Peut-on devenir allergique à n’importe quel âge ?

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L'allergie touche de plus en plus de personnes en France, quel que soit l'age (Ph.Parrchristy via Flickr CC BY 2.0)

L’allergie touche de plus en plus de personnes en France, quel que soit l’age (Ph.Parrchristy via Flickr CC BY 2.0)

Oui, même si l’allergie concerne en majorité les enfants, elle peut parfaitement apparaître à l’âge adulte. En fait, elle peut survenir à tout moment de la vie, disparaître, s’atténuer et même réapparaître quelques années plus tard. Ainsi, l’épidémiologie constate qu’avec l’âge, les allergies alimentaires et les manifestations de type eczéma peuvent devenir plus rares, cédant plutôt la place à des allergies dues à des médicaments par exemple, ou au rhume des foins.

Si l’allergie survient parfois tardivement, c’est parce que la rencontre avec la substance allergène peut très bien n’avoir lieu qu’à l’âge adulte : cela peut ainsi, par exemple, être le cas d’allergies dues à des fruits de mer (peu appréciés des enfants) ou un médicament particulier. Ainsi, le curare, utilisé pour paralyser les muscles durant une intervention chirurgicale, est-il la principale cause de réaction allergique brutale et massive (choc anaphylactique) en salle d’opération.

L’amplitude d’une réaction allergique n’a pas encore d’explication

Par ailleurs, on peut avoir été exposé régulièrement à une substance qui ne déclenchera d’allergie que beaucoup plus tard dans la vie. Dans ce cas, c’est la quantité qui peut jouer. Car il faut une certaine dose d’allergènes pour déclencher des symptômes. Ainsi, une personne vivant dans le nord de la France a pu respirer parfois du pollen de cyprès, mais ne devenir victime d’une allergie qu’à l’occasion d’un séjour dans le Sud où les cyprès sont beaucoup plus nombreux.

A l’âge de la retraite, où les changements d’habitudes de vie se révèlent parfois importants, il n’est ainsi pas rare de voir se déclencher des allergies dues à ce type de phénomène.

Enfin, la sensibilité à une substance peut varier avec l’âge. Si les allergies mettent en jeu des réactions excessives du système immunitaire dont les mécanismes sont assez bien connus, les raisons pour lesquelles une personne est sensible ou pas à un allergène, et les variations de sa réaction allergique, restent obscures. Les scientifiques évoquent ainsi des facteurs de susceptibilité génétique, un dérèglement du système immunitaire lié au vieillissement (notamment la ménopause) ou des facteurs environnementaux (comme la pollution) qui exacerberaient les réactions immunitaires.

E.G.

 

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S&V 1124 particules fines

Ils ont découvert accidentellement la plus grand mine sous-marine de l’océan Atlantique

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Le champ de nodules de manganèse découvert par les chercheurs à 4000 m de fond (Ph.Nils Brenke, CeNak)

Le champ de nodules de manganèse découvert par les chercheurs à 4000 m de fond (Ph.Nils Brenke, CeNak)

Ils allaient chercher des organismes des fonds abyssaux, ils ont remonté des nodules de manganèse de la taille de boules de billard. Les océanographes et biologistes du vaisseau de recherche allemand SONNE ont ainsi découvert par hasard le plus grand champ de « nodules polymétalliques » de l’océan Atlantique, dont l’étendue totale est encore inconnue.

De telles formations, des nodules composés de métaux comme l’or, le cobalt, le zinc, le fer ou le manganèse, sont  connues depuis plus d’un siècle : de tailles et de formes variées, ce sont des agrégats de métal relativement purs (certains atteignent 25% de pureté) déposé au fil des millénaires autour de « germes » qui peuvent être des débris de coquille, dent de requin, …, à la manière dont se forment les perles des huitres.

Une mine de manganèse par 4000 mètres de fond

A raison de 1 à 5 millimètres de dépôt par million d’années, les nodules découverts par l’équipe de chercheurs de l’université de Hambourg et du Helmholtz Centre for Ocean Research à Kiel dépassent l’age canonique de 10 millions d’années. Si l’on avait déjà repéré des mines de nodules dans le Pacifique, on ignorait encore si le phénomène était à ce point courant que les fonds océaniques de la planète entière en seraient tapissés. Cette découvert par 4000 mètres de fond dans l’océan Atlantique semble le prouver.

