Yutu ressuscité ?

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Le petit robot Yutu, photographié ici par la sonde Chang'e 3 qui l'a déposé sur la Lune, va t-il reprendre son exploration du Golfe des Iris ? Photo CNSA.

Le petit robot Yutu, photographié ici par la sonde Chang’e 3 qui l’a déposé sur la Lune, va t-il reprendre son exploration du Golfe des Iris ? Photo CNSA.

On croyait le petit robot lunaire Yutu perdu. Après quinze jours passés dans la nuit lunaire, par une température de l’ordre de -180 °C, et en l’absence – semble t-il – de protection thermique, le « lapin de jade » chinois était resté silencieux lorsque, le 9 février au matin, le Soleil s’était levé sur le Golf des Iris, où s’est posée la sonde Chang’e 3 et son robot mobile voici deux mois.

Mais, miracle, trois jours après le lever de Soleil, et probablement une fois réchauffés les composants électroniques du robot, les ingénieurs chinois ont réussi à reprendre le contact avec Yutu !

Les ingénieurs de l’agence spatiale chinoise vérifient actuellement l’état du petit robot – devenu une icône nationale en Chine – avant, peut-être, de lui faire reprendre prudemment son exploration de l’immense et monotone plaine lunaire.

Yutu mesure près de 1.5 m de hauteur et pèse, sur Terre, 140 kg, soit, sur la Lune, 23 kg environ. Il est alimenté par deux panneaux solaires qui, en principe, doivent se refermer lors de chaque nuit lunaire, qui dure deux semaines terrestres. Une fois refermé, Yutu garde probablement ses composants électroniques à l’abri du froid grâce à de petites « chaufferettes » radioactives au plutonium 238. Les ingénieurs chinois, réalisant que le robot, apparemment, ne s’était pas refermé avant la nuit lunaire ont craint que leur lapin de jade ne meurt de froid.

Nous en saurons plus dans quelques heures, ou quelques jours…

Serge Brunier

 

Un fossile lève le voile sur les origines des tétrapodes

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Un fossile de poisson vieux de 375 millions d’années suggère qu’il pourrait s’agir du chaînon manquant entre les poissons et les tétrapodes, ces vertébrés dotés de deux paires de membres qui ont colonisé la terre ferme il y a un peu moins de 400 millions d’années.

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Des travaux publiés le 13 janvier 2014 dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences.

Pour parvenir à cette conclusion, le biologiste Neil H. Shubin (Université de Chicago, États-Unis) et ses collègues ont étudié plusieurs fossiles d’un poisson aujourd’hui disparu, appelé Tiktaalik roseae. Ces fossiles avaient été mis au jour en 2004, mais à l’époque, seule la partie avant du squelette n’avait pu être étudiée par les scientifiques.

En analysant la partie arrière de ces fossiles de poisson que les auteurs de cette nouvelle étude sont parvenus à la conclusion que les nageoires postérieures de ce poisson se situaient, d’un point de vue évolutif, entre la nageoire des poissons et le membre articulé des tétrapodes.

Un résultat notable car il suggère tout d’abord que Tiktaalik roseae pourrait bien être en quelque sorte le chaînon manquant entre les poissons et les tétrapodes, qui ont colonisé la terre ferme à partir de -365 millions d’années lors de la célèbre « sortie des eaux ».

Et ce n’est pas tout. Car ces travaux viennent également confirmer une hypothèse, formulée à l’occasion de précédents travaux, selon laquelle la transformation progressive des nageoires en membres articulés ne se serait pas produite sur la terre ferme, mais avant la sortie des eaux, lorsque les vertébrés aquatiques n’avaient pas encore commencé à coloniser la terre ferme.

Parmi ces précédentes recherches, il y a notamment celle menée en 2012 par des généticiens espagnols sur le poisson zèbre (lire « Un gène expliquerait pourquoi les vertébrés sont sortis des eaux »). Une étude qui avait suggéré qu’une mutation génétique affectant un gène appelé Hoxd13 serait à l’origine de la transformation, il y a quelque 400 millions d’années, des nageoires des vertébrés aquatiques de l’époque en proto-membres articulés. Des membres qui auraient ainsi permis aux poissons qui en étaient dotés de s’aventurer sur la terre ferme…

Les souvenirs de la prime enfance disparaissent à 7 ans

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Pour la plupart d’entre nous n’avons généralement aucun souvenir des événements que nous avons vécus entre zéro et trois ans. Un phénomène que les psychologues ont poétiquement baptisé « amnésie de l’enfance ».

