Première française : un cœur atteint d’insuffisance cardiaque a été réparé grâce à des cellules souches

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C'est à l'Hôpital européen Georges Pompidou que cette opération unique a été réalisée. / Ph. KoS (domaine public) via Wikimedia Commons

C’est à l’Hôpital européen Georges Pompidou que cette opération unique a été réalisée. / Ph. KoS (domaine public) via Wikimedia Commons

C’est une réussite médicale attendue depuis 10 ans : des cellules souches embryonnaires implantées dans le cœur d’une patiente souffrant d’insuffisance cardiaque sévère lui ont permis de récupérer une partie de la fonction cardiaque perdue.

Première personne au monde à bénéficier d’un tel traitement, cette femme de 68 ans avait été opérée le 21 octobre dernier à l’hôpital européen Georges Pompidou. Son muscle cardiaque avait été gravement endommagé par un infarctus, et par conséquent il était incapable de pomper le sang dans le corps de manière suffisamment puissante.

Les chirurgiens de l’équipe du Professeur Philippe Menasché, qui travaille depuis 20 ans sur la thérapie cellulaire de l’insuffisance cardiaque, lui ont pratiqué un pontage coronaire – une opération classique – doublé d’une nouveauté absolue : l’application d’un « patch » de cellules souches embryonnaires.

Les cellules souches devraient régénérer le tissu cardiaque lésé

Fixé sur la région cardiaque touchée par l’infarctus à l’aide de quelques points de suture, ce patch contient des cellules souches issues d’embryons humains cultivées à l’aide d’un procédé mis au point à l’hôpital Saint-Louis (Département de biothérapies cellulaires et tissulaires) pour les transformer en jeunes cellules cardiaques. Elles devraient posséder le formidable pouvoir de régénérer le tissu du muscle cardiaque lésé par l’infarctus.

De son côté, le pontage coronaire permet d’alimenter en sang ce muscle cardiaque endommagé, en contournant les artères coronariennes qui sont censées l’alimenter mais sont bouchées par l’athérosclérose (bouchon à l’origine de l’infarctus). Pour ce faire, une portion de vaisseau sanguin prélevé ailleurs dans le corps est greffée, afin de relier l’aorte (la grande artère qui achemine le sang oxygéné des poumons au cœur) à un point de l’artère coronarienne situé juste après le site obstrué.

Dix semaines après l’opération, l’état de la patiente s’est « nettement amélioré » selon les médecins, sans aucune complication. Il reste à attendre la confirmation que cette évolution positive soit bien due aux cellules souches implantées. Parallèlement, quatre autres essais de ce type seront pratiqués par la même équipe.

Dans le même temps, on a appris que le deuxième patient greffé d’un cœur artificiel début septembre se porte bien. La bioprothèse qu’il porte, produite par la société Carmat, est destinée à des situations encore plus graves que l’insuffisance cardiaque traitée par thérapie cellulaire par l’équipe du Pr Menasché.

Fiorenza Gracci

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S&V 1157

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