Les derniers germanistes

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Les critiques continuent de pleuvoir contre le projet de réforme de l’école française, adopté par le Conseil supérieur des programmes et qui doit entrer en vigueur à la rentrée 2016. Depuis plusieurs jours, les défenseurs de la langue allemande montent ainsi au créneau. Parmi eux, l’ancien Premier ministre et professeur d’allemand Jean-Marc Ayrault. Dans un courrier daté du 2 avril et adressé à la ministre de l’Éducation Najat Vallaud-Belkacem, il fait part de son « inquiétude quant aux conséquences de certaines mesures annoncées sur l’enseignement de la langue allemande. » Le principal sujet de discorde concerne la suppression des classes européennes, dans lesquelles la langue vivante est renforcée d’au moins deux heures hebdomadaires, et bilangues, où l’on enseigne dès la sixième deux langues étrangères, souvent l’anglais et l’allemand. Seule exception, les classes bilangues assurant la continuité de l’apprentissage d’une langue vivante autre que l’anglais depuis l’école primaire seront maintenues. C’est un faible compromis au vu du nombre réduit de ces classes, concentrées majoritairement en Alsace et en Lorraine. Néanmoins, au-delà de cette décision, le spectre d’un relâchement de la relation franco-allemande est présent. Depuis le traité de l’Élysée en 1963, la France et l’Allemagne entretiennent en effet des liens étroits en matière d’éducation, l’objectif étant de prendre des mesures concrètes en vue d’accroître le nombre d’élèves français apprenant l’allemand, et vice-versa.

Mais le déclin de l’allemand en France ne date pas d’aujourd’hui. Pendant la période 1870-1914, elle est la première langue étrangère étudiée, devant l’anglais, avec plus d’un élève sur deux qui la pratique. La tendance s’inverse dès 1915, un an après le début de la Première guerre mondiale. Cette baisse se poursuit dans les années suivantes, et un siècle plus tard, la part des élèves qui font de l’allemand en LV1 n’est plus que de 6,5 % (dans le secondaire). L’Allemagne n’est pas un pays qui attire les jeunes et la culture allemande n’est plus vraiment valorisée en tant que telle. Enfin, le modèle économique allemand, malgré ses succès, ne fait pas le poids dans les imaginations face aux success stories de la Silicon Valley.

Jean-Marc Ayrault n’est pas le seul à se soucier de la situation préoccupante de l’apprentissage de l’allemand dans les écoles françaises.

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