Le gouffre d’Esparros : Sous les Pyrénées, une chasse au trésor minéral

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Les parois s’illuminent progressivement et le groupe retient son souffle. À mesure que le silence s’installe, la lumière révèle les formes qui peuplent le fond de la cavité, à près de 10 m sous la passerelle, puis les murs et le plafond, loin au-dessus de nos têtes. Le guide pointe du doigt les « méduses » de calcite qui semblent onduler dans le calme souterrain, bercées par l’écho des gouttes d’eau s’écrasant sur les stalagmites. Près d’elles, une danseuse et ses jupons immenses, une chrysalide géante ; plus loin, des lames de couteau suspendues dans le vide. 


À son petit-fils bouche bée, un homme glisse : « C’est beau, n’est-ce pas, ce que la nature fait toute seule ? » La salle du Lac, ou de la Contemplation, est un des joyaux du gouffre d’Esparros (Hautes-Pyrénées), « l’une des plus belles salles au monde », assure Francis Ferran, directeur de l’office de tourisme Cœur…

Le gouffre d’Esparros : Sous les Pyrénées, une chasse au trésor minéral

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Les parois s’illuminent progressivement et le groupe retient son souffle. À mesure que le silence s’installe, la lumière révèle les formes qui peuplent le fond de la cavité, à près de 10 m sous la passerelle, puis les murs et le plafond, loin au-dessus de nos têtes. Le guide pointe du doigt les « méduses » de calcite qui semblent onduler dans le calme souterrain, bercées par l’écho des gouttes d’eau s’écrasant sur les stalagmites. Près d’elles, une danseuse et ses jupons immenses, une chrysalide géante ; plus loin, des lames de couteau suspendues dans le vide. 


À son petit-fils bouche bée, un homme glisse : « C’est beau, n’est-ce pas, ce que la nature fait toute seule ? » La salle du Lac, ou de la Contemplation, est un des joyaux du gouffre d’Esparros (Hautes-Pyrénées), « l’une des plus belles salles au monde », assure Francis Ferran, directeur de l’office de tourisme Cœur…

Le gouffre d’Esparros : Sous les Pyrénées, une chasse au trésor minéral

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Les parois s’illuminent progressivement et le groupe retient son souffle. À mesure que le silence s’installe, la lumière révèle les formes qui peuplent le fond de la cavité, à près de 10 m sous la passerelle, puis les murs et le plafond, loin au-dessus de nos têtes. Le guide pointe du doigt les « méduses » de calcite qui semblent onduler dans le calme souterrain, bercées par l’écho des gouttes d’eau s’écrasant sur les stalagmites. Près d’elles, une danseuse et ses jupons immenses, une chrysalide géante ; plus loin, des lames de couteau suspendues dans le vide. 


À son petit-fils bouche bée, un homme glisse : « C’est beau, n’est-ce pas, ce que la nature fait toute seule ? » La salle du Lac, ou de la Contemplation, est un des joyaux du gouffre d’Esparros (Hautes-Pyrénées), « l’une des plus belles salles au monde », assure Francis Ferran, directeur de l’office de tourisme Cœur…

En Touraine, un temps de répit entre aidants et aidés

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C’est un ancien hôtel pour retraités du commerce et de l’agroalimentaire converti, après d’importants travaux, en résidence de vacances pour aidants et aidés. Une piscine doublée d’un Jacuzzi, un restaurant prolongé d’une terrasse sous pergola, un vaste jardin avec des transats ici et là, plusieurs salles de jeux. Aidants, aidés et aides-soignants se croisent en bermuda et chemisette à fleurs. L’ambiance est à la décontraction.


« Avant, j’étais tout le temps “speed”. Et là, pendant deux semaines, j’ai vu des aides-soignants parler doucement, écouter, caresser même. Je me suis beaucoup remise en question », raconte Geneviève, qui vient de passer 15 jours en compagnie de son mari, atteint de la maladie à corps de Lewy, une affection neurodégénérative qui présente des similitudes avec la maladie d’Alzheimer. « Quand j’étais assistante de direction, je roulais 200 km par jour, je me levais à 5 heures le matin pour éviter les bouchons et rentrais épuisée. À la fin, j’ai fait un burn-out, eu un accident de voiture… puis la maladie de mon mari s’est déclarée. » Et de préciser : « Ce centre nous permet de ne pas avoir de vigilance constante, qui est épuisante moralement et physiquement. » 


