Les Petits Chanteurs à la croix de bois, à l’unisson d’un même chœur

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« Au début, en sixième, c’était dur de quitter ma famille, mais en fin de troisième , c’était dur de quitter mes amis », résume Maxence, 14 ans. Conquis après un concert à Nancy, il a passé une audition, puis tout son collège aux Petits Chanteurs, à Autun (Saône-et-Loire). Il a particulièrement apprécié l’esprit d’entraide : « Les plus grands réconfortent les petits qui ont un coup de cafard, ils aident pour les devoirs. Il y a un bon esprit. J’ai aimé les chants et les voyages, la découverte d’autres régions, de pays. » Il a ainsi chanté en Belgique, en Chine, en Corée du Sud, au Japon, à Taïwan, sur l’île de la Réunion… « En général, on communique en anglais, ou par gestes quand on n’y arrive pas ! »


Maîtrise de soi


Lors des tournées en France ou à l’étranger, les enfants sont hébergés chez l’habitant. « Cela donne l’habitude de se présenter, d’échanger avec des inconnus, on développe une réelle aisance à l’oral », avance Thomas, 27 ans, consultant en management opérationnel à Paris. Lui qui était plutôt timide lorsqu’il était enfant, les concerts ont vite eu raison de ses réticences. Il est même devenu soliste, ce qui n’est pas rien lorsqu’on chante devant des milliers de personnes. Gérer son stress s’apprend : les répétitions commencent par des exercices de relaxation, des étirements, des corrections de posture, un massage des joues. Nécessaire au quotidien, sur un plateau de télévision ou sous le feu des applaudissements, la maîtrise de soi s’acquiert aussi. Ainsi que l’hygiène de vie : « Très tôt, on prend sa santé en main et on adopte les bons réflexes : dormir suffisamment, faire du sport, porter une écharpe pour aller jouer dehors, éviter de manger une glace avant un concert pour préserver ses cordes vocales… »


Avoir transpiré ensemble forge des amitiés qui résistent au temps. 

– Adrien, 36 ans


Cette vie n’est pas sans discipline. « Ça filait droit », reconnaît Adrien, 36 ans, en riant. Consultant en communication à l’international, basé à Dieppe, il garde un souvenir de « beaucoup de joie, de jeux, de légèreté, mais l’enfant doit s’investir dans un double cursus, scolaire et musical, qui est exigeant. Il faut mouiller la chemise ! » C’est d’ailleurs ce qui explique, à ses yeux, ces liens inoxydables. « Avoir transpiré ensemble forge des amitiés qui résistent au temps. » Il en a fait l’expérience, en rencontrant un ancien choriste avec qui il n’avait pas échangé depuis 25 ans : « On s’est retrouvés comme lorsqu’on avait 10 ans ».


Ils peuvent rester entre un et… six ans, puisque le cursus commence au CM1 et se poursuit pour ceux qui le souhaitent jusqu’en troisième. En réalité, peu d’entre eux envisagent une carrière de chanteur professionnel. Comment jugent-ils leur arrivée dans un lycée classique ? « J’ai galéré en seconde, reconnaît Thomas, qui a passé cinq ans dans le chœur, avec toutes ces heures de cours où il fallait rester assis ! Mais ça ne m’a pas empêché de faire une prépa et une grande école de commerce. Au final, tout le monde s’en sort. » L’institution affiche 100% de reçus au brevet avec mention. Certains élèves ont même 17 de moyenne et peuvent intégrer les meilleurs lycées, qui commencent à prendre la mesure de la richesse de ces profils atypiques. Adrien ne regrette rien de cette aventure : « Elle fait un peu bourlinguer et m’a montré que s’écarter des sentiers battus apporte un vrai plus ! » Un sacré pied de nez à l’air du temps, que les cases et les normes rassurent tant.


La dimension du monde


« Cette expérience ouvre à la dimension du monde. Face à la montée des extrémismes, l’impératif de “s’entendre” prend tout son sens lorsqu’on est Petit Chanteur. » Âgé de 75 ans, Alain a porté la fameuse croix de bois de 1957 à 1959, chanté devant des chefs d’État, avec des artistes, appris huit hymnes nationaux… « De nos régions ou d’ailleurs, c’est tout un patrimoine qui nous enrichit et ne nous lâche plus. » Désormais grand-père, il chantonne à sa petite-fille la berceuse Dors, ma colombe, première partition qu’il a déchiffrée à la manécanterie.


