“L’idée du Pélé VTT, c’est l’évangélisation des collégiens”

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« Resucito ! Aleluya ! » Danses, cris de joie et haie d’honneur accueillent, essoufflés et rayonnants, les pèlerins à vélo qui terminent leur course effrénée au pied de la basilique Saint-Just de Valcabrère (Haute-Garonne) ce mercredi 10 juillet. Après cinq jours d’aventure, c’est ici que se retrouvent deux des trois routes organisées par le diocèse de Toulouse, la « via tolosa » et la « via occitania ». Les deux groupes fusionnent pour une messe en présence de Robert Le Gall, archevêque de Toulouse, et un repas partagé.


Trente-quatre routes en France


Deux heures plus tard, direction le véritable objectif : la cathédrale Notre-Dame…

“La carte postale est un objet « résistemps »”

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Historien et sociologue, Nicolas Hossard, 43 ans, a procédé à une lecture sociologique de la carte postale. Il a publié en 2005 un livre intitulé Recto-verso. Les faces cachées de la carte postale (Arcadia). Depuis, le chercheur indépendant s’est investi dans le programme Moderato : modes de vie innovants et tactiques de résistance à l’accélération du rythme quotidien.


Dans notre société hyperconnectée, la carte postale séduit toujours. Pourquoi ?


C’est un média qui n’est pas de l’immédiat. Cet objet du tourisme ne véhicule que des bonnes nouvelles. Il existe une poésie associée à son itinéraire, en avion, en bateau ou en train. On peut renvoyer une carte au prochain voyage ou ne jamais y répondre. Je ne dirais pas qu’elle est un média de la lenteur, car ce serait trop péjoratif, mais elle ne souffre pas d’immédiateté, elle prend son temps. Évidemment, elle est moins rapide que les SMS, entrés en usage depuis le début des années 2000. Même si elle lambine, elle plaît. C’est un mode ludique et normé de lien social. Sa valeur sentimentale reste intacte. Elle est un peu l’emblème de la slow communication.


Il y a 15 ans, il se vendait encore 500 millions de cartes postales chaque année, contre seulement 250 millions aujourd’hui. 


Les SMS n’ont donc pas ringardisé la carte postale ?


Aucun média nouveau ne remplace un média ancien. Il fait simplement bouger les lignes. De la même façon que le téléphone portable n’a pas remplacé le téléphone fixe, la carte postale n’a pas été détrônée par les courriels et les SMS, même si elle a souffert de leur concurrence. Il y a 15 ans, il se vendait encore 500 millions de cartes postales chaque année, contre seulement 250 millions aujourd’hui. Peut-être, par comparaison, a-t-elle gagné en poésie et en qualité. On investit de soi dans la carte. On choisit l’image en fonction de la personne à qui on l’adresse. Par l’écriture manuscrite, on laisse une trace intime de sa main. Son message est secondaire, son intention compte davantage : « Je pense à toi. » Elles sont envoyées d’un nomade à un sédentaire, d’un contexte exotique à un contexte quotidien. On peut la signer à plusieurs. Et peu importe si l’on rentre de voyage avant même qu’elle ne soit parvenue à destination.


Frédéric Beigbeder, dans son roman L’amour dure trois ans, a écrit : « Les textos sont une forme de torture très raffinée. Un jour sans réponse, on croit à une stratégie, deux jours sans réponse, on se vexe, trois jours sans réponse, on tombe amoureux. » Qu’en pensez-vous ?


Et au quatrième jour, on oublie, on passe à autre chose ! Contrairement aux SMS, la carte postale est un mode de communication qui tolère de rester sans réponse. Comme beaucoup de moyens de communication, c’est une invention militaire. Elle a été conçue pendant la guerre franco-prussienne. Elle facilitait la censure, puisque c’était une carte de correspondance sans enveloppe. L’image n’est venue que plus tard. Elle a été très utilisée pendant la Première Guerre mondiale, envoyée aux soldats dans les tranchées. Et juste après, quand elle servait même à se donner rendez-vous, à une période où il y avait plusieurs levées de courrier dans la journée. On a annoncé sa disparition, mais on s’est trompé.


La carte postale est comme décalée, avec son style à l’ancienne. L’utiliser, c’est quasiment être militant.


En quoi son train de sénateur s’oppose-t-il au rythme de nos sociétés ?


Effectivement, la performance et la rapidité prédominent. Sans tomber dans la nostalgie, écrire une carte postale, plutôt qu’un SMS, c’est presque une démarche de rupture. Un acte résistant – ou « résistemps » ! La carte postale est comme décalée, avec son style à l’ancienne. L’utiliser, c’est quasiment être militant, en revendiquant une certaine lenteur. La carte postale, qui oblige à ralentir, questionne cette vitesse réduite : « Et toi, tu fais quoi pour être lent ? » Elle n’est pas anodine. Même si son texte se compose souvent de formules toutes faites, avec des copier-coller possibles. Mais le message qu’elle véhicule est secondaire. Neutre ou positif, pas négatif.


On écrit des cartes postales en vacances, précisément la période où l’on ralentit.


