Avant-propos de Science & Vie n°1166

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Que d’humiliations ! Il est loin le temps où l’homme trônait fièrement au centre de l’Univers. Depuis Copernic, le doute n’est plus permis : c’est  notre bonne vieille Terre qui tourne autour du Soleil et non le contraire. Pis, on sait aujourd’hui que notre Soleil tourne lui-même autour d’autres étoiles bien plus massives et que tout ce petit manège tournoie bien loin du centre de notre galaxie. Et même que notre galaxie, parfaitement banale, gravite elle-même autour de bien d’autres galaxies, de milliards de milliards d’autres…

Chassé du centre du monde il y a cinq siècles, l’homme pouvait encore se consoler en s’imaginant taillé dans un tout autre bois que celui des innombrables espèces animales barbotant et grouillant tout autour de lui. Le lot de consolation n’était pas vilain, mais il fut piétiné de la plus belle manière avec la publication de De l’origine des espèces d’un certain Charles Darwin. On y comprenait, dès le milieu du xixe siècle, que toutes les espèces, espèce humaine comprise donc, partageaient les mêmes ancêtres. Deuxième sale coup pour nos ego.

Que nous restait-il alors ? Nos ego, justement. Le simple fait d’accéder à la conscience de nous-mêmes, voilà finalement ce qui nous distinguait positivement d’entre tout et d’entre tous. C’était déjà pas si mal, non ? Pourtant, Sigmund Freud n’a pas tardé à mettre en évidence, au début du xxe siècle, l’importance des mécanismes inconscients dans nos processus cognitifs. Conscients, peut-être, mais sûrement pas pleinement. Que dire alors de la liberté, ce sentiment si singulier qui fait parfois gonfler nos poitrines ? Un autre sujet à caution, car lui aussi mis à mal, au beau milieu du xxe siècle cette fois, avec la découverte de l’ADN, molécule de l’hérédité où se trouve écrit une bonne part de nos talents et de notre destinée. Pas vraiment libres, à peine conscients…
Que nous reste-t-il ? Peut-être l’intelligence, cette capacité hors norme qui nous rend capables, et nous seuls, de construire des villes, de démontrer des théorèmes, ou encore de soigner nos semblables… L’intelligence ? Mais voici que celle des robots du XXIe siècle commence à nous contester cet ultime privilège. Alors quoi ? A part sourire… Car finalement, c’est l’homme, et lui seul, qui n’a de cesse de se remettre à sa place.

 

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