18-25 ans : Comment choisir sa voie ? 

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« C’est la première fois en cinq ans que je réussis » , se réjouit Pierre, 21 ans, qui vient de valider sa première année de licence d’histoire. Après son bac S obtenu en 2013, il a enchaîné deux échecs dans un IUT de génie biologique, puis en école d’ingénieurs. « J’avais des facilités, mais pas vraiment appris à travailler, à persévérer. Plusieurs domaines m’attiraient, je ne savais pas quel métier choisir. » Démotivé, il devient accro aux jeux vidéo, sèche les cours et finit par décrocher. « J’avais totalement perdu confiance en moi. »


Comme lui, d’autres peinent à trouver leur voie. « Il n’y a jamais eu autant de possibilités, et les jeunes sont perdus » , confirme Anne Blandin Rabiller, directrice de Zest’Développement, qui accompagne des élèves dès la 4e. « On leur demande de choisir une filière alors qu’ils ignorent ce qu’ils veulent faire plus tard ! »

“La sortie de la protection de l’enfance rime trop souvent avec précarité“

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Le constat est sans appel : presque un tiers des sans-abri recensés de moins de 30 ans ont été en foyer ou famille d’accueil. C’est avec ce chiffre qu’Antoine Dulin, vice-président du Cese, compte alerter le Parlement. Comme le Premier ministre le désirait, le Cese a particulièrement planché sur les jeunes sortants de l’aide sociale à l’enfance. « La situation des jeunes en ASE est paradoxale », souligne le rapporteur au nom de la section des affaires sociales et de la santé : « À 18 ans, il leur est demandé plus d’autonomie qu’aux autres jeunes de leur âge, alors qu’elles et ils ont moins de ressources, notamment familiales, financières et sociales. »


La législation protège les enfants jusqu’à leur majorité, mais n’oblige en rien les départements (qui ont à l’heure du jour la compétence ASE) à poursuivre cette aide. « Au vu des études et des témoignages que nous avons recueillis, il nous paraît primordial de généraliser le contrat jeune majeur, et cela jusqu’à 21 ans », expose Antoine Dulin. Cette aide financière et d’accompagnement prévue pour les 18-21 ans qui sortent d’un cycle d’ASE leur est rarement attribuée. Lorsqu’elle l’est, la durée du contrat dépasse rarement les 6 mois ; « un pansement », estime le rapporteur du texte. « Cette défaillance entraine un non-sens éducatif et social, puisqu’elle ne mène pas jusqu’au bout la réinsertion des jeunes en difficulté et isolés. » Le vice-président du Cese souligne le « gâchis économique de cette situation » : environ 10 milliards d’euros sont investi pour la protection de l’enfance.


« Des relations intéressées »


Laurent* a eu de la chance. Placé en pouponnière à l’âge de 15 mois, puis en famille d’accueil à 2 ans, le jeune homme de 26 ans fait des études de commerce, et « a eu un parcours plutôt sans encombre… m ais ce n’est pas le cas de tout le monde ». Pour lui, « l’accompagnement après les 18 ans devrait être un droit pour tous. » « J’ai eu de la chance d’avoir la même famille d’accueil de mes 2 à 18 ans. Cette stabilité m’a permis de réussir à l’école, d’avoir une bourse d’excellence après le Bac et de faire des études supérieures, mais très peu le font. » Laurent a réussi à obtenir un contrat jeune majeur. « Sauf que l’administration est très rigide, lorsque j’ai voulu partir à l’étranger pour une année en Erasmus, on a rompu mon contrat jeune. Ça a été compliqué de rebondir ! »


Pour Laurent, ce qui manque principalement, c’est un « soutien désintéressé ». « Lorsque tu vis avec tes parents, tu sais que si tu doutes une fois adulte, ils seront là pour te soutenir. En famille d’accueil, c’est différent. Il y a un manque de confiance, du fait qu’ils gagnent de l’argent. Lorsqu’on est adolescent, déjà, on souffre de cette relation. La famille d’accueil ne va prendre aucun risque, par exemple, ne va pas nous laisser sortir en ville boire un verre avec des copains. Pour la moindre sortie, il faut une autorisation écrite, du supérieur de l’ASE. Cet aspect administratif est pour moi incompatible avec l’équilibre d’un adolescent en recherche de liberté. »


Lorsque tu vis avec tes parents, tu sais que si tu doutes une fois adulte, ils seront là pour te soutenir. En famille d’accueil, c’est différent. 