C’est avec la révolution industrielle que l’on a inventé les vacances. C’est-à-dire au moment où on a commencé à chiffrer les secondes. Jusque-là, on se contentait des minutes. À la Révolution française, le tiers état, donc la classe laborieuse, a triomphé sur le clergé et la noblesse. On a institué les vacances, qui signifient le temps du vide. Une période de temps libre organisée autour d’autres activités que le travail. À présent, la valeur travail est en voie de désacralisation. Ralentir, ne pas mettre le boulot au centre de sa vie, est capital. Mais ce changement se fait lentement. Beaucoup de personnes deviennent multitâches, subissent des pressions ou se mettent eux-mêmes sous pression. D’où des burn-out. Maîtriser les nouveaux rythmes ne se fera pas du jour au lendemain. Il y aura encore des dégâts collatéraux. Le temps des vacances, celui où l’on prend le temps de choisir des cartes postales, de les écrire, de les timbrer, d’aller les poster, c’est une respiration bénéfique.


Ralentir, ne pas mettre le boulot au centre de sa vie, est capital. Mais ce changement se fait lentement. 


Les nouvelles technologies nous rendent-elles plus impatients ?


Oui, car elles contribuent à un sentiment d’accélération du temps. Un sentiment seulement. Il y a la tentation de vouloir en faire toujours plus. Et on y parvient. En 50 ans, la population a perdu une heure de sommeil. Dans les années 1950, on dormait huit heures et demie par nuit. Aujourd’hui, c’est seulement sept heures et demie, et même moins de sept heures aux États-Unis. Le transport contribue aussi à cette accélération. Avant, on se déplaçait à cheval, à la vitesse de 7 à 10 km/h. Avec le train, on est allé dix fois plus vite. Avec l’avion, encore dix fois plus vite. Pourtant, l’apprentissage de la patience est capital, notamment par les enfants. Il faut leur montrer la voie de l’ennui, c’est-à-dire du temps consacré à vivre avec soi-même, à se connaître. L’introspection est si essentielle. Il faut leur apprendre à écrire des cartes postales.


 


L’extrême lenteur de certains courriers

En avril 2019, Marthe Coda, 91 ans, reçoit une carte postale de sa fille Myriam. Jusque-là, rien d’anormal. Sauf que la carte, une vue générale de Varzy, dans la Nièvre, avait été postée le 8 août 1969. Par chance, la vieille dame habite toujours à la même adresse, à Villarodin-Bourget, en Savoie. Mappy évalue à cinq heures la distance à parcourir en voiture entre ces deux villages, soit 520 km. La carte postale a mis… 50 ans à lui parvenir. « J’ai cherché un grand moment pour comprendre qui m’écrivait , témoigne la nonagénaire. En regardant le timbre à 30 centimes, j’ai fini par comprendre. Elle venait de ma fille Myriam, qui avait été monitrice en colonie de vacances là-bas. Bizarrement, elle n’est pas arrivée pliée ou abîmée. 1969 ? Je me suis dit qu’elle était peut-être allée faire un tour sur la Lune, avec Armstrong. J’aurais aimé savoir qui l’a retrouvée et mise à la distribution du courrier. Mais La Poste ne m’a pas contactée. » Pas de lettres d’excuses non plus du service public. Ce genre d’atermoiement postal n’est pas rare en France, mais les facteurs n’expliquent jamais de quel mystérieux tiroir la carte égarée pendant des décennies resurgit. 

Besançon, royaume de la femtoseconde

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Nous nous sommes présentés pile à l’heure pour notre rendez-vous avec François Meyer, ingénieur de recherche au laboratoire temps-fréquence de l’observatoire de Besançon, dans le Doubs. Sacrilège ! L’homme ne porte pas de montre : « La seule qui m’intéresse, c’est la Master Tourbillon », soupire le scientifique. Un modèle composé de 302 pièces, avec une réserve de marche de 48 heures, pour la bagatelle de 70.000€. « Sauf que j’ai un salaire de fonctionnaire. »


Installé au cœur de l’université de Franche-Comté, sur les hauteurs de la ville, son établissement travaille à mesurer le temps avec la marge d’erreur le plus infime possible, conformément aux attentes du secteur de la télécommunication par satellite. Il fournit ainsi un service d’étalonnage permettant d’assurer à ses prestigieux clients – Thales et Matra, parmi d’autres – la meilleure référence temps, tout le temps. L’observatoire est même assermenté pour attribuer la…

En canoë sur les boucles de la Leyre

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En contrebas, la Leyre, couleur rouille, s’écoule entre les berges comme une veine d’ambre. Dès la mise à l’eau du canoë par un étroit sentier de sable, la rivière sauvage subjugue par sa teinte de miel. « L’eau doit sa couleur à la pierre des Landes en grès ferrugineux, la garluche, un mot qui signifie “mauvaise pierre” en gascon », nous explique Neels, saisonnier à la base de loisirs de Testarouman, à Pissos. 


Née dans les Landes, aux alentours de Sabres, baptisée la Grande Leyre jusqu’à Moustey – où elle rejoint son confluent, la Petite Leyre –, la rivière divague et ondule. Elle se tortille à travers le parc naturel régional des Landes de Gascogne avant de détaler jusqu’à son delta, dans le bassin d’Arcachon, en Gironde. En ce début d’après-midi, c’est par ses méandres les plus sinueux que l’on aborde ce cours d’eau aux lacis féeriques, au pont de la Forge, sur les conseils de Frédéric Gilbert, kayakiste émérite. Pour savourer…