Mais quand avons-nous oublié ces évènements ? Lorsque nous avons atteint les sept ans, selon une étude menée par deux psychologues américains de l’Université Emory, à Atlanta. Un résultat publié dans l’édition du mois de janvier 2014 de la revue Memory.

Pour parvenir à cette conclusion, les deux scientifiques américains ont mis en place une méthodologie articulée en deux phases, impliquant 83 enfants tous âgés de trois ans au début de l’expérience.

Lors d’une première phase, les parents des enfants qui avaient été recrutés pour l’expérience ont eu pour mission de demander à leurs enfants, qui étaient donc âgés de trois ans à ce moment-là, de leur indiquer les six souvenirs d’événements récents qu’ils avaient en tête (un anniversaire, une sortie au zoo…). Chaque souvenir s’est alors trouvé soigneusement consigné par les deux auteurs de l’étude.

Puis, lors d’une deuxième phase, l’aptitude de ces enfants à se remémorer ces événements a été testée. Pour ce faire, les 83 enfants ont été divisés en cinq groupes : les enfants du premier groupe ont eu pour mission de se remémorer les six événements qu’ils avaient raconté à leurs parents une fois l’âge de cinq ans atteint, soit deux ans après la conversation avec leurs parents. Quant aux enfants du deuxième groupe, il leur a été demandé de se rappeler de ces six événements lorsqu’ils avaient atteint les six ans. Et ainsi de suite jusqu’au dernier groupe, dont les enfants ont été questionnés lorsqu’ils avaient neuf ans…

Résultat ? Alors que les enfants âgés de cinq à sept ans étaient capables de se remémorer 63 à 72 % des souvenirs qu’ils avaient racontés à leurs parents lorsqu’il avait trois ans, les enfants âgés de huit et neuf ans n’étaient capables de se rappeler que de 35 % de ces événements.

Un résultat qui suggère donc qu’il existe bel et bien un seuil situé autour de sept ans, au-delà duquel une grande partie des souvenirs de la prime enfance s’évanouit.

Selon les auteurs de l’étude, cette « amnésie de l’enfance » est due au fait que les enfants ne disposent pas des bases neuronales nécessaires pour mémoriser durablement les éléments de leur mémoire autobiographique (la mémoire autobiographique regroupe les souvenirs qui concernent notre propre existence, avec les lieux, les dates et les émotions qui y sont associés ; pour en savoir plus, visionner cette vidéo consacrée à la mémoire autobiographique, publiée sur le site de Canal Académie).

Médecine douce : les thérapies incontournables

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Phytothérapie : les plantes, nos alliées du quotidien

Des tisanes régulières de thym pour éviter les infections de l’hiver, de la réglisse pour calmer l’acidité de l’estomac, de l’artichaut ou du romarin pour soulager son foie, de l’ortie ou de la prêle pour reminéraliser son organisme… Les plantes sont sans conteste les meilleures alliées de notre santé au quotidien, et la phytothérapie – la médecine par les plantes – la plus puissante et la plus prometteuse des médecines alternatives.

Depuis 7 000 ans et sur tous les continents l’homme utilise la plante médicinale, ce qui en fait la plus ancienne des thérapeutiques. Et même les animaux y ont recours ! L’univers végétal constitue un formidable réservoir, et l’industrie pharmaceutique ne s’y est pas trompée puisque près de 70 % des médicaments actuels trouvent leur origine dans les plantes. Mais contrairement à la médecine chimique, qui isole un principe actif pour fabriquer un médicament de synthèse, la phytothérapie s’intéresse à l’ensemble des principes actifs d’une plante, qui travaillent en synergie. Une complexité et une intelligence impossibles à reproduire en laboratoire.

Sophrologie caycédienne : l’art de la relaxation

Grâce à une relaxation active (jamais allongé), des exercices corporels et respiratoires, des visualisations et des entraînements mentaux, corps et esprit s’harmonisent peu à peu, les pensées limitantes et négatives sont mises entre parenthèses, et le jugement sur soi-même et les autres est suspendu.

