ISON sera-t-elle visible dans le ciel de décembre ?

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24 heures après son passage auprès du Soleil, la comète ISON semble toujours exister, et semble continuer à libérer gaz et poussières. Mais son aspect diffus, sa taille qui a diminué de façon spectaculaire et son éclat qui a fortement baissé, font douter de son intégrité... Photo ESA/Nasa.

24 heures après son passage auprès du Soleil, la comète ISON semble toujours exister, et semble continuer à libérer gaz et poussières. Mais son aspect diffus, sa taille qui a diminué de façon spectaculaire et son éclat qui a fortement baissé, font douter de son intégrité… Photo ESA/Nasa.

A la surprise générale, la comète ISON semble avoir survécu à son passage dans la fournaise solaire. 24 heures après son passage au périhélie, à un peu plus de un million de kilomètres du Soleil, la comète semble toujours intègre et active, en témoignent les images prises par le satellite européen SOHO, qui montrent clairement une queue diffuse, en forme d’éventail, semblant provenir d’un astre compact. Sauf qu’il n’est pas clair que la comète soit encore en un seul morceau… L’aspect très diffus du cœur de la comète, l’absence de saturation lumineuse de l’image, peut s’expliquer par la désagrégation progressive de la comète, qui pourrait se diluer dans l’espace dans les jours qui viennent.

En fait, personne ne comprend très bien le comportement de la comète, qui a semblé littéralement disparaître au moment de son passage auprès du Soleil, puis ait réapparue à la surprise générale…

Si les chercheurs sont, de toute façon, ravis d’avoir accumulé une quantité considérable de données scientifiques sur l’astre venu des confins du système solaire, les astronomes amateurs, eux, comme le grand public, se demandent surtout si ISON émergera des lueurs de l’aube et du crépuscule, dans quelques jours, entre le 3 et 6 décembre… Je ne crois pas trop m’avancer en prédisant que non.

La comète a manifestement perdu une grande quantité de sa masse en croisant le Soleil, et son éclat, aujourd’hui, avoisine la magnitude 0. En clair, elle brille comme une très brillante étoile du ciel, ou encore la planète Mercure, ce qui signifie, dans les lueurs de l’aube et du crépuscule, qu’elle sera invisible à l’œil nu…

En décembre, peut-être, si elle existe toujours, astronomes amateurs et professionnels la suivront au télescope, des semaines durant, avant qu’elle ne s’abîme dans la nuit, débutant son voyage de un million d’années, au moins, vers les confins du système solaire… Mais il n’y aura pas de « comète du siècle ».

Serge Brunier

 

Antarctique : des canaux géants sous la plateforme de glace de Filchner–Ronne

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Ice Shelf

Des canaux géants, aussi hauts que la tour Eiffel et s’étendant sur plusieurs centaines de kilomètres, serpentent dans les entrailles de la plateforme de glace de Filchner–Ronne, une énorme plaque de glace flottante située en Antarctique.

Invisibles de l’extérieur, ces canaux géants sont situés très profondément sous la glace, à quelques 250 mètres de la surface. Telle est la spectaculaire découverte effectuée par une équipe de scientifiques britanniques, grâce à l’analyse de relevés satellites. Des travaux publiés le 6 octobre 2013 dans la revue Nature Geoscience, sous le titre « Evidence from ice shelves for channelized meltwater flow beneath the Antarctic Ice Sheet » .

Pour bien comprendre ce qui a été découvert, rappelons d’abord ce qu’est une plateforme de glace. Également appelée barrière de glace (« ice shelf » en anglais), une plateforme de glace est le prolongement sur l’océan d’un glacier situé sur la terre ferme, glacier auquel la plateforme de glace demeure reliée.

Appliquons maintenant cette définition générale de la barrière de glace au continent Antarctique. Ce dernier, on le sait, est recouvert d’une gigantesque calotte glaciaire  (également appelée inlandsis), constituée de plusieurs glaciers. Or, sous l’effet de la gravité, les glaciers qui constituent la calotte polaire antarctique ont tendance à glisser lentement vers l’océan. Résultat ? Certains pans de ces glaciers finissent alors par se retrouver à flotter sur l’océan, au lieu de reposer sur la terre ferme. Ces parties flottantes sont alors appelées des plateformes de glace …

C’est donc en analysant les profondeurs de la plateforme de glace de Ronne-Filcher que Anne M. Le Brocq (Université de Bristol) et ses collègues ont découvert l’existence de gigantesques canaux serpentant à l’intérieur de cette gigantesque plaque de glace flottante.