Maintenir “l’élan vital” dans les Éhpad


Un équilibre entre amour et soin


Ouvert en 2015 à Fondettes, près de Tours (Indre-et-Loire), le village Vacances répit familles (VRF) est dédié à l’accueil des adultes qui accompagnent un proche dépendant du fait du handicap, de la maladie ou de l’âge. Il dispose de son personnel médical, en plus de chambres médicalisées : une rareté en France. Son directeur, Patrick Brunerie, résume ainsi la philosophie de l’établissement : « La relation de soin a effacé souvent la relation d’amour. Notre objectif est que cette relation de soin ne soit pas omniprésente au détriment du reste. » 


Ce centre nous permet de ne pas avoir de vigilance constante, qui est épuisante moralement et physiquement.

- Geneviève, une résidente


Au fil des jours se restaure un fonctionnement de couple sans le poids des obligations. Il se dit souvent que 40 % des aidants décèdent avant les aidés, par surmenage et oubli de soi. Charline Rouvre, cadre infirmière coordinatrice, le vérifie au quotidien : « En ce moment, nous avons une aidante qui fait une poussée d’arthrite. Elle n’avait même pas pensé à apporter ses traitements ni son attelle, qui la soulageait. Avec une ordonnance et une pharmacie très réactive, nous les avons trouvés. Il ne manquait rien pour son mari, mais pour elle-même, elle n’avait pas anticipé. C’est révélateur de ces aidants qui font passer l’autre avant eux. » 


Accueillir des vacanciers âgés et souffrant d’une pathologie lourde dans les meilleures conditions nécessite une ­certaine anticipation : « On adapte la quantité des services en fonction du taux de dépendance des vacanciers. Ce besoin est évalué en détail bien avant, par des coups de téléphone de notre médecin coordinateur, puis de notre secrétaire médicale, explique Charline Rouvre. Cela nous permet d’adapter les plannings en fonction des profils des vacanciers. » Un test virologique PCR Covid-19 est effectué sur chaque vacancier deux jours avant son arrivée. 


Michèle Delaunay : “Il faut revoir le modèle des Éhpad”


Ces séjours peuvent être financés jusqu’à 85 % par les caisses de retraite complémentaire, à raison de deux semaines par an. Et si un reconfinement était à l’ordre du jour, les vacanciers du VRF Fondettes auraient la possibilité de rester. Une éventualité qui n’est pas pour leur déplaire : le premier confinement s’est souvent traduit par une forte diminution des interventions des aides à domicile, augmentant sensiblement la charge de l’aidant. 


Aquagym, shiatsu, balades


Lever, toilette, aide à la prise de repas, soins : ces tâches sont assurées aux horaires qui conviennent le mieux. « Comme ils sont en vacances, le rythme n’est pas le même qu’à leur domicile », détaille le directeur. Le couple peut dormir dans le même lit ou faire chambre à part, dès le début ou en cours de séjour, sans surcoût. L’aide au coucher est même possible jusqu’à 22 h 30, chose inimaginable à domicile, à cause des plannings serrés des auxiliaires de vie. 


Chaque matin, des activités sont proposées pour les aidants, leurs proches dépendants ou les couples réunis. Les séances d’aquagym, de shiatsu, de manucure et autres balades sur le Cher sont affichées dans le hall, sur un tableau blanc. « Connaissez-vous cette plante pour se débarrasser des verrues ? Saviez-vous que le champagne était idéal pour trouver le sommeil ? » À la salle de la Rotonde, belle pièce aux larges baies vitrées donnant sur le jardin, une dame anime un atelier « trucs et astuces » pour une douzaine de vacanciers, repus après un copieux déjeuner. Un moment simple et accessible qui permet de recréer du lien social entre aidants d’ordinaire isolés, tout en stimulant la mémoire des aidés. 


J’avais enfin du temps pour moi, pour me reposer vraiment. Une vraie bulle d’oxygène.

- Marie, une résidente.


