Stoppons le harcèlement à l’école

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Pour une broutille, une jalousie, un règlement de comptes… un élève devient soudain la cible de ses pairs : moqué, stigmatisé, menacé. Trop souvent, il s’emmure dans le silence et encaisse. Le temps passe, la plupart s’en sortent ; mais certains n’ont pas trouvé d’autre issue que le suicide. Spécialiste de la question, le psychologue et chercheur scandinave Dan Olweus a élaboré cette définition du harcèlement : « Un élève est victime de violence lorsqu’il est exposé de manière répétée et à long terme à des actions négatives de la part d’un ou plusieurs élèves visant à lui porter préjudice, à le blesser ou à le mettre en difficulté. Il s’agit d’une situation intentionnellement agressive, induisant une relation d’asservissement psychologique. » Le rapport du sociologue de l’éducation Éric Debarbieux avait permis, en 2011, de mieux appréhender cette réalité. Et depuis ? « En cinq ans, plus de 300 “référents harcèlement” ont été répartis sur le territoire. Les enquêtes…

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Pour une broutille, une jalousie, un règlement de comptes… un élève devient soudain la cible de ses pairs : moqué, stigmatisé, menacé. Trop souvent, il s’emmure dans le silence et encaisse. Le temps passe, la plupart s’en sortent ; mais certains n’ont pas trouvé d’autre issue que le suicide. Spécialiste de la question, le psychologue et chercheur scandinave Dan Olweus a élaboré cette définition du harcèlement : « Un élève est victime de violence lorsqu’il est exposé de manière répétée et à long terme à des actions négatives de la part d’un ou plusieurs élèves visant à lui porter préjudice, à le blesser ou à le mettre en difficulté. Il s’agit d’une situation intentionnellement agressive, induisant une relation d’asservissement psychologique. » Le rapport du sociologue de l’éducation Éric Debarbieux avait permis, en 2011, de mieux appréhender cette réalité. Et depuis ? « En cinq ans, plus de 300 “référents harcèlement” ont été répartis sur le territoire. Les enquêtes…

“Ma fille dit ne pas se sentir en confiance avec nous“

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« Avec mon mari, nous vivons une situation conflictuelle avec notre fille de 27 ans depuis son adolescence. Son année en classe de 2nde n’a pas été facile (crise d’adolescence classique, mauvaise influence d’une camarade de classe, résultats scolaires à la limite du redoublement finalement évité de justesse). Elle a mal vécu de voir sa sœur et son frère aîné partir faire leurs études en province, envieuse de leur indépendance. Après son bac, elle est partie faire ses études dans une autre ville pendant 5 ans. Étudiante, elle a mal vécu le mariage de sa sœur et de son frère. Elle a bien réussi ses études, trouvé un bon job, elle est mariée depuis 18 mois avec un jeune homme très sympathique et vient d’avoir une petite fille.

Depuis, cette année conflictuelle, nous n’avons jamais retrouvé des relations sereines. Elle a une attitude qui n’est pas naturelle, parfois agressive, ne parle de rien, ne supporte pas la moindre contradiction. Quand on lui pose des questions, elle ne répond pas ou peu et si on ne lui pose pas de questions, elle dit qu’on ne s’intéresse pas à elle.

Nous pensions qu’en se mariant et avec la naissance de leur petite fille, qu’avec ces deux événements très heureux, tout allait s’arranger, c’est encore pire. La fatigue de l’accouchement et de l’allaitement n’ont rien arrangé. Elle n’a pas voulu passer quelques jours de vacances en famille avec son frère et sa sœur début août.

J’ai eu des discussions avec elle. Elle reproche à toute sa famille de ne pas avoir une communication active. Elle nous a reprochés d’avoir fait des cadeaux à la naissance de sa fille trop identiques à ceux que nous avions faits aux naissances des autres petits enfants.

Sans nouvelles depuis début août, j’ai réussi finalement fin septembre à l’avoir au téléphone, elle a fini par me dire qu’elle ne voulait pas nous voir, nous ses parents, ni son frère et sa sœur pour le moment. Elle dit se sentir “un vilain petit canard”, différente des autres et pas en confiance avec nous.

Elle envoie de temps en temps un texto. Cela fait trois mois que nous ne l’avons pas vu avec sa petite fille et son mari.

Nous sommes désemparés, malheureux et nous faisons du souci pour elle. Nous ne savons pas quoi faire. Cela nous mine.

Notre fille a tout pour elle, pourquoi ce mal être ?

