Coopérer pour entreprendre

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En cette soirée du 17 décembre 2018, l’ESS’pace, restaurant et espace de coworking solidaire situé dans le XIIIe arrondissement de Paris, est en pleine effervescence. Par-ici, la première coopérative de jeunes majeurs (CJM) de la capitale – et la sixième de ce type en Île-de-France -, va officiellement être intronisée. Les neuf coopérants, âgés de 18 à 28 ans, sont nerveux mais joyeux. Tous arborent fièrement le même noeud papillon en wax, le tissu traditionnel africain dont Noella, 28 ans, a eu l’idée pour affirmer la cohésion du groupe. C’est la première prise de parole en public de ces jeunes. L’occasion d’annoncer les services qu’ils comptent proposer durant trois mois aux habitants, associations et entreprises du territoire sur lesquels leur coopérative éphémère est implantée, et de présenter leurs savoir-faire aux partenaires, financeurs ou prospects.


Avec l’appui des collectivités


Les CJM sont une déclinaison…

Prostitution : le péril jeunes

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« Sauve-moi. Viens me chercher, papa ! » Au téléphone, Maud, 15 ans, hurle. Entre deux sanglots, elle crie son désespoir. Il est 2 heures du matin. Elle est frigorifiée. Elle vient de se réveiller sur un banc, dans un square qu’elle ne connaît pas, droguée et alcoolisée. Christophe, son père, avait éteint son téléphone en cette nuit de décembre. Il ne découvre le message que le lendemain. En attendant, les pompiers sont intervenus. La jeune fille a été hospitalisée, mais sitôt sortie de l’hôpital elle a repris sa descente aux enfers. Voilà un an et demi qu’elle fréquente des réseaux de dealers et qu’elle se prostitue. Un an et demi qu’elle fugue de la maison, est retrouvée par la police, promet de ne plus recommencer… et replonge aussitôt. Un cercle dont elle est prisonnière depuis ses 14 ans. Le réseau de dealers de cocaïne dans lequel elle évolue actuellement est d’une telle violence que Christophe craint que Maud ne « finisse dans le coffre d’une voiture, une balle dans la tête ».


Personne n’aurait pu imaginer pareil destin pour cette jeune fille, élevée dans une grande maison lilloise avec ses deux petits frères, scolarisée dans un établissement privé catholique depuis la maternelle. Avant de tomber dans la prostitution, Maud était connue pour être une adolescente brillante, polyglotte et cultivée. Christophe et Caroline, tous deux chefs d’entreprise, disent toujours avoir régulé leur carrière pour être au plus près de leurs enfants. À midi, Maud rentrait déjeuner. Le soir, tout le monde riait autour de parties de Monopoly. Durant leurs deux mois de vacances, « les enfants partaient partout, aux États-Unis, en Asie »… Ce qui s’est passé pour Maud semble incompréhensible. Et pourtant…


Harcèlement sexuel, viol et réseau


En France, selon les pouvoirs publics, entre 6000 et 10.000 mineurs se prostituent. « Ces jeunes-là viennent de partout, y compris des VIIe ou XVIe arrondissements de Paris », martèle Armelle Le Bigot-Macaux, présidente de l’association Agir contre la prostitution des enfants (ACPE). Dans ses locaux, rue Mondétour à Paris (Ier), les parents d’enfants prostitués se réunissent tous les mois pour des groupes de parole. Ils sont issus de tous les milieux. Une réalité loin de la médiatisation du phénomène, la plupart du temps délimitée aux quartiers défavorisés.