Comment ces canaux géants ont-ils été créés ? Par l’eau issue de la fonte du glacier auquel la plateforme de glace de Ronne-Filcher est reliée. En effet, la partie inférieure de ce glacier qui est en contact avec le sol a tendance à produire de la glace fondue, en raison de la chaleur émanant de la terre. Des cours d’eau se créent alors sous le glacier, et descendent les pentes du continent jusqu’à l’océan. Ce flux d’eau glacée qui se déverse dans l’océan a alors pour effet de creuser de gigantesques canaux sous la plateforme de glace…

Pour détecter la présence de ces canaux géants situés à l’intérieur de la plateforme de glace de Ronne-Filcher, les scientifiques britanniques ont eu recours à l’imagerie satellite ainsi qu’à des relevés radar effectués par des avions. En analysant ces données, les chercheurs ont découvert l’existence de légers dénivelés, dont ils ont deviné qu’ils correspondaient en fait à un vaste réseau de canaux creusés à l’intérieur de la barrière de glace, à une profondeur pouvant atteindre les 250 m sous la surface.

Pourquoi ces légers dénivelés repérés à la surface de la plateforme de glace par les relevés satellites indiquent-t-ils la présence de canaux creusés à l’intérieur de la plateforme de glace ? Pour une raison physique très simple : la hauteur à laquelle la glace flotte dépend de son épaisseur. Or, à l’endroit des canaux, la couche de glace est forcément moins épaisse, puisqu’une partie a été creusée. Par conséquent, la hauteur à laquelle flotte cette partie de la plateforme de glace est différente de celle qui prévaut pour les autres zones de la plateforme. Une différence de hauteur que les images satellites permettent de révéler.

L’intérêt de cette découverte ? Elle pourrait aider à prédire l’avenir de la calotte polaire antarctique. En effet, cartographier les canaux situés sous les plateformes de glace pourrait permettre de déduire la cartographie des cours d’eau qui s’écoulent sur la terre ferme, sous les glaciers de la calotte polaire antarctique. Or, connaître le trajet de ces différents cours d’eau pourrait aider à mieux estimer la vitesse à laquelle ils s’écoulent. Ce qui est évidemment une donnée importante pour les chercheurs qui tentent de comprendre comment la calotte polaire antarctique va évoluer dans le futur.

ISON : fin d’une comète…

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Apparemment, sur les dernières images prises par l'un des deux télescopes solaires spatiaux Stereo, la comète ISON n'existe plus... Ne reste, sur sa trajectoire, que son immense queue de gaz et de poussières, qui devrait lentement se diluer dans l'espace, soufflée par le vent solaire... Photo Nasa.

Apparemment, sur les dernières images prises par l’un des deux télescopes solaires spatiaux Stereo, la comète ISON n’existe plus… Ne reste, sur sa trajectoire, que son immense queue de gaz et de poussières, qui devrait lentement se diluer dans l’espace, soufflée par le vent solaire… Photo Nasa.

28 novembre, 22 h 20

Il semble, d’après les dernières images de ISON prises par l’un des deux satellites Stereo de la Nasa, que la comète n’a pas résisté à son passage auprès du Soleil et s’est désintégrée…

Nous aurons la confirmation de l’évaporation complète de ISON dans la soirée, en surveillant les images prises par les satellites SDO et SOHO…

Aucune image de la comète n’a, jusqu’à maintenant, été publiée par l’équipe du SDO, Solar Dynamics Observatory, ce qui semble confirmer la désintégration de la comète…

Voilà, c’est fait : SOHO vient de transmettre les dernières images prises par son télescope : seules des volutes de la queue de la comète continuent leur trajectoire. La comète ISON a vécu…

22 h 25 min : Attention : sur certaines images de SOHO, la comète demeure visible après le périhélie ! Extrêmement faible, elle est peut-être en cours de désintégration finale, mais elle est encore là !

A suivre dans les heures qui viennent, et surtout quand, et si, la comète réapparaitra dans le champ de vision du coronographe à grand champ de Soho, ce qui permettra d’évaluer l’éclat des derniers vestiges de ISON…

Serge Brunier

La comète ISON n'a pas survécu à son passage près du Soleil. Sur cette image prise par SOHO à 19 h 48 min, seules des volutes de la queue de la comète demeurent visibles. Photo Nasa/ESA.

