Contempler la nature avec la méthode de Franz Jalics

Standard

 Quelle est la place de la nature dans cette approche ?

La proximité de la nature nous aide à passer du mode du faire à celui de l’être. Il s’agit de revenir au fondement de notre être au monde : la sensation qui nous relie à ce dernier. Non pas effectuer une action, ni penser, ni même éprouver un sentiment, mais se centrer sur la sensation de notre corps. Concrètement, nous sommes invités à entrer dans la contemplation par une marche lente dans la nature, en s’arrêtant régulièrement pour observer. Il s’agit de nous laisser progressivement imprégner par la sensation physique perçue à son contact et non par les sentiments.

Comment distinguer la sensation du sentiment ?

Si on place la main au-dessus d’une flamme, c’est chaud, nous sommes dans la sensation. Si ensuite nous trouvons cela agréable, nous sommes dans le sentiment, mais la perception de chaleur vient en premier. Cette approche nous incite à revenir à la sensation pure pour être pleinement présents et demeurer en contact avec le réel. Nous sommes alors davantage dans la sensation que dans l’observation qui suppose déjà une dualité entre l’objet et le sujet.

Quelle différence faites-vous entre contemplation et observation ?

Lorsque nous observons, nous restons les maîtres de l’action. Nous sommes actifs, notre regard s’oriente vers un point précis tout en restant extérieur à la chose regardée. Par la contemplation, nous devenons plus passifs, en demeurant simplement réceptifs à la sensation provoquée. Nous réduisons la distance ainsi à l’objet et lui laissons la préséance.

Ce n’est pas une attitude naturelle !

Pourtant, nous vivons ce contact sensoriel avec le monde est présent en permanence, mais nous ne le percevons pas souvent, car nous sommes englués dans nos pensées et nos sentiments. Si par exemple vous regardez de hautes herbes et que vous songez que vous n’avez pas tondu votre pelouse, revenez à la sensation produite par l’ondoiement de ces herbes. Si vous entendez des cloches sonner et que vous dites qu’il est l’heure d’aller manger, demeurez juste dans la sensation générée par leur vibration. Si vous êtes émerveillé par la beauté d’une fleur et son jaune éclatant, demeurez dans l’éclat de cette couleur. Progressivement, nous quitte alors l’envie d’agir, puis de penser, puis d’éprouver des sentiments pour devenir totalement présents au réel par la sensation. Ce contact avec la nature favorise ainsi un mouvement de l’extérieur vers l’intérieur de nous mêmes.

Est-ce si mauvais de laisser une place à nos raisonnements et à nos sentiments ?

 Il ne s’agit pas de nier notre rationalité et notre affectivité qui sont essentielles, mais d’expérimenter un niveau plus archaïque dont nous avons si peu conscience dans le quotidien de nos jours. Je donne ces exercices depuis longtemps et chaque fois les personnes disent sortir renouvelées par cette expérience. Dans les Exercices spirituels Saint-Ignace invite de la même manière à sentir et goûter les choses intérieurement en contemplant une scène de l’Evangile.

Comment poursuivre ensuite pour entrer en contact avec soi-même ?

La méthode est progressive. Après la marche ralentie, Il s’agit de prendre une posture immobile pour contempler. Tout d’abord notre attention se focalise sur la sensation de l’air qui entre par les narines et qui descend par le pharynx jusque dans les poumons puis le bas-ventre. Cet exercice dure trente minutes. Après avoir passé plusieurs séquences à percevoir le souffle, nous joignons les mains et nous nous rendons attentifs à l’énergie qui se dégage et relie les deux paumes. Avec la respiration, ce nouvel exercice contribue à nous unifier.

Ensuite de dire « oui » à chaque expir est une manière de toujours mieux accepter le réel qui nous est donné. On poursuit alors l’exercice en énonçant le nom de Marie, puis enfin, selon la Prière du cœur, celui de Jésus : « Christ » sur l’inspiration puis « Jésus » sur l’expiration. A chaque fois, ces différentes phases requièrent des temps conséquents entrecoupés de marche méditative. Il est bon de répéter chaque étape avant de passer à la suivante. Progressivement nous nous centrons sur Dieu plus intime à nous-mêmes que nous-mêmes et ne restons plus à la périphérie des choses. 

 

Prochaine session d’initiation à cette méthode : Du 3 au 5 octobre à Notre Dame de la Route www.ndroute.ch

Comment nos mails et nos appels sont-ils espionnés ?

