Risque-t-on de déclencher une avalanche en criant ?

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Risque avalanche dans les Alpes. / Ph. Peter Dutton via Flickr CC BY 2.0

Vous vous souvenez peut-être de cette scène de l’album Tintin au Tibet, lorsque le capitaine Haddock hurle ses jurons en pleine montagne. Le sherpa tente de l’interrompre : « Toi pas crier, Sahib… Avalanches ! » ; mais le capitaine s’entête… et se retrouve enseveli sous la neige. Il faudrait donc éviter de crier en montagne pour ne pas déclencher des avalanches.

Ce conseil est-il vraiment justifié ? Benjamin Reuter, de l’Institut pour l’étude de la neige et des avalanches, en Suisse, affirme : « C’est un mythe ! Vous pouvez crier aussi fort que vous le voulez, vous ne risquez rien. »

Pour comprendre, il faut savoir que le son est une « onde de pression » : une compression suivie d’une expansion de l’air qui se propage de la source sonore jusqu’à un obstacle.

Une onde cent fois trop faible pour faire trembler la neige

Lorsqu’un son arrive sur la neige, celle-ci absorbe la pression et se déforme un petit peu. Plus la pression de l’onde sonore est importante, plus la déformation l’est aussi. La question est donc de connaître la pression à partir de laquelle une couche neigeuse instable est susceptible de se décrocher et de glisser.

Sur les manteaux neigeux les plus fragiles, il faut une pression d’au moins 200 à 500 pascals pour déclencher une avalanche. Or, la voix humaine n’engendre pas des pressions supérieures à… 2 pascals : c’est donc cent fois moins qu’il ne le faudrait pour faire partir une coulée de neige !

Les avions et les hélicoptères n’y parviennent pas non plus

Même conclusion pour le passage d’un hélicoptère ou d’un avion : leur bruit engendre une onde sonore encore dix fois trop faible.

Finalement, seules les charges explosives placées au-dessus du manteau neigeux sont en mesure de provoquer un souffle suffisant pour déclencher une véritable avalanche : entre 2 et 3 kilogrammes d’explosif ont le même effet que le passage d’un skieur.

M.N.

D’après S&V n°1119

 

> Lire aussi dans les Grandes Archives de S&V :

  • Quand les physiciens traquent les avalanches — S&V n°1026 – 2003. Perchés au sommet d’un col près de l’Alpe d’Huez, des physiciens observent tomber la neige d’un toboggan à pente variable. Objectif : percer les secrets du comportement de cette matière si simple, et pourtant si imprévisible.

S&V 1026 avalanches

  • Dents de géant contre lave blanche — S&V n°880 – 1991. Sur un flanc du Mont Blanc, le glacier de Taconnaz libère un million de mètre cubes de glace par an ! Pour contenir le risque, la construction du plus grand paravalanche au monde est lancée.

S&V 880 paravalanche Mt Blanc

 

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