De nos régions ou d’ailleurs, c’est tout un patrimoine qui nous enrichit et ne nous lâche plus.

– Alain, 75 ans


Platon était convaincu de la supériorité de la culture musicale : « Rien ne pénètre davantage au fond de l’âme que le rythme et l’harmonie, rien ne s’attache plus fortement à elle en apportant la beauté » (Platon, la République). Telle est bien l’expérience vécue par le public lorsqu’il écoute les polyphonies d’une chorale d’enfants parvenus à ce niveau d’excellence. Expérience qui n’épargne pas les jeunes choristes eux-mêmes. C’est ce qu’évoque Adrien, marqué par l’émotion des spectateurs : « J’ai compris que j’avais la liberté de devenir un salaud ou une Mère Teresa et que je pouvais choisir de contribuer modestement à rendre le monde un peu plus beau, un peu meilleur. » Il veille depuis lors à préserver cette harmonie et cette poésie dans son quotidien. Aujourd’hui père de quatre filles, il sort ainsi volontiers sa guitare le soir pour les bercer : « C’est trois fois rien, mais dans 30 ans, elles s’en souviendront. »


 


C’est leur tournée !

Seuls 30% des candidats sont reçus après l’audition, qui débute en février. Direction Autun ! Du CM1 à la 3e, les Petits Chanteurs à la croix de bois poursuivent un double cursus : scolaire, en lien avec l’école privée sous contrat Saint-Lazare Saint-Sacrement, et musical à l’internat. Selon les classes, la formation musicale est de 8 à 12 heures par semaine. Ils partent en tournée, en France ou à l’étranger, et honorent ainsi une soixantaine de concerts. Nouveauté de la rentrée : le cursus s’ouvre aux lycéens qui pourront préparer un bac option musique. Et si cela donnait des idées à leurs sœurs ou cousines ? Bonne nouvelle pour les filles : le chœur Lumina Coeli ouvrira ses premières places d’internat en septembre 2019, du CM1 à la terminale. Une première en France. Les Petits Chanteurs à la croix de bois sont actuellement en tournée en France jusqu’au 17 février.

Site : pccb.fr


Trois questions à Tanguy Dionis du Séjour


Depuis la rentrée 2018, il est le directeur artistique des cinquante Petits Chanteurs de la Croix de Bois, âgés de 9 à 15 ans.


Quels sont les critères pour intégrer la manécanterie ?


Il y a d’abord l’envie de chanter ! Elle se traduit par une appétence artistique et musicale qui survient très tôt : dès 8 ans, le timbre de la voix est déjà là. Nous évaluons aussi la capacité à vivre en communauté, qui suppose ouverture, patience, tempérance, etc. Il y a enfin le désir de servir. La mission du Petit chanteur consiste en effet à « parcourir le monde pour répandre la musique sacrée et annoncer le Christ ».


En quoi est-ce une école de vie ?


C’est une école de vie par la vie communautaire inhérente à l’internat, avec ses jeux, ses services, ses temps de conférences et de prière. Mais aussi par leur vie d’artistes en herbe : très tôt, ils comprennent l’enjeu de donner une prestation de qualité. Cette exigence les motive pour fournir les efforts nécessaires afin d’y parvenir. La scène expose, mais le groupe rassure ; ils prennent vite de l’assurance. En tournée, ils travaillent les cours qui leur ont été préparés et acquièrent une réelle autonomie.


Quelle est votre intuition pour l’avenir ?


Les Petits chanteurs annoncent le Prince de la Paix et le monde en a besoin. Ils bénéficient d’une aura exceptionnelle à l’international. J’aimerais qu’ils s’imposent de nouveau sur la scène musicale française. J’envisage de puiser dans les grandes figures religieuses ou littéraires, capables de rejoindre nos contemporains dans leur soif spirituelle. Je compose actuellement sur le poème de Victor Hugo Le Pont, cet espace qui est la prière et relie la terre au Ciel.

Quand l’enfant disparaît

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Comment expliquer à un enfant le drame de la perte d’un petit frère ou d’une petite sœur ? Comment l’aider à appréhender cette période éprouvante afin qu’il puisse extérioriser ses émotions et reprendre au mieux le cours de sa vie ? L’association Soins palliatifs et accompagnement en maternité (Spama) publie un cahier de dessin consacré aux fratries touchées par un deuil périnatal, c’est-à-dire confrontées à la mort d’un frère ou d’une sœur peu avant la naissance ou dans les semaines qui l’ont suivie.