Un des nodules où l'on voit les stries des dépôts (Ph. Thomas Walter)

Un des nodules où l’on voit les stries des dépôts (Ph. Thomas Walter)

Tout s’est passé par accident car à l’origine, le vaisseau de recherche avait pour objectif l’étude de la vie marine dans les grands fonds. Mais au lieu d’espèces marines, leur « traineau épibenthique » (système robotisé qui drague le fond et prend des photos) a remonté des nodules.

Le traineau épibenthique qui a remonté les nodules (Ph. Thomas Walter)

Le traineau épibenthique qui a remonté les nodules (Ph. Thomas Walter)

La découverte est d’autant plus intéressante que depuis les années 1970, ces formations aiguisent l’appétit de l’industrie, surtout dernièrement avec la pénurie et le renchérissement des matières premières. Et déjà 1,2 millions de km carrés de fonds marins ont reçu un permis de prospection (mais non pas d’exploitation) par des firmes minières de nombreux pays dont les États-Unis, la Grande Bretagne, l’Inde, le Brésil, la Russie. Néanmoins, l’organisme qui régule la distribution de ces permis, l’Autorité internationale des fonds marins (ISA), le fait avec parcimonie à cause des risques de pollution globale et de destruction locale des écosystèmes englobant ces formations – les ressources des fonds marins situés hors eaux territoriales sont classés « patrimoine commun de l’humanité » par l’ONU.

Une mine d’informations sur le climat et les évènements océaniques depuis plus de 10 millions d’années

De leur coté, les scientifiques, qui précisent que le voisinage des nodules ne semble pas abriter un écosystème très riche (peut-être à cause de la présence des métaux), insistent sur l’intérêt de préserver et étudier ces formations dont les stries à croissance très lente servent d’archives climatiques, à l’instar des carottes de glace extraites des pôles. Aussi, pour l’heure, l’exploitation minière des fonds océaniques est encore sujet à débat. Et il n’y a pas de date arrêtée pour passer de la phase de prospection à celle d’extraction.

Román Ikonicoff

 

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Capture d’écran 2015-02-18 à 15.46.32

  • Alerte à la pénurie ! – S&V n°1136 – 2012 – L’industrie (et l’humanité) ont besoin de matière première pour garantir leur pérennité. Aussi, la pénurie qui se profile, en cuivre, zinc, or, platine, uranium, phosphore, sable, risque de gréver notre futur.

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  • Hydrocarbures : l’ultime manne – S&V n°1094 – 2008 – L’Arctique aussi recèlerait de colossales ressources, particulièrement en hydrocarbures. Mais est-ce bien raisonnable de les exploiter ?

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La planète naine Cérès vue par la sonde Dawn

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Une forme presque sphérique, une surface tachetée de blanc, couverte de cratères, des escarpements... Voici, révélée pour la première fois par la sonde américaine Dawn, la planète naine Cérès. Photo JPL/Nasa.

Une forme presque sphérique, une surface tachetée de blanc, couverte de cratères, des escarpements… Voici, révélée pour la première fois par la sonde américaine Dawn, la planète naine Cérès. Photo JPL/Nasa.

En photographiant le 12 février dernier, à la distance de 83 000 kilomètres seulement, la petite planète Cérès vers laquelle elle se dirige, la sonde Dawn a ajouté un astre à la longue liste de corps célestes que l’exploration spatiale a permis de découvrir.
Cérès, à la distance de 414 millions de kilomètres, en moyenne, du Soleil, est trop petite et trop lointaine pour être observée dans de bonnes conditions depuis la Terre, même avec le télescope spatial Hubble. Seule une sonde s’approchant d’elle pouvait l’étudier en détail. Voilà, c’est fait : la sonde américaine Dawn, qui a quitté la Terre en 2007 et s’est d’abord satellisée autour de l’astéroïde Vesta en 2011, se trouve désormais en phase finale d’approche de Cérès, autour de laquelle elle va se satelliser dans un mois, début mars 2015. Les toutes dernières images de Dawn révèlent pour la première fois en détail les paysages de cet astre étrange, mi planète, mi astéroïde…
Cérès, dont la masse approche un milliard de milliards de tonnes, a été modelé par la force de gravitation, mais pas suffisamment néanmoins pour être parfaitement sphérique… De faible densité – 2 seulement, contre 5,5 pour la Terre – Cérès contient probablement beaucoup d’eau. En surface peut-être, sous forme solide, et en profondeur, peut-être, sous forme liquide.
Dawn va d’abord tourner à 13 500 kilomètres de la planète naine, avant de descendre progressivement vers sa surface. En novembre, si tout va bien, la sonde de la Nasa se satellisera à seulement 375 kilomètres de Cérès, révélant alors des détails d’une quarantaine de mètres à sa surface…
Serge Brunier

