"Les élèves ont besoin de professeurs passionnés"

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À en croire la ministre de l’Éducation nationale, les élèves de France s’ennuient. Un peu au primaire, beaucoup au collège, où il serait donc nécessaire de déconstruire les savoirs disciplinaires et d’introduire la fine fleur de l’expérimentation pédagogique, classes inversées et tablettes numériques à l’appui, pour activer le premier facteur de la réussite scolaire, à savoir la « motivation pour apprendre ». Encore faudrait-il préciser que, si la libido sciendi (désir de connaissance) est inchoative au développement vital de l’enfant, c’est dans le rapport au professeur qu’elle s’enracine et s’oriente – ce que signifiait le beau nom d’instituteur, malheureusement tombé quelque peu en désuétude aujourd’hui.

Le meilleur professeur de français n’est pas celui qui guide de façon experte les enfants dans les méandres des situations d’énonciation ou dans le repérage d’une succession de procédés stylistiques, mais celui qui leur permet une expérience littéraire, l’émerveillement face à la richesse du sens d’un texte. Le professeur de physique aura beau diversifier à l’envi les expériences qu’il propose à ses élèves, les faire travailler de manière collaborative, jeter des ponts entre disciplines et entre objets d’étude, ce qu’il leur transmettra (ou non) in fine, c’est son amour de la science. De même, je ne connais de philosophe qui ne doive sa vocation par la rencontre d’un maître en philosophie.

Pour retrouver l’envie d’apprendre, les élèves ont avant tout besoin de professeurs passionnés. Si toutes les méthodes ne se valent certes pas, la fécondité du rapport pédagogique repose d’abord sur la cohérence et l’engagement des équipes éducatives. L’avenir est à une école dont les acteurs (parents d’élèves, professeurs, chefs d’établissement) se choisissent.

*Elle prône notamment la méthode syllabique et a fait campagne contre l’exposition Zizi sexuel.

>Jean-Paul Mongin sera présent aux Etats généraux du christianisme, à Strasbourg du 2 au 4 octobre 2015, pour débattre sur le thème : « Éduquer à la bienveillance ? » avec avec Albert Sabat, responsable des formations en médiation par les pairs chez les Apprentis d’Auteuil et Dominique Campana, chef d’établissement dans l’enseignement catholique à Vienne (38) et vice-président de l’UNETP (Union nationale de l’enseignement technique privé). Inscrivez-vous dès maintenant (et gratuitement) en ligne !

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