Un manque d’informations


« On a déjà du mal à se comprendre soi-même, à surmonter la violence de son chagrin, alors comment parler de manière sereine à ses enfants pour leur permettre d’exprimer leurs émotions ? » s’interroge Isabelle de Mézerac, présidente de la Spama et coauteure du livret. Céline Ricignuolo, également coauteure, abonde : « Il est très difficile pour les parents de trouver les mots et certains préfèrent malheureusement ne rien dire. »


L’accompagnement des enfants dans cette épreuve est l’affaire de parents eux-mêmes abattus, à qui incombe la responsabilité de trouver des mots adaptés.


Isabelle de Mézerac a déjà publié un ouvrage remarqué, Un enfant pour l’éternité (éditions du rocher, 2004), dans lequel elle livre le récit bouleversant de l’attente d’un enfant lourdement handicapé, dont elle sait qu’il décédera peu après sa naissance. Elle décide toutefois de mener sa grossesse à terme et d’accueillir cet enfant dans l’amour.


Céline Ricignuolo est clinicienne au service de réanimation pédiatrique de l’hôpital Necker, après avoir travaillé durant 11 ans au centre hospitalier de Meaux, au sein du service de réanimation néonatale. Elle y accompagnait des parents qui ont perdu leur bébé, ainsi que des fratries endeuillées, et a été confrontée à de nombreuses reprises au manque d’informations du personnel soignant sur ces problématiques. Elle préside en outre l’association Clepsydre, réunissant des psychologues issus de services de réanimation néonatale ou pédiatrique. 


Un outil spécifique


Ce livret est ainsi le fruit de leur réflexion conjointe sur le besoin d’un outil spécifique à l’accompagnement des fratries endeuillées. Leur travail a également bénéficié de l’expertise du pédopsychiatre Guy Cordier, qui a beaucoup accompagné les fratries en deuil, ainsi que de la contribution de familles ayant traversé cette douloureuse expérience.


L’accompagnement des enfants dans cette épreuve présente en effet une double difficulté. D’une part, il est l’affaire de parents eux-mêmes abattus, parfois traumatisés, à qui incombe la responsabilité de trouver des mots adaptés pour ménager leurs enfants. D’autre part, cette difficulté est redoublée par la dimension très spécifique que revêt le deuil chez les jeunes enfants. 


Étrangers au concept de non-retour et au caractère définitif de la mort, souvent accablés par un sentiment de culpabilité qui découle d’une rivalité qu’ils croient être à l’origine du décès, ils doivent affronter un processus très complexe que les parents ont généralement du mal à envisager. Pourtant, l’accompagnement de l’enfant est indispensable, la souffrance pouvant se prolonger jusqu’à l’âge adulte, comme l’a montré François-Xavier Perthuis dans son ouvrage Blessures (L’Harmattan, 2018).


Exprimer ses émotions


Destiné aux enfants de 3 à 10 ans et intitulé Un bout de chemin en famille, ce cahier se veut un outil ludique, conçu pour aider les aînés à exprimer leurs émotions à travers le dessin et l’écriture. Joliment illustré par Daniel Blancou, le cahier guide l’enfant dans sa réflexion à travers un petit personnage nommé Panda. Les textes, dans lesquels l’usage de chaque mot est pesé avec sensibilité, révèlent une volonté de ne pas cacher la vérité aux enfants et de ne pas la déguiser. L’objectif est de trouver les mots justes, de manière à faciliter la compréhension et à apaiser la peine, en évoquant par exemple l’absence de douleur chez une personne décédée.


Comment se procurer le cahier de dessin ?
Un bout de chemin en famille, cahier de dessin, collection Spama.
Vendu 5€ au profit de l’association Spama.


Spama, une association à connaître

Spécialisée dans les questions de deuil périnatal, l’association Spama propose plusieurs outils à destination des soignants et des parents afin de favoriser l’accompagnement des familles touchées par ces drames et les aider à se reconstruire.

Association Spama

3 rue du Plat, 59800 Lille.