La planète naine Cérès, vue par la sonde américaine Dawn à la distance de 83 000 kilomètres. La sonde va s'approcher jusqu'à 375 kilomètres de la surface de Cérès. Photo JPL/Nasa.

La planète naine Cérès, vue par la sonde américaine Dawn à la distance de 83 000 kilomètres. La sonde va s’approcher jusqu’à 375 kilomètres de la surface de Cérès. Photo JPL/Nasa.

En quoi le beau temps peut-il influer sur notre humeur ?

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Le beau temps joue un rôle primordial dans biologie, surtout pour une raison de luminosité (Ph.  JM Fumeau via Flickr CC BY 2.0)

Le beau temps joue un rôle primordial dans biologie, surtout pour une raison de luminosité (Ph. JM Fumeau via Flickr CC BY 2.0)

“Il me semble que la misère serait moins pénible au soleil” : comme le chante Charles Aznavour, tout le monde considère que les beaux jours participent au bien-être. Y compris chercheurs et médecins, puisqu’ils s’accordent eux aussi à dire que la lumière influence positivement notre cerveau. Et pour cause : celle-ci inhibe la sécrétion d’une hormone à effet “somnifère”, la mélatonine, connue pour jouer un rôle clé dans le rythme circadien (alternance veille-sommeil).

En fait, plus notre corps contient de cette hormone, plus nous ressentons le besoin de dormir. Le taux sanguin de mélatonine augmente progressivement pendant la nuit, jusqu’à atteindre un pic vers trois ou quatre heures du matin.

les bienfaits de la lumière orange sur l’humeur et le cerveau

Mais au réveil, notre rétine capte la lumière du jour. Relayé au cerveau, le signal lumineux interrompt aussitôt la synthèse de cette hormone, de sorte que pendant la journée le taux sanguin de mélatonine soit au plus bas. Ce qui explique notre entrain lors des belles et longues journées ensoleillées.

Et ce n’est pas tout, en mars dernier des chercheurs de l’Inserm ont précisé le potentiel galvanisant de la lumière sur le cerveau. Selon leur étude, une exposition à la lumière orange plus d’une heure avant de réaliser une tâche cognitive sous forme de test auditif (mémorisation de mots et de leur position dans une liste) stimule la réponse du cerveau et améliore la réalisation de ce travail.

En revanche, une exposition préalable à une lumière bleue produit l’effet inverse. Peut-être sera-t-il bientôt recommandé de travailler à la lumière du jour… plutôt que devant l’écran bleu d’un ordinateur.

M.K.

 

> Lire également dans les Grandes Archives de Science & Vie :

  • Test : que savez-vous de la lumière ? – S&V n°1089 – 2008. La lumière, c’est-à-dire les ondes électromagnétiques, est une force physique jouant un grand rôle dans l’Univers. Mais c’est aussi une présence qui alimente les êtres humains et tous les autres organismes biologiques. Que savez-vous d’elle ?

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  • Pollution lumineuse, comment retrouver le noir de la nuit – S&V n°1098 – 2009 – Le beau temps nous enchante grâce à sa luminosité si particulière. Au point que nous avons voulu la recréer artificiellement. Pour compenser le manque de lux de nos nuits, nous avons entrepris d’éclairer toutes nos routes et villes… Une solution de plus en plus critiquée.

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  • Les animaux malades de l’homme – S&V n°1149 – 2013 . Parmi les phénomènes humains qui perturbent les animaux, jusqu’à mettre en danger leur existence, la lumière artificielle occupe une bonne place. Et ses effets sont dévastateurs.