La comète ISON n’a pas survécu à son passage près du Soleil. Sur cette image prise par SOHO à 19 h 48 min, seules des volutes de la queue de la comète demeurent visibles. Photo Nasa/ESA.

Le lait maternel vendu sur Internet serait dangereux

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Breastfeeding_infant

On le sait, la vente de lait maternel en ligne, une pratique qui a vu le jour en Amérique, se répand peu à peu en Europe. Même si elle reste encore très marginale en France, du fait de son interdiction par le code de la santé publique.

Or, une étude publiée le 21 octobre 2013 dans la revue Pediatrics révèle qu’il est préférable de se méfier de ce lait maternel. En effet, ces travaux, menés sur 101 échantillons de lait acheté en ligne sur un site américain spécialisé pour les besoins de l’étude, ont révélé que 74% de ces lots contenaient des bactéries dangereuses pour les nourrissons, comme les staphylocoques, les streptocoques ou encore la bactérie E. coli.

En soi, un tel résultat n’est pas forcément préoccupant. En effet, tout dépend de la quantité présente de ces bactéries.

Problème : selon les auteurs de cette étude, 9 % des échantillons analysés contiendraient des quantités élevées, et donc dangereuses, de staphylocoques.

Ces 101 échantillons ont ensuite été comparés à 20 échantillons de lait maternel achetés dans une banque de lait agréé. Résultat ? Sept échantillons sur 20, soit un peu moins d’un tiers, étaient contaminés par le même type de bactéries. Une proportion moins élevée donc, bien que toutefois non négligeable.

Ces résultats doivent inquiéter ?  En France, non. Tout d’abord parce que, répétons-le, la vente de lait maternel en ligne est encore très marginale du fait de son interdiction par le code de la santé publique. Mais aussi parce que cette étude devra forcément être reproduite par d’autres équipes, et de surcroît en variant si possible les sites web de vente de lait maternel en ligne  (rappelons  en effet que cette étude  s’est focalisée sur un seul site, ce qui peut occasionner des biais méthodologiques).

Par ailleurs, il faut souligner que les résultats obtenus par les auteurs de cette étude avec l’analyse des 20 échantillons achetés dans une banque de lait suggèrent que, même dans un lactarium agréé par l’État français, la présence de bactéries ne peut pas être totalement écartée.

Il est à noter que des pédiatres allemands avaient déjà mis en garde en 2012, dans le quotidien allemand Der Spiegel, contre le développement de la pratique de l’achat en ligne de lait maternel. Ces spécialistes arguaient du fait que cette pratique n’offrait aucune garantie sur la santé de la vendeuse (laquelle pouvait tout à fait bien être toxicomane, ou encore atteinte d’une maladie grave susceptible de contaminer son lait).

Cette étude a été publiée le 21 octobre 2013 dans la revue Pediatrics, sous le titre « Microbial Contamination of Human Milk Purchased Via the Internet »

 

Suivez le passage de la comète ISON en direct

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La comète ISON entre dans le champ d'observation du satellite européen SOHO, le mercredi 27 novembre 2013, à 8 h 30. La comète se trouve en bas et à droite de l'image, le Soleil (cercle blanc) est caché par le coronographe du satellite, qui permet d'observer la couronne solaire et même les étoiles en arrière-plan. Photo ESA/NASA.

La comète ISON entre dans le champ d’observation du satellite européen SOHO, le mercredi 27 novembre 2013, à 8 h 30. La comète se trouve en bas et à droite de l’image, le Soleil (cercle blanc) est caché par le coronographe du satellite, qui permet d’observer la couronne solaire et même les étoiles en arrière-plan. Photo ESA/NASA.

Si la comète ISON a disparu du champ de vision des astronomes amateurs et professionnels terriens, car elle est désormais trop proche du Soleil, elle est en revanche suivie en direct par quatre satellites qui tournent autour du Soleil.

Dans les deux jours qui viennent, la trajectoire de la comète à un peu plus de un million de kilomètres de notre étoile pourra donc être suivie heure par heure sur…

Le site du satellite européen SOHO

Le site des satellites américains Stereo

Le site du satellite SDO

La comète résistera-t-elle, ce jeudi 28 novembre 2013, aux feux du Soleil, et sa longue chevelure émergera-t-elle dans les lueurs de l’aube le 3 ou 4 décembre ? Réponse dans les jours qui viennent.

Aux toutes dernières nouvelles, le comportement de la comète, qui est entrée dans le champ d’observation de SOHO, est plutôt inquiétant. Il semblerait que son activité baisse, peut-être parce que son noyau, plus petit que prévu, a déjà libéré tout son gaz.