Au dîner, c’est de la cuisine de chef. Une accordéoniste et un guitariste fantaisistes passent près des tables pour jouer la sérénade. Les pieds battent la mesure. Comme ceux de Jules, 70 ans, ex-ingénieur automobile, atteint de la maladie d’Alzheimer. « J’avais enfin du temps pour moi, pour me reposer vraiment. Une vraie bulle d’oxygène », résume Marie, son épouse. Le couple avait tenté une cure thermale, mais le séjour s’était révélé plus compliqué que prévu. « Comme Jules a une perte de mémoire immédiate, il se ­perdait dans la maison, ne savait jamais où étaient les pièces. Ici, quand je suis ailleurs, quelqu’un est là pour le guider. »


Les premières vacances en 20 ans


Le couple voisin n’avait pas pris de vacances ensemble depuis 20 ans. « Nous étions allés en Martinique, et son handicap venait de se déclarer. Sur place, les gens étaient adorables, mais rien n’était adapté. Nous sommes restés dans la chambre d’hôtel pendant tout le séjour », se souvient cet ancien salarié d’une grosse cimenterie nantaise. Son épouse vit dans un fauteuil, ne parle pas mais a bonne mine et sourit souvent. Nina, jeune aide-soignante masquée, vient lui caresser l’avant-bras régulièrement. « Elle est formidable et je crois qu’elle est née à Oran », souligne l’aidant, pied-noir par ailleurs.


Vendredi est le jour des départs. Aidants et aidés se retrouvent sur les fauteuils du hall décoré en hommage à Léonard de Vinci. Son château, le Clos Lucé, est une attraction touristique majeure en Touraine. Aide personnalisée à l’autonomie, maisons de répit, groupes de parole, accueils de jour : chaque aidant récapitule les informations glanées au fil des jours, autour d’un dernier apéritif. Des livreurs munis de diables se succèdent pour récupérer des appareils médicaux en tous genres. Ils reviendront dans l’après-midi pour apporter les équipements des nouveaux arrivants. Après un dernier selfie et quelques larmes, tous se promettent de se revoir l’an prochain – comme de vrais vacanciers.


D’autres structures VRF en France : vrf.fr

Un été dans la Creuse : le repère des impressionnistes

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Côté droit, la Petite Creuse arrive avec ses eaux vives se frayant un chemin parmi les blocs de pierre. Côté gauche, la Grande Creuse, plus large et plus calme, venant du plateau de Millevaches. Nous sommes au confluent des deux Creuse à Fresselines (498 habitants), à la frontière entre le Berry et le Limousin, avec Christophe Rameix, auteur de l’École de Crozant. Les peintres de la Creuse et de Gargilesse. 1850-1950 (Lucien Souny, 2002), et Jean-Michel Bienvenu, ornithologue, conseiller scientifique des espaces naturels du Limousin. 


« Là, sur les rives et les hauteurs, vous voyez des arbres partout. Mais il y a un peu plus d’un siècle, tout était dénudé, il n’y avait que de la roche. Le paysage était rude, austère. Et c’est précisément ce qui a attiré Monet et les impressionnistes qui l’ont suivi ici, témoigne Christophe Rameix. Leur démarche, c’était de sortir de leurs ateliers, de rompre avec un académisme pompier et de…

Tokyo, capitale en perpétuelle évolution

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Le Harumi Flag flotte sur la baie de Tokyo : ce village olympique érigé sur un polder de 18 hectares paresse dans la fébrile attente, en 2021, en principe, de la venue des quelque 11.000 athlètes dans la capitale japonaise. Les 21 immeubles tout en symétrie avec écoles et supermarchés, environnés de verdure et bardés de nouvelles technologies, deviendront ensuite « un modèle de ville durable à maturité » selon Takeshi Ikawa, du gouvernement métropolitain. Le nouveau quartier fonctionne à l’hydrogène et s’inscrit dans la stratégie zéro émission de la ville, axée sur l’usage de ce gaz non polluant. « Les Jeux olympiques de Tokyo de 1964 ont laissé Shinkansen (système de trains à grande vitesse, ndlr) comme héritage. Les Jeux olympiques de 2020 laisseront une société de l’hydrogène », expliquait l’ancien gouverneur de la capitale, Yoichi Masuzoe, lors du lancement des travaux en 2015. 



Nuits des étoiles : Faut-il sanctuariser l’espace ?

