Cuisine et sacré : les tables de la foi

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Et si nous passions à table ? Non sans avoir regardé de plus près le contenu de nos assiettes : du chocolat en robe de moine, l’huile du temple dans la friture d’un beignet, une sainte dans un doigt d’amande, une prière pour les ancêtres dans une bûche glacée…. Nos mets et plats de fêtes restent truffés de symboles et de références religieuses. Les uns puisent leur source dans des traditions toujours vivantes et transmises de génération en génération – par exemple les beignets juifs d’hanoukka. Tandis que d’autres, tels les 13 desserts provençaux de Noël (13 comme Jésus et ses12 apôtres !), trouvent leurs origines dans la nuit des récits et croyances populaires. Mais la référence spirituelle va bien au-delà de ces plats institués. 


Partout, quand approchent les fêtes, on entre un peu en cuisine comme en sacerdoce. Le gourmet se voue sans partage à ses fourneaux et tout, de l’art de la table aux recettes immuables, de la communion des convives aux rites de célébration, des bons crus et des mets fins nous rappellent que la cuisine a toujours à voir avec le don de soi et l’identité culturelle. Une identité enrichie de saveurs éclectiques. De la nourriture casher aux cuisines monastiques, du restaurant halal new look aux recettes bibliques du Padre, vedette des émissions culinaires italiennes, notre dégustation interreligieuse et littéraire, quelques semaines avant Noël, veut nous mettre l’eau à la bouche. Nous rappeler aussi que cet art culinaire, d’où qu’il vienne, a tout d’un acte d’amour… destiné in fine à élever les âmes.


(Cliquez sur la photo pour lire l’article)










Cinéma, musée, BD : la danse multiplie les pas de côté

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L’opéra n’a pas le monopole de la danse ni des chorégraphes. Cet automne, on a vu plusieurs d’entre eux valser vers d’autres territoires de création, du ciné au musée. Avec la réalisatrice Valérie Müller, sa compagne, Angelin Preljocaj a donné vie à Polina (en salles depuis le 16 novembre), film adapté de la BD multi-récompensée de Bastien Vivès. De son côté, Benjamin Millepied, l’ex-directeur du ballet de l’Opéra de Paris qui avait signé en 2010 les chorégraphies du film Black Swan, assure le rôle de commissaire de l’exposition Corps en mouvement – La danse au musée, actuellement au Louvre. Le 14 décembre, on découvrira enfin le travail d’Aurélie Dupont derrière les prouesses de Félicie, l’aspirante ballerine du film d’animation franco-canadien Ballerina.


La danse a toujours été un matériau de choix pour les peintres, les sculpteurs, les dessinateurs et les réalisateurs. Doublé d’un incomparable défi technique. Pour réaliser Polina, Valérie Müller et ­Angelin Preljocaj – qui parlent de « chorégraphie de séquences » – ont sans cesse adapté le cadre à la dramaturgie : les passages fantasmés où l’héroïne pirouette dans la nature ou dans la rue sont filmés en grands travellings laissant toute liberté au corps. Les cours et entraînements sont rendus en plans serrés (« Quand les danseurs travaillent, ils doivent ressentir chaque partie de leur corps », dit Valérie Müller). 


Le puissant pas de deux final a été filmé avec une grue. Avec cette caméra qui adopte le point de vue des danseurs comme des spectateurs, « le duo devient un trio ». Comme dans un film de Fred Astaire, si doué pour danser avec l’objectif, une référence pour les coréalisateurs. Ce travail de re-création permet ici de s’affranchir des contraintes ­habituelles : « Le cinéma apporte un regard très décalé de ce que l’on verrait dans un théâtre, note Angelin ­Preljocaj. Pour capter l’intensité dramatique d’une pointe qui frotte le sol, il faudrait être au ras de la scène. Ici, on n’en rate rien. »



Animer la matière figée


Au Louvre, l’exposition de la Petite Galerie joue avec les paradoxes : comment représenter un art vivant par des œuvres figées ? Quelle influence la danse statufiée peut-elle bien avoir sur les chorégraphes ? Une salle y aborde « la révolution de la fin du XIXe au début XXesiècle, quand Isadora Duncan, Loïe Fuller, Vaslav Nijinski ont rompu avec les gestes du ballet classique en s’inspirant d’œuvres antiques, en écho avec les avant-gardes en arts plastiques », explique Florence Dinet, la chef de projet. Une période d’expérimentations récemment portée à l’écran par Stéphanie Di Giusto dans la Danseuse, aussi bien que dans la bande dessinée Il était une fois dans l’Est (de Julie Birmant et Clément Oubrerie, Dargaud) consacrée à Duncan.


Si des figures de danseurs comme le Nijinski de Rodin ou un bronze de Degas sont exposés à la Petite Galerie, le visiteur est surtout invité à capter l’esprit de la danse derrière des mouvements a priori non chorégraphiés, interrogeant la capacité de la matière à s’animer. « L’intérêt d’une œuvre figée, c’est de faire travailler l’imagination », admet Florence Dinet. Et Preljocaj ne dit pas autre chose au sujet de Polina : « Les personnages peuvent danser explicitement, avec un corps tonique. Mais le corps abandonné sur un lit ou un parquet continue à danser, comme la petite flûte entrecoupée de silences par rapport à l’orchestre symphonique. »

Les produits monastiques, c’est chic

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À la fin des années 1980, une publicité à la télévision fait sourire dans les chaumières : on y voit des moines gourmands dans le plus pur style rabelaisien, tonsure et corde de bure, quitter précipitamment leurs activités pour se jeter sur un petit fromage, le Chaussée aux Moines, tandis que la voix off murmure, l’air faussement coupable : « Pardon, mais c’est trop bon. » En réalité, le fromage n’a de monastique que le nom et si son étiquette arbore l’effigie d’un moine, l’index collé sur la bouche, prêt à s’adonner discrètement mais sûrement au péché de gourmandise ou, pire, à induire l’acheteur en tentation, l’objet de toutes les convoitises est un fromage industriel dont la marque appartient au groupe Lactalis, géant de l’agroalimentaire. Quant à Chaussée aux Moines, c’est le nom de la route où se trouve le lieu de fabrication, près de Laon (Aisne), à deux pas du monastère Saint-Clément. 


L’image des moines fait vendre, et Lactalis…