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Effet placebo: plus un traitement est cher, plus il est efficace

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De deux médicaments placebo (sans principe actif), le plus cher sera le plus efficace (Ph.  Bill Brooks via Flickr CC BY 2.0)

De deux médicaments placebo (sans principe actif), le plus cher sera le plus efficace (Ph. Bill Brooks via Flickr CC BY 2.0)

Dans une expérience avec des patients atteints de la maladie de Parkinson, des chercheurs ont montré que l’effet placebo est d’autant plus efficace que les patients croient que le produit actif administré est cher. Un résultat qui vient rappeler tout le mystère qui entoure encore ce phénomène biologique.

L’étude, réalisée par l’Institut de neurosciences de l’université de Cincinnati (États-Unis) et parue dans la revue Neurology, a concerné 12 patients atteints d’une forme modérée à sévère de Parkinson, avec des atteintes motrices (rigidité, tremblements). Les chercheurs les ont préalablement informés qu’ils recevraient chacun une des deux versions d’une nouvelle drogue injectable anti-parkinsonienne, un « agoniste de la dopamine » (molécule qui active les récepteurs de dopamine dans la membrane des neurones).

 Une efficacité multipliée par 2 pour le placebo cher

Les chercheurs ont fait croire aux patients que la substance active était la même dans les deux médicaments, mais que l’un coûtait 15 fois plus que l’autre, pour des raisons diverses (conditionnement, transport, etc.). En réalité les seringues étaient remplies de la même solution saline. En prenant soin d’informer les patients du coût (supposé) de leur injection – une dose à 100 dollars ou une dose à 1500 dollars – , les chercheurs ont ensuite menée une batterie de tests-types sur la maladie de Parkinson : questionnaires sur le ressenti des patients, Impression clinique globale (CGI),  Échelle de notation unifiée de la maladie de Parkinson (Unified Parkinson’s Disease Rating Scale ou UPDRS) comprenant notamment des mesures d’activité cérébrale par IRM.

Un effet visible sur la motricité et l’activité cérébrale

L’aspect le plus parlant des résultats obtenus concerne la fonction motrice et l’activation cérébrale des patients : l’injection du placebo présenté comme une substance active chère a entrainé une amélioration deux fois plus importante qu’avec la « substance » présentée comme la moins chère. Comparée à l’efficacité d’un véritable agoniste de la dopamine, ici la levodopa, l’efficacité du placebo cher se trouve à mi-chemin entre cette dernière et celle du placebo bon marché.

Des résultats qui viennent valider une multitude d’autres études sur l’effet placebo, prouvant que l’esprit contribue à la guérison du corps, dans des proportions et selon des mécanismes qu’on commence à peine à dévoiler.

Roman Ikonicoff

 

> Lire également dans les Grandes Archives de Science & Vie :

  • Guérir par la pensée : la preuve en 15 expériences – S&V n°1153 – 2013 – Même si l’effet placebo garde encore son mystère, la science avance dans l’étude de l’action de la pensée, ou du cerveau, sur le corps. C’est le cas notamment pour la douleur, l’épilepsie, les déficiences immunitaires…

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  • Psycho-médecine : quand le mental sauve le corps – S&V n°1046 – 2004 – L’hypnose à la place de l’anesthésie,  la méditation pour combattre l’hypertension, un bon moral pour doper le système immunitaire, la réalité virtuelle pour soulager les grands brulés…

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  • L’effet placebo filmé dans le cerveau – S&V n°1018 – 2002 – L’effet placebo se voit dans le cerveau : quand une personne croit prendre un médicament, son cerveau peut secréter des substances qui aident à la guérison !

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La Lune a-t-elle des satellites ?

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Le champ de gravité de la Lune (représenté en fausses couleurs) est trop faible pour garder un satellite (Ph. NASA/JPL-Caltech/MIT/GSFC)

La gravité de la Lune (représenté en fausses couleurs) est trop faible au regard de celle de la Terre et du Soleil pour garder un satellite (Ph. NASA/JPL-Caltech/MIT/GSFC)

La Lune n’a pas de lune… Simplement parce qu’elle n’offre aucun refuge stable autour d’elle pour accueillir un satellite. D’abord, son orbite autour de la Terre est très irrégulière à cause d’anomalies gravitationnelles qui constellent sa surface. Des zones plus denses, ou “réplétions”, qui ont été formées par la chute d’astéroïdes et de comètes juste après sa naissance, alors qu’elle était encore chaude, et qui augmentent localement la gravité.