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Pluie d’étoiles filantes, voie lactée, Mars… Chaque année, les nuits d’août offrent un spectacle d’une rare beauté à qui veut bien lever les yeux vers le ciel. A condition de sortir des zones éclairées, notamment les villes. Du 7 au 9 aout, l’Association française d’astronomie (Afa) propose sa 30e édition des « Nuits des étoiles » en partenariat avec le Centre national d’études spatiales (Cnes). Au programme : 266 manifestations dans toute la France et un guide en ligne pour suivre la progression des planètes et des étoiles.


Cette année, les conditions s’annoncent parfaites. Outre le fait que le ciel est dégagé et que la nuit ne devrait pas être trop fraîche en raison de la canicule, la planète Mars sera particulièrement proche de la Terre et en même temps haut dans l’horizon – une combinaison qui ne se produit qu’une fois tous les 10 ou 15 ans selon les experts du Cnes. Sa lueur rougeâtre sera donc particulièrement visible à l’œil nu. Suivra, du 10 au 15 août, la pluie des Perséides, tant attendue des férus d’astronomie et autres campeurs à la belle étoile, également appelée « larmes de Saint Laurent » (du nom d’un martyr ayant subi un supplice particulièrement douloureux fêté le 10 août). Cette pluie annuelle d’étoiles filantes est due à un ensemble de débris de comètes qui s’enflamment en entrant dans l’atmosphère terrestre.


Objectif Mars : Et ça repart !


Des grappes de satellites


Malheureusement, plusieurs menaces pèsent sur ce patrimoine commun. En premier lieu, l’éclairage urbain, visible à des kilomètres à la ronde. Depuis longtemps, l’Afa mène des campagnes de sensibilisation contre cette « pollution lumineuse » terrestre, nuisible aux observateurs comme à la faune et la flore. Des « réserves de ciel étoilé » sont même créées depuis 2013 en France par l’International Dark-sky association (IDA).


Le parc national des Cévennes, la plus grande “réserve de ciel étoilé” d’Europe


Mais depuis 2019, une nouvelle menace inquiète les amateurs et les professionnels de l’observation du ciel : la multiplication des satellites en orbite basse et en particulier le projet Starlink. Il s’agit de l’envoi, par grappes de 60 environ, de plus de 40.000 satellites par la société d’Elon Musk, Space X, afin d’améliorer la couverture internet haut débit sur Terre à bas coût. Du jamais vu. Une centaine a déjà été envoyée. Par moments, on peut les apercevoir à l’œil nu : des dizaines de points lumineux à la queue leu leu traversant le ciel à vitesse constante.


« Est-ce que le ciel nocturne va être observable à long terme ? », se demande Clément Plantureux, coorganisateur des Nuits des étoiles à l’Afa. Plus d’un millier de satellites tournent déjà en orbite basse autour de la terre. Mais la cadence de lancement s’est fortement accélérée à partir de 2017, comme le note l’Union of concern scientist (UCS). « Si on ne fait rien, d’ici quelques années, lorsque nous lèverons les yeux vers le ciel nous verrons plus de points lumineux artificiels que d’étoiles ! », s’inquiétait l’astrophysicien Hubert Reeves dans une tribune au Point. 


Inquiétude des chercheurs


« Les astronomes professionnels sont extrêmement inquiets », indique Michel Viso, responsable de l’exobiologie au Cnes, qui évoque une « appropriation du ciel par Starlink ». « Ce sont des méga-constellations de satellites qui vont donc potentiellement occuper une partie importante du champ des télescopes », détaille-t-il. Rien à voir avec les lancements de dizaines de satellites distincts jusque là opérés par les agences spatiales nationales ou internationales. « Les objets célestes observés ont une luminosité très faible. Et à partir de ces observations, les astronomes font des mesures très précises comme le calcul du spectre d’une étoile. Ce travail risque d’être pollué par le spectre de lumière solaire réfléchi par les panneaux des satellites. » L’enjeu est aussi financier : « On est en train de construire au Chili un observatoire qui va couter des milliards d’euros, le Télescope géant européen (EELT, pour European Extremely Large Telescope)… C’est pour faire des observations, pas pour compter les satellites ! », lance Michel Viso.


