Bac mention “covid” : et après ?

Standard


« Nous avons le bac en poche mais, en supprimant les épreuves, c’est tout de même quelque chose de mythique qu’on nous a retiré cette année », confie Jean-Baptiste, sortant d’une terminale ES. Si cette édition 2020 s’illustre une fois de plus par un taux de réussite record (95,7% des candidats l’ont obtenu au total à l’issue des rattrapages, soit sept points de plus que l’an passé), la valeur de cet examen est plus que jamais remise en cause. Toutes les épreuves ayant été annulées en raison de la crise sanitaire, les élèves de première et de terminale n’ont été évalués que sur la base du contrôle continu des premier et deuxième trimestres. L’extrême bienveillance du jury chargé d’harmoniser les notes a exacerbé une polémique déjà alimentée par la colère de certains professeurs, regrettant d’être contraints d’adoucir leur notation et leurs appréciations.


Pourtant, Jean-Michel Blanquer avait assuré que le bac 2020 ne serait pas un « bac au rabais », même s’il se disait conscient que le diplôme de cette année « aur(ait) beaucoup de mal à avoir la même valeur que les autres, car la situation (était) particulière ». Les bacheliers 2020 seront-ils alors la génération d’un diplôme sans valeur ? Quel avenir se joue pour eux, dans une société où les débouchés professionnels semblent avoir subi durablement l’impact de la crise ? « Ce qui est sûr, c’est que cet épisode a généré une certaine anxiété peu favorable aux apprentissages », souligne Pierre Merle, sociologue spécialiste de l’éducation.


Privés d’un rite de passage


« J’ai observé trois types de réactions à l’annulation des épreuves », explique Florence Holstein, professeure d’histoire-géographie dans un lycée aux niveaux hétérogènes. Les élèves les moins bons et « qui n’ont jamais vraiment travaillé », étaient « ravis d’avoir des vacances supplémentaires ». Les meilleurs élèves ont été très déçus d’être privés de ce « rite de passage, et d’une occasion de plus de faire leurs preuves ». Les élèves ayant une moyenne générale de 12-13 auraient aimé pouvoir « donner un coup de collier et augmenter un peu leur niveau ». C’est le cas de Jean-Baptiste, qui espérait décrocher un baccalauréat économique avec mention. Il est néanmoins d’accord pour dire que le bac 2020 a été « donné », au vu du peu de travail fourni par les jeunes de son entourage, surtout en lycées publics.


« Globalement, le cadre étant moins contraignant, insiste Pierre Merle, les élèves n’ont pas étudié autant qu’ils auraient dû. On peut critiquer le bachotage habituel des épreuves, mais il permet au moins d’assimiler davantage les connaissances de l’année. » Cet ancien professeur de lycée rappelle que les attaques contre les exigences du baccalauréat « ont existé quasiment dès la création du bac, en 1808 ». Mais, cette année, l’absence d’épreuves écrites alimente particulièrement la critique du niveau des élèves. 


(…)

Leave a Reply