Rentrée scolaire : paroles de profs

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Aurélia Pénicaut, enseignante d’économie-gestion en seconde générale, 1re et terminale technologiques, et BTS, à Pau


Ma relation aux élèves s’est transformée.


« J’ai assuré quasiment l’intégralité de mes cours en classe virtuelle, car rien ne remplace le contact avec l’élève. Un cadre est nécessaire et aide à tenir. Si on m’avait annoncé il y a six mois qu’ils auraient tous mon numéro de portable, je ne l’aurais pas cru, moi qui veille à cloisonner vies pro et perso ! Au début du confinement, les élèves délégués ont créé un groupe WhatsApp destiné à des échanges informels. Aujourd’hui, certains continuent à m’appeler. Notre rapport s’est modifié. Je serai plus compréhensive sans doute : j’ai découvert leur situation familiale, parfois conflictuelle, un parent malade… Une fois, mon fils de 11 ans est apparu à l’écran car il ne comprenait pas ses maths. C’est un de mes élèves qui l’a aidé à la fin du cours ! Je redoute pour certains la reprise, avec les transports, le collectif, rester assis et attentif toute la journée. Sans compter les notions qui n’ont pas été mémorisées. De sacrés défis à relever… »


Rentrée scolaire : l’école au-delà de l’écran


Alice Vano, enseignante en maternelle, à Lille


Le blog nous a permis de rester en lien.


« Ma préoccupation a été de garder les liens humains. Ce fut possible parce que le confinement est survenu au bout de six mois d’école : je connaissais les élèves et les parents, et réciproquement. Nous avions nos habitudes de travail, nos rites. Le blog de la classe, qui était déjà lancé, nous a permis de rester en lien, de montrer à tous les photos des activités proposées et des défis. Les parents ont été de précieux partenaires, surtout en maternelle, où les enfants sont plus petits, donc moins autonomes qu’en cycle 2 ou 3. J’ai mis en place des visioconférences, d’abord en individuel, puis par petits groupes d’élèves, en semaine et le samedi matin, qui m’ont permis de poursuivre l’apprentissage des prises de parole dans le respect et l’écoute des autres autour de consignes simples. Les enfants ont ainsi continué à me voir, à poser des questions, à partager un moment “d’école”. »


Diane Le Forestier, professeure des écoles et mère de quatre enfants, au Mans


Tout l’enjeu réside dans l’appropriation.


« Il existe parfois une barrière entre l’école et les parents ; ces derniers sont parfois critiques ou perçus comme une menace. Durant le confinement, une connivence s’est nouée. Nous avons passé beaucoup de temps à les rassurer, les aider à accompagner leur enfant, les déculpabiliser : je me suis aussi énervée à la maison, on n’est pas toujours pédagogue avec ses propres enfants ! Il ne suffit pas seulement de donner la théorie, ni même que l’enfant l’ait comprise : tout l’enjeu réside dans son appropriation. Pour cela, une interaction avec l’adulte est nécessaire, afin de reformuler ce savoir. L’apprentissage se fait dans l’échange ; on ne peut s’exonérer de ce travail méthodologique. Un enfant seul derrière un écran ne progresse pas. »

 

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