“ Elles déforment l’ellipse de l’orbite lunaire, précise Jérémie Vaubaillon, astronome à l’Observatoire de Paris. Ce qui fait que si satellite il y avait, il serait très instable. ” Par ailleurs, autour de la Lune agissent aussi les forces gravitationnelles de la Terre et du Soleil. Trois influences qui ont plutôt tendance à expulser les astéroïdes potentiels vers le Soleil ou à les propulser vers le sol lunaire.

Toute lune de la Lune est vouée à être éjectée

Pour s’établir en orbite et gagner le titre de satellite, un astéroïde devrait ainsi arriver avec pile le bon angle par rapport à l’équateur lunaire, autour de 27°, 50°, 76° et 86°, là où Alex Konopliv et son équipe du Jet Propulsion Laboratory ont calculé que l’influence du Soleil est moindre…

“ Mais cette stabilité reste relative, prévient Jérémie Vaubaillon, car dans l’espace, tout dépend de l’échelle de temps utilisée. ” Au bout de quelques années à quelques centaines d’années, une éventuelle lune de la Lune finirait de toute façon par être éjectée.

B.R.

 

> Lire également dans les Grandes Archives de Science & Vie :

  • La Terre a deux lunes ! – S&V n°1136 – 2012. La Lune n’a pas de lune, mais cela n’empêche pas la Terre d’en avoir… deux. En effet, notre planète s’est découverte un deuxième satellite naturel : un astéroïde géocroiseur qu’elle a capturée dans son champs gravitationnel.

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  • On a retrouvé la Lune ! – S&V n°1154 – 2013. Si proche, si loin… La Lune nous accompagne depuis 4,56 milliards d’années, et toutes les civilisations l’ont adorée, craint et étudiée. Mais malgré les moyens techniques dont nous disposons aujourd’hui et les visites in situ, elle conserve des secrets… qu’on perce progressivement.

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  • Lune : son cœur a été mis à nu – S&V n°1123 – 2011. Parmi les inconnues entourant la Lune, son noyau : est-il solide et inerte ? Liquide et fluctuant ? Ce n’est qu’en 2011 que le profil en coupe de notre satellite a pu être complété : une graine solide en fer, un noyau externe liquide et une couche de roches fondues…

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Les mauvaises odeurs sont-elles universelles ?

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tonigab13

La sensibilité aux mauvaises odeurs est-elle une invention humaine ? (Ph. Tonigab13 via Flickr CC BY 2.0)

“Il semblerait que pour les mammifères, les préférences olfactives soient semblables… en tout cas entre les hommes et les souris”, répond Nathalie Mandairon, du Centre de recherche en neuro­sciences de Lyon. Dans une étude publiée en 2009 dans la revue américaine Plos One, cette chercheuse et son équipe ont pu déterminer que le caractère plus ou moins plaisant ou déplaisant d’une odeur (un phénomène baptisé “valence hédonique”) pouvait être partiellement prédéterminé et expliqué par la structure physico-chimi­que des ­molécules odorantes. Indice que la répugnance liée à une odeur dépendrait d’abord de sa nature.

Mieux : cette étude a également montré que la valence hédonique rapportée par les participants humains est corrélée au temps passé par les souris à sentir cette odeur, signe qu’entre les deux espèces, les réactions aux odeurs sont similaires. “L’odeur du gaïacol, un composé organique aromatique naturel qui évoque la fumée, est, par exemple, peu explorée par la souris, et jugée comme déplaisante par l’homme”, précise Nathalie ­Mandairon. Mais cela ne suffit pas pour conclure que tous les mammifères – et par là, tous les êtres humains, indépendamment de leur culture – ont les mêmes répugnances.

Les mauvaises odeurs, une affaire culturelle ?

“Il n’est pas possible de parler d’une universalité des mauvaises odeurs alors que l’on n’a testé que deux espèces, renchérit la chercheuse. De plus, il faut noter que les tests ont été faits sur des odeurs non alimentaires et non physiologiques. Or, il y a un fort effet de la culture sur les préférences olfactives : l’apprentissage a un rôle très important dans la modulation des préférences chez l’animal et chez l’homme.”