Nous avons donné le maximum de nous-mêmes à nos trois enfants. Pourquoi ces reproches ? Retrouverons-nous des relations proches et sereines ? »


> La réponse de Jacques Arènes :


Je reçois souvent des courriels concernant la relation difficile, douloureuse, entre des parents – c’est la mère qui toujours écrit – et une fille. Avec souvent la même constatation (quand c’est du côté des parents) : « Quelque chose a basculé avec notre enfant, cela n’était pas comme ça comme avant (l’adolescence). Nous ne comprenons pas et, pourtant, nous avons tout donné, etc. »


Je ne vois jamais ce type de situation avec un garçon, ou bien, si elle existe, elle n’est pas formulée. Il arrive que les jeunes femmes aient ainsi une rentrée complexe dans l’âge adulte, notamment en souffrance relationnelle avec leur mère de laquelle elles s’estiment mal aimées ou peu aimées. Cela n’est pas de la simple incompréhension. C’est comme un gouffre : vous habitez chacune de chaque côté de cette faille, et, quant à vous, vous ne savez plus quelle est la vérité de votre lien.


Vous avez évidemment tendance à observer ce qu’il en est de son côté, cette cassure à son adolescence, qui s’est progressivement accrue, et n’a jamais été réparée. Elle est à côté des autres, elle est le « vilain petit canard ». La vraie question est là : est-ce vraiment seulement « dans sa tête » que cela se passe ? Elle pense, de son côté que cela vient de vous. Que vous ne la traitez pas aussi bien que les autres… même après la naissance de cet enfant qui aurait pu susciter un recommencement.


Ce qu’il faut arriver à remettre en cause, c’est la partition de la réalité en deux versions inconciliables. Il ne s’agirait pas alors de « choisir » l’une ou l’autre des versions – la vôtre ou la sienne – mais d’analyser la situation actuelle comme une « production » commune. Ce « traitement » différent de votre fille pourrait être complètement imaginaire, mais il pourrait aussi se révéler la résultant d’une mésentente grandissante issue d’une relation entre vous complexe depuis longtemps, dans laquelle chacun demeure sur ses gardes et surinterprète les réactions de l’autre. Tous les protagonistes y perdent alors leur naturel et s’épuisent dans des séquences de décodage de ce qui se passe dans l’autre camp, de l’autre côté de la faille. Il est possible par ailleurs qu’elle soit « vraiment » le vilain petit canard. Je m’explique : il arrive que des enfants, assez différents de leurs frères et sœurs, et même de leurs parents, soient plus difficiles à « décoder » que les autres par leurs géniteurs. En ce cas on réagit souvent mal, parce qu’on ne comprend pas, ou bien on comprend mal.


Je conçois que cela vous mine. Parce qu’il n’y a pas de solution, en tous cas pas une issue simple. Deux chemins intriqués sont alors à vivre. D’abord essayer d’accéder à la complexité de ce qui s’est tissé avec elle, et qui détient une part d’inconscient, et donc de mystère. La vérité toute entière, vous ne la connaîtrez pas. Mais, vous pouvez prendre une attitude « herméneutique », par laquelle vous essayez avec le temps de relire et d’interpréter – avec beaucoup de sagesse et de patience – cette histoire qui s’est tramée entre vous. Votre fille se pense « à part ». Comment cela résonne-t-il en vous, en repensant à ce long chemin commun avec elle. Pas seulement depuis son adolescence, mais avant, bien avant. Petite, était-elle « à part » ? Ou bien, au contraire, était-elle tellement dans le groupe, qu’il n’y avait pas de problème et que vous arriviez mal à identifier qui elle était vraiment. Un enfant très conforme n’est pas toujours entendu, tout simplement parce qu’il n’y a aucun problème. Ensuite, à l’adolescence, cela change parfois radicalement.


Le deuxième chemin serait de tenter de retrouver un naturel, depuis longtemps perdu. Elle est depuis longtemps au centre de vos préoccupations, et le tissu familial est tendu, douloureux autour d’elle. Essayez de ne plus la mettre au centre de vos préoccupations, de vivre votre vie, tout lui envoyant des signaux. Lui manifester régulièrement votre existence, vos joies et vos peines. Lui dire ce que vous ressentez quand elle vous le demande, et pas seulement. Ne pas trop vous poser de question sur la manière de « traduire » vis-à-vis de cette demi étrangère ce qu’il y aurait à dire. Et puis, vivre des rencontres personnelles, et pas seulement de groupe avec elle, vous avec elle, votre mari avec elle, et peut-être son frère et sa sœur de leur côté. Vous extraire alors du groupe familial réuni dans lequel les comparaisons, qu’on le veuille ou non, sont incessantes. La voir de personne à personne sans but précis, sans même chercher à réparer les accrocs de la relation, à y mettre de sens, ni même à comprendre. Juste pour le plaisir, si c’est encore un peu possible…


 


Posez vos questions à Jacques Arènes


Donner du sens à une épreuve, poser des choix délicats, comprendre une période de la vie… Vous avez des questions existentielles ou spirituelles ?
Adressez-les à Jacques Arènes, psychologue et psychanalyste :


> Par e-mail en écrivant à j.arenes@lavie.fr

> Par courrier postal en écrivant à Jacques Arènes, La Vie, 80 boulevard Auguste-Blanqui, 75013 Paris.


Chaque semaine, Jacques Arènes publie sa réponse à une des questions sur notre site internet.

Retrouvez toutes ses réponses passées dans notre rubrique
Questions de vie