La sophrologie se révèle ainsi utile dans les cas d’insomnies, de dépression, de mal-être, d’anxiété, pour soulager les douleurs liées au stress, accompagner les maladies chroniques, mieux supporter une chimiothérapie ou encore préparer son accouchement. Elle peut également améliorer la mémoire, les performances physiques ou intellectuelles (apprentissage d’une langue, préparation à un examen, coaching sportif…).

Médecine chinoise : le corps, le coeur et l’esprit comme un tout

Pas un mois sans qu’une amie nous explique comment elle a retrouvé le sommeil grâce à l’acupuncture ou qu’un collègue vous confie que ses maux de dos sont un lointain souvenir depuis qu’il pratique le tai-chi. Des assertions relayées par les études régulièrement publiées sur ces approches. Si ces noms exotiques nous sont devenus familiers, nous n’avons pas toujours conscience qu’ils font partie d’un même ensemble : la médecine traditionnelle chinoise (MTC).

Vieille de 4000 ans, cette médecine est un système très élaboré et intrinsèquement lié au taoïsme, appréhendant le corps, le cœur et l’esprit comme un tout. Tandis qu’en Chine la MTC est pleinement présente au côté de la médecine moderne, dans les pays occidentaux, c’est plus particulièrement l’acupuncture qui est enseignée à l’université et intégrée dans certains services hospitaliers (obstétrique, douleurs, cancérologie, pneumologie…).

Homéopathie : le pouvoir de l’infinitésimal

L’homéopathie est une thérapie reposant sur trois types de souches (végétale, animale et minérale) et sur trois principes phares (celui de similitude, celui d’infinitésimalité et celui de globalité ou d’individualité).

Granules et doses homéopathiques ont investi trousses à pharmacie et pochettes de sac à main. Maux saisonniers, pathologies chroniques, allergies… cette médecine du quotidien, reposant sur le principe de similitude, séduit chaque année de plus en plus de patients. Si par exemple un sujet vient de se faire piquer par une abeille et qu’il souffre par conséquent de fortes brûlures avec apparition d’un œdème, l’homéopathe va lui donner un remède dont la souche est constituée de… venin d’abeille.

Ostéopathie : écoute et palpation

Née aux États-Unis au XIXe siècle sous l’impulsion du docteur Andrew Taylor Still, l’ostéopathie a été introduite en France par le docteur Lucien Moutin en 1910. Cette méthode thérapeutique a pour but de prévenir ou de rétablir la bonne mobilité des différentes structures de l’organisme.

Problèmes articulaires (maux de dos, lombalgies, tendinites, etc.), dysfonctionnements digestifs ou encore maladies chroniques, l’ostéopathie traite un vaste panel de troubles, en considérant l’individu dans sa globalité. Au travers d’une palpation et d’une écoute précise et subtile de tout le corps, précédée d’un long interrogatoire, le praticien va pouvoir remonter à la cause de la souffrance et la soulager.

 

> Retrouvez notre dossier complet sur les médecines douces dans le numéro 3571 de La Vie, disponible mercredi 5 février en version numérique et dès jeudi en kiosques.

Un lapin de jade perdu dans la nuit lunaire

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Le robot lunaire Yutu, vu depuis la sonde chinoise Chang'3. Photo CNSA.

Le robot lunaire Yutu, vu depuis la sonde chinoise Chang’3. Photo CNSA.

Rarement on aura attendu avec autant de curiosité un lever de Soleil sur la Lune. En Chine, surtout, où l’odyssée du petit « lapin de jade » sur la Lune est suivie et commentée avec passion sur les réseaux sociaux. Le lapin de jade, c’est le robot mobile Yutu, déposé le 14 décembre dernier dans le golfe des Iris, en bordure de la mer des Pluies, par la sonde Chang’3, la déesse lunaire de la mythologie chinoise.