Sachant que la perception d’une odeur est, aussi, fonction de son intensité. Comme le précise André Holley, professeur émérite de neurosciences à l’université Claude-Bernard, à Lyon, “la valence hédonique, pour une odeur plaisante, suit une courbe en ‘u’ inversé, avec un plaisir croissant, un maximum, puis une décroissance”. Une odeur en principe jugée agréable est donc, à haute dose, susceptible de devenir désagréable.

E.L.

 

> Lire également dans les Grandes Archives de Science & Vie :

  • Dix odeurs primaires suffisent à tout sentir – S&V n°1157 – 2014. Et si les millions d’odeurs, de nuances et de parfums que l’on est capable de sentir se décomposaient en à peine 10 odeurs fondamentales ? A l’instar des couleurs, les odeurs semblent avoir une base réduite.

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  • Le nez sent ce qui n’a pas d’odeur – S&V n°1028 – 2003. Chez les mammifères, il existerait un « deuxième nez », qui sent les phéromones, ces molécules volatiles… qui n’ont pas d’odeur.

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  • Lampe à catalyse contre les mauvaises odeurs – S&V n°1009 – 2001. Dans la lutte de l’humanité contre les mauvaises odeurs, démarrée seulement au XVIIe siècle, il y a toujours des innovations originales, comme la lampe à photocatalyse.

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La capsule européenne IXV a réussi son amerrissage

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La capsule IXV a été repêchée dans l'Océan Pacifique, à l'Ouest des Iles Galapagos (crédit : ESA/Tommaso Javidi).

La capsule IXV a été repêchée dans l’Océan Pacifique, à l’Ouest des Iles Galapagos (crédit : ESA/Tommaso Javidi).

Mercredi 11 février à 16H18 exactement, heure de France, la capsule européenne IXV a  amerri dans l’océan Pacifique, après 98 minutes de descente depuis une altitude de 450 km. C’est la première fois depuis plus de 15 ans que ce type de véhicule, capable de ramener sur Terre du matériel – voire des hommes au prix de quelques modifications- est mis en service par l’Agence spatiale européenne (ESA). Le seul autre test d’une capsule de rentrée atmosphérique mené par l’Europe avait eu lieu avec l’ARD, en 1998. Développé depuis 2009, l’IXV (qu’on prononce « i ix vé » pour Intermediate eXperimental Vehicule) aura coûté 150 millions d’euros – hors transport vers l’espace.

Lancé à 15H40 (heure de France) depuis la base de Kourou par une fusée légère d’Arianespace, une Vega, et hissé sur une orbite de 450 km, l’IXV  a effectué sa descente dans l’atmosphère à quelque 420 km par seconde, avant d’ouvrir ses trois parachutes et de finir sa course dans l’océan, qu’il a percuté à 20 km/h. Quatre bouées sphériques gonflables l’ont alors stabilisé.

Vidéo du lancement de IXV par la fusée Vega

IXV est à mi-chemin entre la capsule et la navette spatiale

La capsule en phase d'intégration (Ph. ESA)

La capsule en phase d’intégration (Ph. ESA)

Sa nature le situe ainsi à mi-chemin entre la capsule d’entrée atmosphérique classique, en forme de bouton, et la navette spatiale : c’est un planeur de 5 mètres de long sur 2,2 m de large et 1,5 m de haut muni de quatre petits moteurs à ergols et de deux gouvernails horizontaux qui lui permettent de « négocier » comme un avion son point d’atterrissage – quasiment au mètre près.

Une vue sur le bouclier thermique de la capsule (Ph. ESA)

Une vue sur le bouclier thermique de la capsule (Ph. ESA)

Mission donc accomplie pour l’ESA, qui revient ainsi en force dans la course pour le « retour d’échantillon » ou le retour d’équipage (à condition d’agrandir la cabine) de missions spatiales, à côté des capsules d’entrée atmosphérique américaines en cours de test (dont celle de Space X). Néanmoins, la mission de ce mercredi devrait être suivie d’une phase d’étude pour dépouiller et analyser les milliers de paramètres enregistrés par autant de capteurs, afin de valider la bonne tenue de la structure – en particulier celle de son bouclier thermique soumis à des températures de l’ordre de 1700 °C.