Au niveau juridique, l’espace extra-atmosphérique, c’est-à-dire le ciel étoilé, est régulé par le traité de l’espace de 1967 qui interdit l’appropriation de cet espace par un État. Auquel s’ajoute, pour l’envoi de satellites, les conventions signées avec l’Union internationale des télécommunications qui gère l’attribution des fréquences des satellites. Et comme aucune réglementation ne donne de limite au nombre d’engins lancés dans l’espace, tout se joue donc au niveau de l’État qui autorise ou non le lancement des satellites. « Normalement les États contrôlent ce que font les entreprises privées, explique Michel Viso. Mais si un État donne des autorisations anormales, il faudrait que les autres États protestent par voie diplomatique. Or pour l’instant, rien ne se passe vraiment. »


Amer, l’astrophysicien Aurélien Barrau, également militant écologiste, ironisait dans une tribune au magazine de la fondation Goodplanet : « Réussir à souiller le ciel lui-même, qui semble donc bel et bien appartenir maintenant aux entreprises, ruiner son irremplaçable charge symbolique, est un “exploit” qui laisse rêveur. »


La conquête spatiale est-elle anti-écologique ?

Nuits des étoiles : Faut-il sanctuariser l’espace ?

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Pluie d’étoiles filantes, voie lactée, Mars… Chaque année, les nuits d’août offrent un spectacle d’une rare beauté à qui veut bien lever les yeux vers le ciel. A condition de sortir des zones éclairées, notamment les villes. Du 7 au 9 aout, l’Association française d’astronomie (Afa) propose sa 30e édition des « Nuits des étoiles » en partenariat avec le Centre national d’études spatiales (Cnes). Au programme : 266 manifestations dans toute la France et un guide en ligne pour suivre la progression des planètes et des étoiles.


Cette année, les conditions s’annoncent parfaites. Outre le fait que le ciel est dégagé et que la nuit ne devrait pas être trop fraîche en raison de la canicule, la planète Mars sera particulièrement proche de la Terre et en même temps haut dans l’horizon – une combinaison qui ne se produit qu’une fois tous les 10 ou 15 ans selon les experts du Cnes. Sa lueur rougeâtre sera donc particulièrement visible à l’œil nu. Suivra, du 10 au 15 août, la pluie des Perséides, tant attendue des férus d’astronomie et autres campeurs à la belle étoile, également appelée « larmes de Saint Laurent » (du nom d’un martyr ayant subi un supplice particulièrement douloureux fêté le 10 août). Cette pluie annuelle d’étoiles filantes est due à un ensemble de débris de comètes qui s’enflamment en entrant dans l’atmosphère terrestre.


Objectif Mars : Et ça repart !


Des grappes de satellites


Malheureusement, plusieurs menaces pèsent sur ce patrimoine commun. En premier lieu, l’éclairage urbain, visible à des kilomètres à la ronde. Depuis longtemps, l’Afa mène des campagnes de sensibilisation contre cette « pollution lumineuse » terrestre, nuisible aux observateurs comme à la faune et la flore. Des « réserves de ciel étoilé » sont même créées depuis 2013 en France par l’International Dark-sky association (IDA).


Le parc national des Cévennes, la plus grande “réserve de ciel étoilé” d’Europe


Mais depuis 2019, une nouvelle menace inquiète les amateurs et les professionnels de l’observation du ciel : la multiplication des satellites en orbite basse et en particulier le projet Starlink. Il s’agit de l’envoi, par grappes de 60 environ, de plus de 40.000 satellites par la société d’Elon Musk, Space X, afin d’améliorer la couverture internet haut débit sur Terre à bas coût. Du jamais vu. Une centaine a déjà été envoyée. Par moments, on peut les apercevoir à l’œil nu : des dizaines de points lumineux à la queue leu leu traversant le ciel à vitesse constante.


« Est-ce que le ciel nocturne va être observable à long terme ? », se demande Clément Plantureux, coorganisateur des Nuits des étoiles à l’Afa. Plus d’un millier de satellites tournent déjà en orbite basse autour de la terre. Mais la cadence de lancement s’est fortement accélérée à partir de 2017, comme le note l’Union of concern scientist (UCS). « Si on ne fait rien, d’ici quelques années, lorsque nous lèverons les yeux vers le ciel nous verrons plus de points lumineux artificiels que d’étoiles ! », s’inquiétait l’astrophysicien Hubert Reeves dans une tribune au Point. 


