Le requin-citron enfante sur son lieu de naissance

Standard

Requin-citron

Pour donner le jour à leur progéniture, les requins-citron femelles retournent à l’endroit de leur naissance. Un lieu qu’elles savent retrouver même si elles l’ont quitté depuis de nombreuses années.

Ce  résultat, obtenu par le Dr. Kevin Feldheim (Université américaine de Stony Brook) au terme d’une étude longue de 19 ans menée sur les requins-citrons du lagon de Bimini (Bahamas), a été publié le 5 décembre 2013 dans la revue Molecular Ecology, sous le titre “Two decades of genetic profiling yields first evidence of natal philopatry and long-term fidelity to parturition sites in sharks”.

Pour parvenir à cette conclusion, le Dr. Kevin Feldheim et ses collègues ont capturé, marqué puis suivi près de 2000 bébés requins-citron nés dans le lagon de Bimini. Un travail commencé en 1995, et qui s’est poursuivi durant près de 19 ans. Chaque individu, lors de sa capture en vue du marquage, a également fait l’objet d’un prélèvement ADN en vue de reconstituer un grand arbre généalogique regroupant les requins participant à l’expérience.

En suivant les requins-citron femelles nées et marquées dès le milieu des années 1990, les chercheurs américains ont d’abord constaté que les requins nés dans le lagon de Bimini quittent généralement ce lieu lorsqu’ils ont en moyenne entre 5 et 8 ans. Après ce départ, ils entament une longue errance dans les eaux d’autres îles plus distantes, qui va durer près d’une décennie…

Mais lorsque les requins-citron femelles sont sur le point de donner le jour à un petit requin citron, elles rallient alors sans hésiter le lagon de Bimini, où elles sont nées. Un endroit qu’elles retrouvent sans hésiter malgré la longue période passée loin de ce site. Une fois arrivées, elles donnent alors naissance à leur progéniture…

Selon les auteurs de l’étude, c’est la première fois qu’un tel comportement est mis en évidence chez les requins. Notons qu’un premier article, publié en 2009 par le même Dr. Kevin Feldheim, avait déjà suggéré l’existence d’un tel comportement (lire « Long-term natal site-fidelity by immature lemon sharks (Negaprion brevirostris) at a subtropical island »). Mais à l’époque, les données recueillies conféraient un recul temporel plus faible que celui offert par cette nouvelle étude, qui vient ainsi confirmer la robustesse des résultats publiés en 2009.

Qui est le requin-citron ? De grande taille, ce requin est un prédateur réputé peu dangereux pour l’homme. Il doit son nom au fait que son ventre présente une couleur jaunâtre durant ses jeunes années.

 

Le divorce pourra-t-il se passer du juge ?

Standard

Vendredi 10 janvier, le débat sur la Justice en France s’est ouvert à l’Unesco, à la demande de la garde des Sceaux, Ministre de la Justice, Christiane Taubira. L’objectif : dégager les axes d’une réforme qui devra permettre à la justice de s’adapter aux besoins du monde moderne. 

C’est dans ce cadre que quatre groupes de travail ont formulé 268 recommandations. Le rapport final du deuxième groupe de réflexion, placé sous l’égide de Pierre Delmas-Goyon, Conseiller à la Cour de Cassation, a formulé 57 propositions. Plusieurs concernent les affaires familiales. Il préconise ainsi le règlement des litiges par des « modes négociés », en particulier par le recours à la médiation familiale (Propositions 18 et 19). Il suggère aussi d’instaurer un entretien confié au greffier afin de « permettre une écoute initiale, visant à appréhender dans toutes ses dimensions la réalité du conflit familial et à rechercher les possibilités de règlement négocié » avant le passage devant le juge aux affaires familiales (Proposition 20).

Mais c’est la question du “divorce sans juge” qui suscite le plus de réactions. Le rapport propose en effet de transférer plusieurs compétences au greffier juridictionnel, notamment celle de prononcé du divorce par consentement mutuel, sans distinction « de la présence d’enfants ou de la consistance du patrimoine » (Proposition 49). Seul un recours devant le juge demeure envisagé, en cas de refus d’homologation. 80% de l’activité des tribunaux est en effet accaparé par les affaires familiales, dont le contentieux majeur reste celui du ­divorce. Simplifier la procédure de divorce dans les cas de consentement mutuel permettrait de désengorger les tribunaux.

Cette proposition a soulevé de nombreuses contestations. La procédure de divorce par consentement mutuel concerne aujourd’hui 54 % des 128 371 divorces en 2012 en France. Syndicats, magistrats et avocats s’opposent à cette mesure. Sur RTL, le président de l’Union syndicale de la magistrature (USM), principal syndicat de magistrats, s’est inquiété d’« une logique purement financière et comptable » : « Le risque principal c’est en réalité que l’un des époux, le plus faible économiquement se trouve dans une situation de faiblesse qui ne sera constatée par personne », affirme-t-il.

Dans une tribune, le socialiste André Vallini, sénateur de l’Isère, avocat de formation et conseiller pour la justice de François Hollande pendant la campagne présidentielle, estime lui aussi que le divorce sans juge serait « dangereux » et lui préfère la « médiation ». A droite, l’avocat Erwan Le Morhedec rappelle que « la convention (…) soumise au juge cache bien des litiges potentiels et (que) le consentement est soumis à bien des influences. Or, précisément, l’office du juge est de vérifier ces points. C’est l’article 232 du code civil. Plus de juge pour opérer ce contrôle minimum, déjà réduit comme peau de chagrin. Plus de juge, plus de “procès“. » 

Dans un communiqué intitulé « Simplifier le divorce, c’est affaiblir le mariage », les Associations familiales Catholiques (AFC) s’inquiètent pour leur part d’une possible banalisation du divorce : « le mariage, union d’un homme et d’une femme dans la durée, reposant sur leur engagement public, sert le bien commun et favorise la protection du plus faible au sein du couple. Simplifier davantage sa rupture en effaçant le formalisme du divorce affaiblirait et fragiliserait encore plus le mariage. »

La ministre de la Famille, Dominique Bertinotti s’est déclarée favorable au principe du divorce sans juge, tandis que Najat Vallaud-Belkacem a calmé le jeu en rappelant que cette idée n’était « qu’une proposition parmi près de 200 », et qu’un « processus de concertation » allait s’ouvrir pour discuter de cette question « sereinement ».