Román Ikonicoff

 

> Lire aussi dans les Grandes Archives de S&V :

  • S&V 1162 vols spatiauxSpace Launch System, la fusée ultime – S&V n°1165. La NASA tente de changer de stratégie en pariant sur une fusée de 3000 tonnes, la plus puissante de tous les temps (et aussi la plus coûteuse). Elle devrait être prête pour 2017.

S&V 1165 Space Launch System

 

La matière noire enfin détectée dans la Voie lactée

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L'équipe de Fabio Locco, Miguel Pato et Gianfranco Bertone a mesuré précisément le mouvement de milliers d'étoiles et de nébuleuses de la Voie lactée, notre galaxie – triangles bleus et rouges – pour mettre en évidence le halo de matière noire dans lequel elle baigne. Document F.Locco, M.Pato, G.Bertone, S.Brunier.

L’équipe de Fabio Locco, Miguel Pato et Gianfranco Bertone a mesuré précisément le mouvement de milliers d’étoiles et de nébuleuses de la Voie lactée, notre galaxie – triangles bleus et rouges – pour mettre en évidence le halo de matière noire dans lequel elle baigne. Document F.Locco, M.Pato, G.Bertone, S.Brunier.

La matière noire, cette mystérieuse matière de nature inconnue, que les astronomes traquent en vain depuis plus de quatre vingt ans, existe partout autour de nous. Elle est là, invisible, parmi les étoiles de la Voie lactée, elle nous baigne et nous traverse en permanence, mais nous y sommes insensibles, et aucun télescope, aucun détecteur de particules n’est, à ce jour, capable de la détecter…
Alors pourquoi savons-nous qu’elle existe ? Eh bien, parce que la seule force à laquelle la matière noire est sensible, c’est la gravitation… Cette matière invisible a été mise en évidence par l’astronome Fritz Zwicky en 1933 lorsque, en étudiant le mouvement des galaxies dans l’amas de galaxies Coma, il a réalisé qu’elles semblaient soumises à une force de gravitation bien plus intense que celle qui était attendue en sommant la masse visible de chaque galaxie individuelle… Cette étrangeté irréductible est devenue progressivement « le mystère de la masse manquante »… Car en étudiant les galaxies individuellement, le même décalage entre la masse de matière visible – étoiles et nébuleuses – et la force de gravitation les collant ensemble a été confirmé… Le mouvement de rotation des galaxies montre qu’elle sont environ cinq fois plus massives que la masse de matière « normale » dite baryonique, qui les compose et les rend visibles. Plus exactement, elles apparaissent plongées dans un halo plus ou moins régulier de matière invisible, la fameuse matière noire…
Depuis plus de huit décennies, astronomes et physiciens ont tout tenté pour résoudre ce mystère, en essayant, bien sûr, de détecter ces particules de nature inconnue.
En vain jusqu’ici… A tel point que certains chercheurs se demandent si elle existe vraiment… Ils proposent, pour expliquer le mystère de la masse manquante, de changer les lois de la gravitation. Impossible aujourd’hui : la relativité générale d’Einstein n’a jamais été prise en défaut… Dans ce contexte, l’équipe de Fabio Locco, Miguel Pato et Gianfranco Bertone, vient de faire une avancée importante dans la recherche de la matière noire en montrant, dans un article publié dans Nature Physics, « Evidence for dark matter in the inner Milky Way » que la matière noire est présente non seulement sous forme de halo autour des galaxies et des amas de galaxies, mais aussi, en masse, au cœur des galaxies elles-mêmes… C’est la première fois que l’on s’approche autant de la matière noire puisque c’est dans la Voie lactée même que les chercheurs l’ont détectée ! En étudiant le mouvement de plusieurs milliers d’étoiles et de nébuleuses de notre galaxie, ils ont pu mettre en évidence la présence, au cœur même de la Galaxie, y compris dans la région du système solaire, d’un énorme halo de matière noire…
Le travail de Fabio Locco, Miguel Pato et Gianfranco Bertone constitue une répétition générale très encourageante, car le satellite européen Gaia, en orbite depuis 2014 à un million de kilomètres de la Terre, mesure actuellement le mouvement d’un milliard d’étoiles de la Galaxie, une étude qui va permettre de dresser la carte précise de cette fameuse « masse manquante ». En attendant de comprendre sa nature et de la détecter enfin, mais cela, c’est une autre histoire…
Serge Brunier