 Laurent, 26 ans


Pour remédier à cela, Laurent, qui a témoigné pour le rapport du Cese, a une solution : le parrainage. « Je suis certain qu’il y a beaucoup de personnes qui auraient envie de parrainer un jeune en difficulté, de le soutenir moralement et d’établir un lien de confiance. Ce ne sont pas les psychologues qui peuvent permettre cela. Personnellement, je n’ai jamais rien dit à ma psychologue. » C’est dans cette perspective que Laurent a rejoint l’association Repairs !, un réseau d’entraide créé par et pour les jeunes sortant de l’ASE qui entend éviter l’isolement des jeunes et leur proposer des solutions de financement de permis de conduire ou d’études.


Le rapport du Cese pointe une autre formule : le développement du statut de semi-autonomie. Pour un jeune, être semi-autonome permet d’avoir un logement sans pour autant vivre en foyer ou en famille d’accueil. « Cela donne plus de liberté pour le jeune, tout en maintenant un suivi. On ne l’abandonne pas pour autant, explique Antoine Dulin. C ela permet de faire l’économie d’un éducateur qui serait là non-stop, donc un coût moindre pour les départements. Il faut développer des solutions moins coûteuses, et plus humaines. »


*Le prénom a été modifié


Pour aller plus loin

Le rapport : www.lecese.fr

L’espérance, un cap pour les retraités

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« C’était mieux avant. » L’expression serait-elle bannie au sein du Mouvement chrétien des retraités (MCR) ? Depuis un an, les 35 000 adhérents qui se réunissent en équipe une fois par mois, travaillent sur le thème de l’espérance. Leurs réflexions ont été nourries par la lecture de textes d’Évangiles, d’apports de témoignages et de partages sur les petites ou grandes choses de la vie, comme les y invite le parcours d’année proposé par le mouvement. 


« Il faut vivre le moment présent sans trop regarder en arrière et éviter de faire du catastrophisme. Être avec d’autres me stimule pour aiguiser mon regard, j’apprends à voir ce qui est positif, et à savoir apprécier les belles choses », confie Yolande de -Beauchêne. Avec son mari François, un ancien militaire, elle a rejoint il y a deux ans une équipe du MCR de Locmariaquer (Morbihan), commune où ils ont posé leurs valises après 11 ans passés à l’étranger.


S’ouvrir…

“Père et époux, j’ai peur que notre fragile équilibre familial ne se brise“

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« Je vous écris pour vous expliquer ma situation qui est pour moi très angoissante. Voilà, je suis marié et papa d’une petite fille de 4 ans et demie que j’aime plus que tout, et qui est au quotidien une boule de bonheur pour moi. A l’arrivée de notre enfant, notre couple a subi une tornade, ça a été très difficile, ma femme a un caractère très fort et pendant les moments difficiles de l’enfant (nuits difficiles ou autres…) les propositions que je faisais à ma femme pour aider à passer le cap (comme par exemple permettre à chacun d’aller passer une nuit seul(e) à l’étage de la maison afin de pouvoir au moins dormir une nuit complète), était vécue de sa part comme de “l’égoïsme” de ma part.

Nous avons très difficilement passé cette étape au point d’en arriver à une pause de deux semaines qui à ce moment-là nous a fait du bien et permis de repartir tout doucement.

Pourtant les problèmes de fond restaient. Il y a deux ans, ma femme m’annonce qu’elle est enceinte (elle avait arrêté la pilule et n’avait pas repris d’autres moyens de contraception sans vraiment m’en parler… Tout juste je savais en ayant entendu une conversation avec sa maman que le gynéco lui avait demandé d’arrêter la pilule) et tout cela, alors que nous avions, lors d’une énième dispute, décidé de nous séparer quelques temps avant.

Je lui ai alors fait part de ma volonté de ne pas accueillir un enfant dans ces conditions et l’IVG avait alors été décidé (elle ayant pris conseil aussi auprès de sa maman).

Seulement cela a été traumatisant pour elle, et je dois avouer que pour moi aussi cela a été difficile aussi.

Mais voilà, hier alors que je parlais avec elle dans un moment de calme pour mettre les choses à plat sur les conditions pour accueillir un enfant (je sentais son envie d’en avoir un à nouveau assez présente), elle me dit qu’elle est certainement enceinte car elle ressent des nausées. Et autres symptômes (elle ne prend toujours pas de contraceptif mais je mettais un préservatif, sauf une fois…).

