans une école de l’est marseillais. Depuis septembre, ses élèves ont pu échanger leurs interrogations sur Dieu avec d’autres enfants issus d’une paroisse à forte concentration d’immigrés ainsi qu’avec ceux de Saint-Victor, église historique du Vieux-Port. « Ils comprennent qu’il y a plein de façons de parler de Dieu, ça développe leur écoute », poursuit l’enseignante. Et de conclure : « L’Esprit saint parle à travers eux, et ils ont des choses à dire ! »


Prolonger la réflexion en famille


« Ça m’a motivé pour continuer le caté l’an prochain », assure un élève de CM2. La démarche semble avoir porté ses fruits. Lors de cette fête du 8 mai, les parents ont été conviés à cultiver l’intérêt de leurs enfants pour les questions de foi. Pour Sandrine, mère de Lucas, 8 ans, « ce ne sont pas des sujets dont on discute habituellement à la maison ». Mais elle a constaté l’effet positif de cette méthode : « Lucas ne s’exprime pas beaucoup en classe, là il a été très fédérateur dans son groupe de caté. Une brèche est ouverte : il m’a même demandé de faire sa première communion. »


À Savoir

#taslaParole https://marseille.catholique.fr

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