Tél. : 07 87 85 37 81

contact@spama.asso.fr

Les Petits Chanteurs à la croix de bois, à l’unisson d’un même chœur

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« Au début, en sixième, c’était dur de quitter ma famille, mais en fin de troisième , c’était dur de quitter mes amis », résume Maxence, 14 ans. Conquis après un concert à Nancy, il a passé une audition, puis tout son collège aux Petits Chanteurs, à Autun (Saône-et-Loire). Il a particulièrement apprécié l’esprit d’entraide : « Les plus grands réconfortent les petits qui ont un coup de cafard, ils aident pour les devoirs. Il y a un bon esprit. J’ai aimé les chants et les voyages, la découverte d’autres régions, de pays. » Il a ainsi chanté en Belgique, en Chine, en Corée du Sud, au Japon, à Taïwan, sur l’île de la Réunion… « En général, on communique en anglais, ou par gestes quand on n’y arrive pas ! »


Maîtrise de soi


Lors des tournées en France ou à l’étranger, les enfants sont hébergés chez l’habitant. « Cela donne l’habitude de se présenter, d’échanger avec des inconnus, on développe une réelle aisance à l’oral », avance Thomas, 27 ans, consultant en management opérationnel à Paris. Lui qui était plutôt timide lorsqu’il était enfant, les concerts ont vite eu raison de ses réticences. Il est même devenu soliste, ce qui n’est pas rien lorsqu’on chante devant des milliers de personnes. Gérer son stress s’apprend : les répétitions commencent par des exercices de relaxation, des étirements, des corrections de posture, un massage des joues. Nécessaire au quotidien, sur un plateau de télévision ou sous le feu des applaudissements, la maîtrise de soi s’acquiert aussi. Ainsi que l’hygiène de vie : « Très tôt, on prend sa santé en main et on adopte les bons réflexes : dormir suffisamment, faire du sport, porter une écharpe pour aller jouer dehors, éviter de manger une glace avant un concert pour préserver ses cordes vocales… »


Avoir transpiré ensemble forge des amitiés qui résistent au temps. 

– Adrien, 36 ans


Cette vie n’est pas sans discipline. « Ça filait droit », reconnaît Adrien, 36 ans, en riant. Consultant en communication à l’international, basé à Dieppe, il garde un souvenir de « beaucoup de joie, de jeux, de légèreté, mais l’enfant doit s’investir dans un double cursus, scolaire et musical, qui est exigeant. Il faut mouiller la chemise ! » C’est d’ailleurs ce qui explique, à ses yeux, ces liens inoxydables. « Avoir transpiré ensemble forge des amitiés qui résistent au temps. » Il en a fait l’expérience, en rencontrant un ancien choriste avec qui il n’avait pas échangé depuis 25 ans : « On s’est retrouvés comme lorsqu’on avait 10 ans ».


Ils peuvent rester entre un et… six ans, puisque le cursus commence au CM1 et se poursuit pour ceux qui le souhaitent jusqu’en troisième. En réalité, peu d’entre eux envisagent une carrière de chanteur professionnel. Comment jugent-ils leur arrivée dans un lycée classique ? « J’ai galéré en seconde, reconnaît Thomas, qui a passé cinq ans dans le chœur, avec toutes ces heures de cours où il fallait rester assis ! Mais ça ne m’a pas empêché de faire une prépa et une grande école de commerce. Au final, tout le monde s’en sort. » L’institution affiche 100% de reçus au brevet avec mention. Certains élèves ont même 17 de moyenne et peuvent intégrer les meilleurs lycées, qui commencent à prendre la mesure de la richesse de ces profils atypiques. Adrien ne regrette rien de cette aventure : « Elle fait un peu bourlinguer et m’a montré que s’écarter des sentiers battus apporte un vrai plus ! » Un sacré pied de nez à l’air du temps, que les cases et les normes rassurent tant.


La dimension du monde


« Cette expérience ouvre à la dimension du monde. Face à la montée des extrémismes, l’impératif de “s’entendre” prend tout son sens lorsqu’on est Petit Chanteur. » Âgé de 75 ans, Alain a porté la fameuse croix de bois de 1957 à 1959, chanté devant des chefs d’État, avec des artistes, appris huit hymnes nationaux… « De nos régions ou d’ailleurs, c’est tout un patrimoine qui nous enrichit et ne nous lâche plus. » Désormais grand-père, il chantonne à sa petite-fille la berceuse Dors, ma colombe, première partition qu’il a déchiffrée à la manécanterie.