Inquiétude des chercheurs


« Les astronomes professionnels sont extrêmement inquiets », indique Michel Viso, responsable de l’exobiologie au Cnes, qui évoque une « appropriation du ciel par Starlink ». « Ce sont des méga-constellations de satellites qui vont donc potentiellement occuper une partie importante du champ des télescopes », détaille-t-il. Rien à voir avec les lancements de dizaines de satellites distincts jusque là opérés par les agences spatiales nationales ou internationales. « Les objets célestes observés ont une luminosité très faible. Et à partir de ces observations, les astronomes font des mesures très précises comme le calcul du spectre d’une étoile. Ce travail risque d’être pollué par le spectre de lumière solaire réfléchi par les panneaux des satellites. » L’enjeu est aussi financier : « On est en train de construire au Chili un observatoire qui va couter des milliards d’euros, le Télescope géant européen (EELT, pour European Extremely Large Telescope)… C’est pour faire des observations, pas pour compter les satellites ! », lance Michel Viso.


Au niveau juridique, l’espace extra-atmosphérique, c’est-à-dire le ciel étoilé, est régulé par le traité de l’espace de 1967 qui interdit l’appropriation de cet espace par un État. Auquel s’ajoute, pour l’envoi de satellites, les conventions signées avec l’Union internationale des télécommunications qui gère l’attribution des fréquences des satellites. Et comme aucune réglementation ne donne de limite au nombre d’engins lancés dans l’espace, tout se joue donc au niveau de l’État qui autorise ou non le lancement des satellites. « Normalement les États contrôlent ce que font les entreprises privées, explique Michel Viso. Mais si un État donne des autorisations anormales, il faudrait que les autres États protestent par voie diplomatique. Or pour l’instant, rien ne se passe vraiment. »


Amer, l’astrophysicien Aurélien Barrau, également militant écologiste, ironisait dans une tribune au magazine de la fondation Goodplanet : « Réussir à souiller le ciel lui-même, qui semble donc bel et bien appartenir maintenant aux entreprises, ruiner son irremplaçable charge symbolique, est un “exploit” qui laisse rêveur. »


La conquête spatiale est-elle anti-écologique ?

Nuits des étoiles : Faut-il sanctuariser l’espace ?

Standard


Pluie d’étoiles filantes, voie lactée, Mars… Chaque année, les nuits d’août offrent un spectacle d’une rare beauté à qui veut bien lever les yeux vers le ciel. A condition de sortir des zones éclairées, notamment les villes. Du 7 au 9 aout, l’Association française d’astronomie (Afa) propose sa 30e édition des « Nuits des étoiles » en partenariat avec le Centre national d’études spatiales (Cnes). Au programme : 266 manifestations dans toute la France et un guide en ligne pour suivre la progression des planètes et des étoiles.


Cette année, les conditions s’annoncent parfaites. Outre le fait que le ciel est dégagé et que la nuit ne devrait pas être trop fraîche en raison de la canicule, la planète Mars sera particulièrement proche de la Terre et en même temps haut dans l’horizon – une combinaison qui ne se produit qu’une fois tous les 10 ou 15 ans selon les experts du Cnes. Sa lueur rougeâtre sera donc particulièrement visible à l’œil nu. Suivra, du 10 au 15 août, la pluie des Perséides, tant attendue des férus d’astronomie et autres campeurs à la belle étoile, également appelée « larmes de Saint Laurent » (du nom d’un martyr ayant subi un supplice particulièrement douloureux fêté le 10 août). Cette pluie annuelle d’étoiles filantes est due à un ensemble de débris de comètes qui s’enflamment en entrant dans l’atmosphère terrestre.


Objectif Mars : Et ça repart !


Des grappes de satellites


Malheureusement, plusieurs menaces pèsent sur ce patrimoine commun. En premier lieu, l’éclairage urbain, visible à des kilomètres à la ronde. Depuis longtemps, l’Afa mène des campagnes de sensibilisation contre cette « pollution lumineuse » terrestre, nuisible aux observateurs comme à la faune et la flore. Des « réserves de ciel étoilé » sont même créées depuis 2013 en France par l’International Dark-sky association (IDA).