Serge Brunier

 

 

La couverture nuageuse de Kepler 7b cartographiée

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Ciel nuageux sur Kepler-7b

En utilisant les données fournies par les télescopes spatiaux Kepler et Spitzer, des astronomes sont parvenus à dresser la cartographie d’une planète située au-delà de notre système solaire, appelée Kepler 7b. Une performance dont le compte-rendu sera prochainement publié dans la revue Astrophysical Journal Letters.

La planète Kepler 7b est l’une des premières planètes extrasolaires découvertes par le télescope spatial Kepler, ce célèbre chasseur d’exoplanètes qui a été récemment contraint de prendre sa retraite de façon prématurée (lire « Le télescope Kepler ne sera pas réparé » ).

Les observations relatives à la couverture nuageuse de la planète Kepler 7b, une planète gazeuse 1.5 fois plus grande que Jupiter, révèlent l’existence de deux zones distinctes : à l’ouest, de nombreux nuages tandis qu’à l’est, c’est un ciel sans nuage qui prévaut.

Une cartographie nuageuse qu’il n’a toutefois pas été facile de dresser. En effet, dans un premier temps, les données fournies par le télescope spatial Kepler ont révélé l’existence d’une zone très claire située à l’ouest : s’agissait-il d’une couverture nuageuse, ou bien ce phénomène était-il causé par des températures élevées ? Pour trancher, les informations recueillies par le télescope spatial Spitzer ont été cruciales. En effet, ces données ont permis de produire une estimation des températures régnant sur la planète Kepler 7b, comprises entre 820 °C et 1000 °C. Soit des températures qui, bien qu’élevé, ne sont pas suffisantes pour expliquer la présence de cette zone très claire localisée par le télescope Kepler sur l’hémisphère ouest de la planète.

Pour cartographier les nuages de la planète Kepler 7b, il a fallu pas moins de trois années d’observations et de calculs à l’astronome  Brice-Olivier Demory (Massachusetts Institute of Technology à Cambridge, États-Unis) et à ses collègues. Si la carte nuageuse ainsi obtenue est certes dotée d’une résolution très basse, c’est toutefois la première fois qu’un tel travail est effectué sur une planète située en dehors de notre système solaire.

Précédemment, en utilisant les données du télescope spatial Spitzer, il est à noter que d’autres scientifiques étaient parvenus à cartographier les températures de planètes extra solaires.

Image credit: NASA/JPL-Caltech/MIT

Un informaticien amateur révèle la beauté de Saturne

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On pourrait croire qu’il s’agit d’une vue d’artiste, comme on en produit souvent dans les publications spécialisées relatives à l’astronomie. Et pourtant, cette photographie est bel et bien réelle.

Il s’agit en réalité de la compilation de 36 photographies de la planète Saturne, prises par la sonde américaine Cassini le 10 octobre 2013 alors qu’elle orbitait au-dessus de l’hémisphère Nord de la planète aux anneaux.

Les fichiers bruts de ces 36 clichés ont ensuite été récupérés par Gordan Ugarkovic, un informaticien croate. Une fois compilés par ses soins, ces clichés ont au final révélé cette stupéfiante photo composite.

Sur cette photo, on remarque notamment une étrange forme hexagonale située à la hauteur du pôle Nord de Saturne : il s’agit d’un vortex nuageux, dont la forme hexagonale avait été mise en évidence dès le passage de la sonde Voyager 2 au début des années 1980 (lire sur Futura Sciences « Saturne : une étrange structure hexagonale entoure le pôle nord » ).

Autre intérêt de cette photo composite : les couleurs des clichés qui la composent présentent la particularité d’être très proches des vraies couleurs. Et ce grâce au choix des filtres qui ont été utilisés par les ingénieurs américains pour traiter ces images.

La sonde Cassini, conçue par le Jet Propulsion Laboratory américain en collaboration avec l’Agence Spatiale Européenne (ESA), orbite autour de la planète Saturne depuis l’année 2004. À l’origine, l’objectif de cette mission était d’étudier les lunes de cette planète. On se souvient que ces travaux avaient notamment permis à la petite sonde de découvrir qu’il neigeait sur Encelade, cette lune de Saturne, depuis 100 millions d’années au moins (lire « Il neige sur Encelade depuis 100 millions d’années »).

 

Crédits : NASA / JPL / Space Science Institute / GordanUgarkovic