De nos régions ou d’ailleurs, c’est tout un patrimoine qui nous enrichit et ne nous lâche plus.

– Alain, 75 ans


Platon était convaincu de la supériorité de la culture musicale : « Rien ne pénètre davantage au fond de l’âme que le rythme et l’harmonie, rien ne s’attache plus fortement à elle en apportant la beauté » (Platon, la République). Telle est bien l’expérience vécue par le public lorsqu’il écoute les polyphonies d’une chorale d’enfants parvenus à ce niveau d’excellence. Expérience qui n’épargne pas les jeunes choristes eux-mêmes. C’est ce qu’évoque Adrien, marqué par l’émotion des spectateurs : « J’ai compris que j’avais la liberté de devenir un salaud ou une Mère Teresa et que je pouvais choisir de contribuer modestement à rendre le monde un peu plus beau, un peu meilleur. » Il veille depuis lors à préserver cette harmonie et cette poésie dans son quotidien. Aujourd’hui père de quatre filles, il sort ainsi volontiers sa guitare le soir pour les bercer : « C’est trois fois rien, mais dans 30 ans, elles s’en souviendront. »


 


C’est leur tournée !

Seuls 30% des candidats sont reçus après l’audition, qui débute en février. Direction Autun ! Du CM1 à la 3e, les Petits Chanteurs à la croix de bois poursuivent un double cursus : scolaire, en lien avec l’école privée sous contrat Saint-Lazare Saint-Sacrement, et musical à l’internat. Selon les classes, la formation musicale est de 8 à 12 heures par semaine. Ils partent en tournée, en France ou à l’étranger, et honorent ainsi une soixantaine de concerts. Nouveauté de la rentrée : le cursus s’ouvre aux lycéens qui pourront préparer un bac option musique. Et si cela donnait des idées à leurs sœurs ou cousines ? Bonne nouvelle pour les filles : le chœur Lumina Coeli ouvrira ses premières places d’internat en septembre 2019, du CM1 à la terminale. Une première en France. Les Petits Chanteurs à la croix de bois sont actuellement en tournée en France jusqu’au 17 février.

Site : pccb.fr


Trois questions à Tanguy Dionis du Séjour


Depuis la rentrée 2018, il est le directeur artistique des cinquante Petits Chanteurs de la Croix de Bois, âgés de 9 à 15 ans.


Quels sont les critères pour intégrer la manécanterie ?


Il y a d’abord l’envie de chanter ! Elle se traduit par une appétence artistique et musicale qui survient très tôt : dès 8 ans, le timbre de la voix est déjà là. Nous évaluons aussi la capacité à vivre en communauté, qui suppose ouverture, patience, tempérance, etc. Il y a enfin le désir de servir. La mission du Petit chanteur consiste en effet à « parcourir le monde pour répandre la musique sacrée et annoncer le Christ ».


En quoi est-ce une école de vie ?


C’est une école de vie par la vie communautaire inhérente à l’internat, avec ses jeux, ses services, ses temps de conférences et de prière. Mais aussi par leur vie d’artistes en herbe : très tôt, ils comprennent l’enjeu de donner une prestation de qualité. Cette exigence les motive pour fournir les efforts nécessaires afin d’y parvenir. La scène expose, mais le groupe rassure ; ils prennent vite de l’assurance. En tournée, ils travaillent les cours qui leur ont été préparés et acquièrent une réelle autonomie.


Quelle est votre intuition pour l’avenir ?


Les Petits chanteurs annoncent le Prince de la Paix et le monde en a besoin. Ils bénéficient d’une aura exceptionnelle à l’international. J’aimerais qu’ils s’imposent de nouveau sur la scène musicale française. J’envisage de puiser dans les grandes figures religieuses ou littéraires, capables de rejoindre nos contemporains dans leur soif spirituelle. Je compose actuellement sur le poème de Victor Hugo Le Pont, cet espace qui est la prière et relie la terre au Ciel.

Quand l’enfant disparaît

Standard


Comment expliquer à un enfant le drame de la perte d’un petit frère ou d’une petite sœur ? Comment l’aider à appréhender cette période éprouvante afin qu’il puisse extérioriser ses émotions et reprendre au mieux le cours de sa vie ? L’association Soins palliatifs et accompagnement en maternité (Spama) publie un cahier de dessin consacré aux fratries touchées par un deuil périnatal, c’est-à-dire confrontées à la mort d’un frère ou d’une sœur peu avant la naissance ou dans les semaines qui l’ont suivie.