Chang’3 est l’un des éléments d’un très ambitieux projet spatial, visant à poser un jour, peut-être, des astronautes chinois sur la Lune. Quant à Yutu, il s’agit d’un démonstrateur technologique, conçu pour tester les capacités des ingénieurs à poser et faire évoluer un module sur la Lune, étape nécessaire avant un retour d’échantillons lunaire, puis, mais on en est pas là, à envoyer des hommes sur le satellite de la Terre et les ramener vivants sur leur planète.
Au début, pour Chang’3, tout a bien commencé. Parfait l’alunissage, parfaite la libération du robot mobile, parfaites les images de la Lune – quoique un peu fades, comparées à celles prises dans des régions lunaires bien plus spectaculaires par les astronautes du programme Apollo.
Un succès, accompagné d’une campagne de communication digne de celles de la Nasa.
Arrivés sur la Lune en plein jour, le 14 décembre, donc, Chang’3 et Yutu ont fonctionné sans encombre jusqu’au coucher du Soleil, qui est intervenu dans la mer des Pluies le 27 décembre. A cette date, les engins, alimentés par des panneaux solaires, ont du se mettre en « hibernation », en se protégeant du froid spatial de la surface lunaire. Puis, deux semaines après, au lever du Soleil, le 13 janvier, ils ont été « réveillés » et ont repris leurs opérations. Mais, avant la seconde nuit lunaire, qui a débuté le 26 janvier, de la « déesse lunaire » et de son « lapin de jade », les ennuis ont commencé. Plus de caméra couleur sur Chang’3, d’abord, puis dysfonctionnement de Yutu. Celui-ci, pour se protéger du froid nocturne, aurait du replier ses panneaux solaires, il semblerait que cette opération n’ait pas été réalisée par le robot.

Un demi-siècle après les Soviétiques et les Américains, les Chinois arpentent aujourd'hui la surface lunaire avec leur robot mobile Yutu, photographié ici par le module d'atterrissage Chang'e 3. Photo CNSA.

Un demi-siècle après les Soviétiques et les Américains, les Chinois arpentent aujourd’hui la surface lunaire avec leur robot mobile Yutu, photographié ici par le module d’atterrissage Chang’e 3. Photo CNSA.

De fait, désormais, tout le monde attend le lever de Soleil sur Chang’3 et Yutu pour savoir si le petit lapin de jade aura survécu. Le contact avec les sondes spatiales devrait être repris le 8 ou 9 février, quand le Soleil brillera de nouveau sur le golfe des Iris.
Pendant que les Chinois s’inquiétaient du bon état de leur robot lunaire après seulement un mois passé sur la Lune, les Américains de leur côté, fêtaient les… dix ans d’exploration de la planète Mars par leur robot Opportunity !
Ce décalage en fiabilité apparente des sondes chinoise et américaine pourrait prêter à sourire, mais regardons de plus près… Paradoxalement, les conditions martiennes sont beaucoup plus clémentes que celles de l’environnement lunaire. Elles sont quasi terrestres : sur Mars, comme sur Terre, la journée est de 24 heures. Sur Mars, comme sur Terre, la couverture atmosphérique protège les sondes : les sondes martiennes doivent affronter des températures maximales de l’ordre de + 10 °C et des températures minimales de l’ordre de -90 °C. Sur la Lune, Yutu supporte des températures de + 120 °C à -180 °C !
Si la Lune est un monde hostile, que penser alors de Vénus ? Les sondes soviétiques Venera 13 et 14 ont supporté les 450 °C de la surface vénusienne entre une et deux heures seulement ! Quant à l’européenne Huygens, elle a transmis des informations depuis Titan, par -180 °C de température, pendant… deux heures. Rien de déshonorant, donc, à ce que Yutu batte de l’aile, si l’on peut dire à propos d’un lapin, après un mois de travail. D’ailleurs, l’avis de décès de Yutu n’est pas publié. Le 9 février, nous saurons si le lapin de jade est toujours vivant… Au fond, cette question est académique. Ni Yutu ni Chang’3 n’apporteront la moindre information scientifique décisive sur la Lune, quand des dizaines de sondes spatiales et soviétiques, sans compter les six missions Apollo, ont exploré le satellite de la Terre de fond en comble, voici un demi siècle. Sans évoquer les missions contemporaines, chinoises, européennes, américaines, indiennes…
Mais pour la Chine, la mission Chang’3 est déjà un immense succès. Son lapin de jade est célèbre dans le monde entier, et chacun sait désormais que les sondes et astronautes chinois volent maintenant dans le sillage des astronautes de la Nasa.
Mais les déboires de Yutu rappelleront peut-être aussi aux ingénieurs chinois que la conquête spatiale n’est pas un long fleuve céleste tranquille. Soviétiques et Américains ont payé un lourd tribut à l’espace, il s’en souviennent.
Serge Brunier