Standard

 

Ph. Corbis

Ph. Corbis

Le fait est devenu notoire : nos mails et nos appels téléphoniques sont sur écoute. Depuis les premières informations rendues publiques, en juin 2013 par Edward Snowden, cet analyste travaillant pour la NSA (l’Agence nationale de sécurité américaine), les scoops s’enchaînent sur les programmes d’espionnage d’Etat des communications internet et téléphoniques.

Il en ressort qu’au nom de la lutte antiterroriste, les services secrets américains, britanniques et même français espionneraient l’ensemble des échanges électromagnétiques de la planète !

Monsieur Tout-le-monde est-il donc épié sans le savoir ? Officiellement, c’est non. “Il ne s’agit que d’interceptions de sécurité soumises à un cadre légal clair, veut rassurer Gwendal le Grand, expert informatique à la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil)Le nombre d’écoutes simultanées, contrôlé par le Premier ministre, n’est actuellement que de 6 000 environ en France.”

Il n’empêche : “Par nature, les services secrets cherchent à tout savoir sur tout, tout le temps, rappelle Daniel Martin, ancien responsable technique de la Direction de la surveillance du territoire (DST). Or, cet idéal était jusqu’ici inaccessible techniquement.”

Un fichage généré automatiquement

Qu’en est-il aujourd’hui ? “Prism”, le programme occulte de la NSA par qui le scandale est arrivé, vise à siphonner les “métadonnées” du réseau mondial. C’est-à-dire qu’il s’attaque moins au contenu de nos échanges qu’à leur enveloppe numérique : pour une conversation téléphonique, les numéros de téléphone de l’appelant et de l’appelé, la date, l’heure et la durée de la communication, ainsi que la localisation de l’appel repéré grâce à l’identifiant de l’antenne-relais.

Une fiche est alors générée automatiquement, que les opérateurs ont l’obligation légale, en France, de conserver durant un an à des fins d’enquête de police. Or, expose Vincent Blondel, spécialiste des métadonnées à l’Université catholique de Louvain (Belgique), “ces données spatio-temporelles livrent des informations intrusives. Au bout de quelques semaines de suivi, on peut facilement en déduire la localisation du domicile, le lieu de travail, de vacances, la garde alternée des enfants…”

Ces métadonnées se prêtent en effet à toutes sortes d’analyses statistiques, d’autant, souligne le spécialiste, que “leur stockage ne pose plus aucun problème : l’ensemble des communications d’un pays durant une année tient sur un seul ordinateur”. Le profil d’un individu se dégage alors nettement, en même temps que ses failles.

Mais ce n’est pas tout : l’analyse des numéros de téléphone permet aussi de savoir qui parle avec qui. “On peut ainsi identifer des groupes correspondant, par exemple, à des préférences politiques”, pour-suit Vincent Blondel. Siphonnage et rapprochement sont donc largement utilisés dans la lutte antiterroriste. La NSA étendant même sa surveillance aux personnes séparées d’un suspect par deux intermédiaires – l’homme qui a parlé à l’homme qui a parlé au terroriste.

Des publicités ciblées par mots clés

Cet espionnage peut-il aller jusqu’au contenu de nos transactions bancaires et de nos communications ? Oui. Même si cela ne s’annonce pas aussi simple, indique le crypto-analyste Bruce Schneier “Certains algorithmes utilisés résistent à tout décryptage, et il est de toute façon impossible de traiter de tels volumes d’échanges.” Sauf que, relativise l’expert, “la NSA est capable de lire le trafic internet par des moyens détournés, en accédant à certains mots de passe ou via des failles dans les logiciels”.

Surtout, complète Gwendal le Grand, “l’interception des données peut se faire au moment de leur stockage en clair dans les fermes de serveurs”. Ainsi, Google ne se prive-t-il pas de scanner par mots clés les mails qu’il héberge afin de mieux cibler ses publicités. Rien n’empêcherait donc un éventuel cyber-agent infiltré d’y tester des mots clés sensibles.

Quant aux conversations téléphoniques, “les techniques de conversion de la voix en texte sont devenues très bonnes, observe Bruce Schneier. Et à partir de cette transcription, on peut facilement opérer une recherche par mots clés”. Même si Vincent Blondel n’a encore “jamais entendu parler de telles techniques portées à grande échelle”, de lourds soupçons d’enregistrements massifs pèsent. Il suffit de voir le nouveau centre de serveurs de la NSA, capable d’accueillir des yottaoctets de don-nées (10^24 octets), l’équivalent de milliers de milliards de disques durs…

“Bien sûr, tout attraper n’est pas forcé-ment tout comprendre, si l’on songe ne serait-ce qu’aux six mille langues parlées dans le monde”, suggère Daniel Martin… C’est sans compter avec la dizaine de milliers d’analystes de la NSA.

V.N.