Un manque d’informations


« On a déjà du mal à se comprendre soi-même, à surmonter la violence de son chagrin, alors comment parler de manière sereine à ses enfants pour leur permettre d’exprimer leurs émotions ? » s’interroge Isabelle de Mézerac, présidente de la Spama et coauteure du livret. Céline Ricignuolo, également coauteure, abonde : « Il est très difficile pour les parents de trouver les mots et certains préfèrent malheureusement ne rien dire. »


L’accompagnement des enfants dans cette épreuve est l’affaire de parents eux-mêmes abattus, à qui incombe la responsabilité de trouver des mots adaptés.


Isabelle de Mézerac a déjà publié un ouvrage remarqué, Un enfant pour l’éternité (éditions du rocher, 2004), dans lequel elle livre le récit bouleversant de l’attente d’un enfant lourdement handicapé, dont elle sait qu’il décédera peu après sa naissance. Elle décide toutefois de mener sa grossesse à terme et d’accueillir cet enfant dans l’amour.


Céline Ricignuolo est clinicienne au service de réanimation pédiatrique de l’hôpital Necker, après avoir travaillé durant 11 ans au centre hospitalier de Meaux, au sein du service de réanimation néonatale. Elle y accompagnait des parents qui ont perdu leur bébé, ainsi que des fratries endeuillées, et a été confrontée à de nombreuses reprises au manque d’informations du personnel soignant sur ces problématiques. Elle préside en outre l’association Clepsydre, réunissant des psychologues issus de services de réanimation néonatale ou pédiatrique. 


Un outil spécifique


Ce livret est ainsi le fruit de leur réflexion conjointe sur le besoin d’un outil spécifique à l’accompagnement des fratries endeuillées. Leur travail a également bénéficié de l’expertise du pédopsychiatre Guy Cordier, qui a beaucoup accompagné les fratries en deuil, ainsi que de la contribution de familles ayant traversé cette douloureuse expérience.


L’accompagnement des enfants dans cette épreuve présente en effet une double difficulté. D’une part, il est l’affaire de parents eux-mêmes abattus, parfois traumatisés, à qui incombe la responsabilité de trouver des mots adaptés pour ménager leurs enfants. D’autre part, cette difficulté est redoublée par la dimension très spécifique que revêt le deuil chez les jeunes enfants. 


Étrangers au concept de non-retour et au caractère définitif de la mort, souvent accablés par un sentiment de culpabilité qui découle d’une rivalité qu’ils croient être à l’origine du décès, ils doivent affronter un processus très complexe que les parents ont généralement du mal à envisager. Pourtant, l’accompagnement de l’enfant est indispensable, la souffrance pouvant se prolonger jusqu’à l’âge adulte, comme l’a montré François-Xavier Perthuis dans son ouvrage Blessures (L’Harmattan, 2018).


Exprimer ses émotions


Destiné aux enfants de 3 à 10 ans et intitulé Un bout de chemin en famille, ce cahier se veut un outil ludique, conçu pour aider les aînés à exprimer leurs émotions à travers le dessin et l’écriture. Joliment illustré par Daniel Blancou, le cahier guide l’enfant dans sa réflexion à travers un petit personnage nommé Panda. Les textes, dans lesquels l’usage de chaque mot est pesé avec sensibilité, révèlent une volonté de ne pas cacher la vérité aux enfants et de ne pas la déguiser. L’objectif est de trouver les mots justes, de manière à faciliter la compréhension et à apaiser la peine, en évoquant par exemple l’absence de douleur chez une personne décédée.


Comment se procurer le cahier de dessin ?
Un bout de chemin en famille, cahier de dessin, collection Spama.
Vendu 5€ au profit de l’association Spama.


Spama, une association à connaître

Spécialisée dans les questions de deuil périnatal, l’association Spama propose plusieurs outils à destination des soignants et des parents afin de favoriser l’accompagnement des familles touchées par ces drames et les aider à se reconstruire.

Association Spama

3 rue du Plat, 59800 Lille.

Tél. : 07 87 85 37 81

contact@spama.asso.fr