Alors voilà je viens de passer une nuit assez terrible avec des réveils dans l’angoisse, le cœur battant la chamade… des suées… en résumé j’angoisse terriblement.

J’ai peur que le fragile équilibre retrouvé ne se brise, et surtout j’ai peur de revivre la même situation qui m’a plongé quasiment dans une déprime qui a duré (avec des hauts et des bas) quasiment un an.

Je suis perdu ! »


> La réponse de Jacques Arènes : 


Vous m’écrivez en effet pendant une séquence dramatique où un enfant peut s’annoncer alors que votre couple ne va pas si bien. Répéter une IVG, ce serait recommencer le traumatisme que vous avez vécus tous les deux il n’y a pas si longtemps. Et ce serait une forme de « passage à l’acte » puisque vous vous seriez mis tous les deux, sans le vouloir consciemment, dans les mêmes conditions de crise qu’il y a quelques années : une forme de connivence et d’accord mutuel sur la manière d’accueillir un bébé n’est semble-t-il pas encore acquis. Ceci dit, votre épouse a seulement évoqué certains « symptômes », et le terme que vous employez est bien le signe que cette éventuelle grossesse – présentée comme une maladie – ne serait pas la bienvenue pour vous. Il est possible que ce qu’elle vous annonce, qui est loin d’être sûr, ait aussi une valeur de test par lequel elle jauge plus ou moins consciemment votre désir d’enfant et le sien.


Il n’empêche, l’équilibre que vous avez trouvé tous les deux est bien fragile, et s’avère menacé par un éventuel événement que l’on qualifie habituellement d’heureux. C’est tellement peu le cas que l’idée même qu’elle soit enceinte vous empêche de dormir. Cela pose évidemment la question de votre couple : qu’est-ce qui vous fait encore « tenir » tous les deux ensemble ? Est-ce seulement la petite fille que vous avez tous les deux désirée ? Vous narrez votre histoire commune en indiquant clairement que les choses sont allées plus mal quand elle est arrivée. Cela n’est, en effet, pas rare que la venue d’un enfant soit un facteur séparateur. Cette venue mobilise en effet un désir, et une angoisse, de responsabilité très profonds qui se traduisent souvent par des attentes fortes vis-à-vis du conjoint, attentes qui ne sont évidemment pas remplies quand elles sont trop idéales. Votre femme attendait beaucoup de vous et vous auriez « failli ». Vous avez, quant à vous, été meurtri de ne pas avoir été consulté dans la « gestion » de la contraception de la part de votre épouse. Vous avez d’ailleurs appris fortuitement qu’elle avait arrêté la pilule, sans avoir essayé apparemment de lui poser des questions sur la raison d’un tel arrêt, et sans avoir tenté de prendre en charge avec elle la question. La crise a au moins permis que vous vous impliquiez plus dans le processus, et que vous soyez donc moins passif.


Tout cela est néanmoins très douloureux, ces enfants, présents ou à venir, qui vous séparent, la seule décision (plus ou moins) commune étant celle de l’IVG. Alors qu’on souhaiterait que ce soit la mise en en route d’un enfant qui soit réellement décidée ensemble. Apparemment c’est loin d’être le cas. Ce qui est nouveau est, comme je l’écris plus haut, que vous semblez plus impliqué actuellement. Nous revenons alors à ma question, à mon avis essentielle. Qu’est-ce qui vous fait « tenir » ensemble, après ces drames ? Revenez-y pour vous-même et, si c’est possible, avec elle. Vous ne pouvez continuer à vous épuiser tous les deux en cherchant un équilibre à coups d’éloignements réguliers pour apaiser la tension. Repartez donc de ce qui vous a uni avant que votre fille, cette « boule de bonheur », s’insinue entre vous. Et essayez de le faire vivre, si cela existe encore. Avez-vous mis sur la table, par ailleurs, ces conceptions différentes qui sont les vôtres concernant la manière d’investir la petite, le partage des tâches et surtout, la place qui est alors laissée à la vie conjugale ? C’est sûrement en ces différences, qui sont devenues un différend, que le fossé conjugal s’est creusé. Si vous restez ensemble, une psychothérapie de couple pourrait vous aider à aborder tout cela d’une manière dépassionnée.