Quelques transactions bancaires « anonymes » suffisent à révéler votre identité

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L'"anonymisation" des données personnelles sur les réseaux n'est pas efficace (Ph. Céline Martinet via Flickr CC BY 2.0)

L’ »anonymisation » des données personnelles sur les réseaux n’est pas efficace (Ph. Céline Martinet via Flickr CC BY 2.0)

Une étude révèle comment des informaticiens peuvent retrouver votre identité à partir de quelques informations supposément « anonymes » que gèrent et se transmettent les banques. Comme le révèle la revue Science, c’est un véritable défaut de sécurité dans l’infosphère qui appelle des changements rapides.

Il s’agit plus concrètement des données liées aux transactions avec une carte de crédit. Pour démontrer la facilité de « désanonymisation » des données bancaires, l’équipe d’Yves-Alexandre de Montjoye, mathématicien au Massachusetts Institute of Technology (MIT), a récupéré d’une banque (non nommée) 3 mois de données représentant les transactions bancaires de 1,1 millions de personnes auprès de 10 000 commerçants, dans un pays également non nommé dans l’étude.

Personne n’est vraiment anonyme dans la Toile

Ces données ne comportaient pas les noms, ni les numéros de carte, adresses ou heure exacte de la transaction. Seuls figuraient le montant de la transaction, le type de magasin (sport, vêtements, restaurant, etc.) et un numéro représentant chaque personne. Rien qu’avec cela, les mathématiciens du M.I.T disposaient pour chaque individu d’un schéma « de dépenses ». Or, ce schéma semble être aussi unique qu’une empreinte digitale !

La technique pour identifier ces personnes à partir de leur schéma de dépenses, nommée « attaque par corrélation » a consisté à aspirer du Web d’autres informations disponibles, notamment celles éventés par des organisations, soit par erreur soit suite à un piratage du site. De telles données sont légion sur la toile : Twitter, Facebook… Régulièrement des entreprises annoncent le vol et la publication de millions de données-client comportant des noms, des photos, des liens sur les réseaux sociaux, etc.

Un très sérieux problème de sécurité à l’ère des Big data

En fusionnant ces millions voire milliards de données dans un algorithme conçu par l’équipe d’après des modèles mathématiques sur les corrélations statistiques, les chercheurs ont peu à peu sorti de l’anonymat chacune des personnes : les noms, voire les photos ! Selon les chercheurs, pour pouvoir associer 90% des schémas de dépenses à des personnes bien identifiées, il a suffi à l’algorithme de disposer (grâce aux fuites de sites) d’informations sur seulement quatre lieux où s’est rendue cette personne dans d’autres circonstances.

Voilà donc qui montre de manière spectaculaire ce que de nombreux chercheurs annoncent depuis quelque temps : les techniques d’anonymisation utilisées par les banques, les systèmes de santé, les réseaux sociaux, etc. permettant de faire circuler les données sur des personnes supposément sans risque d’identification sont obsolètes. A l’ère des Big data, il faut repenser l’anonymat.

Román Ikonicoff

 

 > Lire également dans les Grandes Archives de Science & Vie :

  • L’heure du cryptage quantique a sonné – S&V n°1155 – 2013 – L’affaire Snowden a ébranlé le monde du renseignement, et la confiance entre de supposés pays alliés qui, finalement, n’ont pas cessé de s’espionner comme dans les pires cauchemars paranoïaques de la guerre froide… La recherche de nouvelles solutions techniques, comme la cryptographie quantique, vise à résoudre ce problème.

1155

  • Web : bien protéger sa vie privée - S&V 1126, juillet 2011 – Comment rester maître de ses données personnelles, si prisées par les firmes du Net ? Un petit guide pour améliorer sa sécurité quand on surfe sur le Web.

S&V 1126 - piratage

  • Google, le nouvel Einstein – S&V n°1138 – 2012 – Depuis une dizaine d’années, la plupart des données qui circulent dans la Toile sont conservées dans les serveurs des grandes firmes d’internet. Grâce à cela, nous possédons une mémoire détaillée des activités humaines et des évènements passés et présents… que les scientifiques exploitent pour pister des épidémies, découvrir de nouvelles lois, soigner des maladies. La science des Big Data est en route. 1138