Le parc national des Cévennes, la plus grande “réserve de ciel étoilé” d’Europe


Mais depuis 2019, une nouvelle menace inquiète les amateurs et les professionnels de l’observation du ciel : la multiplication des satellites en orbite basse et en particulier le projet Starlink. Il s’agit de l’envoi, par grappes de 60 environ, de plus de 40.000 satellites par la société d’Elon Musk, Space X, afin d’améliorer la couverture internet haut débit sur Terre à bas coût. Du jamais vu. Une centaine a déjà été envoyée. Par moments, on peut les apercevoir à l’œil nu : des dizaines de points lumineux à la queue leu leu traversant le ciel à vitesse constante.


« Est-ce que le ciel nocturne va être observable à long terme ? », se demande Clément Plantureux, coorganisateur des Nuits des étoiles à l’Afa. Plus d’un millier de satellites tournent déjà en orbite basse autour de la terre. Mais la cadence de lancement s’est fortement accélérée à partir de 2017, comme le note l’Union of concern scientist (UCS). « Si on ne fait rien, d’ici quelques années, lorsque nous lèverons les yeux vers le ciel nous verrons plus de points lumineux artificiels que d’étoiles ! », s’inquiétait l’astrophysicien Hubert Reeves dans une tribune au Point. 


Inquiétude des chercheurs


« Les astronomes professionnels sont extrêmement inquiets », indique Michel Viso, responsable de l’exobiologie au Cnes, qui évoque une « appropriation du ciel par Starlink ». « Ce sont des méga-constellations de satellites qui vont donc potentiellement occuper une partie importante du champ des télescopes », détaille-t-il. Rien à voir avec les lancements de dizaines de satellites distincts jusque là opérés par les agences spatiales nationales ou internationales. « Les objets célestes observés ont une luminosité très faible. Et à partir de ces observations, les astronomes font des mesures très précises comme le calcul du spectre d’une étoile. Ce travail risque d’être pollué par le spectre de lumière solaire réfléchi par les panneaux des satellites. » L’enjeu est aussi financier : « On est en train de construire au Chili un observatoire qui va couter des milliards d’euros, le Télescope géant européen (EELT, pour European Extremely Large Telescope)… C’est pour faire des observations, pas pour compter les satellites ! », lance Michel Viso.


Au niveau juridique, l’espace extra-atmosphérique, c’est-à-dire le ciel étoilé, est régulé par le traité de l’espace de 1967 qui interdit l’appropriation de cet espace par un État. Auquel s’ajoute, pour l’envoi de satellites, les conventions signées avec l’Union internationale des télécommunications qui gère l’attribution des fréquences des satellites. Et comme aucune réglementation ne donne de limite au nombre d’engins lancés dans l’espace, tout se joue donc au niveau de l’État qui autorise ou non le lancement des satellites. « Normalement les États contrôlent ce que font les entreprises privées, explique Michel Viso. Mais si un État donne des autorisations anormales, il faudrait que les autres États protestent par voie diplomatique. Or pour l’instant, rien ne se passe vraiment. »


Amer, l’astrophysicien Aurélien Barrau, également militant écologiste, ironisait dans une tribune au magazine de la fondation Goodplanet : « Réussir à souiller le ciel lui-même, qui semble donc bel et bien appartenir maintenant aux entreprises, ruiner son irremplaçable charge symbolique, est un “exploit” qui laisse rêveur. »


La conquête spatiale est-elle anti-écologique ?

Nuits des étoiles : Faut-il sanctuariser l’espace ?

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Pluie d’étoiles filantes, voie lactée, Mars… Chaque année, les nuits d’août offrent un spectacle d’une rare beauté à qui veut bien lever les yeux vers le ciel. A condition de sortir des zones éclairées, notamment les villes. Du 7 au 9 aout, l’Association française d’astronomie (Afa) propose sa 30e édition des « Nuits des étoiles » en partenariat avec le Centre national d’études spatiales (Cnes). Au programme : 266 manifestations dans toute la France et un guide en ligne pour suivre la progression des planètes et des étoiles.


Cette année, les conditions s’annoncent parfaites. Outre le fait que le ciel est dégagé et que la nuit ne devrait pas être trop fraîche en raison de la canicule, la planète Mars sera particulièrement proche de la Terre et en même temps haut dans l’horizon – une combinaison qui ne se produit qu’une fois tous les 10 ou 15 ans selon les experts du Cnes. Sa lueur rougeâtre sera donc particulièrement visible à l’œil nu. Suivra, du 10 au 15 août, la pluie des Perséides, tant attendue des férus d’astronomie et autres campeurs à la belle étoile, également appelée « larmes de Saint Laurent » (du nom d’un martyr ayant subi un supplice particulièrement douloureux fêté le 10 août). Cette pluie annuelle d’étoiles filantes est due à un ensemble de débris de comètes qui s’enflamment en entrant dans l’atmosphère terrestre.


Objectif Mars : Et ça repart !


Des grappes de satellites


Malheureusement, plusieurs menaces pèsent sur ce patrimoine commun. En premier lieu, l’éclairage urbain, visible à des kilomètres à la ronde. Depuis longtemps, l’Afa mène des campagnes de sensibilisation contre cette « pollution lumineuse » terrestre, nuisible aux observateurs comme à la faune et la flore. Des « réserves de ciel étoilé » sont même créées depuis 2013 en France par l’International Dark-sky association (IDA).


Le parc national des Cévennes, la plus grande “réserve de ciel étoilé” d’Europe


Mais depuis 2019, une nouvelle menace inquiète les amateurs et les professionnels de l’observation du ciel : la multiplication des satellites en orbite basse et en particulier le projet Starlink. Il s’agit de l’envoi, par grappes de 60 environ, de plus de 40.000 satellites par la société d’Elon Musk, Space X, afin d’améliorer la couverture internet haut débit sur Terre à bas coût. Du jamais vu. Une centaine a déjà été envoyée. Par moments, on peut les apercevoir à l’œil nu : des dizaines de points lumineux à la queue leu leu traversant le ciel à vitesse constante.


« Est-ce que le ciel nocturne va être observable à long terme ? », se demande Clément Plantureux, coorganisateur des Nuits des étoiles à l’Afa. Plus d’un millier de satellites tournent déjà en orbite basse autour de la terre. Mais la cadence de lancement s’est fortement accélérée à partir de 2017, comme le note l’Union of concern scientist (UCS). « Si on ne fait rien, d’ici quelques années, lorsque nous lèverons les yeux vers le ciel nous verrons plus de points lumineux artificiels que d’étoiles ! », s’inquiétait l’astrophysicien Hubert Reeves dans une tribune au Point. 


Inquiétude des chercheurs


« Les astronomes professionnels sont extrêmement inquiets », indique Michel Viso, responsable de l’exobiologie au Cnes, qui évoque une « appropriation du ciel par Starlink ». « Ce sont des méga-constellations de satellites qui vont donc potentiellement occuper une partie importante du champ des télescopes », détaille-t-il. Rien à voir avec les lancements de dizaines de satellites distincts jusque là opérés par les agences spatiales nationales ou internationales. « Les objets célestes observés ont une luminosité très faible. Et à partir de ces observations, les astronomes font des mesures très précises comme le calcul du spectre d’une étoile. Ce travail risque d’être pollué par le spectre de lumière solaire réfléchi par les panneaux des satellites. » L’enjeu est aussi financier : « On est en train de construire au Chili un observatoire qui va couter des milliards d’euros, le Télescope géant européen (EELT, pour European Extremely Large Telescope)… C’est pour faire des observations, pas pour compter les satellites ! », lance Michel Viso.


Au niveau juridique, l’espace extra-atmosphérique, c’est-à-dire le ciel étoilé, est régulé par le traité de l’espace de 1967 qui interdit l’appropriation de cet espace par un État. Auquel s’ajoute, pour l’envoi de satellites, les conventions signées avec l’Union internationale des télécommunications qui gère l’attribution des fréquences des satellites. Et comme aucune réglementation ne donne de limite au nombre d’engins lancés dans l’espace, tout se joue donc au niveau de l’État qui autorise ou non le lancement des satellites. « Normalement les États contrôlent ce que font les entreprises privées, explique Michel Viso. Mais si un État donne des autorisations anormales, il faudrait que les autres États protestent par voie diplomatique. Or pour l’instant, rien ne se passe vraiment. »


Amer, l’astrophysicien Aurélien Barrau, également militant écologiste, ironisait dans une tribune au magazine de la fondation Goodplanet : « Réussir à souiller le ciel lui-même, qui semble donc bel et bien appartenir maintenant aux entreprises, ruiner son irremplaçable charge symbolique, est un “exploit” qui laisse rêveur. »


La conquête spatiale est-elle anti-écologique ?